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La Nation N° 6146 du 31/12/2014

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L’éducation au titre de 2014 : Quatre mois de grève, des résultats catastrophiques
Publié le vendredi 2 janvier 2015   |  La Nation


Visite
© Ministère par DR
Visite du Ministre Alassane Soumanou à l’Ecole Turque UFUK
Jeudi 30 janvier 2014 : Le ministre de l’Enseignement Secondaire, de la Formation Technique et Professionnelle, de la Reconversion et de l’Insertion des Jeunes effectue une visite à l’Ecole Turque UFUK. Photo : (Au milieu) Le ministre Alassane Soumanou


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Au cours de l’année 2014 qui s'achève, le monde éducatif béninois a été marqué par divers mouvements de débrayage à tous les niveaux. Ces mouvements ne sont pas sans conséquence sur le rendement des apprenants. Des contre-performances ont été enregistrées aux examens du Brevet d’études du second cycle (BEPC) et du Baccalauréat.


Par Alain ALLABI


Le monde éducatif béninois a été secoué sur près de quatre mois, au cours de 2014, par des mouvements de grève qui ont bloqué les activités académiques aussi bien dans l’enseignement primaire qu’au secondaire. Le motif de ce mouvement général de débrayage, c’est la violence exercée sur des syndicalistes qui organisaient une marche pour protester contre les violations des libertés démocratiques. La marche devait démarrer de la Bourse du Travail le 27 décembre 2013. Mais les manifestants se sont vus confrontés à un fort détachement des forces de l’ordre. Les éléments de police auraient pour mission d’empêcher les organisations syndicales soutenues par certains acteurs politiques de sortir des périmètres de la Bourse du travail. La raison, c’est que la marche ne serait pas autorisée par le préfet de l’Atlantique-Littoral, Placide Azandé. Les manifestants n’entendent pas se laisser faire. Ils tiennent à faire leur marche dont ils ont informé la mairie et cela serait suffisant selon eux. De l’autre côté, la police n’en a que faire de l’autorisation du maire, le préfet étant l’autorité de tutelle. Dès lors, une échauffourée s’est déclenchée faisant des blessés dans le rang des manifestants. Les blessures ont obligé à les conduire au Centre national hospitalier et universitaire Hubert Koutoukou Maga de Cotonou. Indignées à la fois par la sanglante répression du 27 décembre 2013 et par la façon du côté des gouvernants de banaliser les blessures subies par des syndicalistes, les confédérations en mouvement ont déclenché une grève de protestation de 48h le 7 janvier 2014 qu’ils ont reconduite plusieurs fois avec en appui plusieurs exigences. Ils exigent le limogeage en guise de punition du préfet Placide Azandé et du Commissaire central de la ville de Cotonou d'alors Pierre Agossadou. Sans cette sanction, pas de reprise des activités pédagogiques dans les écoles. Ce fut un préalable non négociable, selon eux.
Le mouvement se radicalise
Lors des négociations entre gouvernement et confédérations syndicales, aucune solution n’a été trouvée pour mettre fin à la tension. De son côté, le gouvernement se dit incapable de relever le commissaire central de Cotonou et le préfet de l’Atlantique-Littoral de leurs fonctions, car dépassé par la mise en œuvre de cette sanction et maintient les intéressés en fonction. Ce qui renforce le mouvement avec d’autres revendications. Mais déjà, les salaires de janvier 2014 ont connu du retard à cause des défalcations que les enseignants doivent subir pour fait de grève. Cette mesure, loin de démotiver les syndicalistes, les a plutôt galvanisés. Ainsi, le mouvement a été durci passant de 48h à 72h par semaine par tacite reconduction si le gouvernement ne donne pas entièrement satisfaction aux revendications des confédérations syndicales en mouvement. Elles exigeaient en plus la restitution des retenues sur salaire opérées quelques années plus tôt. La tension a régné du 7 janvier à avril 2014 et les apprenants dépassés et fatigués de rester à la maison ont dû à un moment donné descendre dans les rues pour exiger que le gouvernement apporte solution aux problèmes de leurs enseignants.
Le réaménagement du calendrier scolaire
Après plus de quatre mois de grève, ce n’est que le 24 avril 2014 que les cours ont repris dans les écoles primaires et collèges publics. Et ce, malgré l’opposition de la Confédération des Syndicats des travailleurs du Bénin(CSTB) et de la Fédération des Syndicats des travailleurs des Finances (FESYNTRA-Finances) qui n’entendent pas suspendre la grève. Les mouvements de débrayage ayant considérablement perturbé le calendrier scolaire, il importe de faire quelque chose pour sauver l’année. Dès lors, les ministères en charge de ces ordres ont procédé à un réaménagement du calendrier appelé de tous les vœux. Et les candidats aux différents examens savent désormais à quoi s’en tenir. Signe que les autorités ont eu une oreille attentive au cri des populations. Mais le nombre de jours ajoutés n’efface pas toutes les inquiétudes liées notamment au non-respect de la masse horaire requise. Car la rallonge accordée pour sauver l’année ne fait pas encore le compte des 36 semaines requises. Les candidats du Certificat d’études primaires ont composé le 23 juin, et le 7 juillet, les élèves en fin du premier cycle de l’enseignement secondaire ont démarré les épreuves du Brevet d’études du premier cycle (BEPC). Quant à leurs aînés des classes Terminale, ils ont été à l’assaut du premier diplôme universitaire, le baccalauréat le 14 juillet dernier. Si la prolongation a été souhaitée, elle ne comble pas tout le monde telle qu’elle a été faite. Ni les enseignants encore moins les parents d’élèves ne sont satisfaits. Ils estiment que la rallonge ne couvre que quatre semaines alors que la grève s’est étendue sur près de quatre mois. Ainsi, les uns et les autres s’interrogent sur le niveau qu’atteindraient les apprenants avant les nouvelles échéances des examens et plus encore sur le rendement.
