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Frontières : quand le géant nigérian rogne le territoire du petit poucet béninois...
Publié le samedi 29 juin 2013   |  24 heures au Bénin




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Quelle superficie le Bénin veut-il laisser à ses enfants, demain ? La question mérite qu’on s’y attarde, vu que le territoire béninois est rogné quotidiennement par ses voisins, faute d’une politique frontalière efficace.

Dans les zones frontalières du pays, les populations n’ont de cesse de crier haro sur les terres de leurs ancêtres que les voisins gringotent allègrement toutes les fois qu’ils en ont l’occasion.

Le dernier cas en date est cette grande partie du pays qui est allée au Nigeria voisin, dans la zone septentrionale, plus précisément dans le village d’Iloua, dans l’arrondissement de Madécali, à Malanville.

Le dictionnaire Larousse définit le mot "frontière" comme la « limite d’un territoire ou séparant deux états ».

Ces lignes de séparation sont souvent la pomme de discorde entre plusieurs pays africains.

Les raisons sont l’absence d’une politique frontalière efficace. Au Bénin, ces lignes ne sont plus à leur place initiale.

Les frontières béninoises héritées de la colonisation ont sérieusement bougé. Faute aux différents gouvernements qui se sont succédés depuis l’accession du pays à l’indépendance.

Ils n’ont pas défini une politique cohérente de sécurisation des frontières ; il semble qu’on n’y a pas accordé une grande importance.

La dernière situation de grignotage de frontière en date est celle du village d’Iloua, arrondissement de Madecali, dans la commune de Malanville.

Sur le terrain, le constat est simplement effarant : les limites du Bénin ont été rognées sur une distance considérable.

Le tronçon qui conduit de ce le village à la frontière du Nigeria a été subitement goudronné sur une distance considérable.

Mieux, des travaux de construction d’une bâtisse sont en cours. Selon des indiscrétions, il s’agit d’une station d’essence que les voisins nigérians veulent implanter sur le sol béninois.

Le geste a été suivi d’actes de vandalisme, puisque chef de village, Bako Wata, qui a voulu protester, a simplement vu sa case incendiée et lui-même menacé de mort.

« Des hommes armés venus du Nigeria voisin ont même encerclé ma concession. Il a fallu la diligence de la population pour que j’aie la vie sauve », a-t-il déclaré devant les autorités béninoises en visite dans la localité, il y a quelques jours.
Le problème de sécurisation des frontières se pose avec acuité tout au long de la frontière du Bénin avec le Nigeria.

A Owodé/Poguidi dans le département de l’Ouémé, les bornes D3 à D5 sont obstruées par des habitations nigérianes.

C’est le cas également Ilara et Iwoyé, dans le département des Plateaux où des bornes D100 à D106 à Allagbe dans l’Etat d’Ogun, au Nigeria, ne sont plus à leurs places initiales.

Pareil pour les localités d’Abojukpa, d’Igbokofi/Towe….

« C’est une situation générale sur toute la ligne frontalière du pays avec le Nigeria », reconnait le chef d’arrondissement de Madecali, Wonke Namala.

Côté togolais, la situation n’est guère meilleure Dans la zone d’Alédjo, commune de Bassila au nord-est du pays, ainsi qu’à la frontière bénino-togolaise dans la localité de Boukombé, dans l’extrême nord-est du pays, un pan entier du Bénin est désormais considéré comme faisant partie du territoire togolais, surtout dans la localité où se trouve le marché de Ndoba, très fréquenté dans la région.

En tout cas, après la bataille de l’île de Lété, qui a opposé le Bénin au Niger, il se pose aujourd’hui un problème sérieux d’abornement et de cartographie de la bande frontalière entre les voisins, afin de sécuriser les frontières du pays.

Aux Nigérians, on reproche une politique de conquête. Ils appâtent les populations frontalières par l’érection d’infrastructures sociales : centres de santé, écoles, marchés….

Or pour ces populations qui ne demandent qu’un mieux-être, il n’y a pas meilleure opportunité…

C’est ainsi qu’il existe encore beaucoup de villages béninois où les populations continuent d’utiliser le naira nigérian comme monnaie et continuent de suivre des informations sur les chaines de télévision étrangères…

C’est dire qu’il serait difficile pour ces populations, même si elles se réclament de nationalité béninoise, de refuser à « l’envahisseur » d’ériger des infrastructures dont elles seront, en réalité, les premières à bénéficier.

Certes le gouvernement du Bénin travaille à remédier à la chose en optant, depuis quelques années, pour la couverture radiophonique et télévisuelle intégrale du territoire.

A priori, c’est une bonne politique. Reste aujourd’hui à l’accélérer, afin que les années à venir, les enfants béninois ne passent pas tout leur temps à aller à un hypothétique procès à La Haye pour défende les frontières dites « issues de la colonisation ».


Sabin Loumèdjinon

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