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Si c’est ça le vaudou…
Publié le mercredi 24 decembre 2014   |  24 heures au Bénin


Bénin,
© Autre presse par DR
Bénin, Malawi: Célébration annuelle du Vaudou


 Vos outils




Pour ne point disserter des mille Afriques sans les connaître, suivons Aimé Césaire et ramenons le propos au ‘‘plus petit canton de l’univers’’, à l’aire Adja-Tado et à l’une de ses composantes, l’ethnie Fon au sud du Bénin. Là aussi, les hommes et les femmes sont constamment affaiblis ou tués par la malaria, certains sont en butte au sida, tous craignent l’irruption de la fièvre Ebola, et leurs chefs de collectivité inventent moult sacrifices vaudou pour leur soutirer de quoi sustenter harem et progéniture en croissance illimitée. Rien donc qui porte à un quelconque développement de la cité, ou de ce qui en reste. Mais il y a pire.
​Juste derrière le mur de clôture du grand marché se trouve l’exposition permanente des cadavres d’animaux spécifiques autour desquels rôdent les grosses mouches et dont l’odeur pestilentielle se fait envahissante à dix mètres à la ronde. Sous l’établi de cadavres d’animaux, dans une caisse emplumée, se trouvent crânes et ossements humains. Sur avis sage de votre shaman personnel, vous viendrez acheter quelques-uns de ces ingrédients qui entreront dans la composition de la potion vaudou dont l’utilisation quotidienne assurera votre protection en même temps que la défaite totale et radicale de vos adversaires et de vos ennemis, constitués d’abord de tout le monde. Si ces outils, nécessaires à votre vie, sont pourtant exposés en dehors du marché, c’est qu’ils sentent vraiment mauvais, au contraire de leurs aboutissants, les différents vaudous, qui peuvent sentir un peu moins mauvais.
​C’est le cas de Lêgba, vaudou tutélaire à l’entrée des villages et des maisons. Une grosse motte de terre érigée au-dessus de trois cadavres de chien ou d’un cadavre humain, selon l’importance, et coiffée d’un mélange rance de farine, d’huile rouge et de sang de mouton et de poulet. Les cochons et autres animaux errants viennent chercher pitance à ses pieds. Quelques heures avant une cérémonie sacrificielle d’une certaine ampleur, on passe le balai et la houe pour faire propre. Ça pue, mais c’est rien, comparé aux cadavres exposés.
​A l’intérieur des maisons sont d’autres vaudous. Mottes de terre sous-tendues par leur lot de cadavres et arrosées des mêmes choses rances que le Lêgba. Le vaudou de la guerre est représenté par de la ferraille rouillée. Le vaudou dit TRON, venu du Ghana, est le moins sale. Ces vaudous d’intérieur sont en général enfermés dans un cagibi presque à ras de terre avec, à l’entrée, un rideau de toile blanche devenue très tôt loque empoussiérée. L’odeur est forte là aussi, mais à force de vivre avec, on s’en accommode bien. D’ailleurs Il importe peu au regard de ce qui est demandé au panthéon vaudou, protéger les hommes et les femmes contre les adversaires et les ennemis, constitués d’abord de tout le monde.
​Cette peur panique de l’autre, cette conception résolument rabougrie, sale et puante de la divinité, ont fabriqué le mental exécrable qui a rendu les hommes et les femmes du vaudou capables de vendre les leurs au négrier portugais, d’emplir la cité, ou ce qui en reste, de cases délabrées, de venelles crevassées, ruines au milieu desquelles cette charmante dame de quarante ans est aux abois et crie sa douleur en décembre 2014 : ‘‘Oui, c’est vrai ce que je vous dis : ma mère est sorcière ! Grabataire depuis des années, elle livre ses enfants pour se prolonger la vie. Il y a quatre mois, elle a mangé mon frère aîné. Elle vient de manger ma jeune sœur. Et maintenant, c’est mon tour. Mais moi, elle ne m’aura pas, car je baigne dans le sang de Jésus. Je suis allée le lui crier en face…’’ Horreur. Et elle pleure. Comme si…
​Il paraît que vaudou et sorcellerie n’ont point partie liée. La dame, que sa mère va peut-être manger, ne fait pas la différence. En tout cas, si c’est ça le vaudou, cadavres, saleté et puanteur susdits, il est urgent de créer une autre culture, une autre civilisation, où l’idée de la divinité soit élévatrice en coïncidant avec un projet de vie, d’amitié et de concorde.

Par Roger Gbégnonvi

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