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Invité de l’émission « Caravane du Matin » de Radio Tokpa : Chabi Yayi, fils de Yayi Boni, mais pas que
Publié le vendredi 20 mars 2015  |  Matin libre
Chabi
© aCotonou.com par DR
Chabi Yayi, fils cadet du president Boni Yayi




« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». Chabi Yayi, incarne incontestablement cette citation de Pierre Corneille. Fils de Yayi Boni, président de la République, il n’est pas que ça. Pour ceux qui ne le savaient pas, c’est un jeune qui a su, très tôt, se forger son propre destin. Entrepreneur, il est ancré dans le social, même si aujourd’hui il fait ses premiers pas dans l’arène politique. « Oser l’avenir », c’est sous ce slogan que le jeune leader, deuxième titulaire sur la liste Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) va conquérir l’électorat de la 16ème circonscription électorale pour le compte des législatives du 26 avril 2015. Mais en attendant la campagne électorale, Chabi Yayi s’est ouvert au peuple béninois sur l’émission ‘’La Caravane du Matin’’ de Radio Tokpa du lundi 16 mars 2015. Lisez l’intervention de l’invité de Benjamin Agon.

Monsieur Chabi Yayi, bienvenu et bonjour. C’est un plaisir de vous recevoir. Et comme je le disais, c’est une première sortie au niveau des radios. Pourquoi vous avez choisi de passer par Radio Tokpa pour poser le premier pas?

Déjà, cette radio est une radio que j’écoute régulièrement. Donc, il était pour moi important de commencer ici parce que j’admire le travail que vous faites tous les jours. C’est un travail qui n’est pas facile. Le milieu des médias n’est pas facile. Pour savoir les difficultés que vous rencontrez. Il était important pour moi de commencer ici. En plus, c’est une émission que je suis et c’était important pour moi de commencer par là.

On ne va pas vous présenter. Vous allez, vous-même, vous présenter. Je vais vous demander tout simplement qui est Chabi Yayi ?

Question complexe ! Chabi Yayi est un citoyen béninois. Entrepreneur, je suis dans le domaine de l’agro-alimentaire, professionnellement parlant. Je suis chef d’entreprise depuis quelques années. Déjà, dans le domaine de la culture, j’ai été entrepreneur culturel puis maintenant dans le domaine de l’agro-alimentaire. Je suis dans le social. Je suis président d’une association qui s’appelle Solidarité Jeune, qui travaille pour l’éveil des jeunes dans l’éducation, qui travaille dans la réhabilitation des infrastructures scolaires, qui travaille dans le programme d’autonomisation des femmes et des jeunes. Au-delà de tout, je suis aussi acteur culturel et promoteur événementiel. Je suis engagé politiquement. Depuis bientôt quelques années, je suis chef d’un mouvement politique depuis 2010, Jeunesse engagé pour le changement et son avenir, puis depuis quelques années du Cajaar.
Vous êtes entrepreneur, vous l’avez dit tout à l’heure. Et ce volet va intéresser certaines personnes. Mais nous allons pour l’instant rester dans le domaine du focus, sur vous. Vous avez certainement un parcours comme d’autres. Fils de chef d’Etat. Vous portez le nom de votre père, un président en exercice. Est-ce un atout ou véritablement un petit souci quand on s’engage en politique ?

J’estime pour moi que c’est un atout. Parce que vous voyez, comme j’ai l’habitude de le dire, le chef de l’Etat a pu gravir certains échelons par lui-même. Et il est important pour moi, en tant que fils de bénéficier aussi de ses conseils. Pourquoi se priver des conseils de quelqu’un qui a pu faire ‘‘A-B-C-D’’, Bcao, Boad, président du Bénin. C’est une expérience intarissable, pour moi une source d’inspiration. Néanmoins, à partir d’un moment, on cherche à se faire ses propres convictions, pour chercher à se faire nos propres idées, et à travers mes expériences professionnelles, sociales, économiques et culturelles, je me suis fait ma propre expérience qui me permet de pouvoir donner mes propres idées, de pouvoir développer mes propres thématiques, mes propres problématiques. Donc pour moi, ce n’est pas un problème. Je suis citoyen comme tout le monde. Je pense comme tout le monde. Je suis proche de mon géniteur et ça me permet aujourd’hui de pouvoir me baser sur ce qu’il a fait et apporter ma touche.

Vous n’êtes pas né fils de chef de l’Etat. Vous êtes peut-être né, fils d’un homme travaillant dans des secteurs donnés. Mais il est devenu chef d’Etat et vous êtes devenu aussi fils d’un chef d’Etat. Quand vous faites le point, et vous faites l’analyse sur le terrain, est-ce que honnêtement, on peut se dire que vous avez pensé être homme politique avant que votre père n’accède au pouvoir?

Je pense que l’idée de devenir un politique est un devoir. Parce que, la politique pour moi, c’est juste une façon de permettre aux gens de mieux vivre. Donc, il était important pour moi, de pouvoir apporter ma touche. Mais cette idée est venue en effet depuis quelques années. Je ne pouvais pas vous dire qu’avant son arrivée j’avais cette ambition. Cette ambition, elle est née en moi. Et lorsque nous sommes à la première loge, nous sommes à côté d’un chef d’Etat, on a toujours tendance à voir ce qui est bien fait, voir ce qui peut être amélioré. Ça nous permet, nous-mêmes d’être spectateur-politique et de savoir nous faire une idée. Certaines fois, nous voyons certaines choses que d’autres ne voient pas. Et ça nous permet d’avoir du recul pour développer un argumentaire, pour développer mes idées. Ce qui me permet aujourd’hui d’être devant vous. Je pense que cette ambition, elle est née en moi, elle est née en moi au fil des années et fait de moi aujourd’hui ce que je suis.

Beaucoup vous condamnent sur le terrain. Beaucoup parlent de vous sur le terrain. Beaucoup vous critiquent sur le terrain. C’est vrai que nous sommes en politique. Mais objectivement aujourd’hui, si on vous dit, parce que vous êtes fils de chef d’Etat, vous avez des facilités, est-ce que vous avez envie de répondre à ceux-là ? Beaucoup estiment que c’est parce que votre père est chef d’Etat que vous avez beaucoup d’ouverture, beaucoup de facilité et des facilités à vous engager en politique.

