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« Ce fils immigrés devenu pape François » Un prêtre répond à M. Roger Gbégnonvi
Publié le dimanche 4 janvier 2015   |  24 heures au Bénin


Le
© AFP par DR
Le pape François célèbre la fête de Noël
Jeudi 25 Décembre 2014. Vatican.


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La récente chronique du Professeur Roger Gbégnonvi intitulée « Ce fils d’immigrés devenu pape François » a retenu l’attention de l’Abbé Mathieu AIFÀN. Il vient d’adresser un droit de réponse que Votre journal publie en intégralité.


La réaction du prélat est suivie d’une nouvelle diffusion de la chronique du professeur


« M. le professeur, vous êtes dans l’erreur »



Un prêtre répond à M. Roger Gbégnonvi



1-Je ne suis peut-être pas habitué à répondre à la provocation. Mais si aujourd’hui, je décide de répondre à l’ancien séminariste Roger Gbégnonvi, c’est bien par amour de l’Eglise, d’une Eglise-Mère sans cesse attaquée, persécutée et incomprise, même de certains de ses fils. Le discours du pape François, le lundi 22 Décembre 2014, lors de la traditionnelle présentation des vœux à la curie vaticane, peut valablement s’étendre à tous les fils de l’Eglise, parfois prisonniers de leurs vues, de leurs opinions et de leurs habitudes. Dans ce discours largement médiatisé, le pape stigmatise justement, entre autres, la maladie d’ « Alzheimer spirituelle », « c’est-à-dire l’oubli de « l’histoire du salut », de l’histoire personnelle avec le Seigneur, du « premier amour » (Ap 2, 4). Il s’agit d’un déclin progressif des facultés spirituelles qui, à plus ou moins long terme, provoque de graves handicaps chez la personne, la rendant incapable d’exercer une activité autonome. Celle-ci vit dans un état de dépendance absolue vis-à-vis de ses vues souvent imaginaires. Nous détectons cette maladie chez ceux qui ont perdu la mémoire de leur rencontre avec le Seigneur ; chez ceux qui ne perçoivent pas le sens historique de la vie ; chez ceux qui sont totalement dépendants de leur présent, de leurs passions, caprices et manies ; chez ceux qui construisent autour d’eux des murs et des habitudes et deviennent de plus en plus esclaves des idoles qu’ils ont sculptées de leurs propres mains ».



2-Car, c’est bien de ce discours du pape qu’est parti l’ex-séminariste Roger Gbégnonvi, pour jeter l’opprobre sur le clergé catholique. Il est cependant heureux que ce commentaire de Roger Gbégnonvi, paru le 1er Janvier 2015 dans le journal « 24 heures au Bénin », sous le titre « Ce fils d’immigrés devenu pape François », me donne l’occasion de préciser à tous certains aspects de la vie et de nature de l’Eglise. Disons-le clairement : la lecture opportuniste du discours du pape, que fait M. Roger Gbégnonvi, vise à ternir l’image du clergé –du clergé béninois en l’occurrence - ; mais c’est surtout une lecture qui pèche par une connaissance insuffisante des Saintes Ecritures et de l’histoire de l’Eglise ! J’ai en effet souri en lisant que « sous la coupe de son clergé officiellement célibataire, l’Eglise a cessé d’être mère pour n’être plus que marâtre, arrogante, prompte à punir et à rejeter ». Officiellement célibataire. Affirmation tendancieuse, qui cherche à discréditer l’ensemble du corps sacerdotal.


