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Le député Azannaï à propos de l’exploitation du pétrole béninois :« Toutes les affaires qui se font, vont dans quels comptes ? »
Publié le lundi 23 fevrier 2015  |  Le Matinal
Candide
© Autre presse par DR
Candide Azannaï
Président du parti « Restaurer l’Espoir »




Le député Candide Azannaï a été reçu sur l’émission Cartes sur tables, dimanche 22 février 2015. Connu pour son discours très critique envers Yayi Boni et les Fcbe, il a, à nouveau, été fidèle à sa réputation. Coup d’éclats, révélations, revenus du pétrole, hélicoptère, révision de la Constitution, législatives, relations avec la Rb, Candide Azannaï dit tout. Lire son entretien.


Océan Fm : Croyez-vous à l’évasion du présumé assassin de Dangnivo, Codjo Cossi Alofa ?

Candide Azannaï : Avant de répondre à cette question, je dirai, par rapport à la chronique, que j’ai quitté la formation à laquelle elle fait référence depuis dix ans. Pourquoi chaque fois que je suis sur un plateau, je dois en répondre ? La chronique parle aussi d’un combat pour l’orgueil. Je hais les orgueilleux. Par ailleurs, le terme de transhumance n’est pas adapté, en tout cas, pas par rapport aux humains. Pourquoi ne pas parler de nomadisme. C’est un terme galvaudé et mal compris. La politique est une affaire d’opinion. Et comme le dit Victor Hugo, « c’est une affaire d’opinion, on la suit ». Lorsqu’on change d’opinion, cela ne pose aucun problème, si c’est pour servir l’intérêt général, et non ses propres intérêts. Rien ne vaut l’intérêt général. L’intérêt général, est la boussole de ma politique. C’est être ignorant que de parler de transhumance politique. La politique n’est pas la science, il n’y a pas de vérité éternelle. Rien n’est immuable. A moins, d’être dogmatique, toutes les doctrines vous diront, qu’en politique, on gère les opinions. Sauf en religion, ou dans les couvents, où l’on vous dit de vous coucher devant le fétiche ou « Lègba » qui regarde toujours dans la même direction. L’homme politique doit suivre l’opinion générale. Dans l’action politique, il faut être courageux et prendre des risques. Il faut avoir des valeurs et des principes. Moi, je me suis toujours considéré comme un combattant de la liberté. Je défends la liberté et la vérité. Mon Adn ne connaît pas la peur. Je suis formaté pour la démocratie.

Mais beaucoup de nos concitoyens pensent que chaque fois que cela ne vous arrange pas, vous changez de camp. Que répondez-vous ?

C’est cela la politique. Lorsque l’objet pour lequel vous vous battez change, vous changez aussi. J’ai soutenu Yayi Boni, et le Changement, mais lorsqu’il est devenu ce qu’il est devenu, surtout avec les propos du 1er août 2012, pourquoi je dois continuer par le soutenir ? Il fait un programme pour défendre la démocratie, mais ensuite, il parle de dictature de développement, ou de démocratie nescafé, au nom de quoi, je dois continuer par le soutenir ? Il faut élever le débat. Je ne peux pas continuer par soutenir quelqu’un qui tient de tels propos. Je fais une différence entre le candidat et le président. Le président pose des actes aux antipodes de ce qu’il avait promis. Moi, je m’en tiens aux propos du candidat : c’est cela ma boussole. Lorsque quelqu’un viole un contrat, vous n’êtes plus lié à cette personne.

Et par rapport à l’affaire Dangnivo, et à la disparition de Alofa, que pensez-vous ?
La politique, n’est pas une affaire de croyance. Il faut des preuves. Croire ou ne pas croire, c’est réservé aux gens d’Eglise. Là, c’est la foi, et non, le raisonnement qui prévaut. Il s’agit d’une prison de haute sécurité, qui répond aux normes internationales. Elle offre les garanties pour qu’il n’y ait pas d’évasions. Si malgré tout ceci, il y a eu évasion, il faut se poser des questions. Ce qui s’est passé est étrange, décourageant, et très embêtant pour l’image de notre pays. Tout cela appelle à la responsabilité des autorités pénitentiaires, et à celle du gouvernement. Ils ont mis à mal la crédibilité du Bénin, et sa capacité à garder les prisonniers. Si dans l’avenir la Cour pénale internationale (Cpi) voudrait incarcérer des prisonniers ici, elle se poserait des questions. L’intervention du ministre Djènontin, sa piètre performance, c’est une énorme honte pour le chef de l’Etat. J’en avais le cœur meurtri. Il a fait des corrélations entre syndicalistes, hommes d’affaires, et les hommes politiques. Je les observe. Ils ne doivent pas confondre notre nature pacifique.