Je ne refuse rien parce que, comme j’ai l’habitude de le dire, le fils de couturier a envie de devenir couturier parce qu’il voit son père surement et qui l’a commencé par aimer ce métier qu’il a développé lui-même ses propres aspirations. Moi j’estime que la plupart de mes activités sont dans le privé. Je n’ai aucune activité avec le public, je trouve que c’est déjà mieux, c’est plus sain, et personnellement, je ne vois pas en quoi je bénéficie de quelques avantages. La preuve est que je suis sur le terrain. Lorsqu’on parle de politique, je suis dans le domaine depuis quelques années déjà. Je suis avec la population dans le domaine social, les 154 quartiers de Cotonou. J’opère réellement depuis quelques années, politiquement, je travaillais depuis bientôt 10 ans. Et toutes ces actions ont fait aujourd’hui que ceux qui ne me connaissent pas, me découvrent et estiment que c’est maintenant que je viens de commencer alors que je suis dans le domaine depuis des années. Je suis avec la population, je suis avec la base. C’est ma première sortie dans une radio parce que je suis quelqu’un qui préfère la proximité. Je préfère le contact, la réalité du terrain, c’est ça qui fait que peut-être certaines personnes essaient de mettre en avant, c’est parce qu’il est fils de… Mais moi, je ne refuse pas. Effectivement, s’il (Yayi Boni, Ndlr) n’avait pas été président, est-ce que j’aurais eu cette envie ? Mais s’il n’était pas président, je n’aurai pas touché certaines réalités de moi-même. Parce qu’il est différent d’avoir un point de vue externe et de prendre position plutôt que d’être à l’intérieur et de se rendre compte que, détruire, c’est facile mais construire, est plus difficile. Et je suis dans cette optique. Je ne vois pas ce que la destruction peut nous apporter dans ce pays. Moi, je suis dans l’accumulation des valeurs ajoutées. Moi, je suis pour la main tendue derrière les autres, pour dire comment on peut construire ensemble et non moi seul, parce que tout seul, je ne peux rien faire.

La première fois que vous avez parlé de ça avec votre père, qu’est-ce qu’il vous a dit ?

Je pense que comme tout père, il a…..

Il avait ses appréhensions ?

Mais je pense que ses appréhensions étaient vite levées parce qu’il sait de quoi je suis capable. Et il sait ce que je fais. Donc, on ne s’improvise pas politicien. Je pense que c’est une fibre qu’on fait grandir en soi et qu’on essaie d’exploiter. Vous pouvez avoir des talents, des économies, vous pouvez être très callé professionnellement, mais ne pas savoir parler réellement avec les gens. Donc, je pense qu’il a vu ça en moi. Et qu’il m’a encouragé et il continue de m’encourager comme tout père peut encourager son fils. Comme je le répète souvent, comme tout père d’un citoyen béninois.

Et quand vous faites le point aujourd’hui, est-ce que vous avez le sentiment que les uns et les autres vous regardent vraiment comme acteur politique comme tout le monde ou comme un acteur politique particulier ?

Forcément, aux yeux de certaines personnes, je resterai toujours tant que le chef de l’Etat est au pouvoir, un acteur politique particulier. Néanmoins, pour ceux avec qui je travaille déjà depuis quelques années, je pense qu’ils me voient comme étant quelqu’un avec qui, ils travaillent. Je travaille avec les artisans, je discute avec eux. Je réfléchis à l’amélioration de leur condition de vie. Ils voient en moi quelqu’un qui peut les aider, quelqu’un qui peut imaginer des textes de loin pouvant permettre à ces artisans d’avoir des marchés. Je parle avec les maraîchers, je discute avec eux, je travaille avec eux depuis au moins cinq ans, il me voit comme quelqu’un qui peut les aider et qui peut les aider le moment venu si jamais moi, j’ai des responsabilités. Je pense que la majeure partie des gens me voit comme un acteur politique traditionnel avec qui, ils peuvent travailler pour l’amélioration de leurs conditions de vie.
Nous allons maintenant parler du chef d’entreprise. Dans le domaine, vous avez commencé à faire des efforts. Quand vous allez à leur contact, qu’est-ce que vous remarquez fondamentalement? Qu’est-ce que vous auriez souhaité changer avec eux pour que le chef d’entreprise soit réellement le chef d’entreprise, pour plus rassurer au Bénin parce que certains parlent très mal du pays ?

Je pense qu’il faut ramener cet optimisme. Nous devons avoir confiance en nous. Nous devons avoir confiance en notre Bénin. Parce que, nous-mêmes au Bénin, qui sommes là, n’arrivons pas à nous persuader que ce pays peut mieux faire, ce pays ne fera pas mieux. En tant que chef d’entreprise, j’ai travaillé avec beaucoup d’entreprises locales et je pense que nous avons un problème de valorisation des petites et moyennes entreprises au Bénin. Plus concrètement, lorsqu’on parle à un artisan, l’artisan estime toujours que l’Etat investit beaucoup d’argent et eux, ils ne voient rien. Lorsqu’on parle de taux de croissance, qu’est-ce que c’est? C’est la variation du Pib. Or ces artisans, lorsqu’on parle d’infrastructure, ils estiment qu’ils n’ont pas leur mot. Ils pensent qu’ils ne touchent pas cet argent. Donc, comment faire, pour que, lorsque l’Etat, commande, que ces artisans puissent toucher une partie de ces commandes. Ce sont les problèmes que nous avons ici au Bénin. Que les artisans puissent trouver leur part dans le gâteau. Au-delà de ça, nous avons un problème d’informel, qui est le premier secteur au Bénin. Les gens ne voient pas l’importance de créer leur propre entreprise, vous avez un problème au niveau de la fiscalité. L’espace fiscal est vraiment très réduit. Très peu de gens en réalité paient l’impôt pour le maximum. Donc il faut refaire ce pacte fiscal. En tant qu’entrepreneur, le problème majeur que nous avons au Bénin, au-delà du climat des affaires, c’est la valorisation de notre Pmi. Parce que notre Pmi qui va faire notre croissance. C’est notre Pmi qui va faire notre développement et j’estime qu’avant tout cela, il faut nous même au Bénin, nous puissions avoir une vision positive pour notre pays. C’est vrai que nous n’avons pas de ressources particulières, nous n’exploitons pas encore le pétrole, n’avons pas de très grand gisement d’or et de fer. Néanmoins, nous avons une chose que d’autres pays n’ ont pas. C’est le capital humain. Souvent, lorsqu’on dit, Bénin quartier latin de l’Afrique, moi je peux témoigner. A l’étranger, les Béninois ont la côte. Souvent, quand vous allez en Russie, au Canada, aux Etas Unis, ce sont les Béninois qui sont pour la majorité les hauts cadres africains. Donc, nous devons croire en nous d’abord. Savoir que nous-mêmes au Bénin, nous avons toutes les clés pour réussir. Mais pour le faire, il faut la valorisation de notre Pmi. Pousser les jeunes à l’entreprenariat, parce que nous ne pouvons pas tous être salariés. L’Etat ne peut pas embaucher tout le monde pour que ces jeunes puissent bénéficier des potentialités qui leur sont offertes pour pouvoir réussir.

