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Le Matinal N° 4508 du 31/12/2014

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Echos des médias : Sébastien Azondékon, de l’Alliance Abt au sujet du dialogue « C’en est fini pour le dialogue politique »
Publié le mardi 6 janvier 2015   |  Le Matinal




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Selon Sébastien Azandékon, plus rien n’est à espérer du dialogue
Le Professeur titulaire d’économie à l’université du Québec, membre de l’Alliance Abt, Sébastien Azondékon, était l’invité de l’émission « Cartes sur table » d’hier dimanche 4 janvier 2015. Il trouve que le dialogue politique est un mort-né.


Océan Fm : Comment, se porte l’alliance Abt et son leader ?

Professeur Azondékon : L’alliance Abt se porte à merveille ainsi que son leader. Il sillonne le pays pour prendre contact avec les populations et voir les réels problèmes auxquels elles sont confrontées. Très peu arrivent à sillonner le pays et à prendre contact avec les populations comme il le fait. Nous arrivons à cerner ce que veut le peuple et nous nous préparons à intégrer cela dans un projet de société mobilisateur pour amorcer la résolution des sérieux problèmes auxquels se trouve confronté ce peuple laborieux qui mérite mieux.
L’année 2015 s’annonce comme une année de grande agitation. Avez-vous la même impression ?

C’est une année doublement électorale et, quand on dit élection, tout le monde s’attend à un climat agité et comme ce sont deux élections qui vont se suivre dans l’intervalle d’un mois, il faut s’attendre à de la fébrilité.
Croyez-vous, à Abt, que cela peut se faire dans l’intervalle d’un mois ?

Nous voudrions bien croire. Mais à l’allure où vont les choses, il y a lieu de commencer par s’inquiéter. Parce que la Lépi qui devrait être prête, cela fait 4 échéances avortées par le Cos-Lépi et on nous parle du 15 janvier pour un premier jet. Là, on est à 11 jours. Vous-mêmes vous voyez que les échéances sont serrées et très achalandées et il y a de quoi s’inquiéter.
Mais, la question qu’on se pose aujourd’hui est de savoir si on pourra aller aux élections avec la Lépi. Qu’en est-il réellement au cours des travaux préparatoires ?

Je ne suis pas au pouvoir pour affirmer. Mais la Cour constitutionnelle a dit que sans Lépi pas d’élection. Cette assertion tient de moins en moins. Si on veut vraiment sauvegarder cette démocratie, il va falloir faire vite pour que la Lépi soit prête. Pour moi, ce serait étonnant que cette Lépi soit prête pour aller aux élections en mars. Normalement, toute la classe politique doit être en train de se préparer pour un plan B.
Quel est le plan B selon vous ?

Si la Lépi n’est pas prête, s’il y a moyen de récupérer ce qui a été fait pour en faire une liste crédible et fiable comme le Ravec par exemple et aller aux élections, faisons-le. Parce que, tant qu’on dira que sans Lépi, pas d’élection et que la Lépi va d’avortement d’échéances en avortement d’échéances, nous risquons de nous retrouver en 2020 sans faire d’élection.

La Cour constitutionnelle a été interpellée plusieurs fois, mais elle est sortie et a jeté le tort sur l’Assemblée nationale.
Pensez-vous que l’Assemblée a un rôle à jouer ? Si oui pourquoi elle ne prend pas ses responsabilités ?

Le problème n’est plus de jouer à ce jeu de ping-pong. Il faut s’asseoir et trouver un moyen de s’en sortir. L’Assemblée doit prendre ses responsabilités et sauter ce verrou de la Cour constitutionnelle parce qu’il ne revient pas à la Cour de dire sans Lépi pas d’élections. C’est l’Assemblée qui légifère. Si cela peut se faire, tant mieux. Mais à l’Assemblée encore aujourd’hui, il y a pas mal de clivages qui s’affrontent avec des intérêts divergents. Ce qui est encore plus dangereux, c’est qu’en mai, l’Assemblée va déposer son tablier. En fin de législature, il y a de la fébrilité dans l’air. Chacun pensera à sa réélection et il y a plein de jeux. Tout cela ne favorise pas l’apaisement du climat politique.

