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UN/APC : comment le balai réussit là où la jarre trouée échoue
Publié le lundi 6 avril 2015  |  Autre presse
Union
© aCotonou.com par DR
Union fait la Nation




L’union fait la nation, dans sa constitution, se voulait un creuset de grands partis politiques dans une démarche de fusion, condition sine qua non d’accession au pouvoir. Elle a été créée par de grands partis de l’opposition qui ont compris que seule l’unité pouvait être une chance de remporter les élections présidentielles et législatives. De même, au Nigeria le parti APC qui vient de remporter les élections présidentielles et législatives s’est créé par la fusion de grands partis de l’Opposition dans ce même but : battre le parti au pouvoir dans tous les compartiment du jeu politique. Mais au Bénin, alors que l’Union fait la nation a échoué de façon lamentable, au Nigeria, l’APC a atteint son but. Qu’est-ce qui a fait la différence entre les fortunes de ces deux intentions politiques, au départ semblables dans leur objectif et leur méthode ?

1. L’Union fait la nation n’est pas à la hauteur de son nom : l ‘UN n’était pas unie ; elle n’était pas un parti ; mais une alliance de circonstance dans un but électoral. Alors que l’APC, était la fusion de plusieurs grands partis de l’opposition du Nigeria. L’UN n’était pas unie dans la mesure où, par exemple, la RB des Soglo faisait double jeu ; ce parti chauve-souris faisait partie des visiteurs nocturnes de la Marina ; il était dans l’UN le jour et fricotait la nuit avec le pouvoir. En effet, tout de suite après la prétendue victoire par K.-O. de Yayi Boni, la RB a rejoint avec armes et bagages le pouvoir en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. On n’imagine pas au Nigeria, des factions du PDP rejoignant le gouvernement de Buhari comme la RB l’a fait sans états d’âme au Bénin.
2. L’Union fait la nation a été constituée sur l’instigation d’hommes du sud, proches de Me Adrien Houngbédji et de son parti, et ils ont choisi pour cheval de bataille un homme du sud dont la victoire signifierait une alternance régionale à la tête du pays. Mais l’APC au Nigeria a été initiée par un homme du sud, le Yoruba Ahmed Bola Tinubu, qui a choisi pour cheval de bataille un homme du Nord ; si l’objectif visé par ces deux regroupements politiques est le même à savoir l’alternance politique et régionale au sommet de l’État, la différence se trouve au niveau des ténors du parti et de leur cheval de bataille : pour l’UN c’étaient pour la plupart des sudistes qui soutenaient un sudiste et pour l’autre c’étaient des sudistes et des nordistes qui soutenaient un nordiste
3. Troisième raison et non des moindres, la qualité et l’organisation du scrutin. Au Bénin nous avions un régime et un président qui ont mis en place une machine sophistiquée de trucage, de fraude et de subversion des résultats électoraux. Le président a commencé d’abord à nommer des hommes de main pour faire le sale boulot. Ce fut la nomination de Arifari Bako à la place de Épiphane Quenum à la tête du Coslepi pour superviser la constitution d’une liste frauduleuse, truquée et tronquée. La manœuvre s’est d’ailleurs soldée par l’invisibilité de la liste. Ensuite, il y a eu le rôle de la CENA et de son président M. Joseph Gnonlonfoun qui, moralement et intellectuellement est tout le contraire du président de l’INEC Nigérian, le Professeur Attahiru Jega, dont les Nigérians louent les qualités morales, le courage et le patriotisme. Alors que la CENA béninoise ne mérite pas le A final de son nom à savoir sa prétention à être autonome, l’INEC est restée conforme à une option éthique et pratique qui allait à la fois assurer son indépendance et son efficacité technique pour une élection libre transparente et juste voulue par le pouvoir. Enfin, il y a eu au Bénin l’estocade finale de la Cour Constitutionnelle entièrement aux ordres du pouvoir, qui achève le tableau peu reluisant d’un cordon d’institutions républicaines toutes instrumentalisées par le régime en place.

4. La quatrième et dernière raison est d’ordre diplomatique et international. En 2011, Yayi Boni avait réussi à être dans les bonnes grâces voire séduire ou corrompre les représentants des O.N.G. comme le PNUD, les partenaires techniques et financiers, l’ ambassadeur de l’Union européenne et surtout l’ambassadeur de France. Des promesses, des facilités, des profits et avantages avaient été faits ou accordés aux uns et aux autres. De telle sorte que par la corruption, dans la conscience sinon de ces pays ou organisations internationales, du moins de celle de leurs représentants, Yayi Boni avait réussi à faire rimer sa réélection avec leurs intérêts. L’opposition béninoise était le parent pauvre du soutien international, et loin d’être soutenue, elle était au contraire ouvertement combattue par les représentants corrompus de certaines organisations comme le PNUD qui, contre rétribution, avait pris fait et cause pour M. Yayi et son régime impie. Alors que dans le cas du Nigeria, les Organisations, les personnalités ou les puissances internationales, à défaut d’être ouvertement du côté de l’opposition, exerçaient une grande vigilance dans leur surveillance du scrutin. M. Obama, le président des États-Unis, s’est adressé par vidéo et par lettre au peuple nigérian. Dans son message, le président américain en appelait aux parties prenantes, à veiller à l’organisation d’une élection libre, juste et transparente. Il en appelait aussi à l’esprit de paix et de concorde dans le respect des règles démocratiques. L’ancienne puissance coloniale, la Grande-Bretagne, n’est pas restée les bras croisés. Par la voix de son premier ministre, la Grande-Bretagne a exprimé elle aussi les mêmes vœux et conseils aux dirigeants et hommes politiques Nigérians. Lorsqu’au lendemain des élections, il est apparu qu’une certaine tendance du PDP voulait appuyer sur la manette de la confiscation du pouvoir, d’une même voix, les ministres des affaires étrangères des États-Unis et de la Grande-Bretagne ont lancé un avertissement ferme au pouvoir de Jonathan.

Au total, comme on le voit, l’UN du Bénin et l’APC du Nigeria, deux regroupements politiques de l’opposition ayant eu les mêmes objectifs politiques au départ ont abouti à des fortunes différentes. Cela est dû au fait qu’au-delà de leurs intentions communes de départ, les moyens, et les méthodes n’étaient pas souvent les mêmes. Les conditions éthiques et politiques étaient souvent opposées. Un président enragé de fraude d’un côté qui a peu de respect de la Démocratie, tandis que l’autre, un président qui ayant un certain respect pour la Démocratie, comptait sur des élections justes et transparentes pour gagner ; des institutions instrumentalisées d’un côté tandis que de l’autre, elles étaient laissées libres dans une grande mesure. Enfin il y avait la dimension internationale qui a joué en faveur de l’opposition Nigériane alors que dans le cas du Bénin, le pouvoir a attiré à lui par toutes sortes de moyens impairs la faveur des représentants des ONG et de l’ancienne puissance coloniale appelée sans états d’âme à arbitrer le débat sur la base de ses intérêts néocoloniaux.

Dr Zephyrin Aklassato
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