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La Presse du Jour N° 1935 du 23/7/2013

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Démarcation nette d’un cadre du septentrion : Amouda I. Razaki est contre la révision de la constitution sous Yayi
Publié le mercredi 24 juillet 2013   |  La Presse du Jour


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Le Magistrat Amouda Issifou Razaki fait exception à la kyrielle de cadres et députés du septentrion qui sont engagés pour la révision de la Constitution sous le régime de Boni Yayi. Pour l’ancien député, la Constitution ne peut pas être révisée en une période suspecte. Mieux, le projet de loi déposé au Parlement vise une réforme complète. Le seul motif valable est non écrit. Il s’agit purement et simplement de la création d’une nouvelle République qui permettra à Monsieur Boni Yayi de s’éterniser au pouvoir. C’est carrément une nouvelle Constitution ; et cela devrait suffire à la Cour Constitutionnelle pour dire que c’est une nouvelle République que le Président actuel veut créer.

La Presse du Jour : Honorable, quelle est votre position sur la révision de la Constitution ?
Avant d’aborder la question de la révision de la Constitution du 11 décembre 1990, permettez-moi d’exprimer une grave inquiétude quant aux véritables raisons et dessous des inlassables engagements du Président de la République devant les Béninois et toutes les autorités de ce monde à ne pas se présenter à l’élection présidentielle de 2016. Entrevoit-il une possibilité pour lui d’être candidat en 2016 ? Sinon pourquoi perdre son temps et celui des autres à s’engager à ne pas faire ce qu’on ne peut faire ? Ces engagements ne peuvent que vouloir dire autre chose ; et c’est ce qui inquiète. Il s’agit en réalité d’un engagement à vouloir modifier contre vents et marrées la Constitution qui ne lui permet pas d’être candidat.
Pour en revenir à votre question, j’ai acquis, à travers ses engagements sans cause, la conviction que Monsieur Boni Yayi est décidé à jouer des pieds et des mains pour modifier la Constitution béninoise afin de se présenter à la présidentielle de 2016.
En effet, il suffit de parcourir le projet de révision transmis à l’Assemblée Nationale pour comprendre qu’il s’agit d’une refonte profonde de la Constitution du 11 décembre 1990. Le remaniement complet du préambule, la nouvelle structuration du corps du texte et les nouvelles dispositions transitoires et finales en font une nouvelle Constitution. La date de la Constitution du Bénin ne sera plus, après le vote de ce nouveau texte, le 11 décembre 1990, mais plûtot la date de ce vote. Et ce jour-là, nous nous réveillerons dans une nouvelle République où les options fondamentales de la Conférence Nationale seront totalement remises en cause. En réalité, la conférence nationale aura été liquidée définitivement si ce n’est fait depuis. Et Monsieur Boni Yayi, contrôlant personnellement toutes les institutions de la République et détenant en plus les moyens et les secrets du K.O, se fera plébisciter Monarque du Bénin, je veux dire Président à vie.

Mais votre Réflexion peut ne pas être l’idée du Président Yayi ?
S’il en était autrement, il aura suffit, sans toucher à la structure de la Constitution, de prendre une loi constitutionnelle avec deux ou trois articles qui modifient et complètent la Constitution du 11 décembre 1990 par :
-la modification du préambule (encore qu’il n’y a aucune nécessité à le faire, le préambule contient de façon explicite ou implicite ce qu’on tient à lui ajouter) ;
-la création de la Cour des comptes
-la constitutionnalisation de la Cena (encore que la création de la Cena n’a jamais suscité aucun problème)
-l’imprescriptibilité des crimes économiques (encore qu’on n’a pas eu besoin de la modification de la Constitution pour la prescrire). Et d’ailleurs, la loi sur la corruption a réglé la question.
Il se voit qu’au regard des motifs même du Gouvernement, la révision de la Constitution du 11 décembre 1990 ne se justifie pas.
Le seul motif valable est non écrit. Il s’agit purement et simplement de la création d’une nouvelle République qui permettra à Monsieur Boni Yayi de s’éterniser au pouvoir.
Il y a, y compris parmi les FCBE, des gens de bonne foi qui s’en tiennent à ce qui est écrit. Ils devront comprendre qu’ils se trompent largement. Monsieur Boni Yayi surfe sur ce chapitre.

Mais on a évoqué la Constitution française ?
On a parlé de la Constitution française de la Ve République plusieurs fois révisée sans que cela n’entraîne la naissance d’une nouvelle République. Malheureusement, nous sommes au Bénin et non en France. Encore que les révisions dont il est question en France n’ont jamais induit la refonte totale de la Constitution de ce pays, mais d’une série de lois constitutionnelles chacune relative à un objet précis. On peut citer, entre autres, pour rester dans le cadre des préoccupations supposées de Monsieur Boni Yayi :
- la loi constitutionnelle n°93-952 du 27 juillet 1993 relative à la création de la Cour de justice de la République ;
-la loi constitutionnelle n°2007-239 du 23 février 2007 relative à l’interdiction de la peine de mort (constitution-nalisation de l’abolition de la peine de mort) ;
- la loi constitutionnelle n°76-527 du 18 juin 1976 portant modification des règles de la campagne électorale et des élections présidentielles ;
-la loi constitutionnelle n°2008-724 du 23 juillet 2008 portant modernisation des institutions de la Ve République ;
Aucune de ces modifications, et de toutes les autres non citées ici, n’ont entraîné la refonte de la Constitution française. On a eu affaire à la même Constitution avec telle ou telle disposition clairement définie et modifiée.

Que conclure au regard de tout ceci ?
Eu égard à toutes ces considérations, je suis comme tous les patriotes de ce pays épris de paix, de justice, de liberté et de dignité, contre la manipulation et l’infantilisation des populations.
Aucune modification de la Constitution de notre pays ne peut et ne doit se faire dans une période suspecte, c’est-à-dire la fin du premier mandat d’un Président de la République ou au cours d’un deuxième mandat, encore moins à la fin de celui-ci.
Je peux m’autoriser cependant à féliciter le Gouvernement pour toutes les réflexions intéressantes sur les insuffisances de la Constitution du 11 décembre 1990, même si ces réflexions laissent penser que ceux qui nous dirigent depuis 2006 nous donnent l’impression qu’ils viennent seulement d’en prendre réellement connaissance.
Il leur est loisible de les classer dans le dossier de passation de charges en 2016.

Propos recueillis par Junior Fatongninougbo

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