Vous avez dit tout à l’heure qu’ailleurs, les Béninois réussissent. Et pourquoi ils n’ont pas de grands succès dans leur propres pays? Quand vous prenez un peu de recul et vous analysez, pourquoi ils n’arrivent pas exceller dans leur propre pays ?

Je pense que c’est une question de mentalité. C’est une question de dynamique. Parce que c’est vrai, je discutais avec un médecin qui me disait qu’il avait plus de médecin en France qu’au Bénin, pourquoi ? Parce que, c’est plus intéressant d’exercer professionnellement là-bas, mais pourquoi tous ces talents ne reviennent pas ? Pourquoi tous ces talents n’arrivent pas à s’épanouir dans leur pays ? Moi, la réponse à ces questions est très complexe. Comme je le dis, problème de mentalité. Et c’est pour ça, moi je me bats pour la valorisation de nos Pmi, c’est pour cela que je me bats pour que nous puissions faire des propositions. Parce que le rôle des politiciens, c’est de faire des propositions pour permettre à la population, de mieux vivre. Pourquoi ils n’arrivent pas à émerger au Bénin ? Je pense que c’est une question de dynamique. Ces jeunes devraient avoir, soit le courage d’entreprendre dans leur propre pays avant d’aller ailleurs et de démontrer leur qualité. Pour moi, ce sont des choses qu’on peut changer.

Il y en a, qui disent que depuis 2006, ça s’est renforcé. Certaines personnes ont pu repartir parce que l’ambiance ne correspond plus à ce que ça devrait être. Quand vous observez tout ça aujourd’hui, sans tenir compte que votre père est chef d’Etat, est-ce que vous voyez les choses de la même façon ? Et si c’était le cas, quels sont les leviers sur lesquels on peut agir rapidement pour corriger le tir ?

J’aimerais vous dire que, je trouve que certainement fois, le débat est politisé. C’est vrai, j’entends beaucoup de gens dire matraquage fiscal. On ne permet pas à certains d’hommes de pouvoir investir un peu dans leur pays, mais je tiens à rappeler quelque chose, lorsque vous voyez des entreprises comme Nocibe, qui viennent investir au Bénin, lorsque vous voyez derrière Erivan, tous ces hôtels qui sont en train de pousser, ce sont les hôtels des entrepreneurs qui ont envie de gagner de l’argent mais pourtant, ils viennent le faire au Bénin. Mais pourquoi ? Parce qu’il y a un cadre macroéconomique stable.

Parlons justement de Nocibe, certains disent que votre papa à des actions dans cette entreprise.

On peut dire beaucoup de choses… Vous savez, lorsque vous vous mettez en politique, vous vous exposez à ce genre de chose. Et il faut prendre de recul par rapport à tout ça. C’est un chef d’Etat. Il est prêt à recevoir tous les coups, ce sont des choses qu’on entend tous les jours. Moi, aussi, j’ai été actionnaire dans beaucoup d’entreprises dans les journaux. Je dirai que c’est un peu le jeu de la politique.

Je disais que le Bénin a un cadre macroéconomique stable, nous avons beaucoup de choses. Nous avons notre façade, qui fait que nous sommes, un pays qui est ouvert sur le monde et je pense que selon la Banque mondiale, j’ai même lu un rapport qui disait entre 2012 et 2014, c’est la plus grosse croissance qu’a connue le Bénin depuis son indépendance. C’est dans leur rapport qui s’appelle le point de la situation économique du Bénin. Malheureusement, nos analyses économiques sont beaucoup trop politisées. Nous sommes arrivés à un niveau où, lorsque vous n’êtes pas forcément ami, vous avez un peu de recul par rapport au pouvoir, derrière toute action positive, forcément il doit y avoir un loup. Et je pense que nous gagnerons sincèrement à voir les capitaux qui viennent au Bénin. Je pense que le Bénin aujourd’hui n’a jamais eu autant de capitaux étrangers. Donc si les étrangers viennent, c’est que les Béninois peuvent rester.

Quels sont les Béninois qui ont investi encore davantage au Bénin et qui peuvent concurrencer réellement les étrangers ? Est-ce qu’il faut ouvrir toute l’économie aux étrangers dans un pays ?

Il y a quelques jours j’étais dans un hôtel, c’est un Béninois qui a investi beaucoup d’argent pour faire cet hôtel-là. Il y a aucun étranger à ses côtés, pourtant il l’a fait. Je pense que vous connaissez cet hôtel, c’est un exemple. Je connais une dame qui fait du sodabi industriel maintenant. Il y a beaucoup de Béninois qui investissent. Lorsque je parle du président de la Ccib, etc... Ce sont des Béninois qui investissent dans le capital productif donc je pense qu’il y a des potentialités. Nous avons un pays qui, pour moi, est une mine d’or. La paix que nous avons, notre façade maritime, notre capital humain, notre capacité au Bénin d’être un pays démocratique. Tout çà, ce sont des atouts que nous devons vendre mais pour le faire, nous devons avoir confiance en nous même.