Des résultats catastrophiques au BEPC et au BAC
Anselme Amoussou, deuxième secrétaire général adjoint de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA-Bénin), n’avait pas de doute quant à l’impact des grèves sur les résultats scolaires au cours de l’année académique 2013-2014. Effectivement, sa crainte s’est confirmée avec les résultats catastrophiques du BEPC et du BAC. Cette année, ce sont 47,57% des candidats au Brevet d’études du premier cycle (BEPC) qui sont déclarés admissibles pour passer les épreuves sportives et orales dès le lendemain samedi. Ces résultats constituent une contre-performance à les comparer à ceux de 2013 où cet examen a livré un taux d’admissibilité de 49%. Rencontré après la proclamation des résultats, Dieudonné Lokossou, secrétaire général de la CSA-Bénin, tout en reconnaissant que ces résultats ne sont pas satisfaisants, indique que les causes de cette contre-performance ne sont pas à chercher ailleurs. Ce sont les effets des perturbations dues aux grèves enregistrées depuis janvier 2014 sur plusieurs mois qui ont généré ces résultats catastrophiques, laisse-t-il entendre ajoutant que le pire aurait été la non-tenue des examens.Quant au BAC, il a affiché un taux d’admissibilité de 24%, ce qui représente une baisse par rapport à 2013. Ce taux est en baisse en comparaison avec celui de l’année 2013 où cet examen a fourni 32,35% comme taux d’admissibilité. Selon Alphonse da Silva, directeur de l’Office du baccalauréat, ces résultats ne sont qu’une contre-performance. Cette situation est due au caractère spécial de l’année scolaire sauvée in extremis.Les résultats sont plutôt gais au niveau du Certificat d’études primaires. Ils sont 89,56% des 216.065 inscrits contre 86,4% en 2013 à s’ouvrir les portes du collège. Ces résultats positifs malgré les grèves sont salués par Dieudonné Lokossou qui ajoutera qu’ils sont l’œuvre des enseignants du cours primaire. Notamment, il précise que les enseignants ayant à charge les classes de CM2 n’avaient pas observé les mouvements de grève. En son temps, les écoliers candidats au CEP ont régulièrement suivi les cours. C’est pourquoi, soutient-il, les résultats ont été meilleurs et ont même dépassé le niveau de 2013. Mais d’autres acteurs syndicaux estiment qu’il s’agit plutôt de résultats arrangés pour faire croire que les mouvements n’ont pas eu d’impact.
Mauvais résultats pas seulement dus aux grèves
Anselme Amoussou ne partage pas l’allégation selon laquelle les grèves sont exclusivement les facteurs générateurs des mauvais résultats scolaires. «Les grèves ont bon dos», dénonce-t-il, précisant que le système éducatif souffre d’une mauvaise gouvernance des responsables. A titre illustratif, il relève certaines décisions telles que celle qui impose qu’il n’y ait plus de redoublement au Cours d’Initiation. Et cela s’applique depuis des années sans tenir compte des conditions de travail, des effectifs pléthoriques, du manque d’infrastructures, de la qualité de l’enseignant. Dans ces conditions, les lacunes s’accumulent tout au long des classes du cours primaire. « On retrouve au CMII des enfants qui n’ont pas le niveau du CEI ou du CEII », fait-il observer ajoutant que curieusement les résultats sont très bons aux examens. Poursuivant ses explications, Anselme Amoussou indique que quand on finit les examens, les derniers décideurs des résultats sont les politiques. « Les taux qu’on présente au public proviennent des cabinets ministériels », révèle-t-il avant de d’indiquer que le silence du gouvernement face à la situation de crise persistante est dû à sa formule d’arrangement des résultats de fin d’année.
Enfin, le forum sur le système éducatif
Attendu depuis des lustres, le forum sur l’éducation au Bénin a fini par se tenir. Du 17 au 19 décembre dernier, les divers acteurs du secteur ont pris part aux assises afin de corriger les dysfonctionnements qu’accuse le système et qui ne lui permettent pas d’atteindre les performances. Les travaux ont débouché sur des recommandations visant à apporter la thérapie adéquate aux maux dont souffre l’école béninoise. Entre autres, les assises ambitionnent de rompre définitivement avec le mythe ‘d’akowé’ pour s’inscrire dans la perspective de : « qu’est-ce que tu sais faire et non qu’est-ce que tu connais». Cette nouvelle orientation ambitionne aussi l’introduction systématique de l’enseignement dans les langues nationales, dans les écoles et établissements à partir de la rentrée académique 2015-2016. En outre, au vu des multiples plaintes, il est prévu au nombre des recommandations que l’approche par compétence soit objectivement évaluée pour des décisions conséquentes dans un bref délai. Pour sauvegarder le temps scolaire et éviter que les grèves perturbent les activités académiques, les assises préconisent que le dialogue social soit amélioré, l’école étant une institution sacrée qui ne doit nullement être l’objet d’un quelconque malaise social.

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