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Niger: ouverture vendredi du procès d’un trafic de bébés impliquant un opposant
Publié le mercredi 31 decembre 2014   |  AFP


Bébés
© RFI par DR
Bébés nés à la maternité de Lagos, Nigeria.


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Niamey - Accusé d'implication dans un trafic international de bébés, Hama Amadou, ex-président du Parlement du Niger devenu opposant en exil, doit être jugé par contumace à partir de vendredi pour cette affaire qui fait grand bruit dans la perspective de la présidentielle de 2016.

Cet opposant au président Mahamadou Issoufou est en fuite en France et sera
jugé par contumace s'il ne rentre pas avant le procès. Il est poursuivi par la
justice nigérienne avec une vingtaine d'autres personnes, dont son épouse, qui
ont obtenu la liberté provisoire après cinq à six mois de détention.

Issus des milieux politiques, économiques ou militaires nigériens, les
prévenus sont notamment accusés de "supposition d'enfant". Ce délit, qui
consiste à attribuer la maternité d'un enfant à une femme qui ne l'a pas mis
au monde, est passible de deux à huit ans de prison.

Cette affaire retentissante avait éclaté en juin dernier.

Elle a mis en lumière le phénomène des "usines à bébés", sortes de
cliniques privées accueillant des femmes enceintes avant de vendre leurs
bébés. Ces "usines" sont régulièrement démantelées au Nigeria, grand voisin au
sud du Niger.

Le "réseau" sur lequel le tribunal correctionnel de Niamey doit se pencher
"concerne plutôt des femmes ou leurs époux qui n'arrivent pas à avoir
d'enfants et qui ont recours aux trafiquants", a expliqué à l'AFP une source
judiciaire.

Une trentaine de bébés, dont des jumeaux, sont concernés par ce trafic
entre le Nigeria, où ils ont été conçus par des mères anonymes, le Bénin par
où ils transitent, et le Niger où ils ont été emmenés, a précisé cette source.

Le parquet de Niamey assure disposer d'"indices" qui prouvent que les
"infractions sont établies", grâce à un "travail laborieux et méticuleux" mené
dans ces trois pays.

- Un procès 'politique'? -

Pour Nouhou Arzika, un acteur de la société civile, "la procédure
d'instruction a été normale".

Cependant, dans ce pays du Sahel parmi les plus pauvres du monde, l'affaire
a vite pris une tournure très politique.

Le climat politique s'est en effet tendu depuis que Hama Amadou était passé
en août 2013 dans l'opposition au président Issoufou, dont il avait permis
l'accession au pouvoir en avril 2011 grâce à une alliance de second tour.

Pour ses partisans, M. Amadou est désormais le principal adversaire du chef
de l'Etat pour la présidentielle de 2016.

L'ancien patron du Parlement, déjà remplacé à la tête de l'institution,
avait précipitamment quitté le Niger fin août, après l'autorisation par les
députés de son audition par la justice dans l' affaire de trafic de bébés. Un
mandat d'arrêt a ensuite été émis en septembre à son encontre.

Depuis la France, l'opposant n'a de cesse de dénoncer "un complot" du
régime.

"Cette action présumée de trafic d'enfants, aucun élément n'a été fourni
pour l'étayer (...) C'est un dossier politique comme les autres", s'est-il
défendu.

Son parti, le Mouvement démocratique nigérien (Moden), accuse le pouvoir de
chercher à "abattre Hama".

La majorité défend fermement le bien-fondé de la procédure judiciaire.

"Fermer les yeux, c'est ça qui aurait été politique", a répliqué le
ministre de la Justice Marou Amadou. Pour lui, "ce dossier est un dossier de
droit commun" et "n'est donc pas politique".

"Si cette affaire pourrait contribuer à affaiblir" l'ex-président du
Parlement, "c'est tant pis pour lui", a lâché le ministre des Affaires
étrangères Mohamed Bazoum, président du Parti nigérien pour la démocratie et
le socialisme (PNDS, au pouvoir).
bh/tmo/mba

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