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Entretien avec l’honorable Michel V. Dangnon, Président du Cip-Uemoa : « Mon défi majeur reste la mise en place effective du Parlement de l’Uemoa »
Publié le lundi 23 mars 2015  |  La Presse du Jour




Michel Victor Dangnon ! Ce nom passe certainement inaperçu pour beaucoup de Béninois. Mais hélas ! Désormais, il faudra compter avec cette personnalité de proue. Il a relevé un grand défi : celui de se faire élire deux fois consécutivement Président du Comité interparlementaire de l’Uémoa. C’était lors de la 1ère session ordinaire de l’année 2015 du Cip-Uemoa qui s’est tenue du 09 au 21 mars à Bamako. Son bilan et ses ambitions pour cette institution interparlementaire sous-régionale ont certainement joué en sa faveur et font de lui une valeur sûre.
Quels sont les sentiments qui vous animent après votre plébiscite pour un second mandat à la tête du Cip-Uemoa ?
Le sentiment qui m’anime est un sentiment de fierté et de confiance en l’avenir du Comité Interparlementaire que je dirige et de notre processus d’intégration. Ce plébiscite est le couronnement de multiples efforts que nous avions déployés et le résultat d’une gestion participative que nous avions instaurée dès notre prise de fonction. Ce sentiment de légitime fierté ne doit pas cependant occulter les défis que le CIP doit relever pour consolider sa place au sein du dispositif institutionnel de l’Uemoa, à côté des autres organes que sont la Cour de Justice et la Cour des Comptes.
Pouvez-vous nous faire un tour succinct des actions que vous avez menées au cours de votre précédent mandat ?
Ce serait long et fastidieux de citer toutes les actions et les initiatives que j’ai initiées ; je vais m’en tenir à celles qui me paraissent essentielles. Sur le plan politique, nous avons instauré un climat de confiance mutuelle et de franche collaboration avec la Commission de l’Uemoa qui est l’organe exécutif de l’Uemoa et notre premier interlocuteur. Au-delà des liens organiques qui unissent les deux institutions, nous avons, à chaque occasion, partagé nos points de vue, notre vision et nos préoccupations avec le Président de la Commission. Au plan interne, notre action a porté sur l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel et l’institution d’une rencontre périodique avec l’administration. La responsabilisation de chaque agent nous a ainsi permis de mettre en confiance le personnel et d’avoir un meilleur résultat. Grâce au renforcement du personnel et à une démarche participative, le fonctionnement du Cip-Uemoa, les sessions et les réunions sont mieux organisées et les résultats plus probants. A ces mesures sont venues s’ajouter d’autres initiatives novatrices. Pour la première fois de son histoire, le Cip-Uemoa dispose d’une stratégie de communication et d’un programme d’activités visant à le rendre plus visible et à asseoir sa notoriété au sein de l’Union. S’agissant des activités statutaires, nous avons, comme prévu, exécuté notre programme de travail : les réunions du Bureau, les sessions ordinaires et extraordinaires ont été tenues et les résultats portés à la connaissance des instances de l’Uemoa, des Assemblées Nationales, de nos partenaires et du public. Nous avons fait du renforcement des capacités des députés, une de nos priorités ; nous avons ainsi organisé trois ateliers, l’un sur les systèmes électoraux des Etats membres, le second sur le pouvoir de contrôle et les missions d’information du Parlement de l’Uemoa. Le premier avait pour objectif de voir comment rationaliser la gouvernance électorale par une harmonisation, à terme, des systèmes électoraux. Le deuxième visait à familiariser les députés avec les prérogatives du futur parlement.
La microfinance a fait également l’objet d’une de nos sessions. Et vous conviendrez avec moi que ce thème constitue un sujet de préoccupation pour nos Etats et pour nos laborieuses populations dont une grande partie n’a pas accès aux banques et aux établissements financiers classiques. Il s’agissait, pour nous Députés, d’appréhender l’enjeu socio-économique de la microfinance et de faire des recommandations pour améliorer les services offerts et son accessibilité au plus grand nombre.
Sur tout autre plan, nous avons accueilli en 2014 et en 2015, le Président de la Commission à l’occasion de la présentation du Rapport sur l’évolution et le fonctionnement de l’Union. C’est un moment privilégié pour nous Députés de prendre connaissance des reformes mises en œuvre par la Commission et d’en discuter avec le Président de la Commission. A notre demande, nous avons entendu le Président de la Boad sur les activités et les perspectives de notre banque de développement.
Le Commissaire en charge du Marché régional de la Commission a fait une communication sur les négociations de l’Accord de Partenariat Economique (Ape) entre l’Afrique de l’Ouest et l’Union Européenne. La Cour des Comptes de l’Uemoa a également présenté devant les Députés une communication sur les résultats de ses contrôles.
Toutes ces communications relèvent des missions d’information du parlement.
Au plan diplomatique, nous avons renforcé notre coopération aussi bien avec les institutions sœurs, à savoir les Parements de la Cedeao et de la Cemac mais également avec les institutions parlementaires internationales : l’Union Internationale Parlementaire (Uip), l’Assemblée Parlementaire Francophone (Apf), l’Union Parlementaire Africaine (Upa) l’Audition Parlementaire des Nations Unies. Ces actions sont allées de pair bien évidemment avec la consolidation des rapports du Cip avec les parlements nationaux.