On a assisté à un début de travaux préparatoires et, après, les discussions sont interrompues
Comment on a assisté à un début de travaux, alors qu’on a dit que les discussions ne doivent pas être sues avant la fin ? Mais on a eu les échos. Abt a claqué la porte. La Rb, l’opposition toute entière. Que s’est-il passé ?

Je vais nuancer. L’alliance Abt fait partie de la plate-forme, mais Abt en personne a été invité à la table ronde en tant que personne ressource. Puisqu’il était absent, il m’a mandaté pour le remplacer. C’est à ce titre que j’ai pris part au dialogue. Maintenant, qu’est-ce qui s’est passé ? On parle de dialogue politique. Quand on parle de dialogue, c’est qu’il y a des négociations à faire. Et quand on parle de négociations, cela suppose qu’il y a problème. Ensuite, quand on parle de négociation, il y a quelque chose à retenir. On ne négocie qu’avec ses adversaires. La négociation suppose au moins deux parties. Si ces deux parties sont en présence, c’est qu’il y a quelque chose qui les oppose quelque part. Cette opposition peut être mineure ou majeure. Donc, si nous décidons d’aller au dialogue et que dans le même temps, on dit qu’il n’y a pas problème, alors il n’y a plus dialogue. Donc, lorsqu’on reconnaît qu’il y a problème, nous nous engageons maintenant pour préparer comment les parties pourraient s’asseoir et débloquer cette situation qui existe.
Voulez-vous dire qu’il y a maldonne au départ ?

Comment ça ?

Avant d’aller au dialogue, il y a déjà mal donne

Non ! il n’y a pas mal donne. C’est sur cela que je veux venir. Mais vous savez que le pays se porte mal et plonge dans une crise tridimensionnelle, économique politique et sociale. Celui qui ne veut pas le reconnaître, vit sur une autre planète, parce que c’est clair que ça ne va pas.
Mais les Fcbe vivent au Bénin et affirment que ça va !

Cela dépend de là où ils se placent. Mais si cela allait, est-ce qu’on convoquerait un dialogue ? Non. Eu égard à la situation de crise qui existe, vous voyez que les parties prenantes, participant à la vie politique, économique et sociale ne se font plus confiance. Cela s’est manifesté tout au long des assises. Il y a de la suspicion, de la méfiance. Tout cela ne peut se gérer que dans le cas où les parties sont d’accord pour aller à un compromis, à un consensus. Ici, si on dit que les parties iront au vote, cela ne permettra pas de cicatriser les blessures béantes au consensus. Et pour avoir ce consensus, il faut négocier et rapprocher les positions. Je pense que c’est sur cette base qu’on est parti. Le Mcri, je lui tire chapeau pour avoir eu le courage de faire asseoir, autour d’une même table, les parties prenantes à ce dialogue et avoir joué son rôle. Je dirai qu’il a été impeccable.
Donc vous tirez chapeau au gouvernement ?

Non ! je tire chapeau au ministre.

Mais il appartient au gouvernement

Non, le ministre en tant que personne. Il a été soumis à trop de pressions à mon avis. J’aurais aimé qu’on lui laisse les coudées franches pour diriger ces assises et peut-être les résultats auraient été autres, parce qu’il a une bonne initiative de convoquer des personnes à titre de personnes ressources. Et ceux-là, au cours de ces assises, ont joué un grand rôle pour amener les parties à poser la balle à terre. Malgré cela, c’est malheureux de le constater. Nous étions arrivés à la fin du processus quand….
Cela a capoté ?

Je ne dis pas que cela a capoté.
Mais, vous vous étiez entendus sur quoi ?

