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Le Matinal N° 4515 du 12/1/2015

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Lutte anti tabac au Bénin:Une vocation dévoyée
Publié le mercredi 21 janvier 2015   |  Le Matinal


Lutte
© aCotonou.com par DR
Lutte contre le tabagisme


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Les Ongs béninoises qui s’activent depuis quelques années dans le domaine de la lutte anti tabac semblent manifestement mener sur le terrain un combat aux antipodes de ce devrait être leur sphère d’actions. Du moins, c’est ce que révèlent l’enquête que nous avons menée sur le terrain et l’analyse des dispositions légales relatives à la production, la commercialisation et la consommation des cigarettes et autres produits du tabac en république du Bénin.


Le tabac n’est pas un produit prohibé au Bénin. Tout individu, groupe d’individus ou entreprise commerciale peut s’adonner au commerce ou à la consommation du tabac conformément aux dispositions de la loi N° 2006-12 du 07 août 2006 portant réglémentation de la production, de la commercialisation et de la consommation des cigarettes et autres produits du tabac en République du Bénin.

Cette loi dans son article 2 relatif à son objet stipule : La présente loi est destinée à réglémenter en République du Bénin la production, l’importation, la distribution, la vente, la publicité, la promotion et la consommation de cigarettes et autres produits du tabac ainsi que toutes les matières y afférentes en vue de protéger les populations contre les effets nocifs liés à l’usage du tabac.

En d’autres termes, le législateur béninois en votant cette loi a prévu le cadre légal dans lequel devront évoluer toutes les personnes, entreprises commerciales ou encore organisations de la société civile (Ong), qui s’investissent dans des activités liées au tabac. Que ce soit sa production, sa commercialisation ou encore la lutte anti tabac.

Ce que devrait être l’activité des Ongs anti tabac

C’est dire que l’activité des organisations béninoises anti-tabac devrait d’abord et avant tout être de veiller, aux côtés des autorités et structures compétentes, au respect scrupuleux par tous des dispositions légales de cette loi. Car, ladite loi a le même objet que la vocation des Ongs anti tabac à savoir : protéger les populations contre les effets nocifs liés à l’usage du tabac.
De façon concrète, ces Ongs devraient notamment veiller à la qualité des produits du tabac importés, distribués et commercialisés au Bénin. Ceci, conformément aux normes internationales. Dans ce cadre elles devraient accompagner les autorités compétentes (ministère de l’Intérieur, ministère de la défense nationale, ministère de l’Economie et des Finances soutenus par la police, la gendarmerie et la douane), dans la traque des produits de contrebande (et/ou contrefaits) et la fraude douanière. Autant d’activités illicites qui non seulement créent d’énormes manques à gagner à l’économie nationale mais aussi érodent sérieusement la santé des populations du fait de la mauvaise qualité de ces produits.

Ces Ongs devraient également veiller au respect des dispositions de la loi notamment en matière de consommation du tabac dans les lieux publics.
Beaucoup de subventions pour peu d’actions concrètes sur le terrain
Mais que remarque-t-on sur le terrain ? Le constat sur le terrain fait état d’une absence totale des Ongs anti tabac dans l’application réelle des dispositions de la loi N° 2006-12 du 07 août 2006 portant règlementation des produits du tabac. A part la mobilisation des ressources financières auprès de certaines institutions de bienfaisance et des structures étatiques en vue de l’organisation de quelques actions sporadiques de sensibilisation à grand renfort médiatique, c’est le calme plat. Même la mobilisation de ces Ongs lors de la célébration au Bénin de la journée mondiale de lutte contre le tabac n’a aucun effet véritable sur le mode de fonctionnement de ces Ongs.
A en croire Charles Ligan, président de l’Association des journalistes anti tabac du Bénin (AJAT-Bénin) en tant qu’association son Ong s’investit principalement dans des activités d’information, d’encadrement et la sensibilisation des populations. Après avoir déroulé ces activités, l’AJAT-Bénin selon son premier responsable fait de la veille médiatique.
Si l’AJAT-Bénin reconnaît avoir IECT (Initiative pour l’Education et le Contrôle du Tabagisme) et American Cancer Society comme associations partenaires avec qui elle mène des actions concertées de sensibilisation, son président se défend d’avoir des financements de ces organismes, de généreux donateurs ou de structures étatiques.