Quelles sont réellement les idées autour desquelles s’articulent le programme de société? Car les économies locales il faut les programmer? Qu’est-ce qu’on pense de la déconcentration aujourd’hui ?

Je pense que la question, c’était par rapport à mes propositions économiques pour permettre à ces Pme locales de se retrouver. J’ai de nombreuses propositions. Elles commencent déjà à travers la valorisation des Pme. Vous voyez aux Etats Unis, il y a une loi qu’on a fait voter qui s’appelle le Spol Business Act. Le but de cette loi, c’est de faire la promotion des Pme. On a déjà commencé au Bénin, cette année. Ça voudrait dire quoi, il s’agit de réserver une partie de la commande publique aux artisans. Moi je commence avec les artisans parce que pour moi c’est la cheville ouvrière. Lorsqu’on parle de commande publique, çà voudrait dire que vos soumissionnaires ont un appel d’offres, vous voulez gagner. Comment ça se passe d’habitude? Vous gagnez l’appel d’offres, vous allez en Chine acheter le matériel et vous venez livrer. Qu’est-ce que l’artisan béninois gagne dans çà ? C’est mettre en place un système où nos artisans pourront avoir accès à ces marchés et pourront livrer ces marchés. Ça fera que le petit artisan de Guinkomey, le petit menuisier pourra aussi contribuer. Pour le faire, il faut juste mettre dans la loi, un système qui permettra de faire une sorte de préférence nationale. Ça voudrait dire que lorsque vous allez vouloir gagner cet appel d’offres, vous allez mettre peut-être dans votre dossier le nom de l’artisan avec lequel vous voulez travailler. Pour le faire, il faut juste faire des formations, vous allez dans chaque arrondissement vous faites des formations avec des artisans et les menuisiers pour les apprendre les standards de l’Etat. Pourquoi je parle de l’Etat, parce que l’Etat est le plus grand commandeur aujourd’hui. Ces artisans suivent cette formation et vous leur donnez un papier, certificat de compétences. Lorsque vous gagnez un appel d’offres, vous allez travailler avec cet artisan. Ça fera que lorsque l’Etat va injecter de l’argent, cela ne va pas se concentrer en une hausse de l’importation. Je vous dis aujourd’hui, si demain je vous donne de l’argent, vous gagnez au loto, vous gagnez un milliard de francs Cfa, qu’est-ce que vous allez faire ? Vous allez vous acheter une belle voiture allemande, de nouveaux frigos français, de nouveaux meubles italiens mais qu’est-ce que l’artisan local gagne ? Ce qui fait que lorsque ceux qui gagnent de l’argent le font, cela s’entraine avec une hausse des importations et cela ne nous permet pas au Bénin de pouvoir nous développer. Pour moi, il faut ramener cette politique d’industrialisation. Cela passe aussi par une loi pour la réforme des zones franches aujourd’hui, çà passe aussi par une loi pour les maraichers. Aujourd’hui, vous allez à Tokpa, vous allez voir que la majorité des produits maraichers vient du Burkina or nous avons beaucoup de maraichers aujourd’hui même à Cotonou qui produisent des salades, tomates, oignons etc. Comment nous les accompagnons ? Déjà ils sont sur des terres qui ne les appartiennent pas. Tout ça, ce sont des chantiers qui m’intéressent. Nous parlons aussi des réformes fiscales. Aujourd’hui, l’IS, vous entendez par là l’Impôt sur les Sociétés, je pense il est autour de 30% pour les entreprises commerciales et je pense aussi que c’est 25% pour les entreprises de transformation. Pour moi, aujourd’hui, qui veut investir dans l’agriculture, j’ai le même IS que quelqu’un qui a envie de faire du commerce, de l’import-export de pagnes aujourd’hui avec la Chine. Ce n’est pas normal parce que moi, déjà mes revenus sont saisonniers. Lorsque je plante mon cajou, il me faut peut-être trois ans, quatre ans, avant de pouvoir commencer à récolter. Pour moi, ce sont des interventions que nous devons faire pour permettre à notre économie de nous dégager, ce sont des interventions qu’on doit faire pour permettre à ces artisans, ces maraichers de pouvoir investir. Au-delà des artisans, au-delà des maraichers, il faut que nous puissions, je pense, au Bénin, redonner une certaine lettre de noblesse à l’entreprenariat, remettre de bons modèles c’est-à-dire montrer qu’aujourd’hui nous pouvons réussir, mettre en avant nos réussites et il y a des réussites au Bénin, il y a des gens qui investissent, qui font des fermes un peu partout, qui marche. Il faut les mettre en avant, faire la lumière sur eux, pour permettre à nous les jeunes de pouvoir avoir de bons modèles.

Déconcentration encore, qu’en est-il ? Qu’est ce qui est fait aujourd’hui ? Si vous vous portez aux cotés des populations parce que vous espérez qu’ils vous reconnaitront un certain mérite. Tout ce qu’on dit maintenant demeure au niveau très central et lorsqu’on a dix millions d’habitants à gérer on ne peut pas demeurer au niveau central. On doit pouvoir atteindre l’individu, la famille, les groupes sociaux où ils sont…

Lorsque vous parlez en réalité de déconcentration, je pense que déjà aujourd’hui j’interviens en tant que acteur politique, social, économique. Et lorsque vous parlez de déconcentration, c’est un thème qui m’est vraiment cher. En réalité, lorsqu’on parle de déconcentration, vous parlez de toutes les politiques de décentralisation, vous parlez de toutes ces activités que l’Etat met en place pour toucher directement l’individu dans son environnement. Mais je tenais à vous dire que lorsque je parle de valorisation des Pme, je parle aussi de déconcentration parce que lorsqu’on fait une politique de valorisation des Pme nous permettons à une entreprise de pouvoir aller s’implanter ailleurs, de pouvoir impacter aussi ses environnements, ces familles à l’étranger. Moi, j’ai un regard particulier, j’ai voulu donné tout à l’heure, un rapport mais il ne faudrait pas dire que tout est fait. Tout est à faire. C’est pour cela que je suis là, c’est pour ça que nous nous engageons pour faire encore mieux mais il faudrait aussi reconnaitre que certaines choses sont faites. Vous parlez du climat des affaires aujourd’hui, je pense qu’avec le rapport Doing Business, avec tous les rapports qui sont là, on voit qu’il y a des améliorations. Mais comment faire pour que nous arrivions à notre objectif ?

