La coalition au pouvoir, seule contre tous

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Publié le lundi 16 mars 2015 | Le Grand Matin

© aCotonou.com par CODIAS
Mme Nago, lors du Sortie officielle du parti des Forces Démocratiques Unies (FDU).
Cotonou, le 14 mars 2015 au Palais de Congres

Les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), constituées de mouvements et de partis politiques soutenant les actions du Président Boni Yayi, traversent une crise sans précédant. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la liste de candidatures que le pouvoir vient de déposer pour les prochaines législatives et sur laquelle beaucoup de leaders ont été mal positionnés ou écartés. Les mécontents et les exclus n’ont trouvé autre issue que de créer d’autres alliances ou se rallier à d’autres formations de l’opposition. Désormais, les Fcbe sont seules contre tous à douze mois de la fin du mandat de leur leader charismatique.

Un signal fort a été donné samedi dernier, à Cotonou, lors de la création de l’Alliance Forces démocratiques unies (Fdu). Le coordonnateur national de l’alliance, Mathurin Nago, le président de l’Assemblée nationale, entré en disgrâce avec le Chef de l’Etat, a réussi à rassembler à sa cause des dissidents de la majorité au pouvoir. C’est un coup dur pour le président Boni Yayi qui comptait sur lui pour réviser la Constitution. Ce que beaucoup de citoyens réfutent soupçonnant Boni Yayi de vouloir modifier la Loi fondamentale pour se maintenir au pouvoir au terme de son deuxième et dernier mandat en avril 2016.
Mathurin Nago qui aspire au fauteuil présidentiel a réussi à débaucher de grosses pointures de la mouvance telles que Hélène Aholou-Kèkè, la présidente de la commission des lois du Parlement, le maire de Lokossa, Dakpè Sossou et le député Bani Samari.
Désormais, les Fcbe commencent par se vider de leur contenu. La mouvance présidentielle a déjà perdu au cours des dernières années plusieurs députés dont Candide Azannaï du parti Restaurer l’espoir, Sacca Lafia de l’Uds qui vient de créer l’alliance Soleil et Valentin Houdé, un autre député qui n’a pas accepté les avances du pouvoir a préféré avec son Alliance And être ensemble avec le maire d’Abomey-Calavi Patrice Hounsou-Guèdè.
Parmi les dissidents, on compte aussi le député Edmond Agoua, Grégoire Laourou, Venance Gningla et Domingo Cyriaque de l’Alliance Eclaireur. Sans compter les anciens collaborateurs du Chef de l’Etat tels que Adidjatou Mathys, ancien ministre des finances et de l’économie ; Roger Dovonou, ex ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche et Me Lionel Agbo, ex Conseiller technique et porte-parole de la Présidence.
Le positionnement des candidats pour les législatives d’avril prochain a révélé que le pouvoir traverse une période d’anémie. Au niveau de l’Alliance Soleil, par exemple, plusieurs personnalités dont Mama Débourou Djibril, Oba Chabi Denis, Zacharie Chabi Félicien et Issa Salifou ont confirmé leur rupture avec les Fcbe. Même le Général Robert Gbian, ancien directeur de cabinet militaire du président Boni Yayi et probable candidat à la présidentielle de 2016 a choisi son camp.
Certains rebelles de la mouvance présidentielle ont trouvé refuge dans l’opposition. C’est le cas de l’honorable Prudencio Claudine Afiavi qui a rejoint l’Union fait la Nation tandis que Benjamin Ahounou est désormais aux côtés de la coalition Renaissance du Bénin-Réveil Patriotique.
Les dissidents de la mouvance présidentielle sont unanimes pour l’alternance au pouvoir en 2016. Sacca Lafia a déclaré dimanche dernier à Kandi lors de la célébration de la journée internationale de la femme et le 14 mars lors de la création de l’alliance Fdu que Boni Yayi est fini et qu’il faut tourner sa page. Une vision partagée par la deuxième personnalité du pays. « Nous ne pouvions nous associer à une révision opportuniste de la Constitution de notre pays », a déclaré Mathurin Nago, samedi dernier, au Palais des congrès de Cotonou.

Malgré le vide qui se crée de jour en jour autour des Fcbe, certains de ses membres ont toujours espoir que la première force politique du pays, ou du moins ce qui en reste, est toujours capable de rafler une cinquantaine de députés pour la prochaine législature.
Ignace FANOU/Le Grand Matin