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Joseph Djogbénou au sujet des élections au Bénin :« Nous devons donner une formidable leçon aux Africains »
Publié le mardi 7 avril 2015  |  Le Matinal
Maitre
© Autre presse par DR
Maitre Joseph Djogbénou




L’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) hausse une fois encore le ton. La pomme de discorde, ce sont les récentes nominations faites par le gouvernement sur fond de représailles des magistrats ayant condamné les maires Fcbe. (Lire la déclaration de l’Unamab).

Canal3 : Quelle lecture faites-vous du déroulement du scrutin au Nigeria, ainsi que du choix du nouveau président ?

Me Djogbénou : Le Nigeria nous ouvre une porte. A la suite du Burkina Faso, le Nigeria nous ouvre la fenêtre de l’espérance. Le Nigéria nous a mis dans un positionnement du possible. Le Burkina-Faso a traduit son aspiration à la démocratie par la rue. Le Nigéria l’a traduite par les urnes. Nous avons un choix à faire. J’ai l’impression que déjà le 29 octobre 2014 et les 10 et 11 décembre 2014, nous avons fait le choix des urnes, puisque ce que nous avions réclamé, c’est l’organisation des élections. Nous y sommes. Cela est-il possible ? La réponse nous est donnée par le Nigeria. C’est un sentiment de fierté d’abord, en tant qu’africain. Pourquoi de fierté ? Parce que nul n’avait pressenti cette issue heureuse dans un pays marqué par des violences que vous savez et surtout la réponse que Goodluck Jonathan a faite par rapport à la décision des Nigérianes et des Nigérians. Cela honore tout le monde et au-delà du Nigéria cela nous honore tous. Quel sera le comportement du Bénin. Allons-nous nous contenter de regarder les télévisions et d’apprécier les autres ? Voulons-nous que les autres nous apprécient ? Je pense que la première réponse sera donnée le 26 avril.

Le Bénin a-t-il des leçons à tirer du déroulement du scrutin au Nigeria ?

Parfaitement. D’abord sur l’organisation des élections. Depuis fort longtemps, nous parlions de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Nous discutons, nous discutaillons. Le vote au Nigéria est un vote électronique. Au Bénin, nous avons, sans doute, de sérieuses difficultés en matière d’énergie électrique. Mais le Nigeria a plus de difficultés que nous, pourtant cela a été possible. Ensuite Sur ce quasi continent avec une population de près de 200 millions de personnes, avec une population électorale de plus de 50 millions de personnes, on a pu proclamer les résultats en moins de 48 heures, 72 heures. Et enfin, le vaincu a très spontanément, alors que les recours ont été introduits dans certaines régions, appelé le vainqueur pour le féliciter. C’est simplement la célébration de la dignité de l’Africain, des Africains que nous sommes.

Ce qui s’est passé au Nigeria est-il une sorte de défi lancé au Bénin ?
Comment ne pas apporter une réponse plus heureuse que celle fournie par le Nigéria ? La population du Bénin est moins considérable que celle de Lagos. On a fait tout cela en moins de 72 h. Comment en tant qu’ être humain ne pas considérer que nous avons l’obligation et plus qu’une obligation, le devoir de faire mieux, de faire plus, d’être aussi digne comme les Nigérians. De considérer qu’en Afrique c’est possible, d’organiser à la perfection une élection. Nous attendons la Commission électorale nationale autonome (Cena). Nous n’allons pas prendre 8 jours pour proclamer les résultats. Et nous attendons la Cour constitutionnelle. Nous attendons les institutions en charge de l’organisation des élections sur ces questions. Le Nigéria nous a donné une belle leçon. Il nous appartient, à la suite du Sénégal, du Nigeria et bientôt du Burkina-Faso, quand on sait que les élections seront très bien organisées, il nous appartient de donner une formidable leçon aux Africains et d’être dans le concert des nations africaines qui se respectent et qui sont libres.

Qu’est-ce qui peut changer au niveau des relations entre les deux pays ?

Le Nigeria est une chance pour le Bénin. A certains égards, on considère que c’est le problème du Bénin. Mais tout problème peut être transformé en opportunité donc, le Nigeria est une chance pour le Bénin. L’avènement d’un nouveau régime voulu par les citoyens nigérians, à la suite d’un processus aussi bien organisé, mérite que le Bénin tienne le Nigeria en très grande considération. Et nous estimons et nous espérons que notre gouvernement tirera les conséquences et à la prestation de serment de Buhari, que le Bénin sera, au très haut niveau, représenté. Et bien entendu, puisque l’Etat étant une continuité, que les relations séculaires que nous avons puissent se poursuivre en s’améliorant. Ce n’est que le minimum qu’on puisse attendre. Mais l’approfondissement véritable des relations entre le Bénin et le Nigeria interviendra à partir du contrat que nous auront conclu en 2016.

