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Les cours du soir à Cotonou : Une autre façon pour se hisser dans la société
Publié le mercredi 25 mars 2015  |  Fraternité
Célébration
© Ambassade par DR
Célébration de la Journée Mondiale de l`Arbre par la Mission Américaine au Bénin
Vendredi 25 Avril 2014, Cotonou : Dans le cadre de la Journée de l`Arbre et de la Terre, la Mission Américaine au Bénin a visité trois établissements scolaires à Cotonou pour les sensibiliser sur la protection de l`environnement. Photo : Un volontaire lisant le livre « Mama Miti, la mère des arbres » aux jeunes élèves




Nombreux sont ceux qui, pour une raison ou une autre n’arrivent pas à suivre le parcours normal dans les études. Faute de moyens ou autre, ils abandonnent les cours classiques très tôt soit pour se prendre en charge soit pour se mettre à la disposition d’une tierce personne. Mais grâce aux cours du soir, ils arrivent bien que mal à gravir les échelons pour avoir leurs diplômes.

Il est 19 heures, la devanture d’un collège privé d’Akpakpa se remplit peu à peu de motos et de voitures. Dans l’enceinte du collège, la plupart des salles de classe font le plein. Selon Rachid, la trentaine révolue et qui prépare son brevet d’études du premier cycle (Bepc), il n’a pas eu la chance d’aller à l’école comme ses frères. « Mon père envoie ses enfants garçons à l’école par alternance. Quand il envoie le premier garçon à l’école, le second reste à la maison, quand le troisième y va, le quatrième n’y va pas. C’est ainsi que j’ai eu la malchance de tomber parmi ceux qui n’ont pas été à l’école », explique-t-il. Aujourd’hui, Rachid est tailleur et regrette l’acte de son père qui ne lui a pas permis de connaître les joies de l’école. Pour ne pas rester analphabète, il opte pour les cours du soir. « Mes frères sont instruits et disent que la réaction d’un intellectuel diffère de celle d’un analphabète. Et de plus, les gens pensent que les tailleurs sont des ratés. Alors, j’épargne pour avoir au moins mon Baccalauréat en faisant les cours du soir », ajoute-t-il. Par ailleurs, les cours du soir qui, autrefois, étaient organisés à l’intention des personnes âgées pour des classes spécifiées (classes d’examen) se sont généralisés aux classes intermédiaires et on y trouve de plus en plus de jeunes adolescents et adolescentes. C’est ainsi que, par manque de moyens financiers, Eunock a abandonné les cours du jour pour ceux du soir. « Ça fait quatre ans que je suis les cours du soir, actuellement, je suis en classe de 1èreD. Les cours du soir m’ont redonné le courage d’évoluer dans mes études pour au moins avoir le Bac », confie-t-il, l’air un peu triste.

Offrir une deuxième chance !!!
Obligé de travailler très tôt suite au décès de son père et au manque de ressources de sa mère, Alain s’est aussi vu contraint à faire les petits jobs. « Après le décès de mon père, je suis venu en ville grâce à l’aide d’un oncle. C’est là que je me suis mis à toucher à tout ce qui peut me rapporter de l’argent parce que ce que me donnait mon oncle était insuffisant », raconte-t-il. Non seulement les petits jobs lui ont donné son indépendance financière mais également ils lui ont permis de suivre les cours du soir pour l’obtention de ses diplômes. « Je travaille aujourd’hui comme standardiste dans un complexe hôtelier de la place et je gagne très bien ma vie. Ce que je ne pourrais pas faire s’il n’y avait pas les cours du soir pour nous qui n’avons pas pu aller à l’école », termine-t-il. Selon Ganyolon Gnonlonfoun, directeur du collège Bon berger d’Akpakpa, l’effectif de ceux qui ont abandonné les classes et des déscolarisés est très élevé. Les cours du soir sont donc pour nous une manière de leur offrir une deuxième chance pour qu’ils puissent évoluer dans les études mais en ayant confiance en eux-mêmes. Poursuivant dans le même sens, Hervé Godonou, professeur de mathématique dans le même collège explique que les cours du soir sont comme les cours du jour et que la seule différence est qu’ils se dispensent de manière plus responsable. « On considère tous les apprenants comme des adultes car, leur choix de faire les cours du soir prouve qu’ils savent ce qu’ils veulent et qu’ils sont prêts à évoluer dans leurs études », mentionne-t-il. Ainsi, pour certains, les cours du soir sont une manière d’apprendre tout en travaillant et pour d’autres jeunes qui s’y intéressent, ce choix découle du découragement dû aux échecs pendant les cours du jour. C’est le cas de Naomie, élève en classe de Terminale qui a abandonné les cours du jour suite à trois échecs au Bac. « D’abord, les cours du soir sont économiques pour mes parents, ensuite je dispose de temps pour travailler et gagner ma vie dans la journée et de réaliser mon objectif qui est d’obtenir le Bac que je cherche depuis 3 ans en cours du jour », souligne-t-elle. Dans tous les cas, les cours du soir restent une seconde chance pour poursuivre les études.
Christelle Kinnouezan (Stag)

La rédaction
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