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Le président de l’Assemblée nationale sur «Zone Franche» de Canal 3 : Nago dément toute servitude à Yayi
Publié le lundi 30 mars 2015  |  La Presse du Jour
Mathurin
© aCotonou.com par CODIAS
Mathurin Coffi NAGO, president de l`assemblee national et coordonnateur national du parti FDU, lors du Sortie officielle du parti des Forces Démocratiques Unies ( FDU).
Cotonou, le 14 mars 2015 au Palais de Congres




Le président de l’Assemblée nationale était l’invité de l’émission « Zone Franche » de Canal 3 hier, dimanche 29 mars 2015. Mathurin Coffi Nago a parlé de plusieurs sujets relatifs à l’actualité sociopolitique et économique du Bénin, notamment sa gestion de l’institution parlementaire pendant les 5è et 6è législatures, les relations Exécutif-parlement, son rapport avec le Chef de l’Etat, son avis sur la gouvernance du régime actuel, le projet de loi portant révision de la constitution. Le moins qu’on puisse retenir est que plus que jamais, les deux premières personnalités de l’Etat ont rompu les amarres politiques. Puisque dans l’émission d’hier, Mathurin Coffi Nago a décrié la gouvernance pratiquée par Boni Yayi, les velléités d’une révision opportuniste de la Constitution, des actes posés visant à le fragiliser politiquement. Pour Nago, malgré le rôle de rassembleur, de conciliateur, de vérité qu’il dit à qui de droit, les dérives continuent. « La politique qui est menée est une politique de division visant à fragiliser quelqu’un qui pourrait être sur la ligne de départ » des présidentielles de 2016. Voici, un condensé des propos du président Nago sur des points importants.
Bilan de la gestion de l’Assemblée nationale en deux législatures
« (…) Vous avez évoqué un certain nombre de choses. Je voudrais commencer par l’intervention de votre collègue Malick Gomina qui semble découvrir au niveau de mes différentes positions, deux attitudes qui s’opposent. Il est important que j’y réponde d’abord, que j’apporte quelques éléments de compréhension. C’est vrai qu’en apparence, l’on peut penser cela. Mais j’ai toujours dit qu’il n’y a pas d’attitudes opposées, qu’il s’agisse des prises de position à la 5è et de la 6è législature. Cela obéit à une même préoccupation majeure : c’est la défense des principes démocratiques. Je ne connaissais pas le Chef de l’Etat quand il était candidat, et j’ai été très séduit par ses déclarations, son programme et je me suis engagé de façon volontaire, et en toute liberté à ses côtés. Et parce que j’étais convaincu qu’on pouvait faire beaucoup de choses, de très bonnes, de très grandes choses pour ce pays. Par conséquent, quand après avoir été ministre je suis devenu président de l’Assemblée nationale, j’ai comme à mon habitude, décidé de travailler dans la vérité, dans la sincérité pour accompagner le gouvernement, et accompagner le Chef de l’Etat, pour l’atteinte des objectifs que nous avons retenus ensemble. Par conséquent, tout ce qui pourrait être fait pour s’opposer à la réalisation de ces objectifs, tout ce qui pourrait se faire pour écourter le mandat, je m’y suis opposé. Parce que je défendais les principes démocratiques. J’ai estimé qu’il fallait laisser le temps au temps, et permettre au président qui était là, et qui est là, d’accomplir son devoir. Il fallait lui donner la chance de réaliser ses objectifs. C’est le sens de mon combat au cours de la 5è législature, et contrairement à ce que l’on peut penser, cela ne s’était jamais fait de façon servile. Nous avions toujours discuté. J’ai toujours donné mon point de vue avec le Président de la République et quand il n’était pas d’accord, je lui disais que ce n’était pas la bonne méthode, et d’étaler les quelques divergences que nous avions en ce moment. Mais je savais une seule chose, c’est que je défendais les principes démocratiques.
Quand on vient maintenant à la 6è législature, le but de mon combat que je menais en ce moment, c’est la défense de la démocratie, la préservation des acquis démocratiques. Ce n’est pas plus que ça. Ce n’est pas moins que ça. Donc d’un côté j’ai dit à ceux qui voulaient enfreindre l’ordre démocratique, de ne pas le faire ; et de l’autre, je me suis mis dans la bataille pour faire comprendre à ceux qui voudraient éventuellement, en tout cas il y a des signes qui ne trompent pas, qu’on voudrait éventuellement tordre le cou à la démocratie. Je le dis parce que la démocratie est une ressource importante qu’il faut savoir préserver. Voilà ce que je vais dire par rapport à ce que votre collègue a dit.
