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Réflexion sur le livre : « l’Assemblée nationale du Bénin (5e législature, 2007-2011) : histoire d’une décadence » de D. DEBOUROU
Publié le mercredi 31 juillet 2013   |  jolome.com


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© Autre presse par DR
Assemblée nationale du bénin


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Il inscrit son nom dans les annales de l’histoire politique du Bénin. Positivement ou négativement ? L’actuel premier questeur de l’Assemblée nationale Djibril Mama DEBOUROU s’est fendu d’un essai pour relater les faits d’armes dont il a été témoin sous la cinquième législature. Un écrit à « chaud » de l’histoire. L’ouvrage a de quoi atterrer et estomaquer plus d’un. Des accusations tous azimuts, des non-dits sur la spirale d’événements survenus au cours de la période, une plume virulente et sans retenue. J’ai lu pour vous ce livre et voici ma réflexion. Pour une meilleure compréhension, je vous suggère de bien lire d’abord le préambule qui vous plonge tout doucement dans cette réflexion.

Préambule

Par ces temps de brise de ce mois de juillet, j’ai échangé, il n’y a pas si longtemps avec l’un de mes ainés et confrère accrédité au parlement. Un bref entretien qui a eu lieu dans la cour du Palais des gouverneurs, juste à la fin d’une séance plénière. Ce jour-là, Fortuné AGUEH, m’a envoyé quelques mots d’encouragement auxquels j’ai été sensible, pour avoir lu, dit-il, mon compte rendu de lecture du roman « Un os dans la gorge des dieux ». Sur ma page facebook, j’ai même promis d’en faire de même pour le roman « La guerre des choses dans l’ombre » du même auteur Gaston ZOSSOU. Alors, Fortuné a voulu s’enquérir des nouvelles de cette promesse. Aussi, m’a-t-il demandé si je ne suis pas intéressé par la lecture du livre intitulé « L’Assemblée nationale du Bénin (5e législature, 2007-2011) : histoire d’une décadence » lancé quelques jours plus tôt. Son auteur est l’actuel premier questeur de l’Assemblée nationale, Djibril Mama DEBOUROU, de surcroit enseignant de rang magistral. Je lui ai manifesté mon accord. Le soir, l’épiderme de ma conscience m’a interpellé sur nos échanges. Une fois ce livre de gare en main, je l’ai lu d’une seule traite.

A tout point de vue, c’est un ouvrage inédit. Sans fioriture, c’est à l’honneur de l’auteur. Je me suis pâmé d’admiration pour lui. Puisque, peu d’acteurs politiques béninois laissent des écrits pour la postérité. Mieux, pour avoir été soi-même acteur. La préface du professeur Abiola Félix IROKO en dit long : un essai « soutenu de bout en bout par la finesse de l’analyse et la profondeur méthodologique ». Mazette ! Djibril Mama DEBOUROU, à la page 74 mentionne « le respect de la déontologie qu’impose CLIO à ses adeptes, car l’histoire immédiate exige radicalement des omissions volontaires ». Autrement dit, c’est en s’arc-boutant à cette déontologie que l’auteur a rédigé son livre. Que dit alors cette déontologie de CLIO ? Sans aucun doute, vous vous êtes posé aussi cette question.

CLIO est l’une des neufs muses de la mythologie grecque, patronne de l’Histoire. En effet, l’universitaire Jean-François SOULET est un pionnier, un praticien et un défenseur de l’histoire du temps présent (qu’il appelle histoire immédiate). Cette déontologie de CLIO se résume dans son ouvrage intitulé « Histoire immédiate : historiographie, sources et méthodes ». Ce spécialiste de l’histoire du monde communiste rappelle que le praticien d’une écriture « à chaud » de l’histoire doit maîtriser une énorme documentation qui n’est plus exclusivement fondée sur l’écrit et qui n’émane plus majoritairement des Archives publiques. Quant aux sources de l’histoire immédiate et à ses méthodes, SOULET soutient que le chercheur doit maîtriser pour les exploiter : les archives, la presse, les sources littéraires, les sources orales, les sources iconographiques et audiovisuelles, les sources numérisées et l’Internet.