Vous y voyez la responsabilité du chef de l’Etat ?
Qui avait la garde de ce prisonnier ? Qui assurait sa sécurité. C’est la question à laquelle il faut répondre. Ces gens amusent avec la galerie. L’évasion, c’est du pipo.

Venons-en à l’affaire Ahossi- Chabi-Sika. Quelle est votre réaction ?
Lorsqu’on dit qu’un député a envoyé une lettre confidentielle au Chef de l’Etat, et qu’il n’a pas eu satisfaction, et qu’il écrit une lettre ouverte, ce n’est pas au Chef de l’Etat de s’y mêler. Dans la lettre de madame Abo, il y a des choses inadmissibles. Pourquoi parle-t-on de propos irrévérencieux adressés au chef de l’Etat ? Cela nous ramène à une époque. Mais, nous sommes en démocratie, et il n’y a pas de sacré en démocratie. Il n’y a pas de père de la Nation, il n’y a pas de structure qu’on vénère. Il y a les lois et la République. Il n’y a pas à être révérencieux. On s’exprime, et si le chef n’est pas d’accord, il saisit la justice pour propos injurieux. C’est le droit du député de dénoncer le faux et la corruption. Je félicite le député Ahossi pour son courage. J’en profite pour dire que la réaction du chef de l’Etat démontre qu’il n’est pas déterminé à lutter contre la corruption. Le plus grave dans cette histoire, c’est que celui qui est attaqué, le député Chabi-Sika, n’a pas réagi, et le gouvernement le défend, allant même jusqu’à dire que l’autre aussi est auteur de corruption. On va même jusqu’à proférer des menaces contre Ahossi.

En vous rendant à Athiémé pour soutenir Ahossi, vous faites comme le gouvernement qui défend Chabi-Sika !

Nous sommes partis pour deux choses. Défendre des valeurs, et soutenir Ahossi. Tout le monde ne peut pas se taire, quand quelqu’un qui dénonce la corruption, doit subir la punition ou le lynchage du pouvoir. Si c’est le cas, quand ce sera notre tour, personne ne nous défendra. Ici, Ahossi dénonce un acte de corruption, de conflit d’intérêts, et de délit d’initié. Le chef de L’Etat devrait s’en tenir à cela, il n’avait pas à le menacer. Quand le chef de l’Etat lui-même vient à la télé un 1er août avec les drapeaux de l’Union africaine et du Bénin, en direct du Palais de la République, et traite les opposants de « petits », ou des femmes en âge d’être sa mère, comme Karimou Rafiatou, d’ « espèces en voie de disparition », il n’est pas très respectueux. Il est irrévérencieux. Ce n’est pas poli, de dire que ses enfants sont plus diplômés que les autres. Il traite les hommes d’affaires béninois de corrompus, et dit que les étrangers sont vertueux, çà aussi ce n’est pas poli. Il dit qu’il a les moyens de « détruire ». Dans les contrées reculées, dans les champs, il tient des propos qui mettent à mal l’unité nationale. Quand il a reçu les douaniers, ou les syndicalistes, les propos qu’il a tenus, ne sont pas polis. Lorsque le même chef de l’Etat dit qu’il va « bondir », est-ce que c’est poli. Yayi Boni n’est donc pas une référence. En démocratie, c’est l’égalité qui compte, il n’y a pas de petit ou de grand. Ses enfants qui sont diplômés, comme il le prétend, ils ont passé quel concours pour occuper les postes les plus privilégiés de l’Etat ? Son fils Nasser a passé quel concours, pour être président du Conseil présidentiel des investissements (Cpi) ? Pourquoi le papa est président de la République et le fils patron du Cpi ? Nasser a passé quel concours. L’autre qu’on appelle Chabi, il a passé quel concours pour être derrière le Fnpej ? Le Chef de l’Etat doit se corriger d’abord.