Sur l’objectif global du dialogue. Cet objectif global est de préserver la paix et les acquis démocratiques de la conférence des forces vives de la Nation de février 1990 par la décrispation du climat sociopolitique et la réalisation d’un consensus au sein de la clase politique pour l’organisation des élections communales municipales et locales dans les meilleurs délais et avant celles des législatives prévues pour avril 2015. Si l’objectif global est comme cela, ce n’est pas pour l’organisation des élections qui sont proches, c’est la décrispation du climat. Cela veut dire que tous les Béninois sont crispés. A l’heure où nous parlons, le peuple est en train de souffrir atrocement dans sa chair. Je pense que quand on va s’asseoir, c’est cela qu’il faut toujours avoir à l’esprit. Malheureusement, les intérêts politiques et électoralistes ont automatiquement pris le dessus. On a essayé de canaliser. On a écarté les objectifs spécifiques découlant de ces objectifs généraux.
Qu’en est-il de ces objectifs spécifiques ?

Il y a 5. Obtenir un consensus pour l’organisation des élections communales municipales et locales dans les meilleurs délais et avant celles des législatives prévues pour avril 2015. Instaurer un climat politique et social détendu et paisible à la libre compétition des forces politiques pour les élections. Définir le financement pour l’orientation des activités politiques. Jeter les bases d’un cadre de dialogue permanent entre les acteurs politiques, principalement de la mouvance et de l’opposition et enfin proposer des stratégies de mise en confiance des opérateurs économiques et de restauration d’un bon climat des affaires dans le cadre du partenariat public privé. Vous n’allez pas me dire que ces objectifs spécifiques ne concernent que l’organisation des élections. C’est bien au-delà.
Mais vous êtes allés dans le but de tracer un chemin pour les élections, mais là vous allez au-delà !

Non, pas de tracer un chemin pour les élections. On s’est retrouvé dans un cadre de préparation du dialogue politique.
Si dans le même temps vous dites qu’il n’y a pas de temps pour organiser les élections et que vous mettez dans les objectifs spécifiques d’autres préoccupations qui ne sont pas liées aux élections, ne voyez-vous pas qu’on perd du temps ?

L’objectif spécifique 1, concerne les élections. Si on parle de dialogue politique, cela ne suppose pas seulement les élections.
Par rapport à l’objectif 1 qu’avez-vous arrêté ? Sur quoi y-a-t-il eu de divergences ?

Non, il n’y a pas eu de divergences sur cet objectif. Il ne s’agit pas encore de faire le dialogue. Il s’agit de le préparer.
Mais est-ce que les objectifs rencontrent l’adhésion des autres membres Fcbe ?

Sur les objectifs globaux et spécifiques, nous nous sommes parfaitement entendus. On est allé très loin. Maintenant avant qu’on entame le menu des sujets, l’opposition a dit qu’elle a trois préalables. La libéralisation des médias de service public. A cela, les Fcbe ont estimé qu’il faut ajouter le libre accès aux services privés aussi. Les autres n’ont pas refusé. Deuxièmement, le caractère exécutoire des décisions sur lesquels les acteurs au dialogue se seraient entendus. Troisièmement, un comité paritaire et un président du présidium choisi d’accord parti. On a dit au début qu’on ne peut pas le faire. On reviendra dessus à la fin. Lorsque nous sommes arrivés à la fin au point où on devrait parler du présidium, tout a bloqué. Les positions étaient devenues difficilement conciliables. Les gens voulaient s’imposer et dire que c’est le président de la République qui dirige ou rien. Les autres ont dit non. Que si ce sont les Fcbe qui vont diriger, il n’y a plus dialogue.
L’opposition a proposé qui ?

Le présidium sera composé de 5 personnes. Deux de la mouvance, deux de l’opposition et une cinquième personne qui va présider le présidium mais choisie d’accord parti. Nous avions dit non. Personnellement, sur cela, moi je ne suis pas du tout d’accord avec les Fcbe. Quand on va à un dialogue, on veut réaliser des compromis. Pour réaliser des compromis, il faut prendre des acteurs assez neutres pour arbitrer le déroulement du dialogue. Si un camp doit présider, ce camp est à la fois juge et partie, il y a conflit d’intérêt. Moi, j’ai toujours présidé des dialogues. Mais c’est toujours en tant que personne neutre. On ne peut pas accepter cela. En la matière, nous avons un précédent qui nous a permis d’obtenir le consensus le plus fort et le plus inébranlable de l’histoire de notre pays depuis les indépendances.