Par ailleurs, une fable m’a toujours impressionné. Elle est symptomatique aux faits évoqués dans le livre en question. Cette fable révèle les perceptions différentes pour des observateurs différents. Le journaliste Herbert STRENTZ l’a rapporté si bien, aux pages 16 et 17, de son livre intitulé « De sources bien informées…, l’enquête journalistique ». « La fable des aveugles et de l’éléphant, parce que son enseignement est clair, est souvent utilisée pour montrer comment les gens voient les choses différemment. Peut-être se souvient-on qu’un des aveugles tâtait les pattes de l’éléphant et prenait l’animal pour un arbre ; un autre tâtait sa queue et déclarait que c’était une corde ; un troisième tâtait son flanc, qu’il trouvait tout à fait semblable à un mur ; Celui qui tâtait son oreille parlait d’un éventail. « Cela ressemble plutôt à un épieu », disait celui qui tâtait les défenses ; quant à celui qui tâtait sa trompe, il pensait que le pachyderme ressemblait à un serpent, si toutefois il ressemblait à quelque chose. Chacun avait une version de la vérité ; malheureusement, même en mettant les différentes versions bout à bout, on n’obtient pas un éléphant».

Un proverbe russe enseigne que dans la mare des mensonges, il ne nage que des poissons morts. « Quelles que soient nos infirmités personnelles, la noblesse de notre métier s’enracinera toujours dans deux engagements difficiles à maintenir : le refus de mentir sur ce que l’on sait et la résistance à l’oppression. » Quel journaliste ne souscrirait-il pas, tripes et boyaux, à cette profession de foi du journaliste écrivain Albert Camus ?

Ce préambule est, on ne peut plus utile pour la compréhension de l’analyse à suivre. Soit ! A la fin de cette réflexion qui sera un tantinet longue, je devine que les personnes mises au banc des accusés vont se hâter à lire le livre. Le commun des mortels pourra, lui, se faire sa religion sur cette fameuse fable des aveugles et de l’éléphant, comprendre si cette déontologie de CLIO évoqué a été respectée ou non et éventuellement porter ses appréciations sur bien d’autres informations ébruitées.

Pépites chapitre par chapitre

L’essai « L’Assemblée nationale du Bénin (5e législature, 2007-2011) : histoire d’une décadence » est subdivisé en trois parties.

La première partie traite de la rentrée solennelle des députés et de la mise en place des structures de la 5ème législature. (Page 23 à Page 87) La période indicative, selon l’auteur est de mai à juin 2007. Rien de croustillant. Remarquez toutefois, cet antagonisme dans l’explication donné du mot « changement » à la page 21 : « slogan, cri de ralliement et fondement de l’orientation politique prônée par Boni YAYI pendant la campagne électorale des présidentielles de 2006 ». A la page 94, c’est une autre version du « changement »: « volonté d’accumuler la richesse pour mieux la répartir parmi l’ensemble de la population béninoise ». De mémoire, toux ceux qui ont tenté d’affirmer, en son temps, que le changement prôné par le président Boni YAYI était un slogan étaient purement et simplement sur la sellette. L’un des mérites de ce livre est aussi d’avoir non seulement réaffirmé mais d’écrire noir sur blanc à la page 29 que « quand Boni Yayi succéda au président KEREKOU, les caisses de l’Etat étaient vides ». Le mystère est toujours entretenu sur le montant exact retrouvé. Zéro franc CFA ou un brin de billets ? Si c’est un peu, combien ? D’ores et déjà, l’équivoque mérite d’être levée par qui de droit.

Parlant de l’ancien président de l’Assemblée nationale, l’auteur affirme, à la page 71 que le député Antoine Kolawolé IDJI a été « ministre des affaires étrangères pendant huit (8) ans » sous le régime défunt. En réalité Antoine K. IDJI a été nommé en 1998 dans le gouvernement de KEREKOU et en est sorti en 2003 suite à son élection en tant président de l’Assemblée nationale. Quand on fait le décompte, cela fait cinq (5) ans et non huit. Et même si l’ancien ministre des affaires étrangères était nommé dans le premier gouvernement de KEREKOU en 1996, le calcul de 1996 à 2003 fait sept (7) ans. Anachronisme tout court. L’auteur a aussi fait remarquer que la parfaite idylle entre les députés de la majorité présidentielle, un groupe de bric et de broc, a duré jusqu’à l’adoption du budget 2008. Autrement dit, jusqu’à fin décembre 2007.