Lorsque vous parlez de déconcentration, je pense que ça passe par une loi sur la décentralisation.

La volonté politique doit déconcentrer les pouvoirs. On ne peut pas être dans une concentration de pouvoirs comme nous l’observons depuis dix ans.

Lorsque je parlais tout à l’heure de plan de valorisation des Pme, je répondais à vos questions parce qu’aujourd’hui dans la seizième circonscription, nous avons tout. Nous avons nos maraichers, Cadjèhoun, Houéyiho etc, dans tout Cotonou et plus particulièrement dans notre circonscription, nous avons des fédérations d’artisans, nos groupements de femmes etc. Donc quand je parlais de valorisation des Pme, j’apporte une solution à ces personnes, j’apporte une solution à ces corps constitués. Tout à l’heure, je parlais de réformes fiscales, en parlant de réformes fiscales je parle aussi de la réforme des TVA. Là maintenant, c’est plus au niveau communautaire mais forcément le débat doit être engagé. Aujourd’hui, nous avons une TVA fixe, pourquoi ne pas apporter une TVA modulable. Plus un produit est fait au Bénin plus la TVA est faible. Et tout çà, ce sont des solutions que nous apportons à ces gens qui vivent dans la seizième circonscription. Lorsque vous me demandez ce que je peux leur apporter, c’est cela. Quel est le rôle du député ? Son rôle est d’amener des propositions de lois permettant de répondre à des problèmes précis, concis que vivent des citoyens dans la circonscription. Donc lorsque je parle de mes propositions économiques, j’essaie de trouver une solution pour ces gens-là. Lorsque je parle de mes propositions sociales, parce que c’est un autre domaine qui me tient vraiment à cœur parce qu’avec mon association nous avons beaucoup travaillé avec les femmes. Il y a un programme que nous avons mis en place depuis quelques temps qui s’appelle le « Réseau des femmes pour l’entreprenariat ». En quoi çà consiste concrètement ? Qu’est-ce que nous faisons ? Nous prenons les femmes et nous les formons pour la fabrication des insecticides, des savons liquide, solide, les sirops, les produits tels que les jus de fruits. Lorsqu’elles vont vers les organismes de micro crédit contracter les prêts privés, lorsqu’elles vont emprunter à leurs maris pour démarrer leur affaire nous remarquons une baisse sensible de la pauvreté. Qu’est-ce que moi je pourrais concrètement faire pour ces femmes-là? C’est travailler avec elles, mettre en place un contexte dans lequel elles pourraient se retrouver. Ça passe aussi par des lois qui sont déjà à l’Assemblée nationale. Je parle de la loi sur le partenariat public et privé. Je parle de la loi pour les bureaux d’information. Ça veut dire quoi, quand vous voulez aller emprunter de l’argent à Ecobank ou à Société générale? Elles auront déjà les informations nécessaires et évaluer votre risque. Tout ça ce sont des projets qui paraissent un peu abstrait mais qui répondent à des problématiques réelles. Parce que les gens n’arrivent pas à aller vers les Banques pour faire des prêts pour lancer leurs affaires. Tout ça, ce sont des lois qui sont censées assainir le secteur, permettre à une entité, une Banque de prêter de l’argent et d’être à l’aise. Ça voudra dire que si vous ne payez pas votre facture de Soneb et de Sbee, tout ça compte pour votre établissement de crédit. Ça permet à la Banque d’évaluer le risque qu’elle prend lorsqu’elle veut vous aider. Donc toutes ces lois répondent à des besoins réels. Lorsque tout à l’heure on m’a parlé d’entreprise, ça c’est moi ma fibre. Pour moi la clé, c’est l’entreprenariat. L’entreprise c’est les salaires. Les salaires c’est la consommation. Mais on ne peut pas adopter une politique trop sociale dans le sens que nous ne pouvons pas augmenter les salaires. Ça va entrainer une hausse des importations. Il faut qu’on pense à l’industrialisation de notre pays.

Ce discours, on l’a déjà entendu, ces promesses, on l’a déjà entendu ?

Vous m’avez déjà entendu moi ?

Ces formules, on l’a déjà entendu. En fait avec vous, qu’est-ce qui va changer réellement?

Je pense n’avoir jamais géré de budgets publics dans ce pays.

Puisque vous êtes dans l’entourage des décisions ?

Je pense que vous êtes aussi entrepreneur et ce n’est pas tous ceux qui se trouvent dans votre entreprise qui tiennent votre comptabilité. Tout à l’heure on m’a posé une question, on me demandait ce que Chabi Yayi a fait. Mais je suis candidat. Je ne serai pas le seul député. Il faudrait alors que beaucoup de gens pensent comme moi. Je viens partager mes idées qui sont largement partagées par les députés de ma majorité avec qui nous allons travailler au moment venu.

Pour vous que faut-il faire pour rendre compétitifs nos produits locaux surtout au plan fiscal ?

En réalité c’est un peu mon domaine et ce sont des questions qui me taraudent. Comme je l’ai dit, je suis dans l’agro-alimentaire et je suis propriétaire d’une ferme aujourd’hui. Déjà quand on parle de coût de production, nous parlons de fiscalité. Mais est-ce que ça veut dire qu’on ne peut rien faire. Pour moi j’ai parlé de TVA modulable. Aujourd’hui au Bénin nous avons un statut au niveau de l’Ohada qui s’appelle le guide de l’entrepreneur pour permettre à ceux qui sont dans l’informel de pouvoir créer une petite entité et être reconnus. Nous parlons de la construction de nos routes, de l’accompagnement des producteurs. On parle aussi de la mécanisation, il faut mettre en place le système de location pour permettre aux producteurs d’accroitre la production. Nous parlons aussi d’accès aux intrants. Et dans tout ça vous allez vous demander ce qu’un député peut faire. Nous pouvons faire des propositions de loi pour permettre à l’Exécutif d’appliquer ces lois afin de permettre aux producteurs d’avoir des sources de revenus.

