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Mise en demeure à Canal3 : Cabale de la Haac contre la presse privée
Publié le mardi 30 decembre 2014   |  Le quotidien




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Les pratiques insoutenables et les manœuvres de domestication de la presse privée qui avaient quasiment disparu à la Haute autorité de l’audiovisuel et de la Communication (Haac) sont de retour. Après plusieurs menaces d’intimidation et de fermeture de certains organes de presse, l’Institution dirigée par Adam Boni Tessi s’en prend à la chaîne de télévision privée Canal3 en lui adressant une mise en demeure. Objectif : censurer les critiques contre le chef de l’Etat. Un mauvais présage pour la liberté de presse et la démocratie béninoise.


La Haac file du mauvais coton et se révèle facile à parodier. Désormais coutumière des décisions à polémique qui suscitent l’indignation, elle vient une fois encore de s’illustrer dans cette mauvaise image. Le président de l’Institution jugé trop aux ordres du chef de l’Etat a adressé une correspondance pour le moins soupçonnable au promoteur de la télévision privée Canal3. L’objet de cette lettre en date du 29 décembre 2014 s’intitule : mise en demeure. Adam Boni Tessi met Canal3 en cause près de deux semaines après le débat du 11 décembre 2014 organisé à la suite des marches de l’opposition. « Les mercredi 10 et jeudi 11 décembre 2014, les forces politiques et la Société civile du Bénin ont organisé des marches, chacune de son côté, à Cotonou et à Porto-Novo pour diverses raisons. Ces manifestations ont fait l’objet d’un traitement non professionnel sur votre chaîne…… », a écrit le président de la Haac au promoteur de Canal3. Ce débat a connu la participation de trois invités : Irénée Agossa, Directeur général de la Sonacop, représentant la mouvance, Lazare Sèhouéto, député de l’Union fait la Nation, au titre de l’opposition et Roger Gbègnonvi, ancien ministre, en tant que membre de la Société civile. Au cours du débat, les différents acteurs ont étalé leurs divergences en se rejetant la responsabilité de l’inorganisation des élections et la situation au niveau du Cos-Lépi. D’un ton acéré et d’une gorge éclaircie, ils se sont tirés dessus. L’animateur du débat a essayé de recadrer ses invités chaque fois qu’il sentait le besoin. Mais chose curieuse, le président de la Haac accuse Canal3 d’avoir laissé Lazare Sèhouéto et Roger Gbègnonvi planter leurs piques sur le chef de l’Etat Yayi Boni. Il s’est permis de rapporter quelques propos du représentant de la Société civile. « Au cours du débat, le président de la République, le Dr Boni Yayi a été traité de menteur, d’incapable, de quelqu’un qui ne sort que du vent, qui ne respecte pas sa parole, qui se dédit tous les jours et qui est animé de mauvaise foi ; un irresponsable à qui M. Roger Gbègnonvi a même suggéré de démissionner pour permettre aux Béninois de gagner un an… », a rappelé Adam Boni Tessi. C’est ce que Yayi Boni n’aime pas entendre qui a été dit sur le plateau de la chaîne privée. Le président de la Haac, a choisi d’en faire son plat de résistance pour s’en prendre à Canal3. Il est resté silencieux sur les invectives lancées par Irénée Agossa à l’endroit de ses contradicteurs. On ne s’en doute pas. C’est une Haac au service du régime qui voit en bien tout ce que font les hommes du pouvoir et trouve le mal partout, quand il s’agit de l’opposition qui intervient sur la même chaîne.
D’autres morceaux choisis pour la Haac