Maintenant l’autre question, est-ce une faveur ou une charge ? Le fait d’avoir été élu deux fois successivement Président de l’Assemblée Nationale, je dois reconnaitre que c’est une grâce. Je n’ai jamais rêvé devenir Président de l’Assemblée Nationale, et j’en profite pour vous faire une autre confidence. J’ai été déjà député à la 2è législature, de 1995 à 1999. Et au terme de ce mandat, j’ai délibérément décidé de ne plus être candidat malgré la pression qui a été fait sur moi. Parce que je l’avoue, j’avais été dégouté par l’expérience que j’ai eue pendant la 2è législature. Les pratiques et les comportements, les méthodes de travail étaient tels que je ne voulais pas m’habituer à cela. Pour un enseignant, un scientifique, en tout cas je ne sais pas, mon caractère ne me permettait pas de m’adapter à cela. Donc j’ai décidé de ne plus être candidat. Et j’ai accepté de me présenter en 1999, en 2003 j’ai été démarché pour travailler avec un candidat et j’ai refusé. En 2007, je n’ai pas été candidat. Mais mon nom s’est retrouvé sur la liste Fcbe.
Il y a toujours des tractations. Il y avait toute une procédure à laquelle les candidats potentiels participent, en envoyant des lettres, en envoyant des dossiers, etc. et il y avait sur le nom de l’alliance Fcbe, plusieurs étapes de sélection. Une 1ère sélection, une 2è sélection, tout ça a été fait… auquel je ne m’y suis pas du tout associé. C’est au lendemain de toute cette phase de sélection, que la liste a été publiée par un certain nombre d’organes de la presse écrite et j’ai retrouvé mon nom. Parce que la décision a été prise par le Chef de l’Etat qui avait son dernier mot à dire qu’il fallait que ce soit moi qui dirige la liste, dans la 18è circonscription. N’oubliez pas que j’étais un membre des Fcbe. Il m’a été fait savoir que je devrais participer aux efforts des membres de l’alliance Fcbe pour dégager une majorité comme l’a souhaité le gouvernement.
Sur la gouvernance du régime Yayi
« J’ai noté qu’au fil des années, la qualité de la gouvernance s’est détériorée et cette mal-gouvernance s’est caractérisée par des faits de corruption avérée, le problème de la qualité des nominations, la gestion des finances publiques. Etant à la place où je suis, j’ai beaucoup d’informations. S’agissant du siège de l’Assemblée nationale, bien avant le passage des marchés, j’avais dit qu’il fallait mieux éviter de donner le marché à certaines entreprises. Je l’avais dit au Chef de l’Etat. J’avais ce pressentiment fort que ça n’allait pas marcher compte tenu de l’importance des fonds à mettre en œuvre. J’ai pris des initiatives pour convaincre les acteurs. Nous n’avons mis en place une Commission parlementaire parce qu’il y avait une action qui était engagée là-dessus. La Conférence des présidents a rencontré à plusieurs reprises le Ministre en charge de l’urbanisme à qui nous avons dit un certains nombre de choses. Nous avons mis en place un comité de suivi. Déjà au niveau du dépouillement et de l’analyse des offres, nous avons constaté des irrégularités et notre représentant a refusé de signer le procès verbal. Nous avons pris l’opinion publique à témoin parce que nous avons posé une question orale au gouvernement qui a été largement débattu. Au cours de ce débat, j’étais vraiment énervé parce que ce n’était pas une bonne chose qu’on engloutisse 14 milliards F Cfa. Le lancement des travaux a commencé en 2009 et le Chef de l’Etat prévoyait la fin des travaux en 2 ans. Malheureusement, rien n’est fait. Il y a un autre aspect au nombre des points qui ont fait que j’ai quelques déceptions. C’est certains comportements et certaines pratiques de divisionnisme, de régionalisme, d’instrumentalisation ».
Rapport Nago avec Yayi
«A l’œuvre, on peut poser des actes qu’on peut regretter par la suite et qu’à partir de ce moment là, on peut améliorer les prestations. Mais vous savez que l’entourage peut y aider aussi. Quand vous avez les ouvriers de dernières heures. Quand vous regardez dans l’entourage, il y en a qui sont venus et qui pensent pouvoir rattraper le temps perdu, mais qui sont devenus des prestataires de services trop zélés. Disons que j’assume mon engagement. Je ne regrette pas de m’être engagé aux côtés du Chef de l’Etat sur la base de ses déclarations et de sa proclamation. Je dois avouer que les premières années ont été des années de passion, des années de conviction et j’ai eu du plaisir à travailler. Si vous interrogez d’autres responsables qui ne sont pas aujourd’hui aux côtés du Chef de l’Etat, ils vous diront la même chose. Je me sentais libre de poser les actes que je voulais poser. Mais il y a eu des dégradations au fur et à mesure. Je ne vais pas parler au Chef de l’Etat qui est le premier magistrat de la Nation pour lui faire plaisir ou pour obtenir quelques fruits de lui. Lui-même sait que quand je viens, c’est pour dire ce qui peut arranger la Nation. Aujourd’hui même, malgré nos divergences, je veux continuer de contribuer à ce qu’il termine son mandat. Quand je m’engage dans un partenariat, je veux que chacun de nous fasse les choses avec sincérité ; et que l’on ne dise pas une chose et fasse une autre chose après. Je ne peux pas moi-même donner le mauvais exemple. Je disais que les divergences existaient depuis longtemps. Déjà à la 5ème législature et à la veille des élections présidentielles, le Chef de l’Etat nous avait réunis, nous qui sommes de sa majorité présidentielle au Palais des congrès pour présenter ses excuses pour un certain nombre d’actes qu’il avait eu à poser et qu’on lui reprochait. C’est vous dire qu’il y avait déjà des choses qu’on lui reprochait, non pas pour des critiques pour des critiques, mais pour construire et pour repartir sur de nouvelles bases. En tout cas, c’est la promesse qui nous a été faite ».