Monsieur Chabi Yayi quelles sont vos perspectives politiques pour la 7ème législature pour laquelle vous êtes en train de prendre le départ ?

Déjà je voudrais vous dire quelque chose. L’idée selon laquelle la politique serait un métier, je la combats. Parce que c’est quand on fait ce que vous avez dit que nous sommes là où nous sommes. Pourquoi vous parlez de mélange de genre, si j’étais un entrepreneur qui était dans le meuble et que je gagne des marchés publics je comprendrai. Il n’y a absolument aucun mélange de genre à faire sans les activités de négoce alimentaire au niveau de l’Hémicycle. Or en réalité où est le mélange de genre? Je vais vous l’expliquer. On a besoin de la diversité à l’Assemblée nationale. On a besoin des artisans, on a besoin de plus de femmes, on a besoin des entrepreneurs. Vous avez besoin d’avocat, de professeur, d’acteur social. Et c’est ce pourquoi je me bats. Au contraire quand vous dites, quand tu fais de la politique, tu ne fais que cela, pour moi ce n’est pas vrai. Il faut aérer, il faut permettre à d’autres personnes de rentrer. Il faut aérer notre système politique. Il faut permettre à d’autres qui ont des expériences divergentes d’apporter ce que eux aussi savent faire, ce qu’ils vivent dans leur quotidien. Lorsque vous parlez d’entrepreneurs et de jeunes, je pense que nous sommes dans un monde totalement différent. Nous sommes dans un monde où Mark Zuckerberg a créé Facebook, il y a trois ans. Nous sommes dans un monde où le plus jeune député en Afrique a 21 ans au Maroc. Je ne dis pas que c’est ce qu’il faut forcément faire dans le pays. C’est juste pour dire que nous sommes dans un monde qui est en mutation. Nous sommes dans un monde 3G comme j’ai l’habitude de le dire. Et dans ce monde nous devons accepter que les choses évoluent. On doit accepter que nous les jeunes nous puissions prendre des responsabilités un peu plutôt qu’avant. J’ai l’habitude de dire que par le passé, lorsque tu avais une maîtrise, tu avais forcément un emploi. Dans le passé les gens avaient le doctorat autour de trente ans, quarante ans. Mais aujourd’hui à vingt-cinq, vingt-six ans vous avez des doctorants finissant.Donc acceptons que nous puissions évoluer avec ce monde-là. Acceptons qu’à l’Assemblée nationale, il y ait des entrepreneurs, cuisinières etc, parce que ces gens auront eu une expérience dans leur travail et qu’ils pourront apporter des solutions. Comment voulez-vous que quelqu’un qui n’a jamais tenu une comptabilité, qui n’a jamais payé de Cnss, qui n’a jamais payé d’Is et de patente, ne sait pas comment cela se passe pour faire son bilan, n’a jamais embauché, avec tout ce processus à l’Assemblée nationale, vous lui demandez d’amener de bonnes lois. Au contraire moi j’aimerais qu’un jour un artisan puisse aller à l’Assemblée nationale pour défendre des projets, pour dire moi je suis artisan j’aimerais cela. Donc je pense que nous ne devons pas rester fermés. Nous devons être ouverts.Nous devons permettre aux gens d’horizons différents de rentrer pour apporter de solution. C’est parce que nous restons dans un ‘’entre nous’’ que nous sommes là où nous sommes.Pour moi la politique c’est aider les gens, c’est permettre l’amélioration des conditions de vie. Donc à partir de ce moment, ne fermons pas les portes. Vous aviez posé une question. Vous avez demandé pourquoi mes idées n’ont pas été portées jusque maintenant. Je commence par vous dire que jamais le peuple béninois n’a voté pour Chabi Yayi. Déjà c’est mon premier point. Deuxièmement les idées que j’ai, sont nées de mes propres activités, de mes projets, de mes activités sociales. J’ai eu à le dire tout à l’heure je suis président d’une association. Certaines personnes diront encore mélange de genres. Mais non, c’est parce que j’ai fait toutes ces expériences qu’aujourd’hui je suis devant vous pour vous proposer des solutions. J’étais entrepreneur culturel, j’étais dans le domaine social, dans le domaine agro-alimentaire malgré mon jeune-âge. Ma première entreprise, je l’ai créée déjà à vingt-et-un ans. Une entreprise d’événementiel et de communication. Un peu pour vous dire que si je suis devant vous, c’était pour défendre mes idées. Je suis là pour défendre une vision par rapport à la législature qui vient. Je me bats pour mes convictions. Et je me bats pour que ces convictions soient partagées par le maximum de personne. Je ne regarde pas dans le rétroviseur je regarde de l’avant. Comment nous pouvons faire pour que les choses puissent mieux se passer. Vous avez parlé d’un illustre aîné, le Ministre Modeste Kérékou, je pense que c’est plus difficile quand on est dans cette posture, beaucoup se demandent que vient-il nous dire. Ce qu’il nous dit pourquoi il ne le dit pas à son père. Et on a mis dans la tête des gens que lorsqu’on est dans cette position, nous n’avons pas d’idée. Si je m’appelais Chabi Houssou et que j’apportais les mêmes idées, on me dirait ce n’est pas mal. Comme c’est Yayi, ce n’est pas bien. Sortons de cette analyse, ne soyons pas fermés. Nous avons l’habitude de parler d’autres pays. Qu’est-ce que vous allez dire d’Indira Gandhi, la fille de Gandhi ? Qu’est-ce que vous allez dire aux Clinton et Bush, père président, fils président et le frère qui veut être maintenant président ? Ce sont des choses à encourager ? Je ne me prononce pas. Forcément lorsque vous êtes à côté d’un homme d’Etat, vous développez certaines facultés que d’autres ne peuvent pas développer parce que vous voyez. C’est facile de rester à l’extérieur et de dire ce n’est pas bon. C’est normal, parce que vous êtes à l’externe. Lorsque vous êtes à l’interne vous voyez des choses que certaines personnes ne voient pas. Vous comprenez des actions que peut-être la majorité ne comprend pas. Parce que vous êtes avec lui, vous êtes dans le secret et vous voyez les choses. Donc quand vous avez cette position, je pense que vous avez certaines facultés que vous développez plus rapidement que d’autres. Donc pour répondre à votre question, moi ma perspective politique, c’est d’aider les gens. C’est ce que j’ai toujours fait dans le domaine social. Je n’ai pas attendu les élections de 2015 pour estimer que je suis entrepreneur, ni pour dire que je veux aider les gens, je le fais depuis des années. Et c’est parce que je le fais que je me suis dit que je pourrais faire plus.