Affirmation aussi qui remet en cause un principe élémentaire de la logique : un élément ne définit jamais la totalité d’un ensemble ! La question rhétorique que notre ex-séminariste se pose quelques lignes avant l’affirmation que nous relevons n’est donc qu’un tour d’esprit dont le seul but est de jeter la boue sur la soutane des prêtres qu’en son temps il rêvait pourtant de porter. Il écrit en effet : « Y a-t-il encore quelques prêtres et prélats sans une perle de scandales sexuels sur la soutane ? » Le fait donc que certains éprouvent, peut-être, quelque difficulté à vivre la chasteté – et cela constitue pour l’Eglise entière un motif de juste préoccupation et de grande souffrance ! - n’est absolument pas une raison pour affirmer que l’ensemble du clergé peine en ce domaine. Nombreux sont les prêtres qui, jour et nuit, dans un inlassable effort quotidien, cherchent à vivre leur sacerdoce dans la vérité. Ne pas reconnaître le bien qui se fait, c’est faire tout simplement preuve de « pétrification mentale et spirituelle », pour reprendre une autre expression du discours du pape. Je prierais tout gentiment notre ami Roger à relire la dense réponse du pape émérite Benoît XVI, l’an dernier, au mathématicien italien Piergiorgio Odifreddi, à propos des abus sexuels dans le rang des prêtres. Benoît XVI écrit : « Que le pouvoir du mal pénètre jusqu’à ce point dans le monde de la foi est pour nous une souffrance que, d’un côté, nous devons supporter, alors que de l’autre, nous devons dans un même moment, faire tout notre possible afin que d’autres cas similaires ne se reproduisent plus.


Ce n’est pas non plus une consolation de savoir que, selon les recherches des sociologues, le pourcentage de prêtres incriminés n’est pas plus élevé que celui présent pour d’autres catégories professionnelles similaires. Dans tous les cas, il ne faudrait pas présenter de façon ostentatoire cette déviation comme si il s’agissait d’une souillure spécifique du catholicisme.
Si il n’est pas permis de se taire à propos du mal dans l’Eglise, il ne faut pas non plus, se taire à propos du grand sillage lumineux de bonté et de pureté que la foi chrétienne a tracé au cours des siècles »
De même, il est gravement erroné de dire que l’Eglise a cessé d’être mère… Etre mère ne signifie guère donner une mauvaise éducation à ses enfants. La mère, c’est celle-là qui éduque avec amour, en indiquant à ses enfants le juste chemin. C’est aussi celle-là qui, au besoin, inflige une juste correction à ses enfants, en vue de leur maturité. Cette fonction maternelle, l’Eglise l’a exercée et l’exerce encore aujourd’hui, avec parfois des limites, mais toujours avec fermeté et conviction.


A cette fonction maternelle, s’ajoute aussi la dimension prophétique de la mission de l’Eglise, qui consiste à porter au monde la Parole de Dieu, et à dénoncer les égarements des croyants et des hommes de bonne volonté. J’inviterais donc respectueusement l’éminent professeur à relire l’histoire prophétique, à relire la première lettre de l’apôtre Paul aux Corinthiens…, si encore il se reconnaît toujours chrétien !!!!!



3-J’ai encore souri, surtout lorsque l’ex-séminariste, pour aborder la question du dernier synode, identifie ces cardinaux « attachés à la pérennité des textes millénaires de la ‘‘saine doctrine’’ et non au bonheur des femmes et des hommes, vis à vis de qui ils sont cruels, incapables de tendresse et de douleurs ». Ces textes dits millénaires, pour nous autres chrétiens, sont la Parole jamais obsolète de Dieu, Parole toujours actuelle, qui projette sans cesse sa lumière sur la vie et l’histoire des hommes de tous les temps. Parole qui vise toujours le bonheur de l’homme et de tout homme. C’est cette Parole qui refuse au chrétien de se modeler sur la mentalité de ce monde, et de tout discerner avec soin, conformément à la volonté de Dieu (Cf. Rm 12,2). N’est absolument pas chrétien celui qui ne croit pas à l’actualité de la Parole et ne se fie pas à la vivante Tradition de l’Eglise ! Les textes magistériels, même millénaires, sont au service de l’intelligence des Saintes Ecritures, et visent toujours le bonheur de l’homme.
Le professeur semble par ailleurs ignorer le sens théologique de la miséricorde (même s’il n’utilise pas le mot, préférant celui de tendresse et de compassion) : la miséricorde est loin d’être un ‘fourre-tout’. Elle est un attribut de Dieu. C’est le cœur de Dieu qui tremble en face de la misère humaine, le cœur de Dieu qui veut sauver l’homme de ses misères. Dieu n’accepte pas les misères humaines, mais veut les en libérer. Encore faudrait-il que l’homme reconnaisse sa propre misère et s’humilie devant Dieu, pour accueillir la miséricorde. L’Eglise, dans l’histoire, est au service de cette miséricorde qui n’accepte pas de façon béate et inintelligente le péché et les structures de péchés. L’Eglise a une mission, celle d’avertir et d’exhorter l’homme à s’engager sur le chemin de la conversion, comme le prophète-guetteur qui se tient jour et nuit sur les remparts. Hier, au prophète Ezéchiel, Dieu disait : « Fils d’homme, je t’ai fait guetteur pour la maison d’Israël. Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. Si je dis au méchant : ‘Tu vas mourir’, et que tu ne l’avertis pas, si tu ne parles pas pour avertir le méchant d’abandonner sa conduite mauvaise afin qu’il vive, le méchant, lui, mourra de sa faute, mais c’est à toi que je demanderai compte de son sang » (Ez 3,16-18). C’est même au nom de la tendresse et de la compassion que l’Eglise parle aux hommes. L’Eglise qui se réunit en synode est toujours une Eglise qui marche, qui chemine sur les routes de l’histoire. C’est une Eglise qui réfléchit, qui cherche toujours à ouvrir aux hommes des chemins d’espoir et d’espérance, à partir de la Parole sacrée. C’est une Eglise qui écoute « ce que l’Esprit dit aux Eglises » (Ap 2,7). Or, l’Esprit ne remet jamais en cause la Parole sacrée…Face à une mentalité oppressive qui veut faire prendre à l’Eglise des voies qui conduisent à l’abîme, il faut bien des gens pour faire revenir à la saine et sainte doctrine des saintes Ecritures !