Selon vous, quelle devrait-être la bonne réaction du gouvernement dans l’affaire Ahossi/Chabi-Sika ?

La présidence n’avait même pas de communiqué à faire passer. Le détour par l’Anlc est un détour inutile. Cela pose la question de la reddition des comptes. Nous avons trois niveaux de contrôle : la justice, le Parlement, et l’autocontrôle du gouvernement par l’Ige et autres. Où sont passées toutes ces structures. Le gouvernement devrait auditer le Cos-Lépi. Ce qu’Ahossi a dénoncé, est vraiment négligeable par rapport à ce qui se passe au Cos, en matière de corruption.

Parlez-nous-en ?

L’Honorable n’a jamais loué un groupe. Le communiqué du gouvernement est mensonger. Ce que Ahossi détient est une bombe. C’est une autre société qui a loué un groupe. Ahossi n’a jamais directement fait affaire. Or, quand Ahossi a dénoncé, Chabi-Sika a réagi en conférence de presse, et dit qu’il ne connaît pas la société. Je m’attendais à ce que Ahossi soit confondu, mais, c’est un gérant de la société qui est venu nous apprendre qu’il n’en fait plus partie depuis janvier 2012. Chabi-Sika dit qu’il ne connaît pas la société, mais son gérant dit que, non seulement il connaît la société, mais qu’il en est actionnaire. Le document de l’Anlc révèle qu’il y a un papier de notaire qui dit que Chabi-Sika aurait quitté la société depuis 2012. La compulsion de régistre du commerce du 3 février dit qu’il en est toujours actionnaire. Le mensonge et la démocratie ne font pas bon ménage. Si Yayi Boni était honnête, un démocrate pur, Chabi-Sika devrait être suspendu depuis des Fcbe. A partir du moment qu’il est en contradiction, il devrait être suspendu. On doit se demander depuis qu’il a créé cette société, le nombre de marchés publics qu’il a pris. Les marchés sont de quel montant ? Revenons au Cos. Gemalto a un contrat avec le Cos. Et Business engineering Sarl a un contrat avec Gemalto.

Est-ce que vous pouvez être plus explicite ?

Les contrats et les affaires remontent jusqu’au Cps. Il faut fouiller jusqu’au Cps. Il a des doutes sur la qualité morale de Gemalto. Avec les monsonges et les renoncements, ces gens-là peuvent faire du tord à la République. Ils ont touché aux matériels sensibles de la Lépi. On peut suspecter que les listes ont été manipulées. Si les transferts d’argent sont avérés, il faut suspecter tout ce que Gemalto a touché dans ce pays.

L’Anlc a été remercié par le gouvernement pour la qualité de son travail
L’Anlc n’a pas fait une découverte, rien d’extraordinaire. C’est inutile d’avoir envoyé le dossier à l’Anlc. L’Anlc, n’a fait qu’envoyer le dossier à la justice. L’Anlc ne peut pas être une chambre d’attente de la justice. Si elle-même découvre du faux, elle peut faire ce qu’elle a fait. Mais, si un individu découvre de la corruption, on n’a pas besoin de l’Anlc pour saisir la justice. C’est le Procureur lui-même qui, dès que la lettre d’Ahossi a été rendue publique, devait se saisir de cette affaire. Ne pas se saisir de ce dossier, et attendre l’Anlc, est une faute. Sinon, l’Anlc est inutile. Ils devraient mener leurs propres investigations.