Mieux, Adam Boni Tessi a trouvé que c’est un péché commis par Canal3 en laissant le dimanche 14 décembre 2014, au cours de l’émission Zone franche, Amissétou Affo Djobo, affirmer : « Il est tout le temps en train de faire des parjures ; qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse d’un monsieur du genre ? », « il piétine la Constitution tous les jours », etc. Ayant estimé que l’animateur n’a pas fait preuve de professionnalisme pour la ramener à l’ordre, la Haac menace de sévir. Autre morceau choisi par l’institution pour acculer Canal3, la diffusion des propos tenus par le Secrétaire général de la Fesyntra/Finances, Laurent Métognon, au cours de son meeting du lundi 08 décembre 2014 en prélude à l’organisation de la marche de la Plate-forme et des organisations associées. « ….La corruption au sommet de l’Etat, les scandales financiers, les exactions sur les pauvres citoyens, les mensonges d’Etat pour couvrir la mal gouvernance, le bradage des secteurs vitaux de l’économie aux opérateurs économiques, l’endettement du pays par des bons de trésor et des obligations….Et c’est l’ardoise qu’on nous laissera demain… » En laissant diffuser de tels propos ci-dessus évoqués et qu’elle juge susceptibles de soulever le peuple, la Haac conclut que la chaîne de télévision a violé les dispositions des articles 6 du code de déontologie de la presse béninoise et 83 de la loi N° 97-010 du 20 août 1997 portant libéralisation de l’espace audiovisuel et dispositions spéciales relatives aux délits en matière de presse et de communication audiovisuelle en République du Bénin. Pour venir en aide à celui qui a droit de vie et de mort sur lui, c’est ce que Adam Boni Tessi a concocté. Cet homme doit en grande partie son ascension au chef de l’Etat, sous l’influence duquel il agit maladroitement. Le président de la Haac assure des services à son mentor depuis sa nomination à la tête de l’institution. Téléguidé depuis le Palais de la Présidence, il avait pris cette décision déconcertante qui interdit à tous les organes de presse de publier ou de relayer toute information relative à l’épineuse question de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Il a fini par la rapporter tout en présentant ses excuses aux professionnels des médias. On le lui a pardonné.
Dans la logique du régime

La Haac est dans la logique de Yayi Boni. Domestiquer la presse. A force de s’inscrire dans cette logique du pouvoir qui mène en même temps une politique très décevante et pratique la monopolisation des médias du service public, tous se rebelleront contre elle. Pour beaucoup de Béninois, tout ce que la Haac reproche à Canal3, n’est rien devant les violations flagrantes de la télévision nationale. Pour ceux qui suivent l’actualité de ce pays, le plus récent souvenir de triste mémoire, ironie du sort, c’est le reportage de la télévision nationale sur la marche du 11 décembre 2014. Le journaliste Henri Zinwota a fait preuve d’un manquement grave à la déontologie en déformant les faits, voire en substituant les vraies images par de fausses. Cela a provoqué au sein de la télévision nationale de vives réactions de désapprobations. Qu’a dit la Haac à ce sujet ? Elle s’est rendue complice de ces dérapages graves. Où était-elle quand la même chaîne diffusait les propos du ministre Barthélémy Kassa qui qualifiait de « machin » la Plate-forme ? Faut-il rappeler en de pareille circonstance, les frasques dont le chef de l’Etat est coutumier sur la télévision nationale sans que la Haac ne prenne ses responsabilités. Son fameux discours du 1er août 2012, dans lequel il a affirmé qu’il appellera les siens qui vont s’affronter avec les autres, reste de mémoire comme si c’était hier. Depuis l’avènement de ce régime, l’accès aux organes de presse de service public n’a jamais été effectif, malgré toutes les démarches et les pressions faites. La question n’a jamais préoccupé la Haac. Aujourd’hui pour peu que Canal3 s’efforce de faire de son mieux pour permettre à l’opposition d’exister, Adam Boni Tessi bombe le torse et montre ses muscles. A son arrivée à la tête de l’Institution, on avait prédit qu’il était en mission pour pratiquer une stricte censure, voire fermer les organes de presse qui empêchent Yayi Boni d’assouvir sa soif. Et du coup, on le voit à l’œuvre et on se demande : « jusqu’où ira la Haac de Adam Boni Tessi ? » D’autres s’interrogeront de la manière suivante : « quelle est la mission à elle assignée ? Braquée contre la presse privée depuis son installation, la nouvelle mandature de la Haac, bien que regorgeant de personnalités qui ont la sympathie de l’opinion, se révèle une institution en délicatesse avec les professionnels des médias. Pendant cette période de tension politique, où l’opposition et le régime en place sont occupés à se tirer dans les pattes, la Haac s’illustre dans les prises de position qui culpabilisent les organes qui relaient les opinions de l’opposition. En cas de refus à s’affaisser devant les manœuvres orchestrées par le régime, la Haac se réserve le droit d’appliquer des sanctions. Ces menaces coïncident avec quelques changements intervenus à la tête de la chaîne privée. Sans doute que les raisons sont ailleurs et non là où Adam Boni Tessi les trouve.

Abdourhamane Touré

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