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Adjinakou N° 2264 du 12/7/2013

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Résistance à la révision de la Constitution : Boni Yayi pris à son propre piège ?
Publié le vendredi 12 juillet 2013   |  Adjinakou


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© AFP par Thierry Charlier
Conférence des Donateurs pour le développement du Mali: l`arrivée du président Yayi Boni à Bruxelles


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Lors de sa déclaration de candidature à l'élection présidentielle de mars 2011, le Chef de l'Etat avait promis d'engager une large réflexion avec l'ensemble des Béninois autour du projet de révision de la Constitution. Mais, aujourd'hui, on constate que ce n'est pas le cas. Bien au contraire, c'est une marche forcée vers la révision avec des mouvements populaires... Le moins qu'on puisse dire est que le non-respect des promesses fait que l'opinion doute de la bonne foi du Chef de l'Etat dans cette initiative.

Le Président de la République, Boni Yayi, avait depuis longtemps sa petite idée sur la révision de la Constitution du 11 décembre 1990. Le 29 janvier 2011, alors qu'il était candidat à sa propre succession, il avait déjà donné l'alerte dans son discours de candidature à la présidentielle de mars 2011 : " Ma vision appelle la Refondation de la République sur laquelle j'engagerai de grandes réflexions avec toutes les composantes de la Nation, une nouvelle République dans laquelle les pouvoirs s'équilibrent et les Institutions convergent dans leurs efforts vers la satisfaction des besoins essentiels du peuple. Cette nouvelle République qui opte de façon déterminée pour la prospérité, l'émergence économique et le perfectionnement intellectuel et moral de ses fils… " Ce jour-là, le Chef de l'Etat avait promis d'engager une large réflexion avec l'ensemble des Béninois autour du projet de révision de la Constitution. Mais, à l'épreuve des faits, on se rend à l'évidence qu'il n'en est rien. En effet, après une première tentative infructueuse qui a suscité un tollé, le Président Yayi a retiré de l'Assemblée nationale son projet de révision de la Constitution en prenant l'engagement d'obtenir le consensus autour de ce projet avant toute nouvelle tentative. Mais, sans rien entreprendre dans ce sens, il réintroduit en juin dernier son projet de révision au Parlement. Ce projet, bien que ne touchant pas aux fondamentaux de la République est en porte-à-faux avec sa déclaration de candidature, comme pour dire que les promesses électorales n'engagent que ceux qui y croient. Il a déclaré dans son discours qu'il s'engageait pour une nouvelle République dans laquelle les pouvoirs s'équilibrent. Mais, lorsqu'on lit le projet de révision transmis à l'Assemblée nationale, cette institution est dépouillée de ses pouvoirs au profit de la Cour constitutionnelle qui devient hyperpuissante. Ce faisant, Boni Yayi donne raison à ceux qui disent que cette mandature de la Cour constitutionnelle sera aux ordres. Il ne pouvait en être autrement puisque le Président de la République qui sait là où il va avec " sa révision " a décidé de ne plus engager la large réflexion qui doit précéder toute révision de la Constitution.

Coutumier des faits

Le Chef de l'Etat n'est pas à son premier essai de promesses non-tenues. Dans ce domaine, on peut multiplier les exemples à l'infini. C'est en toute responsabilité et sans aucune pression qu'il a décidé d'engager la réflexion avec tous les Béninois afin qu'ils adhèrent à sa cause. Quelle mouche a donc pu le piquer au point de ne plus faire la consultation et d'introduire son projet et de foncer tête baissée malgré les récriminations des Béninois ? C'est la question que l'on est bien tenté de se poser. Voulant à tout prix que son projet aboutisse, il introduit à nouveau son projet à l'Assemblée nationale. La polémique s'enfle à nouveau. Alors, pour distraire le peuple, Boni Yayi déclare à la face du monde qu'il " ne parlera plus de cette affaire tant qu'il n'y aurait pas le consensus ". Curieusement, au lendemain de cette déclaration, ses partisans ont commencé par " marcher " dans toutes les communes pour dire oui à la révision. Conclusion, il n'y aura pas de réflexions avec les composantes de la Nation. Ce sera tout simplement une révision forcée de la Constitution. C'est la nouvelle option du Chef de l'Etat puisque rien n'a été fait pour prendre en compte les avis du peuple si ce n'est l'obliger à marcher comme c'est le cas en ce moment. A la date d'aujourd'hui, plusieurs communes du Bénin ont déjà battu le macadam et des sources dignes de foi indiquent qu'il en sera ainsi tous les week-ends jusqu'à parcourir les 77 communes. Voilà donc la drôle de manière de Boni Yayi de consulter les populations sur un sujet aussi sensible que celui de la révision de la Constitution. Au lieu d'engager la réflexion avec les Béninois, il préfère susciter les marches et autres pour dire au finish, c'est la volonté populaire. Lorsqu'on sait que l'opinion émet de sérieux doutes sur sa bonne foi de ne pas réviser la Constitution pour s'éterniser au pouvoir, Boni Yayi gagnerait à engager enfin cette réflexion avec toutes les composantes de la Nation. Mais, procéder tel qu'il le fait en ce moment, c'est hélas, permettre tous les abus et donner ainsi raison à ceux qui affirment de façon péremptoire qu'il ne veut pas quitter le pouvoir en 2016.
Edgar Gnimavo

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