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Le Matinal N° 4145 du 16/7/2013

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Résultats du baccalauréat, session de juin 2013:Près de 70% d’échecs : les causes selon des spécialistes de l’éducation
Publié le mercredi 17 juillet 2013   |  Le Matinal


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Mardi 18 Juin 2013, Cotonou, Les Candidats au deuxième jour de composition


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Avec 32,22 %, les résultats provisoires du baccalauréat 2013, à l’instar des années précédentes, ne sont guères reluisants et encourageants. La faute au système, ou aux apprenants ? Éternelle question sans réponse. Quoi que puisse être la réponse, elle laisse triste et songeur, quant au devenir de ce pays naguère fier de son élite , et qui à plus forte raison, n’a d’autre richesse que ses hommes et femmes.


Depuis samedi 13 juillet 2013, on observe tout autour de nous, que l’échec et la baisse de niveau sont désormais intégrés et acceptés comme une fatalité. On conclut à la baisse de niveau, en haussant les épaules. Or, nous devrions plus nous attendre à une réussite massive, plutôt qu’à un échec massif. Ailleurs, les résultats du bac, examen important pour rentrer dans le monde professionnel, tournent souvent autour des 75%. Et les spécialistes chaque année dissèquent les raisons qui maintiennent les 25% dans l’échec. Sous nos cieux, le contraste frappant est que la plupart des établissements privés paradent avec des résultats flatteurs de plus 80% de taux d’admissibilité. Ce qui n’est pas le cas des établissements publics. Certes, les temps sont moroses, et rien ne motive plus vraiment. L’action politique ayant montré ses limites, et surtout son incapacité à créer le mieux-vivre et le mieux-être. En attendant des lendemains meilleurs, le découragement et la démission généralisés sont devenus les ressorts moteurs et psychologiques de bon nombre d’entre nous. On pourrait même en rire, si l’échec, le découragement, la renonciation et le désespoir n’étaient pas des portes ouvertes sur la délinquance. Des portes qui mènent le plus souvent vers les subterfuges et raccourcis et, au bout du compte, à la prison. Est-il besoin à nouveau, face à ce sombre tableau, de rappeler que la responsabilité de l’Etat est de mettre en place un système éducatif efficace ? Cela est d’autant plus vrai que, l’éducation n’est pas une matière première immédiatement rentable comme le coton ou le pétrole. Donc, aucune institution internationale ou Ong ne subventionnera l’éducation nationale. Y investir n’intéresse pas les partenaires financiers. Car, de toutes les façons, le système capitaliste a plus intérêt à avoir des « crétins » en face, afin de les broyer pour prospérer. C’est la loi du marché. Le constat est d’autant plus amer que depuis plusieurs années les associations de la société civile et les syndicats déplorent le manque d’enseignants qualifiés en mathématiques et en français. Malheureusement, ces dénonciations et récriminations sont restées lettres mortes. Certes, on ne peut pas cacher le fait que la majorité des parents ne peuvent plus subvenir aux besoins scolaires et académiques de leur progéniture. La responsabilité de l’Etat est donc fondamentale.

L’école doit être la priorité de l’Etat

Pour sortir l’école béninoise de l’ornière, il urge d’appliquer les vraies solutions et de redonner le goût de l’apprentissage et des études aux jeunes. Si l’élève est mis dans les bonnes conditions de travail, et s’il est en face d’enseignants qui lui donnent le goût du travail, il s’y investira. Pour ce faire, il faut des enseignants formés pour, et qui sont heureux de faire leur boulot. C’est pourquoi l’école doit être la priorité de l’Etat. Selon le mot célèbre de Victor Hugo, une école construite, c’est plusieurs prisons de fermées. L’Etat qui investit dans l’école fait œuvre utile. Car, le chômage n’est que la somme des mauvaises stratégies appliquées. Encore qu’un bon système économique peut absorber ses chômeurs. Le système éducatif béninois est malade. Il a sûrement besoin des milliards dilapidés ailleurs. Il faut repenser l’être et l’écolier béninois depuis les bancs, afin qu’il puisse éviter de reproduire ce que nous vivons actuellement.