4- Encore un mot sur la caricature finale de l’ancien ministre. Les curés africains et béninois conduisent-ils leurs fidèles « selon les normes obsolètes du Concile de Trente » ? A la bonne heure ! Les prêtres béninois enseignent-ils que le livret de catholicité (qualifié de ‘triste’ par le professeur !) est un passeport pour le paradis ? Même les fidèles les plus naïfs se boucheraient les oreilles pour ne pas entendre des propos aussi légers que ridicules ! Nous avons besoin de réflexion sérieuse et non de banalités de ce genre ! D’un professeur, on attend mieux. Ma conviction, et elle est largement partagée, reste que les prêtres, qu’ils soient béninois, africains ou d’ailleurs, dans leur ensemble, avec les limites humaines qui sont les leurs, essaient de redonner joie et espérance aux hommes de bonne volonté, et splendeur à l’Eglise. Le pape François, dans son discours à la curie, écrit d’ailleurs à cet effet : « J’ai lu un jour que les prêtres sont comme les avions : ils ne font la une des journaux que lorsqu’ils tombent, mais il y en a beaucoup qui volent. Beaucoup critiquent et peu prient pour eux. C’est une phrase très sympathique mais aussi très vraie, parce qu’elle souligne l’importance et la délicatesse de notre service sacerdotal et tout le mal que peut causer à tout le corps de l’Église un seul prêtre qui tombe ». Il est très étonnant que l’éminent professeur n’ait pas relevé ce passage du discours qu’il commente et interprète à sa façon. Peut-être parce qu’il se retrouve dans le groupe de ceux qui critiquent et prient peu (ou pas du tout) pour les prêtres. L’image de l’avion qui tombe est belle et suggestive. Car, comme les avions ne tombent pas tous les jours, ainsi les prêtres : il arrive, certes, à certains de tomber, mais tous ne chutent pas. La grande majorité « vole », et entraîne les hommes vers les hauteurs du salut !
L’Eglise est une réalité théandrique, une réalité humano-divine : elle est sainte dans sa Tête, le Christ, mais pécheresse dans ses membres. Tout discours sur les chrétiens, les prêtres et sur l’Eglise en générale, pour être juste doit tenir compte de cette ecclésiologie. Et c’est cette Eglise que j’aime et que je suis fier d’aimer et de servir ! « Je crois en l’Eglise, Une, Sainte, Catholique, et Apostolique » ! Cela dit, M. le professeur, vous êtes dans l’erreur ! Et pour reprendre le mot du pape émérite Benoit XVI au mathématicien Odifreddi, « ce que vous dites, n’est pas digne de votre rang scientifique » !




