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FLORENT COUAO-ZOTTI : « La littérature africaine est plurielle et forcément très riche »
Publié le samedi 24 janvier 2015   |  Autre presse


Florent
© aCotonou.com par DR
Florent Couao-Zotti, ecrivain Beninois


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Florent Couao-Zotti, une des voix majeures de la nouvelle littérature africaine. Il a été Lauréat du Prix Ahmadou Kourouma en 2010. Enseignant, journaliste, scénariste de bandes dessinées, cet écrivain béninois protéiforme et talentueux est l’auteur de romans, de nouvelles et de pièces de théâtre. C’est avec une pièce de théâtre qu’il fait ses premières armes, Ce soleil où j’ai toujours soif (l’Harmattan, 1995). Son dernier polar : La traque de la musaraigne (Jigal, 2014).
Ake Review : La littérature africaine existe-t-elle ?
Florent Couao-Zotti : Comme l’Afrique, la littérature de ce continent est multiple et multiforme. Les intégristes, ceux qui pensent qu’il ne peut avoir de littérature que dans les langues africaines, avancent l’hypothèse selon laquelle les littératures produites dans les langues d’emprunt, les langues issues d’une histoire douloureuse que nous avons vécue avec les puissances coloniales, ne sont pas qualifiées pour rendre compte de nos vécus et des psychologies de nos peuples. Mais cette thèse, brandie depuis les premiers écrits des Africains, montre ses limites. Tout simplement parce que la pratique que nous avons eue avec ces langues, l’appropriation que les populations et les créateurs en ont faites ont, depuis lors, conféré à ces langues une autre dimension qu’il faut reconnaître. Autant, les gens aiment volontiers utiliser l’anglais, le français, l’espagnol et le portugais dans les affaires et dans les administrations publiques en Afrique, autant on veut dénier aux auteurs le droit d’inventer et de créer dans ces mêmes langues. La richesse de cette littérature provient, je crois, dans la diversité des langues utilisées, qu’elles soient africaines ou occidentales. Au lieu d’en faire un débat ou un sujet de crispation, je pense que cette situation devrait en réalité nous réjouir. La littérature africaine est plurielle et forcément très riche.
Pouvez-vous nous dire en quoi consiste le privilège d’être un créateur ?
Il y a un privilège d’être un créateur : à partir du moment où vos œuvres sont exposées, qu’elles plaisent ou non, vous devenez une personnalité publique. Parce que l’œuvre publiée, traduit une vision de votre société mais informée par votre sensibilité. L’œuvre d’art, quelle qu’elle soit, fait réfléchir : par le rire, le tragique, l’ironie, le rêve, etc. Et le public qui vous reçoit, qui vous lit, est un potentiel public que vous pouvez faire adhérer vos rêves. Les autres citoyens n’ont pas ce privilège.
Avez-vous des rituels particuliers pour stimuler votre créativité ?
Pour stimuler ma créativité, je lis des livres que je considère comme mes références au niveau de l’écriture. Ou alors, je regarde un film portant la même écriture scénaristique. Une fois immergé dans cet univers, mon inspiration se redéploye.
Y a-t-il un thème récurrent dans vos créations ? Pourquoi est-il si important pour vous?
J’aime les situations extrêmes, des personnages déjantés, généralement au pied du mur. Parce que je pense qu’un homme, une femme, un être humain, n’est véritablement lui-même que lorsqu’il est dans une situation extrême. C’est là qu’on voit sa capacité à se sublimer, à vaincre l’adversité. J’adore le moment où mes personnages reprennent l’initiative pour se remettre d’aplomb. C’est pourquoi l’essentiel de mes personnages vient des ghettos, des espaces marginaux ou pour manger un morceau de pain, il faut se battre comme un chiffonnier avec des crocs de lions.
Vous avez été invité à rejoindre une poignée d’autres auteurs africains pour une prestation dans la lune. Que diriez-vous ?
Je dirai j’emmènerai avec moi Le Petit Prince de Saint-Exupéry, persuadé que j’y vivrai les mêmes sensations.
Si l’Afrique était un fruit, lequel serait-il pour vous et pourquoi ?
L’ananas, parce que c’est un fruit doux, délicieux, mais qui, avec sa peaux et les reliefs noirs que l’on retrouve parfois dans sa chair, peut abimer la langue. L’Afrique est accueillante, mais lorsqu’on l’exploite, elle provoque des plaies et des blessures chez ses exploiteurs.
Citez deux livres que tout Africain devrait lire, selon vous, et pourquoi ?
L’Aventure Ambigüe de Cheikh Hamidou Kane, parce que c’est l’une des œuvres majeures de la littérature, parce qu’elle trace le parcours de tous les intellectuels africains de la première génération. Ce livre instruit par une forme philosophique, la perte de l’identité face aux tentations de l’Occident. Mais il y a aussi une actualité forte que cette œuvre défend à travers une question cruciale : ce que l’on perd vaut-il ce que l’on gagne ? Ce qu’on oublie vaut-il ce qu’on apprend ?
La deuxième œuvre me conduira vers le Brésil avec le roman d’un afro-brésilien, Bahia de tous les Saints : une œuvre qui nous apprend sur la vie des noirs du Brésil, de leur difficultés à faire entendre leurs voix dans un environnement aussi hostile qu’aux Etats-Unis.
Quelle invention, selon vous, pourrait changer la vie des Africains ?
Si les Africains, peuvent, à partir de leurs connaissances ésotériques, rendre applicables et universelles, les pratiques comme le fifobo, on fera une révolution technologique, plus importante que celle de l’avion.
Quand vous ne lisez ni n’écrivez, que faites-vous ?
Je visionne des films.
Quelle est votre Afrique ?
L’Afrique des technologies maîtrisées. Plus d’intelligence dans ce que nous faisons. Des dirigeants vraiment éclairés. Plus de corruption. La distribution des ressources nationales également réparties. Faire briller dans les yeux des enfants africains, les petites lueurs qui feront étinceler toute l’Afrique.

Source : Ake Review
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