« On n’a pas de sources de financement. Ce sont les membres de l’organisation qui cotisent. Mais nos actions ont d’impacts sur le terrain. Car beaucoup savent aujourd’hui que fumer est dangereux. Même les fumeurs secondaires savent les risques auxquels ils sont exposés. Si vous leur posez des questions à ce sujet vous verrez dans leurs réponses qu’ils sont au courant. » a-t-il déclaré.
Une proposition de loi augmentant la taxe anti tabac très controversée
Abordant la question de la proposition de loi actuellement à l’Assemblée nationale et dans laquelle ces Ongs ont notamment proposé l’augmentation de la taxe anti tabac prélevée par l’Etat béninois auprès des sociétés distributrices de cigarettes et autres produits de tabac au Bénin, le président de l’AJAT-Bénin se défend qu’elle ait été voulue par ces Ongs béninoises dans un objectif pécunier.
« Il faut que cette loi soit une loi globale. Qu’elle permette de prendre en compte tous les aspects de la lutte contre le tabac. On a travaillé sur l’avant projet de loi. On y a fait nos apports. Mais à l’étape actuelle des choses, je ne connais pas sa physionomie actuelle. Est-ce qu’elle se préoccupe de la santé publique ? Je ne sais pas. Profite-elle aux firmes ? Je ne sais pas. Seulement pour ce qui nous concerne à l’AJAT-Bénin, nous voulons une loi qui protège les citoyens. Une loi citoyenne qui préserve la santé publique. » a-t-il déclaré avant de jeter un pavé dans la marre des sociétés productrices et distributrices de cigarettes et autres produits de tabac au Bénin.

« Dans la lutte anti tabac, il y a des pressions : Ce n’est pas des choses qui manquent dans ce milieu à risque. Pas toujours directement. Je l’ai subi une fois à l’étranger. Mais dans cette lutte, ce n’est pas l’individu Ligan qui compte. Mais dans certaines organisations étatiques comme par exemple le ministère de la Santé, les gens subissent directement ces pressions qui peuvent prendre les formes aussi diverses que variées. »

Une profession de foi mise en doute

Mais pour un spécialiste du secteur qui a requis l’anonymat, les déclarations du président de l’AJAT-Bénin ne réflètent pas du tout la réalité des organisations anti tabac au Bénin. Selon ses déclarations, ces Ongs s’investissent dans le secteur juste pour capter les ressources des partenaires (Fondations Bill et Belinda Gates, Bloomberg et autres).
« Depuis 2006 que la loi réglémentant le commerce et la consommation du tabac a été votée par l’Assemblée nationale béninoise, quels ont été leurs combats ? Et pour quels résultats ? Si ce n’est un battage médiatique à travers les radios et les télévisions pour des résultats hypothétiquesvoire inexistants. Pas la moindre action avec la Direction de la répression de la fraude des ministères du Commerce, de l’Intérieur ou des Finances. Encore moins avec les structures compétentes du Ministère de l’Environnement pour la destruction des produits contrefaits saisis. A la vérité, la lutte anti tabac n’est rien d’autre qu’une nouvelle filière que certaines ONG béninoises ont trouvé pour se faire de l’argent grâce aux subventions de leurs partenaires, tant au plan national qu’international. La lutte anti tabac doit être un engagement fort en faveur des populations et pas un business lucratif fait sur leur dos. Car, quand on y regarde de plus près, les subventions importantes (jusqu’à 100Millions pour les plus actives d’entre elle sur un à deux ans d’exercice), que ces ONG reçoivent de leurs partenaires ne servent en définitive qu’à enrichir leurs responsables. Si aujourd’hui ces Ongs béninoises ont proposé l’augmentation de la taxe anti tabac, c’est qu’elles en veulent toujours un peu plus. Elles espèrent qu’avec le vote de cette nouvelle loi elle pourront avoir davantage d’argent. Si ces Ongs disent autre chose, c’est qu’elles font économie de vérité. » a-t-il martelé pour conclure.

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