Selon vous, est-ce qu’on pourra un jour situer les responsabilités dans cette affaire ?
J’ai dit au Parlement que tant que le régime Yayi sera là, aucun dossier de corruption ne sera élucidé. Le siège de Parlement en construction, est un exemple. Je n’irai pas loin, devoir de réserve oblige, puisque cette affaire est pendante devant la justice. Il est impossible. Si nous étions en plénière à l’Assemblée, je vous aurais dit des choses plus graves. Et ce que je vais révéler, cela va nous rapprocher, de celui que vous connaissez. Il y a même une El Haja qui régente tout et distribue l’énergie de la corruption. Dans une affaire de 40 milliards de francs, on dit qu’il faut maintenant trouver le règlement à l’amiable. Après, l’Etat est assigné pour 106 milliards. Il n’y aura de suite à aucun dossier de corruption, surtout si les proches du Chef sont impliqués. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles, on cherche à avoir la majorité au Parlement. Ils disent qu’ils veulent 70 députés, pourquoi pas les 83. Car, même avec les 83 députés, personne ne touchera à la Constitution dans ce pays.

Sur quoi comptez-vous pour éviter la révision ?

Nous sommes des combattants de la liberté. J’étais à la Conférence nationale. J’ai combattu aux côtés des jeunes. J’ai été blessé. Mon sang a coulé au ministère de l’Intérieur. Nous avons perdu nos camarades. Il n’y a pas question qu’on remette en cause notre démocratie. Il peut même avoir 200 députés sur 83, il ne pourra pas réviser cette Constitution.

Que reste-t-il de la Conférence nationale, après les 10 ans de « yayisme » ?

Yayi Boni n’est plus un sujet d’actualité. La Constitution a prévu qu’il dégage. Le 6 avril 2016, à la seconde près, il dégage. Donc, çà ce n’est plus un débat. Il faut maintenant préserver l’Etat de droit, et les acquis démocratiques de la Conférence nationale. Il est en train de partir. Laissez-le faire ses valises. C’est pour cela qu’il viole le Code électoral, en entrant en campagne. En novembre 2013, j’avais alerté sur ma page Facebook pour dire qu’ils veulent acheter un hélicoptère. J’ai même donné les noms des ministres concernés. Il devait acquérir l’hélico pour s’en servi pendant la campagne électorale. Ils passeront de campagne en campagne pour faire campagne avec les moyens de l’Etat. Le pays est mis dans un état de délabrement poussé. C’était prévisible, qu’il inaugure partout pour influencer les gens. Que dit l’article 62 du Code électoral ? « Les pratiques publicitaires à caractère commercial, l’offre de tee-shirts, stylos, porte-clés, calendriers et autres objets utilitaires à l’effigie des candidats, ou symboles des partis, ainsi que leur port et leur utilisation, les dons et libéralités, et faveurs administratives faits à un individu, une communauté, à une collectivité quelconque de citoyens pouvant influencer , ou tenter d’influencer le vote, sont et restent interdits, six mois avant tout scrutin, et jusqu’à son terme ». Le début de l’article 63 dit : « L’utilisation des attributs biens ou moyens de l’Etat, d’une personne morale publique, des biens ou organismes publics aux mêmes fins restent interdits six mois avant le scrutin ». Regardez ce que les gens font. Yayi Boni fait un meeting Fcbe au cœur de la présidence avec les logos. C’est à se demander s’il a lu le Code électoral. Lors de leur congrès extraordinaire à la Mussolini, à la Hitler que le chef de l’Etat, qui est institution, est venu. Il y avait des Chars d’assaut de la République pour surveiller le chef de l’Etat qui est venu à une réunion partisane. Ce n’est pas juste. On devrait combattre à armes égales. Lorsque quelqu’un utilise les moyens de l’Etat, et qu’on enlève aux autres tout, jusqu’à la possibilité de communiquer sur l’Ortb, la compétition est faussée. Mais, nous attendons de pied ferme. Ce qui est actuellement enjeu, c’est la protection des acquis démocratiques.

Au cours du congrès, les Fcbe disent vouloir gagner les élections
On accepte la victoire de l’adversaire, quand on combat à armes égales. Sinon, on ne peut pas accepter une victoire tronquée. Si le jeu n’est pas transparent, on n’acceptera rien. Ce qui est sûr Yayi Boni ne peut gagner. Les Fcbe ne peuvent pas gagner. Tout ce qu’ils font c’est de l’illusion. J’étais à Athiémé, Yayi Boni est allé inaugurer trois fois le pont en 30 jours. Chaque dix jours, il est allé inaugurer le pont. Ce sont les mêmes personnes qui sont avec lui, et qui lui disent qu’il est dieu et démiurge. Ce sont les mêmes personnes qui sont allées nous voir pour nous dire qu’ils faisaient la comédie. Yayi Boni appréciant la comédie, ils n’hésitent pas à donner dans cette approche.