Wilfrid Noubadan

Selon les analyses de plusieurs observateurs, si la baisse de niveau des apprenants est la principale cause, les manquements du système mis en place pour la correction en est aussi pour quelque chose. Il ne faut également pas occulter le fait qu’il y a un manque chronique d’enseignants qualifiés. Suivons ici les réactions de quelques acteurs du système éducatif.
Alphonse da Silva, Directeur de l’Office du Baccalauréat « C’est un taux qui reflète le niveau des apprenants. Il faut revoir le programme et le système éducatif »

« Ce faible taux de réussite s’explique par le fait que le système d’évaluation est très sélectif. C’est aussi dû au fait qu’il n’y a pas eu de rachat. On n’a pas reçu d’instruction nous obligeant à gonfler la liste des admissibles. Je peux également affirmer que la tendance baissière du taux de réussite est dû au fait que le dispositif mis en place est informatisé et paramétré. Cela a empêché de nombreux fraudeurs d’insérer des lauréats pour gonfler le taux de réussite nationale. Cependant, c’est un taux qui reflète le niveau des apprenants. Ce sont des candidats méritants qui sont reçus. Par exemple, au Tchad cette année, le taux de réussite est de 8 %. Ce qui veut dire que nous sommes dans un système mondial. Nous sommes suivis par la France. Pour améliorer désormais le taux, il faut revoir le programme et le système éducatif. Je suggère qu’il y ait un atelier sur l’avenir du baccalauréat. Cela va prendre en compte tous les dysfonctionnements dont souffre l’examen du baccalauréat.

Lucien Langanfin-Glèlè, Porte-parole du Front des Syndicats des trois ordres de l’enseignement

« Le taux de réussite au baccalauréat qui oscille souvent autour de 30 %, 32 % voire 33 % est lié au système de filtrage mis en place. Nous avons un système de correction très rigoureux qui ne permet pas d’accepter les productions qui ne répondent pas aux corrigés types. Cela s’explique aussi par le faible niveau des élèves qui arrivent en classe de terminal. Ce sont des équilibristes qui se cherchent. Il y a par exemple des élèves de la série D qui ne peuvent pas rester dans la série A ou la série C. Comme ils constituent le plus gros effectif, leur faible taux de réussite influence celui des autres séries. C’est souvent ce taux qui crée la tendance baissière. Pour y remédier, il faut mettre l’accent sur la formation éducative et amener les acteurs à donner de la valeur ajoutée aux programmes et à ce que nous faisons. Les autorités en charge de l’éducation doivent faire l’accompagnement nécessaire à travers des conseils pédagogiques. Les apprenants doivent quant à eux faire un effort pour se mettre au pas. Ils doivent apprendre leurs leçons au jour le jour comme il le faut. En un mot, ils doivent travailler sérieusement et réduire les temps de loisirs. Ce faisant le taux sera amélioré »

Maxime Ahouissoussi, Secrétaire général (Sg) du Syndicat national des enseignants pour l’éthique et le développement (Synaeed) « Il faut repenser l’organisation de la correction »

« La tendance baissière du taux de réussite est liée à beaucoup de facteurs. Premièrement, la façon dont les épreuves se conçoivent est à revoir. Deuxièmement, étant pressés de gagner beaucoup d’argent, les correcteurs prennent d’assaut les copies et les corrigent mal. Beaucoup d’entre eux ne sont plus aptes à la correction. Ils ne sont plus en phase avec les programmes de cours. Ils n’ont jamais tenu des classes de terminal. Ils sont dans les ministères et les bureaux. Alors que les textes stipulent que seuls ceux qui tiennent les classes de terminal sont habilités à corriger les épreuves du Bac. Il y a encore des professeurs titulaires de maîtrise en sciences économiques qui viennent corriger les copies de mathématiques. Ce sont des enseignants qui n’ont pas la poigne nécessaire pour apporter du bémol dans la correction. Ils corrigent comme ils veulent. Or, la correction d’une épreuve part du niveau de programme. Etant donné que la plupart des enseignants sont à la tête de la Direction de l’Office du Baccalauréat, ils font venir les étudiants qui ne connaissent pas grand-chose des programmes de cours pour venir corriger avec eux. Pis, les membres du secrétariat sont recrutés par affinité. N’étant pas très compétents dans le métier de secrétariat, ces derniers commettent des impairs au cours de leur travail. Et cela jouent sur les résultats. De plus, il y a beaucoup de professeurs d’universités qui corrigent les épreuves du Bac. Ils le font comme si les épreuves sont les copies de leurs étudiants d’amphi. Ils massacrent la composition et la correction des épreuves du Bac. Ils délibèrent comme s’ils étaient à l’université. C’est grave. Face à cela, il faut que le gouvernement organise une table ronde pour repenser sur l’organisation et la correction du bac.

Réalisé par : Claude Ahovè et W.N

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