Vous êtes maintenant entré en politique. Pourquoi ce choix ?

Les universitaires doivent contribuer au développement de la gouvernance. Cela voudrait-il dire que les politiques ne contribuaient pas à l’amélioration de la gouvernance ? C’est peut-être le constat que nous avons établi. Non pas que c’est dans l’absolu que les politiques ne contribuent pas à l’amélioration de la gouvernance, mais qu’il faille renforcer l’espace politique. Il faille assumer le fait qu’on est citoyen. Un citoyen non pas entièrement à part, mais un citoyen à part entière. Et que lorsque dans une société telle que la nôtre, vous avez fait l’école Gbégamey-nord comme moi, le collège public Aupiais, que vous avez fait l’université, que ce pays vous donne tout et que vous dites que vous êtes avocat, que les honoraires suffisent, les enseignements suffisent. Alors que vous formez les personnes qui ne trouvent pas de l’emploi, que vous n’avez pas de routes, d’énergie, d’hôpitaux, que vous dites que vous pouvez facilement aller à l’extérieur, je dis qu’il y a une sorte d’indignité, d’irrespect, de ce qui à fait de vous ce que vous êtes. On a tiré les conclusions avec un certain nombre de collègues et de camarades et nous considérons qu’il faut renforcer l’espace politique. Parce que les mots dont souffre notre pays ont une cause politique. Ce n’est que par la politique que l’on puisse se renforcer. Regardez la 16ème circonscription électorale. Si nous n’étions pas engagés, c’est le fils du président qui ira à l’Assemblée nationale. Nous avons besoin d’un Parlement de qualité. Quel modèle voulez-vous que nous proposions aux jeunes ? Quel modèle ? Quand on quitte l’école Montaigne, on devient député. Quel modèle voulez vous qu’on propose. On a des centaines de milliards qu’on distribue. Quel modèle vous voulez ? On est dans toutes les institutions financières. Quel model vous voulez que moi qui suis enseignant, je propose ? Voulez-vous que je leur dise de prendre le chemin qui est le mien, fait de dizaine d’années d’enseignement. Prendre le chemin qui est le mien ou de prendre quel chemin ? Alors, il faut aller en politique. Il faut rencontrer les femmes de Dantokpa, celles de Gbégamey pour leur dire concrètement les défis qui sont les nôtres et que les hommes et les femmes en capacité d’apporter des solutions, sont dans ce pays. Nous n’allons plus faire comme par le passé ou une partie de l’élite considère que la politique est pour les autres. Dans ce pays, nous sommes tous et toutes des hommes et des femmes de foi. Nous considérons donc que la petite lumière, si lumière il en a, peut éclairer là où il y a de l’obscurité. Et donc c’est un engagement. Nous faisons partie de l’élite et nous l’assumons. Mais il faudrait que cette élite apporte sa contribution. La qualité de l’élite dépend de son implication dans la société. Nous considérions que ce dont nous avons besoin, c’est de renforcer la classe politique, se battre, ne pas être au-dessus de la société mais, avec nos compatriotes. Nous venons de vivre 10 années, mais faut-il qu’on continue avec cela. Pour éviter cela, il faudrait que nous rentrions en politique.

Vous dites que vous voulez mener un combat en allant à la politique. Mais ce combat vous le menez déjà en tant qu’acteur de la société civile. Est-ce que votre voix portait ? Est-ce qu’elle est plus audible aujourd’hui qu’hier ?

Je ne renie pas ce que nous avions fait dans les associations. Fort heureusement, je ne le renie pas. J’invite les jeunes à passer du temps dans les associations que dans les partis politiques. La formation à la vie, c’est cela. C’est d’ailleurs parce que ceux qui nous dirigent au plus haut niveau, n’ont pas été éprouvés dans les associations, dans les cellules des partis, n’ont pas diriger des groupes d’hommes à conduire une réunion que nous sommes au niveau que nous déplorons. Donc, il faut militer. Cela dit, est-ce qu’il faut se contenter des associations ? Je commence par considérer la réponse négative. Pourquoi ? Parce que la décision qui préfère renforcer le palais de la Présidence de la République des dizaines de milliards, au lieu de renforcer l’Hôpital Hubert Maga, alors que 95 % risquent de franchir les portes de l’Hôpital Hubert Maga et moins de 5 % les portes du Palais de la République ; cette décision est politique. Vous pouvez être le plus grand militant d’association, vous ne pouvez rien changer. La décision qui compose la Cour constitutionnelle est une décision politique. La décision qui désigne les magistrats est une décision politique. Là où la voix est plus utile, plus pertinente, pour les Etats africains, les élites ont l’obligation de s’y engager. Je me retrouve peut-être avec ces groupes d’intellectuels des années 30, Camus, Sartre, Césaire qui parlent d’intellectuels engagés. Le moment est venu de s’inspirer de ces mots d’ordre, de s’inspirer de ces idées et de considérer que l’intellectuel n’a pas d’utilité pour son pays lorsqu’il se contente de son boulot. Nous sommes en période de pluie. Alors que Cotonou est inondé et que nous autres, nous pouvons avoir quelques visas pour prendre quelques congés en attendant la sécheresse, je pense que ce n’est pas juste. C’est pour cela que nous sommes en politique.