Père Mathieu C. AIFAN



Archidiocèse de Cotonou


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La Chronique de Roger Gbegnonvî





Ce fils immigrés devenu pape François
(Par Roger Gbégnonvi)

​Si les cardinaux du gouvernement de l’Eglise ont vu rouge deux jours avant noël, ce ne fut pas le rouge de leur apparat, mais bel et bien celui des mots que le patron leur adressa : ‘‘Une curie qui ne s’autocritique pas, qui ne s’améliore pas, est un corps infirme’’. Et le pape d’y aller de quelques formules assassines, dont il a dû mesurer la portée mortelle dans sa petite chambre : ‘‘Alzheimer spirituel’’, ‘‘schizophrénie existentielle’’, ‘‘terrorisme verbal’’, etc. Ce corps d’élites, dont la moyenne d’âge oscille entre 65 et 70 ans, s’attendait certainement à tout, en matière de vœux de noël, sauf à s’entendre traiter de corps infirme par le premier de cordée. C’est que le premier de cordée tient à tirer son épingle du jeu. Les catholiques, intéressés par la vie de leur Eglise, ne savent toujours pas dans quelles conditions le bon pape Jean-Paul 1er a été retrouvé mort après seulement 33 jours de pontificat, comme ils ne savent toujours pas les raisons profondes qui ont poussé à la démission le bon pape Benoît XVI après huit ans de pontificat. Qui, juste avant cette démission, a permis la diffusion dans la presse de documents ultrasecrets sortis du bureau du pape ?


Y a-t-il encore quelques prêtres et prélats sans une perle de scandales sexuels sur la soutane ? Le cardinal Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, a dû obéir à Jean-Paul II et combattre la théologie de la libération prônée par nombre de ses prêtres. Mais il avait une idée précise des maux dont l’appareil clérical doit se soigner. C’est pourquoi, devenu pape, il se fait appeler François, sans tralala, refuse d’intégrer les fameux appartements pontificaux, et tient à distance le palais des papes à Caste Gandolfo. Le pape dans un palais royal ou dans une suite présidentielle ? François n’y comprend rien et a décidé de cesser d’être ‘‘le bon pape’’ pour être, sinon méchant, tout au moins dérangeant.
​Ce fils d’immigrés a-t-il mis de l’eau dans son vin la nuit de noël, tout juste après avoir accusé de ‘‘carriérisme’’ (sic) les membres de son gouvernement ? On pourrait le croire en l’entendant placer son homélie sous le signe de la tendresse et des douleurs. Mais à mieux écouter, on s’aperçoit que tendresse et douleurs (compassion ?) ne sont pas de vrais lieux théologiques, qu’ils s’entendent mieux entre gens qui s’aiment, d’amour simplement humain. A creuser davantage encore, on s’aperçoit que, tout en parlant de l’actualité des chrétiens persécutés, cet Argentin, dont on dit qu’il est ‘‘malin’’ (sic), continuait de saisir à leur col romain les prélats de tous ordres, les cardinaux en tête. Ce sont eux qui, au dernier synode de l’Eglise, ont combattu farouchement son projet d’admettre dans la communauté ecclésiale les divorcés et les homosexuels. Ces ‘‘carriéristes’’ sont attachés à la pérennité des textes millénaires de la ‘‘saine doctrine’’ et non au bonheur des femmes et des hommes, vis à vis de qui ils sont cruels, incapables de tendresse et de douleurs. Car on ne saurait condamner quelqu’un, homme ou femme, dont le mariage n’a pas été un succès. Car on ne saurait condamner quelqu’un, homme ou femme, dont la vie sexuelle ne relève d’aucun viol ni d’aucune violence. Mais sous la coupe de son clergé officiellement célibataire, l’Eglise a cessé d’être mère pour n’être plus que marâtre, arrogante, prompte à punir et à rejeter.
​On voudrait que les curés de nos paroisses en Afrique aient entendu François en appeler à la tendresse et à la compassion. Puissent-ils ne plus conduire leurs ouailles selon les normes obsolètes du concile de Trente. Puissent-ils ne plus faire croire à leurs ouailles au Bénin que le triste livret de catholicité, où l’on entasse sacrements et deniers du culte, est un passeport pour le paradis. Pour que l’Eglise catholique redevienne partout l’Eglise des hommes et des femmes en quête de Dieu, Beauté et Bonté, les catholiques, qui n’ont pas raccroché, doivent soutenir de tout cœur ce fils d’immigrés devenu pape François.

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