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Le Matinal N° 4508 du 31/12/2014

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Bavure policière sur le cas Axel Mitchodjèhoun : Analyses de la Police, la société civile et la famille
Publié le lundi 12 janvier 2015   |  Le Matinal


Martin
© Autre presse par DR
Martin Assogba, président de l’Ong Alcrer


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Martin Assogba de l’Ong Alcrer, le Commissaire de Police à la retraite Marius Dadjo et l’oncle du regretté Axel, Vincent Michodjèhoun étaient l’invités de l’émission dominicale Cartes sur table. Ensemble, ils ont dépouillé les différents niveaux de responsabilités de la Police.


Océan Fm : Président Martin Assogba, vos premières impressions après cette bavure policière

Martin Assogba : C’est un sentiment de déception. J’étais à Nairobi quand l’événement s’est produit. On a appris que la Police avait déjà maîtrisé les enfants. Mais pourquoi maintenant on l’a tué, au lieu de l’amener au poste et de le questionner ? Pourquoi a-t-on choisi de blesser grièvement le second, alors qu’on pouvait éviter tout cela ? C’est une déception, c’est une bavure policière.

Commissaire Marius Dadjo, vous devez être frustré sur le coup ?

Commissaire Marius Dadjo : Je suis peiné, outré, choqué et j’enrage. J’ai souvent vocation à dire ailleurs que la Police n’a pas vocation à tuer, même le pire des criminels du pays. Or, il est devenu une mœurs d’abattre et d’agiter des cadavres comme des trophées de guerre. Or cela n’est pas la vocation de la Police. Nous avons vocation lorsqu’un crime est commis, d’en rassembler les preuves, de présenter et les crimes et les auteurs à la justice pour que les sentences nécessaires soient prononcées. Ici précisément, il s’agit d’un jeune-homme et mieux, un élève à peine majeur. J’ai encore été plus choqué par le système de communication emprunté par la Police. Je l’avais toujours dit, mais les collègues ne suivent pas les conseils. Sinon, qu’est-ce qui les obligeait, aussitôt cette situation survenue, de se mettre à courir après la presse. La Police ne bavarde pas. Elle ne parle pas. Elle agit dans l’ombre et n’a rien à récolter de communications intempestives.
Où étiez-vous quand la nouvelle est tombée Monsieur Vincent Michodjéhoun et quelles ont été vos premières réactions ?

Vincent Michodjéhoun, Oncle d’Axel : Je dormais. Cette nuit-là, j’ai éteint mon téléphone parce que je voulais vraiment me reposer quand subitement aux environs de trois heures et demie, mon épouse à commencer à crier. Qu’est-ce qui a pu arriver ? J’ai bondi de mon lit, juste une petite douche, j’ai couru vers ma voiture sans savoir même s’il y avait du carburant dedans, j’ai démarré avec mon épouse. On a quitté Calavi pour nous porter au Pk10 chez mon jeune frère Camille. C’est en cours de route que mon épouse me révélait que mon fils Axel venait de décéder sous les balles de la Police. C’est bien plus tard que j’ai eu le message que mon frère a aussitôt balancé à tous les membres de la famille et qui disait exactement ceci : « Bonsoir. Axel vient de mourir sous les balles de la Police qui l’aurait pris pour un braqueur. Priez pour lui ». Voilà exactement comment le message nous est parvenu. Le rassemblement de la famille s’est faite tout de suite au domicile de Camille pour apaiser la famille, parce que cela nous tombait dessus comme un couperet. On ne savait plus dans quel pays on est. C’est quand on est en situation du genre que le cerveau fonctionne à une vitesse incalculable. Nous sommes nés au Bénin. Nous avons vécu tout le temps avec la Police. Nous n’avons jamais appris cela, du mode de fonctionnement de la Police et on s’est demandé si c’est comme cela que ça se passe. Donc, tout ce qu’on voit habituellement, c’est comme cela que ça se passe ? Les interrogations ont commencé à fuser

Monsieur Marius Dadjo, vous arrive-t-il de confondre citoyen et braqueur ?