Monsieur Chabi Yayi, sur la question de la révision de la constitution, quel est votre avis? Parce que cela concerne surtout votre formation politique.

Je voudrais quand même vous dire quelque chose. Lorsque vous parlez d’un parti politique qui veut rester au pouvoir pendant 100 ans, connaissez-vous un parti politique qui veut laisser le pouvoir au bout d’un an? Non tout parti politique a envie de diriger. Pourquoi ? Parce qu’il estime qu’il peut apporter de solution au peuple. Si vous allez aux Etats Unis, vous allez voir les Républicains. Si les Républicains peuvent gérer le pouvoir pendant deux cents ans ils vont le faire. On ne peut pas reprocher à un parti politique de vouloir gérer le pouvoir le plus longtemps possible. C’est au peuple béninois de décider. Si le peuple veut continuer par faire confiance aux Fcbe, les Fcbe seront là. Si à un moment le peuple béninois n’a plus envie, ce sera quelqu’un d’autre tout simplement. Et vous avez parlé de la question de la révision de la constitution, pour moi c’est un thème qui ne me dérange absolument pas. Parce que je pense que quand on voit un peu comment ce débat a été mené, de mon point de vue c’est un faux débat. Et je pense que pour ceux qui ont suivi le point de presse de l’Honorable Bida, il a été assez clair aussi. Je vais vous dire quelque chose. Pour moi je suis contre cette affaire-là. En tant qu’homme politique, il ne faut pas renier d’où est-ce qu’on vient. Je suis des Fcbe et je suis totalement en phase avec la décision qui est sortie du Congrès. Lorsqu’on parle de révision de la constitution, c’est vrai que nous sommes habitués à croire en Afrique que réviser la constitution rime avec rester au pouvoir. Le texte qui est à l’Assemblée nationale ne permet pas au Président de rester. Il l’a dit devant le Pape et lors de sa prestation de serment. Il l’a redit à l’Union Africaine, il l’a dit partout et pourquoi aujourd’hui nous n’avons pas confiance ?

Vous avez dit tout à l’heure que vous êtes dans les secrets. Dites-nous concrètement en discutant de cette question avec votre papa est-ce qu’il vous a confirmé qu’en 2016 il ne sera plus là ?

Je ne fais que vous répéter ce qu’il a dit. Je suis comme vous. J’écoute publiquement ce qu’il dit et je ne fais que répéter indirectement ce qu’il vous a dit. Déjà ce débat n’existe pas, la cour constitutionnelle a été assez claire. Je pense que tout le monde a ce texte. Une fois au Parlement même si le sujet revenait je ne vais pas participer à cela.

N’éprouvez-vous pas quelque gène par rapport à votre positionnement sur la liste Fcbe, vu les circonstances et l’ancienneté de certaines personnes. En clair est-ce que c’est vraiment un mérite?

Vous voyez que cette question est complexe. Vous allez dans n’importe quelle région vous trouverez toujours quelqu’un qui vous dira qu’il est plus ancien que vous. Je ne sais pas s’il y a un baromètre pour mesurer le niveau de Fcbe de chacun. Et je pense que comme les autres sont tous des camarades de lutte, c’est un choix. J’ai travaillé en 2011, j’ai été Fcbe avec des candidats. Quand l’Honorable Candide Azannaï était tête de liste j’ai travaillé avec lui sans problème. A cette époque je n’étais pas candidat mais j’ai travaillé. Maintenant je suis candidat donc je continue par travailler. Le parti a fait un choix. Et pour revenir à la question de la révision, vous pensez que dans ce parti il n’y a pas des gens qui estiment qu’ils peuvent être présidents ? Non, il y a des gens qui estiment qu’au moment venu ils vont demander à leur formation de les appuyer. Est-ce que ceux qui ont des ambitions seraient encore Fcbe s’ils savaient que leur patron veut rester? Ils seront allés ailleurs pour accomplir leur envie. S’ils sont encore là, c’est parce qu’ils estiment sincèrement qu’il y aura alternance. Ce débat n’existe pas. La cour a déjà tranché. Et je regrette que le débat autour des législatives aujourd’hui c’est pour ou contre la révision. Mais le débat n’existe pas. Nous sommes en train de parler de cela pendant que les artisans ont besoin d’appui. Nous parlons de cela alors que nous avons des difficultés. Quand il pleut nous sommes sous l’eau. Nous avons des difficultés pour boucler les fins de mois. Pour moi c’est le vrai débat. Lorsqu’on s’engage en politique on est prêt à prendre des coups, des fois même en donner. Si quelqu’un n’est pas prêt à faire cela, je pense qu’il n’a qu’à s’éloigner de la politique. Et je suis très conscient en étant moi-même un observateur que c’est un domaine où on perd beaucoup de plume. Et j’ai l’habitude de dire qu’au Bénin, on ne reconnait jamais le mérite à quelqu’un tant qu’il est sur le trône. Je pense qu’on n’a pas inventé la roue. Je pense que c’est les mêmes personnes qui ont critiqué Soglo, qui ont voulu que le Général revienne. Et vous entendrez dans trois ans, ‘’ce Yayi c’était bien hein’’. On se connait c’est le Bénin ça. Je pense sincèrement que je suis prêt à cela. Certains diront si son père n’était pas là qu’est-ce qu’il pourrait faire. Comme je l’ai dit, c’est une source d’inspiration. Et je ne suis pas mal à l’aise. Moi j’ai eu la chance de l’avoir comme source d’inspiration. Il est vraiment parti de rien du tout pour être aujourd’hui à la tête de l’Etat béninois. Donc c’est une source d’inspiration pour moi sur le plan professionnel, sur le plan des idées, sur le plan de la combativité. Donc moi, je puise dans cela et j’ajoute ma propre expérience pour faire ce que je suis en train de faire devant vous aujourd’hui.