Vous ne craignez donc pas la machine Fcbe ?

Je n’ai peur de personne. Ce qui est sûr, les Fcbe sont en lambeaux. Exemple, le président Nago est où aujourd’hui ? J’avais dénoncé en son temps, la retraite des députés à Parakou. On voulait envoyer les députés à Parakou pour réviser la Constitution en catimini à Parakou. A l’époque, on m’a traité de tous les noms. Le directeur de cabinet du président de l’Assemblée m’a même traité d’aigri sur les plateaux de Golfe. Où est Débourou, l’ardent défenseur des causes du chef ? Quand je dénonçais les pratiques des Fcbe, un député est même allé jusqu’à me menacer de mort. Il m’a dit en dendi que je ne verrais pas 2016. Je lui ai répondu qu’il se trompe, et que je comprend dendi. C’est Dieu qui arrache la vie. Ils sont aujourd’hui dans l’Alliance soleil. Ceux qui restent, ce sont des opportunistes. Et comme le disait un ancien ministre de Yayi dernièrement, attendez que les listes sortent, et vous verrez ce qu’il reste des Fcbe. Il ne reste que l’influence du pouvoir, la manipulation et l’usage excessif des moyens de l’Etat. Sinon, pourquoi il fait autant de nominations chaque week-end, allant parfois jusqu’à 120 ? Il y beaucoup de choses qui se passent au Palais pour déstabiliser les autres, opposer des frères. L’exemple de la bretelle de Bopa, on a soulevé ses frères contre lui. Il reste quoi de sain, et de moral au niveau des Fcbe ? Il y a des personnes autour de Chef de l’Etat qu’on doit auditer. Komi Koutché était aux Microfinances, il y a eu incendie, est-ce qu’on lui a fait un audit ? Lorsqu’il est allé au ministère de la Communication, le ministère a pris feu, est-ce qu’on l’a audité ? On lui a même permis d’aller faire une passation au Palais des congrès. Après, il est bombardé aux finances. Apparemment, on est en train de le préparer pour quelque chose. Le congrès n’a pas marché à cause des conflits internes. Certains ont menacé. C’est pour cela qu’ils se sont arrêtés aux conclusions que vous savez. C’est blasphématoire que de dire qu’ils vont garder le pouvoir pendant 100 ans. C’est Hitler qui disait que le 3ème Reich allait durer des milliers d’années.

Vous êtes au Parlement, peut-être que les députés n’ont pas les réactions qu’il faut par rapport à tout cela ?

Prenez l’exemple de la gestion des fonds Fadec avec l’excellent rapport du ministre Félicien Chabi . Nous avons sorti 36 recommandations. Les 31 et 32 disent qu’il faut envoyer le dossier à l’Anlc, et à la justice. Le député Akoffodji a demandé une suspension. Il est revenu et organisé les Fcbe pour demander que les recommandations 31 et 32 soient retirées, et que ce soit plus à la justice, mais au chef de l’Etat que le dossier soit transféré. La corruption a atteint un niveau invraisemblable. C’est pourquoi, il ne faut pas donner la majorité à un régime aussi corrompu. Le chef de l’Etat lui-même a annoncé les couleurs. Il a dit que s’il avait révélé les résultats des audits, tous les Dg vont être démis. Pourquoi il ne les révèle pas ? Est-ce que cela le gêne que ces agents publics rendent compte. C’est de la manipulation. Par exemple, le cas Ahossi Chabi-Sika. On menace Ahossi pour avoir dénoncé l’autre, et on va jusqu’à demander la levée de son immunité parlementaire. C’est pour amener les gens à ne pas dénoncer. Pourquoi ils ne s’attaquent pas à moi ? Ils n’ont rien à me reprocher, moi je suis propre. En 1996, quand le président Soglo a perdu les élections, avec les histoires d’accusation de vol de voitures et de roquettes, j’ai suspendu toutes mes affaires et j’ai dit à mon épouse de faire pareil. Regarder ce que les hommes d’affaires subissent. Ils menaient leurs affaires dans les règles de l’art. Mais il a fallu qu’ils refusent de servir le pouvoir, ou que l’autre ne cautionne pas la révision de la Constitution, les problèmes ont commencé. Devant les Zem la semaine écoulée, le chef de l’Etat a accusé quelqu’un de vouloir 400 milliards, et que, lui, il aurait refusé. C’est de la diffamation, et de l’invective. On ne doit pas tout se permettre parce qu’on est chef d’Etat. Hollande et Obama ne peuvent pas dire des choses pareilles. Il faut en découdre avec les dictateurs, et par tous les moyens. La Constitution en offre les moyens.