Il n’est pas de nos mœurs d’abattre, mais les erreurs sont possibles. Ici, tel que l’événement a été décrit, j’ai peur que l’auteur du tir qui a donné la mort à Axel en prenne pour son galon. Peut-être que ceux qui ont tenté de le couvrir aussi ne soient traités de complice pour avoir couvert le malheureux événement. La Police peut commettre des erreurs. Ce n’est pas la première fois que c’est arrivé. Qu’il vous souvienne. Au moment où j’étais Chef service affaires sociales et culturelles en charge d’un certain département technique à la Police, au niveau de Kindonnou, il y a eu une erreur de tir où une dame a connu la mort. Mais aussitôt, nous avons couru vers les parents pour présenter les condoléances et demander la clémence de cette famille et nous avons su gérer au mieux la situation.

Monsieur Martin Assogba, vous aviez été victime d’une tentative d’assassinat il y a plus d’un an. Entre-temps, la Police par le biais de son Directeur général, avait déclaré qu’elle avait des pistes. Des pistes qui jusque-là ne nous ont pas permis d’avancer outre mesure. Peut-on dire que la Police manque de stratégie ?

La Police est allée très vite en besogne, en ce qui concerne mon cas. J’étais encore dans la salle de radiographie quand le Dgpn déclarait publiquement qu’il connaît mes assaillants et que j’aurais un problème domanial dans le village où j’habite en ce moment. Mais c’est complètement faux. On ne peut pas mettre la politique dans tout.

L’avez-vous rencontré à votre retour de Paris pour le lui dire en face ?

Est-ce qu’il l’a voulu ? Je l’ai vu fortuitement un jour au moment où j’étais allé écouter les 3 ou 4 policiers qu’on avait mis aux arrêts, parce qu’ils auraient pris 5 mille francs à l’aéroport. C’est ce jour qu’on lui annonçait que j’étais arrivé au niveau de la Police et en catastrophe il est arrivé parce qu’il nous a expliqué qu’il était dans une formation à l’école de Police. C’est ce jour que je lui demandais ses coordonnées et il me les avait remises. J’ai tenté de le rejoindre depuis des mois, il n’a jamais décroché. Il n’a jamais répondu non plus à mes messages. Il me fuit. Les gens ont tiré sur moi. Moi je n’ai pas encore identifié ceux qui l’ont fait, puisque c’était aux environs de 21 heures et ils m’ont tiré dans le dos, donc je ne pouvais pas les connaître. Mais lui, les instants qui ont suivi, il faisait déjà le héros dehors pour dire qu’il connaît mes assaillants. Et il aurait présenté des gens au Procureur qui a dit que ceux-là n’en sont pour rien du tout. Depuis ce temps, silence radio. Lorsque j’étais en souffrance dans le lit au Cnhu et que la gendarmerie de Houèdo était venue m’écouter, Monsieur Houndégnon voulait me forcer à dire que j’ai un problème domanial.

Vous avez les preuves de ce que vous avancez ?

J’ai 63 ans d’âge. Je n’ai pas le droit de mentir. Monsieur Houdégnon voulait m’amener sur sa piste en me faisant dire que j’ai un problème domanial. J’ai dit monsieur le Commissaire, de quel problème domanial vous me parlez ? Je n’ai aucun problème domanial avec des gens dans mon village. Personne. Le jour-là, ma femme s’était fâché et l’a éconduit. Depuis ce temps, plus rien. Quand je suis arrivé après les soins à Paris ? J’ai été invité au Tribunal de Calavi et en présence de mes avocats j’ai fait ma déposition. La Magistrate, une fois que j’ai dit ce qui s’est passé, elle m’a dit que tout ce que je viens de dire, que ce n’est pas ce qu’ils ont mis dans le document. Je lui ai dit qu’ils ont fait un montage qui ne correspond pas à la réalité.

Donc, la Police maîtrise ceux qui ont tiré sur vous !

De toute façon je ne saurais le dire, mais tant que je suis vivant, cette affaire ne serait pas éteinte parce que je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter cela. Et ce que vous ne savez pas, c’est que j’ai toujours encore deux chevrotines dans mon corps. Voilà ce que je souffre et jusque là je ne sais pas ce que j’ai pu faire pour bénéficier de cela. Il faut que le Dgpn nous sorte les vrais coupables puisqu’il dit qu’il les connait.

Quand nous prenons le cas de Monsieur Assogba et le cas Axel, est-ce qu’il peut arriver que la Police se trompe jusqu’à ce niveau ?

