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NOCIBE : L’Etat dépouille un béninois au profit d’un expatrié
Publié le jeudi 5 mars 2015  |  24 heures au Bénin




Comme votre journal vous l’annonçait, nous voici à un autre épisode du scandaleux dossier portant sur la convention minière signée au projet de la Nouvelle cimenterie du Bénin (Nocibé). A cette étape-ci des révélations sur le puant dossier de la Nocibé, c’est du foncier sur lequel se porte l’exploitation du gisement cimentier que se révèle une violation des droits de l’opérateur économique Séfou Fagbohoun au profit d’un Libano-sénégalais.

Le Béninois dont il s’agit n’est pas un monsieur ordinaire mais, un député de la République que Yayi Boni et ses obligés de membres de gouvernement ont décidé de priver de ses droits de jouissance de propriété sur un espace domanial sis dans la Commune d’Adja-Ouèrè. C’est en effet cette Commune du Département du Plateau qui abrite les installations de la Nouvelle cimenterie du Bénin (Nocibé) sur un domaine appartenant au sieur Séfou Ladékpo Fagbohoun. Encore un homme d’affaires béninois dont le régime Yayi Boni a décidé de priver des droits au profit un soi disant investisseur étranger venu faire des affaires au Bénin.
En réalité le domaine où se fait l’exploitation du gisement cimentier d’Adja-Ouère est une propriété du député Fagbohoun et consorts qui devraient en jouir à leur guise. Mais contre toute attente, Yayi Boni et son gouvernement le leur ont arraché pour le remettre au Libano-sénégalais Latfallah Layousse, Pdg de la Nocibé. Ce qui constitue une violation flagrante de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990. En effet, à l’article 22 de ladite Constitution, il est prévu que : « Toute personne a droit à la propriété. Nul ne peut être privé de sa propriété que pour cause d’utilité publique et contre juste et préalable dédommagement ». Ce qui importe de noter dans cette disposition constitutionnelle est le mot de phrase : « …contre juste et préalable dédommagement ». C’est-à-dire que même s’il est admis que l’Etat peut se prévaloir de la cause d’utilité publique pour priver un citoyen de son droit de jouir d’un bien domanial mais, il (l’Etat) est tenu de le dédommager justement et surtout préalablement avant d’affecter ledit domaine à une cause publique.

Un projet volé au vrai propriétaire

Mais dans le cas d’espèce à cette date, de nos investigations, il nous est revenu que l’Etat béninois n’a payé aucun aux ayants droits et plus grave le bénéficiaire (Nocibé) n’a non plus payé aucun droit d’entrée, comme cela est généralement admis dans le cas des transactions du genre, pour pouvoir permettre à l’Etat de faire face aux dommages et intérêts liés au foncier arraché à Fagbohoun et consorts. Mais là n’est pas le vrai hic dans ce scabreux dossier de Nocibé. Ce qui est plus grave et sort de l’extraordinaire mode de gouvernance de Yayi Boni est que le projet d’exploitation du gisement cimentier d’Adja-Ouèrè n’appartient même pas à l’origine à Latfallah Layousse, Pdg de Nocibé.
Joint au téléphone pour savoir s’il a pu être dédommagé de la propriété à lui arrachée l’homme d’affaires et député Séfou Fagbohoun nous confie ceci : « Il ne s’agit pas seulement de dédommagement mais, le projet en lui-même est le mien. C’est Richard Sènou que j’ai emmené en Malaisie et à qui j’ai parlé de certains de mes projets dont l’installation d’une cimenterie à Adja-Ouèrè qui en a touché un mot au chef de l’Etat en ce qui concerne la cimenterie que l’on m’a finalement empêché d’installer au profit d’un étranger… Vous-même vous constatez comme moi que le chef de l’Etat s’est visiblement mis dans la dynamique de saper les bases de tous les hommes d’affaire nationaux au profit d’étrangers. Et du jour au lendemain, ce sont les installations de Nocibé que j’ai vu impuissant déployées sur mon domaine sans que personne ne me dise se qui se passe réellement… »
Mais devant notre insistance à savoir s’il a été tout au moins dédommagé, Séfou Fagbohoun nous répond ceci : « Est-ce que ce régime à jamais dédommagé qui que ce soit dans un dossier où un citoyen a été victime de faits et actes ? Mais on verra bien comment cela va se terminer un jour ». En réalité donc, le nauséeux dossier à scandale de Nocibé est un vrai hold-up d’Etat de haut vol orchestré par le régime de Yayi Boni.

Un régime bouffeur des fils du pays


En effet, on se rappelle qu’à l’entame de son régime en 2006, l’homme d’affaire Séfou Fagbohoun a été la toute première proie dont s’est fait « rôtir » Yayi Boni en l’envoyant en taule pour plus d’un an de vie carcérale. Yayi Boni avait donné l’impression, en son temps, de vouloir en découdre avec l’homme d’affaire en lui mettant le grappin dessus dans un dossier créé de toutes pièces sur les avoirs de la Sonacop. Mais comme la nature a horreur de l’injustice dont Yayi Boni s’est fait champion, depuis son cachot de la prison civile de Cotonou, Séfou Fagbohoun s’est fait élire député. Dès lors, Yayi Boni n’avait plus que ses yeux pour « pleurer » car, contraint de faire libérer le député de la nation béninoise.
Puis, comme s’il tient en réserve sa vengeance, il a sauté sur le projet cimentier de Séfou Fagbohoun à lui remis par l’ex ministre Richard Sènou pour lui porter l’estocade. Mais jusqu’à quand va durer cet acharnement de l’actuel chef de l’Etat béninois contre ses compatriotes hommes d’affaires. Après Séfou Fagbohoun, ce fut le tour de l’opérateur économique Patrice Talon, de Sébastien Ajavon qui tous, fort curieusement sont des Béninois originaires du Sud-Bénin. C’est haut le cœur qu’on est donc contraint de se demander pourquoi cette hache de guerre déterrée contre les hommes d’affaires de la partie septentrionale du Bénin pendant que le même Yayi Boni favorise l’enrichissement d’opérateurs économiques originaires du Centre et du Nord-Bénin ? Est-ce l’unité et la cohésion nationale qui passe par cette persécution de ces hommes d’affaires au profit d’étrangers tels que Latfallah Layousse de la Nocibé et le français Vincent Bolloré qui récemment s’est arrogé, avec la complicité de Yayi Boni, du projet de la Boucle ferroviaire ouest africaine au détriment de l’homme d’affaires béninois, Samuel Aworé Dossou de la société Pik Network qui est le vrai initiateur de ce projet mais, aujourd’hui presque écarté.
Pour l’heure parlant du scandale de Nocibé, demain jeudi, nous vous donnerons, cher lecteurs, les détails sur les artifices presque illégaux utilisés par Yayi Boni pour accorder l’exploitation du gisement cimentier à son ami Libano-sénégalais, Latfallah Layouse, sous un régime d’investissement de catégorie E qui constitue le siège même de toute la fraude orchestrée dans ce dossier cousu de fil blanc. A demain donc pour la suite…

Émérico Adjovi
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