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L’état de la nation sans l’état des tueries policières...
Publié le jeudi 1 janvier 2015   |  24 heures au Bénin




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Combien ont péri sous les balles des policiers et gendarmes, dans l’anonymat, dans l’indifférence générale, au titre de l’année 2014, exclusivement ? Ces cadavres exhibés depuis les brigades de gendarmerie et surtout les commissariats de police devant les caméras des chaînes de télévision avec des images étalées à la Une de la plupart des journaux. Rien de tout cela n’a retenu l’attention du chef de l’Etat dans son discours sur l’état de la nation. Il paraît que le père de l’un des derniers tués par la police, le colonel de l’armée de l’air à la retraite, a eu le privilège d’être reçu par le chef de l’Etat, la veille de son déplacement au parlement. Sauf que les dizaines d’autres parents de victimes des tueries policières n’ont pas eu ce privilège réservé à l’ancien chef d’état-major de l’armée de l’air. Ils n’ont pas davantage eu un seul mot de compassion lors de l’adresse à la nation du 30 décembre 2014.

Les envolées présidentielles retransmises en direct sur la télévision nationale ont abondamment vogué sur le taux de croissance, le coton, les élections, le taux d’inflation, la diplomatie, les OMD, le MCA etc... Mais pas la moindre virgule à propos de ce sentiment d’insécurité qui anime certains honnêtes citoyens à chaque fois qu’ils croisent une patrouille de police dans la nuit. Beaucoup de gens avaient guetté, en vain, ce mot d’apaisement, cette promesse d’enquête sur ces cadavres d’inconnus manipulés à volonté par des agents en uniforme, cette assurance d’une refonte au sein de la police et éventuellement de la gendarmerie. Quelque chose pour montrer que la Marina est à l’écoute de la grogne vis-à-vis des agents en uniforme chargés de la sécurité des populations. Une omission de ce genre en cette période marquée par la mort brutale d’un jeune élève adolescent sous les balles de la police qui l’a ensuite présenté comme braqueur de haut acabit paraît bien curieux.

Tous les députés ont entendu leur président déclamer son rêve pour le Bénin de demain. Un Bénin nouveau qui ne pourrait devenir une réalité sans sa jeunesse. Une raison supplémentaire pour que le chef de l’Etat soit le premier concerné par les déclarations de la police nationale au cours d’une conférence de presse revendiquant avoir abattu un élève et blessé grièvement un étudiant (tous des braqueurs déclarés par la hiérarchie policière) en plein réveillon de la Noël 2015. Cette annonce va au-delà d’une simple opération de police ; elle consacre un fait rarissime jamais connu jusque-là au Bénin à savoir l’introduction du gangstérisme dans nos écoles et universités d’autant plus que les deux prises policières ne sauraient être considérées comme des cas isolés au sein de leurs établissements d’enseignement respectifs. Ceci malgré les efforts que le discours présidentiel prétend avoir consenti dans le domaine de l’éducation.

Il ne s’agit pas d’inciter le président de la République à interférer dans la procédure judiciaire ouverte dans le cadre de l’affaire de la "Cité Vie Nouvelle". Mais il y a le volet administratif du contentieux qui le concerne au premier chef en tant que patron de l’administration publique. On pourrait se demander ce que faisait le gouvernement lorsque des agents en uniforme paradaient devant les caméras avec des cadavres de présumés braqueurs. Ne parlons pas des séances de présentation de présumés délinquants à la presse qui ne figurent nulle part dans la loi pénale. Sans oublier la responsabilité entière du gouvernement qui s’est permis de surclasser un fonctionnaire afin de l’ériger en chef suprême de la police nationale pour ce résultat aussi macabre au bout de quelques mois. Pour toutes ces raisons, le mutisme du chef de l’Etat sur le sujet des "adolescents élèves et étudiants braqueurs" dans un discours solennel à la nation peut prendre des allures d’une faute politique grave si nous n’étions pas au Bénin, pays des incongruités.

Oubliés par un discours présidentiel mais présents dans les cœurs de milliers de Béninois, Axel et Floriano...

Par Arimi Choubadé

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