Mais vous n’avez pas commencé par le bas. Aussitôt après votre entrée en politique, vous vous êtes positionné pour les présidentielles. Avez-vous déclaré votre candidature ?

Tout est possible pour autant que nous avons toutes les aptitudes, les qualités, la capacité et que la loi ne nous refuse absolument pas d’être candidat, même au poste de Conseiller municipal, nous n’allons rien laisser, nos amis et moi-même. C’est pour cela que très tôt, nous nous sommes empressés de mettre en place un parti politique. C’est pour cela que très tôt nous nous sommes engagés à aller en alliance avec d’autres partis politiques. C’est pour cela que très tôt, nous avons contribué à cette formidable coalition qui a porté le mouvement des 10 et 11 décembre. C’est pour cela que très tôt, nous sommes dans la construction d’un projet de société. Mais pour le moment, ce sont les élections législatives. Pourquoi parler de la présidentielle, alors qu’on considère qu’on aura 50 députés, qu’on veut réviser la Constitution. Pourquoi parler des présidentielles si la constitution était révisée, si les 50 députés allaient au Parlement ? Il est fort possible et probable que nous n’ayons pas d’élections présidentielles. Et donc nous devons nous concentrer. Et pour le moment nous nous concentrons sur l’organisation des élections législatives et sur la contribution de qualité qu’avec d’autres, nous apportons à l’organisation de ces élections législatives.

Votre passage sur la liste Un constitue certainement pour vous une bouée de sauvetage.

Bouée de sauvetage ? On verra bien au soir du 26 avril. Mais une décision courageuse, je pense que oui. Je voudrais vous rappeler que c’est à la date du dépôt des dossiers que le ministère de l’intérieur a jugé bon de nous délivrer le récépissé nous permettant de nous considérer véritablement comme un parti politique, alors que nous avons déposé la demande un an plus tôt. N’ayant pas la réponse du ministère, nous avons dû assigner l’Etat béninois devant le tribunal de première instance de Cotonou et que manifestement n’ayant pas le récépissé et que ne pouvant pas publier ce récépissé conformément à la loi, nous ne pouvions pas, seuls, présenter des candidats. Même si cela était possible, l’essentiel étant d’avoir la qualité et le nombre de députés possible à l’Assemblée nationale pour organiser la campagne de résistance de l’intérieur, même si nous avions le récépissé, nous nous serions approché des acteurs politiques et organiser cette alliance. C’est avec beaucoup de bonheur que nous l’avons fait et nous sommes totalement heureux d’être sur la liste Union fait la nation. C’est le résultat de négociations qui n’ont pas été difficiles. Sur cette liste, c’est la cohérence des acteurs qui ont tout le temps martelé qu’il ne faut pas réviser la Constitution. La cohérence des acteurs qui sont restés dans l’opposition avec constance. Et cette cohérence est nécessaire pour permettre à la population de faire un choix sérieux.

Avez-vous été facilement acceptés, vous membres de Alternative citoyenne, au sein de l’Un ?

Nous ne sommes pas dans l’Union fait la nation. Il faut faire la clarification. Nous sommes dans une alliance qui nous conduit aux élections législatives. Nous sommes dans une sorte de mutualisation des intelligences, des ressources, de nos capacités et dire à nos compatriotes que nous pouvons les représenter dignement à l’Assemblée nationale et que nous devons les représenter pour éviter que la Constitution soit révisée et pour renforcer la qualité de nos lois. De ce point de vue, nous ne sommes pas dans l’Union fait la nation, nous sommes dans un partenariat avec l’Un mais, un partenariat heureux. N’attendez pas des acteurs politiques qui sont en compétition de vous dérouler le tapis rouge. Pour conquérir le Bénin, pour proposer une alternative, il faut convaincre les partis politiques. C’est une épreuve. Donc à dire que l’Un nous a accueilli les bras ouverts, ce ne serait peut-être pas coller à la vérité. Mais considérez qu’avec beaucoup de rigueur et de ferveur, nous avons discuté et nous sommes arrivés à ce résultat, de proposer une liste, et j’en suis très heureux.

Transcription : Hospice Alladayè
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