Rapport Nago et Talon
« La première fois que j’ai connu Patrice Talon, c’était dans le bureau du Chef de l’Etat. Ensuite, nous avons eu à collaborer quelque peu lors des élections présidentielles de 2011. Et puis, c’est cette fameuse affaire de Pvi-Nouvelle génération. Nous n’étions même pas au courant. Personne ne nous a parlé du programme Pvi. Le programme est apparu et nous avons commencé à en être informé le jour où les choses ont ‘’pété’’. C’est une prérogative du gouvernement, mais comme j’ai l’habitude de le dire, il vaut mieux associer le Parlement pour qu’au moment opportun, nous soyons nombreux autour des problèmes. Quand il y a eu cette affaire de Pvi et quand nous en avons été informés, bien évidemment nous étions allés échanger avec le Chef de l’Etat pour voir dans quelle mesure il fallait recoller les morceaux parce que ce n’est pas bon de s’attirer les foudres de guerre surtout quand il s’agit des opérateurs économiques qui créent beaucoup d’emplois. Je crois qu’avec le Chef de l’Etat, nous avons convenu au début de la crise que je puisse intervenir pour jouer le médiateur et je l’ai fait à la demande du Chef de l’Etat dans le cas de Talon. C’est à cette occasion que je l’ai reçu deux fois à la maison. C’était en 2012. Je l’ai fait aussi dans le cas de monsieur Sébastien Ajavon à la demande du Chef de l’Etat. Et je dois vous avouer que nous avons trouvé quelques solutions dont j’ai fait le compte rendu au Chef de l’Etat parce que je voulais d’un climat apaisé. Un développement ne peut se faire dans un climat de perturbation. Depuis ce temps, je n’ai pas eu de contact avec monsieur Patrice Talon. En 2013, j’ai suivi comme vous, toute la cabale qui a été organisée contre certains collègues comme quoi ils sont partis à Paris pour rencontrer monsieur Talon pour prendre de l’argent. Il y a même un collègue qui a été fouillé à l’aéroport, tout simplement parce qu’on estime qu’il est parti à Paris. Dieu merci, j’ai été préservé de tout ceci pendant deux à trois ans. Comme la deuxième affaire qui est intervenue, l’affaire tentative d’empoisonnement, je voudrais vous rappeler que quand cette affaire s’est éclatée, j’étais au Canada. J’ai dû écourter mon séjour au Canada pour aller dire mon soutien moral et politique au Chef de l’Etat. Soit dit en passant, quand j’ai quitté le Palais, j’ai reçu des coups de fil qui m’ont dit que le Chef de l’Etat estimait que j’étais complice de la tentative d’empoisonnement. Je n’ai pas manqué de retourner le voir pour le lui demander. Il m’a dit qu’il n’avait jamais dit ça. Je rappelle que c’était un certain nombre de gens très proches du Chef de l’Etat qui m’ont appelé. Du reste, il y a beaucoup d’autres qui ont été accusés. On a estimé que ce coup allait profiter à quelqu’un et que j’avais exprès voyagé. Je ne suis pas un friand de pouvoir. Je ne m’accroche du tout pas au pouvoir et je n’avais rien organisé pour avoir le pouvoir. Pendant un certain temps, je n’ai pas cru devoir prendre contact avec Patrice Talon pour des questions d’engagement et de fidélité. Maintenant, ils ont le montage des photos d’un certain nombre de collègues ».
En conclusion
La mission qui m’a été confiée, je dois pouvoir le faire de façon honnête et efficace. Ensuite, il s’agit de mettre en place un processus démocratique qui nous ait cher et qui nous a permis d’être bien regardé, apprécié et que nous devons tous préserver. Nous devons tous œuvrer à cela. Ceux qu’on a aujourd’hui en tant que gouvernants, je sais que la tâche n’est pas facile. Il faut qu’on les aide. Les aider, ce n’est pas les encenser. Les aider c’est aussi accepter les critiques. Ce que nous faisions d’abord discrètement. Ensuite plus ouvertement ce n’est pas contre quelqu’un, ce n’est pas pour quelqu’un contrairement à ce qui se fait tous les jours. Chacun de nous devons aider le Chef de l’Etat pour qu’il termine en beauté son mandat et qu’il parte, qu’il sorte par la grande porte. C’est ce que moi je souhaite. Ceux qui auront la charge, il faut qu’ils acceptent cela
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