Lorsque nous parlons de jeunesse, il ya un terme qui me tient vraiment à cœur parce que je suis jeune. Souvent on me demande ce que je compte faire pour la jeunesse si jamais je suis député. Déjà, au niveau de la jeunesse nous avons plusieurs problèmes. Nous avons des problèmes de logement. Aujourd’hui, la plupart des jeunes sont obligés d’aller vers la zone de Calavi pour se loger parce lorsqu’on vient à Cotonou et qu’on trouve une résidence, on se présente devant un propriétaire qui demande de payer six mois, voire un an de caution de loyer. Souvent moi je me dis que c’est un prêt à taux zéro. Je ne vois pas pourquoi et pour quels dégâts on va causer dans la maison. Donc c’est aux députés de proposer des lois pour encadrer ces choses. Ne laissons pas les individus eux-mêmes mettre des montants exorbitants. Par exemple, on pourrait dire que pour des loyers inférieurs à 150 000FCfa, on ne paye pas plus que trois mois de caution. Cela permettra aux jeunes de vivre dans Cotonou. Des fois, pour les loyers on me demande ce que je compte faire pour que les loyers diminuent. Nous sommes dans une économie capitaliste. Le gouvernement ne peut pas se lever et taper du poing sur la table et dire vous baissez vos loyers. C’est impossible. Sinon, les gens ne construiront plus de logements. Il faut donc encadrer et ne pas permettre aux propriétaires de mettre les montants ou durée qu’ils veulent. Et c’est aux députés de pouvoir légiférer là-dessus et cela permettra d’augmenter l’offre de logement, parce que tant que l’offre de logement n’augmentera pas selon les principes économiques, lorsque l’offre augmente, il y a baisse des prix. Si nous voulons que les loyers diminuent, nous devons sincèrement avoir pris cause pour les offres de logement. Pour moi la problématique est de savoir comment pousser les gens à investir dans les logements à loyers modérés. Aujourd’hui il y a une loi au niveau de l’Assemblée nationale, sur le Ppp : Partenariat public-privé, pour moi, ce sont des lois qui permettent à des individus d’entamer des partenariats avec l’Etat et d’investir pour faire des Hlm, permettre aux gens d’aller vivre à Cotonou.

Cotonou n’est pas une ville habitable, pourquoi ne pas penser à construire Tchaourou, Porto-Novo, Calavi ?

Vous avez absolument raison, mais si je suis candidat, c’est dans la 16e circonscription et je ne pense pas que Tchaourou y soit. Et forcément les idées que je prône, ce sont des idées qui vont permettre aux jeunes des autres localités d’en bénéficier. Mais si je suis candidat dans cette circonscription c’est par rapport aux problèmes que vivent mes frères jeunes dans cette circonscription. Mais vous avez parlé de décongestion, et pour le faire, vous pouvez aller dans des zones de Cotonou qui ne sont pas des basfonds ! Vous pouvez aller dans des zones d’Akogbato qui ne sont pas des basfonds, si vous allez dans certaines zones comme Agla, il ya encore de l’espace. Je suis totalement en phase avec vous, mais lorsqu’on parle de Cotonou en général, on dit que Cotonou est pleine, mais c’est certaines zones. Il y a encore des zones qu’on peut mettre en valeur, c’est pourquoi j’ai parlé de loi pour le Partenariat public-privé, selon moi c’est qu’on pourrait céder à des entrepreneurs comme pour d’autres projets.

Est-ce que quand Papa va partir, vous allez continuer cette lutte ?

Si les Béninois me font confiance, si les Cotonois me font confiance, si les résidents de la 16ème circonscription me font confiance, nous ne sommes pas dans une imposition. Je viens avec mes idées. Si elles plaisent, les Béninois feront confiance. Je viens en tant que candidat deuxième tête de liste. Donc nous votons pour une liste. Mais je viens avec mes idées, si je suis député et je me battrai pour cela. C’est pourquoi je dis que pour moi le débat ce n’est pas la révision de la constitution, c’est nos emplois, nos loyers, nos impôts, c’est la réforme fiscale, c’est la réforme sociale etc. Pour moi c’est le thème de cette élection.

Est-ce qu’au sein des Fcbe vous avez eu une discussion véritable ou bien c’est Papa qui représente la voix des Fcbe à la maison pour affermir vos idées. En un mot quel est votre ancrage véritable au sein de cette formation Fcbe ?

On me demande que quand Papa ne sera plus aux affaires si je vais continuer le combat. Ces thèmes seront encore là dans deux ans. Donc ce combat sera encore là dans cinq ans. Je pense que si je parvenais à être élu ce ne serait pas pour un an. Ce serait pour un certain nombre d’années. Donc je continuerai à me battre. On me demande mon ancrage par rapport à ma formation. J’échange avec la majeure partie des députés. Il faut aller vers les gens.Lorsque je parle de logement, j’ai parlé avec des propriétaires et des locataires. Parce que quand on parle de proposition, il faut parler de ce qu’on connait. Donc je pense que mon ancrage dans la famille Fcbe est total. Et comme je le dis c’est une famille politique qui a envie de gérer pendant longtemps. Le moment venu, je pense que le parti proposera un candidat.

Au sujet de la construction de la voie Lokossa-Comè-Dogbo est-ce que vous savez qu’il y a un scandale monstre ?

Je voudrais d’abord vous dire que je ne suis pas dans les commissions. Vous êtes mieux placé que moi pour dire qu’il y a ce scandale. Je pense que comme vous, je suis étonné. Il faut saisir les juridictions. Vous avez une autorité de régulation des marchés publics. Ce que moi je ferai monsieur Ayadji, c’est vrai je vous suis depuis un bout de temps et je vois vos déclarations par rapport à certains marchés publics dans votre ministère. Et ce sont des choses qui m’interpellent et je veux travailler avec vous pour faire une réforme des marchés publics. Je vous tends la main parce que nous avons besoin de votre expertise pour faire cette réforme.

Transcription : T.GANDIGBE (stag),
A.BADAROU et A.F.SANNI
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