C’est la conférence nationale de 1990. Est-ce que c’est le président Mathieu Kérékou qui l’a dirigé ?
Mais est-ce que les Fcbe vous ont dit que c’est le président Yayi Boni qui va diriger ?

Oui. C’est ce qu’ils nous ont soumis.
Mais est-ce que les deux parties ne peuvent pas s’entendre sur la personne du chef de l’Etat ?

Ils ne se sont pas entendus sur le principe. Le président est le chef de l’Etat, et personne ne peut le lui dénier jusqu’à la fin de son mandat. Son principal rôle en tant que chef de l’Etat, c’est d’ouvrir ce dialogue et de le clôturer. Comme le président Mathieu Kérékou a fait lors de la conférence nationale. Et il va assister comme personne qu’on devrait consulter au même titre que les anciens présidents, parce qu’il aura tous les anciens présidents et lui le président actuel. Les anciens présidents seront invités en tant que personnes de recours quand il y aura trop d’achoppement.
Sur la question, voulez-vous que cette personne soit d’une tendance religieuse ?

On n’a pas encore statué dessus. Et ce n’est pas à nous de le faire. C’est au dialogue que cela va se faire. Nous, à notre niveau, nous préparons le dialogue. Mais nous ne décidons pas.
Mais sans le dire, on sait que c’est à cela que vous allez aboutir. Au clergé ?

Non. On ne l’a pas dit.
Mais cette personne neutre viendra d’où ?

Des gens ont proposé un professeur d’université reconnu pour ses compétences et son intégrité. Ça peut aller.
Mais, c’est qui ?

On a juste fait le portrait robot. On n’a pas dit un nom. Jusque-là on ne peut pas dire que ce n’est pas faisable. De tels gens existent. Ce n’est pas cela qui manque. Et si on doit aller vraiment vers un accord, un consensus ce qui suppose la paix des braves, il faut s’y préparer psychologiquement. Trop de bavardage ne fait pas avancer. Si on doit organiser les élections en mars, nous ne devrions plus être à l’étape des discussions. Les Béninois doivent apprendre à économiser le temps. Il y a eu trop de dilatoires.
Les discussions préparatoires au dialogue ont du plomb dans l’aile. L’opposition a déjà claqué la porte. Quelle est votre analyse de cette situation ?

C’en est fini dialogue. Toutes les parties peuvent être ramenées autour de la table. Le chef de l’Etat, pendant son discours à la Nation, a prononcé 85 fois, le terme dialogue politique. Il a pris l’ampleur de la situation, et il sait que c’est vital pour le pays. Il a même dit que l’heure est grave. Il a martelé 85 fois. S’il n’y a pas décrispation, si les élections ne se tiennent pas, ce sera sa responsabilité. C’est donc à lui de convoquer les gens pour dire balle à terre. A la conférence nationale, on a dit que les décisions sont souveraines et exécutoires. Ici, on dit que toutes les décisions sur lesquelles les gens se sont entendus, sont exécutoires.
Dans les exigences de la Plate-forme pour ces discussions préparatoires, il y a le retrait du projet de révision de la Constitution ? Pourquoi ?

Le projet de révision crée trop de tension dans le pays. Yayi Boni étant en fin de mandat, il peut comprendre que ce projet n’est pas accepté. Il ne peut pas faire le bonheur du peuple contre sa volonté. Sinon, l’objectif ce n’est pas la Cour des comptes. Il faut rendre l’organe de la Cour suprême opérationnel. L’Uemoa ne va pas non plus nous traduire en justice, en raison de l’inexistence d’une Cour des comptes. Sans lui prêter des intentions, à l’heure actuelle, et avec la situation qui prévaut, on ne doit pas perdre le temps. Il faut aller vite. Ce projet nuit trop à notre pays. Si le dialogue ne se tient pas, cela n’arrange pas ceux qui sont au Pouvoir.
Yayi Boni était chez Bruno Amoussou le 1er janvier 2015. C’est un signe encourageant pour le dialogue non ?

C’est une bonne démarche. Il y a trop de courtisans autour du chef. Les deux se sont parlé à cœur ouvert, même s’ils ne se sont pas entendus.

Transcription Hospice Alladayè & Wilfrid Noubadan

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