Par rapport à la Rb, vous serez sur la même liste pour les élections ?

Il n’a jamais été question que je retourne à la Rb, ou que je figure sur la liste Rb pour les législatives. Nous pouvons travailler ensemble. Mais, mon parti ne peut pas se saborder à la Rb. J’ai discuté avec Léhady Soglo pendant longtemps. Avec l’Udbn de Claudine Prudencio, nous avons exploré des pistes pour travailler ensemble. Il y a des principes et des valeurs. Après, j’ai appris par une certaine presse que je suis sur la liste de la Rb. Malgré, le démenti du secrétaire du parti, les allégations ont continué. Je n’ai pas vocation à assigner la presse. Ce sont les risques du métier. La politique est faite aussi de coups bas. J’ai été obligé d’être catégorique, en disant que même mon cadavre n’ira pas à la Rb. L’affaire est close. Ce qui est sûr, je serai candidat aux législatives. Mon discours contre le régime a été dur. Heureusement que tout ce que j’ai dit se réalise. Quand le chef dit vouloir réviser la Constitution pour y mettre l’imprescriptibilité des crimes économique, la Cour des comptes, et une Céna permanente, il se trompe largement. Il bluffe, il est dans les nuées. Les crimes économiques sont déjà imprescriptibles à travers la loi sur la lutte contre la corruption. Avec le nouveau code électoral, la Céna est devenue permanente, et pour la Cour des comptes, on n’a pas besoin de 200 députés. S’ils étaient de bonne foi, ils allaient exiger le retrait du projet transmis. Ce projet est dangereux. Il désarticule complètement l’édifice politique de notre état. C’est la dictature de développement. L’Assemblée ne peut pas légiférer. C’est un projet à la Venezuela, à la Corée du Nord, à la Chine antique. Et pour qui sait que Yayi Boni n’a ni gêne ou scrupule pour renier sa signature, il faut s’attendre à tout. Si les gens commettent l’erreur de voter pour lui, il fera ce qu’il veut. Il va juste transformer les députés en des moutons, qui vont brouter l’herbe. Après, il les mettra en cage. Sans compter, ceux qui sont déjà en prison. Ils ne sont pas fautifs. C’est parce qu’ils ont refusé de servir. L’autre a été démis, parce qu’il n’a pas voulu participer à l’achat de l’hélicoptère. Nos contrats sur le bloc pétrolifère, qui les contrôle ? Quels sont les retro-commissions, les royalties ? Les techniciens vous diront qu’on ne pompe pas et qu’on ne ferme pas à 100% un puits de pétrole. Toutes les affaires qui se font vont où, dans quels comptes ?

Vous serez sur quelle liste pour les législatives ?

C’est l’Union fait Nation qui incarne l’opposition. Toutes les autres forces gravitent autour. Le débat aujourd’hui a un enjeu référendaire : pour ou contre la révision de la Constitution. Les Fcbe veulent détruire les acquis démocratiques. Alors que les autres sont contre. Mon parti et moi pensent que l’Un est la bannière sous laquelle, ces valeurs peuvent vraiment être défendues. C’est pourquoi, pour les élections législatives, je serai sur la liste de l’Un.

Transcription :Wilfrid Noubadan
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