Commissaire Marius Dadjo : Vous me permettrez de parler du cas Martin Assogba. J’ai dit et répété que la Police ne parle pas. Mais c’est l’ère du temps.

Voulez-vous parler de tout le système ? Le gouvernement et autres ?

Commissaire Marius Dadjo : Oui. Du Chef de l’Etat jusqu’à ceux qui le servent pensent que c’est avec le micro et la communication qu’il faut régler les choses. Ils induisent même le peuple en erreur. Or à la Police, quelle que soit l’affaire que vous réglez, vous suscitez des animosités contre vous. Ce peut être du plaignant ou du supposé mis en cause. Il faut savoir tenir sa langue. Le tort de Houndégnon ici, c’est sa propension à aller trop vite vers le micro. Or il est démontré que le micro tue. Déontologiquement, pour progresser dans n’importe quelle enquête on se sert forcément d’informations. J’étais sur les lieux le jour là et j’avais l’information avant le Dgpn qui est arrivé après moi. J’ai transmis l’information au Commissaire d’Abomey-Calavi. Je lui ai dit de prendre le temps de recouper et de prospecter. Mais en moins de quelques minutes, je ne sais pas comment les choses ont évolué. Mais moi j’ai quitté le terrain dès lors que j’ai vu que mon Directeur acceptait de communiquer devant Canal 3. Je me suis dit que c’était une erreur et je me suis éclipsé. Sincèrement, je n’ai pas admis le mode de fonctionnement. Ce sont ces implications qui ont fait qu’aujourd’hui on indexe la Police comme étant dans l’erreur. Le Dgpn aurait pu faire économie de ces interventions, qu’aujourd’hui la Police ne serait pas indexée dans affaire. Je sais aussi qu’il y a des gens ou tout au moins quelqu’un qui, les jours qui ont suivi l’affaire, a fui et s’est retrouvé à Lomé. A-t-on essayé par voie d’Interpol de le rattraper ? La piste indiquée par le Dgpn, comment elle a chuté ? Comment on l’a abandonné pour d’autres choses ? J’ai perdu un cousin professeur d’université. J’ai donné des indications aux collègues. Mais un jour, on a montré des cadavres. Cela m’a choqué et j’ai arrêté de progresser dans les informations, parce que je n’ai pas aimé le mode. On est allé même à dire comment on est arrivé là. Le téléphone de mon cousin, les appels récupérés. Vraiment, il y a des choses qu’on ne dit pas. Pour tout dire, le cas Martin Assogba a été dévoyé, je ne sais pas si c’est fait à dessein, mais je pense qu’il se peut qu’il y ait des informations intéressantes qui auraient pu être recueillies si on avait poursuivi. Mais le fait d’avoir ventilé l’information peut faire fuir certains. Mais je pense que c’est une piste qui n’est pas totalement tombée.

Pour le cas Mitchodjèhoun, la Police voulait quand même éclairer l’opinion !

Commissaire Marius Dadjo : Elle n’avait pas à parler le jour même. C’est une grave erreur. Il faut que le commandement prenne le temps des vérifications, parce que ce qu’un Dgpn dit, doit être certifié. Ces propos ne doivent pas être des propos d’un commissaire quelconque. Le commandement dit que le Chef inspire le mythe parce qu’il n’apparait pas tout le temps.

Donc ici, le Chef apparait tout le temps !

Commissaire Marius Dadjo : Allez voir le Chef de l’Etat lui-même. Il veut qu’on parle de lui. Le Chef quand il apparait, c’est pour dire ce qu’un moins que lui ne peut pas dire. Le Chef ne parle pas. Combien de Dgpn avez-vous vu en train d’intervenir. L’affaire Axel, il a manqué de retenu. Parce que rien qu’à entendre le nom, cela devrait faire tic dans la tête des collègues. Ensuite, ce garçon n’avait que 18 ans. Même s’il fallait servir une version qui ressemble à s’y méprendre, à un montage, il faudra y aller avec doigté. Le policier, c’est celui qui peut escroquer, sans être pincé par le droit, parce qu’il fera tout pour qu’un élément constitutif manque à la chose. Mais ce qui s’est passé dans le cas Axel est trop grossier. On ne devrait pas communiquer aussi brutalement. Pour le faire, il fallait mettre la manière.

Transcription : Hospice Alladayè

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