Au cours de l’année 2014, j’ai initié une mission circulaire au Bénin, au Togo, au Burkina Faso et au Niger du 13 au 27 avril 2014, en vue de faire un plaidoyer auprès des hautes autorités de ces pays pour la mise en place du Parlement de l’Uemoa dans les meilleurs délais possibles.
En avril et mai 2014, nous avons envoyé des missions d’observation des élections présidentielle et législatives en Guinée-Bissau et nous apprêtons à faire de même dans quatre pays membres de l’Uemoa qui organisent des scrutins au cours de l’année 2015.
Quels sont les grands défis à relever au cours du mandat que vos collègues ont bien voulu vous renouveler ?
Le Comité Interparlementaire est l’organe de contrôle démocratique de l’Uemoa. Il est l’émanation et la représentation des populations des huit pays de l’Union et, à ce titre, il inscrit ses actions à deux niveaux : au sein de l’Uemoa, il joue le rôle d’animateur de débats démocratiques, il est doté de pouvoir de contrôle et des missions d’information. Etant l’organe représentatif des populations de l’Union, il doit être à l’écoute de leurs préoccupations et de leurs aspirations afin que l’exécutif (la Commission de l’Uemoa) les prenne en compte dans les programmes et projets de développement. Il faut donc accorder une place de choix à l’écoute de la base et à la visite de proximité pour mieux cerner les besoins de nos populations.
Mais le défi majeur pour moi reste la mise en place effective du Parlement de l’Uemoa. Comme vous le savez, tous les pays membres ont ratifié les textes relatifs au Parlement. Donc du point de vue juridique, tout est fin prêt. Mais sa mise en place reste encore confrontée à une décision politique des Chefs d’Etat. Au cours de l’année 2014, nous avions mené une vaste campagne de plaidoyer auprès des hautes autorités de l’Union. Nous comptons poursuivre la campagne cette année en rapport étroit avec le Président de la Commission et le Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Uemoa.
J’ai inscrit également, parmi les priorités de mon mandat, le renforcement des capacités des Députés et des cadres administratifs ainsi que la visibilité du Cip. A ce titre, notre dernière session ordinaire a adopté à l’unanimité la mise en place de points focaux en communication au sein des Assemblées Nationales. Cette mesure contribuera, j’en suis sûr, à rendre plus visibles les activités du Cip et de faire connaître l’institution.
Enfin nous comptons donner un cachet particulier à notre diplomatie en vue de nous rapprocher davantage des organisations régionales et internationales qui partagent les mêmes idéaux et nouer des relations de partenariat.
Avez-vous un message, en direction de vos électeurs du Bénin, en relation avec votre candidature aux prochaines élections ?
Pour ce qui concerne le défi de ma réélection au sein du parlement béninois, je suis heureux d’avoir été un acteur clé pour la conduite du processus qui a porté l’actuel président de la République à la tête de notre pays. Cela n’a pas été simple, pour moi et pour les autres qui voyaient comme moi.
Aujourd’hui, je me détache et j’assume.
Pour des causes que je défendrai à jamais. J’ai la chance d’être écouté dans ma localité où je connais tout le monde et tout le monde me connaît.
Je ne m’y prendrai pas autrement que les fois passées, puisque non seulement les électeurs comprennent déjà ma prise de distance à l’égard d’un système qui chancèle pour volontairement sombrer, mais aussi ces électeurs continuent de vivre ‘’en live’’ le martyr ; conséquence de grotesques improvisations. Ce dont je suis certain, c’est l’existence de garde-chiourmes du chef, des chiens et fous du roi et le lot d’autres apprentis du mal. Pour peu, ils sont aux trousses de ceux qui osent voir le soleil au ciel, pendant que eux autres le voie dans l’eau.
Qu’on le tienne pour vrai : les pouvoirs, généralement, fabriquent leurs victimes dans leurs rangs. L’autre vérité aussi est que tout pouvoir qui trahit finit tôt ou tard dans l’érosion de ses propres ténors et militants. C’est ma conviction et c’est ce qui se vit aujourd’hui. Donc nous travaillons sans un instant nous convaincre qu’on pourra être des victimes.
A mes électeurs, je demande de garder la sérénité pour voir le vent passer. Nos difficultés dépassent actuellement les distributions de bonbons, les chèques sans provision et les promesses visiblement sans lendemain.
Les guignols politiques pour gagner ou entretenir le blé ou les mercenaires politiques en mission commandée comprendront qu’à la place des adversaires attendus, il n’y a qu’un peuple conscient, qui sait où il va.
Au peuple béninois et à ses dirigeants, je souhaite une cohabitation politique pacifique. Nous devons comprendre que le territoire et son peuple n’appartiennent pas autrement à un citoyen, quelle que soit l’envergure de son statut. Nul ne saurait donc croire avoir un amour exclusif au bien commun.
Pour finir, je souhaite bonne chance à tous les candidats.
Propos recueillis par Affissou Anonrin
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