« Les premiers mois de l’année 2008 furent apparaitre les signes captieux des fâcheux contrecoups, des compromis péniblement obtenus en début de législature. Commença alors une ère mi-figue mi-raisin qui installa sournoisement une atmosphère d’intrigues ». Une vérité consignée tout bonnement à la page 75 qu’on ne saurait nier en plein midi. Seulement, pour une écriture « à chaud » de l’histoire, le rappel de ces « fâcheux contrecoups » méritent un rappel accompagné d’explications afin de justifier le titre de l’ouvrage.
La deuxième partie couvrant la période de février à avril 2008 aborde la crise ouverte. (Page 89 à 135). Il est évoqué les raisons de la crispation, les actes de fourberies et de trahison et l’installation d’une atmosphère délétère. Cette partie est très intéressante. Elle est faite des accusations tous azimuts : députés de l’opposition, personnel administratif, agents de sécurité en poste au parlement, syndicalistes de l’administration publique, presque tout le monde sans exception. Tout de même, un oubli ou une omission de taille. Les singes qui déambulent dans la frondaison des arbres du Jardin des Plantes et de la Nature (JPN) sont passés entre les gouttes du vitriol. Ces singes fréquentent, de temps à autres, le Palais des gouverneurs de Porto-Novo. Et pour cause, le JPN est à mur mitoyen de l’institution parlementaire. Soit dit en passant, ces singes ont aussi marqué la vie du parlement à un moment donné. Maudits singes ? La suite vous en dira, un peu plus sur ces bêtes impertinents.

« Le président de la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA), membre de l’opposition, falsifia les résultats parvenus au siège de l’institution chargée d’organiser les élections » (Page 101). Le président de la CENA des élections communales et municipales de 2008 a été nommément cité et je me garde de relayer les propos de l’auteur. Mes doigts de plomb ne sont pas parvenus à saisir les affirmations de l’auteur. Je n’ai simplement eu que mes yeux pour les lire. Et là, je me suis interrogé de regard à la lecture de certains passages. Il m’est parfois arrivé de me tourner et me retourner sur mes fesses comme à la recherche d’un meilleur équilibre. Etonnement. Tant les accusations et les mots utilisés dépassent l’entendement. Vrai ou faux les faits évoqués ?

La presse est qualifiée de pro opposition. La négociation en catimini de certains députés de l’opposition, à l’insu de leurs collègues est divulguée. L’Union fait la Nation est clouée au pilori. Les faiseurs de rois qui ont grenouillé à l’envi sont cités. Ne vous attendez surtout pas à lire des noms, des dates, des témoignages ou mieux encore des confidences des mises en cause. Rien.

Le clou du livre est dans la troisième partie consacrée au courant de la dérive entre 2010 et 2011. (Page 137 à 187). On y trouve l’analyse de l’auteur sur le rôle des syndicats, des médias sans oublier la situation à la veille des élections, présidentielle et législatives de 2011. Le vitriol sur les syndicats de la santé, de la fonction publique, des finances, bref des fonctionnaires de l’administration publique est à son comble. Le mutisme de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) et de l’Observatoire de la Déontologie et de l’Ethique dans les Médias (ODEM) saisis sur certains dossiers leur a valu une dose de critique. Que ce soit la HAAC présidée par Ali ZATO ou celle de Théophile NATA.

Un détour est fait sur l’affaire Urbain DANGNIVO pour brocarder vertement la presse « partisane » et les syndicats « manipulés ». Des piques sont envoyées à la cantonade des médias et des syndicats. Parfois, nommément. Je suis convaincu que le gouvernement n’a pas intérêt à faire disparaitre un citoyen. Le burlesque, c’est de condamner les « brûlots » des journalistes, pour avoir émis des réserves sur le corps déterré à Womè. Aux yeux de l’auteur, ces journalistes ne sont, ni plus ni moins, des plaies d’Egypte. Sur ce sujet à polémique, je voudrais humblement cité le livre intitulé « Place Beauvau, la face cachée de la police » de 410 pages écrit par trois journalistes d’investigations : Olivia RECASENS, Jean-Michel DECUGIS et Christophe LABBE. Le lecteur s’y délecte des fuites organisées et des dessous de table au sommet de l’Etat français. Place Beauvau, c’est la désignation du ministère de l’intérieur en France. Un peu comme l’Elysée pour désigner le Palais présidentiel ou encore Palais Bourbon pour désigner le parlement. Beaucoup comprendront aussi à la lecteur de l’ouvrage « Place Beauvau, la face cachée de la police » comment les informations glanées par le service secret des renseignements généraux sont exploitées par l’exécutif afin de vouer aux gémonies des adversaires politiques ou faire plier des hommes d’affaires.

« Dans les combats sans merci déclenchés à l’Assemblée nationale, des députés de l’opposition appelèrent les dieux à leurs secours. Ils jonchèrent, par conséquent, la cour du Palais des Gouverneurs d’objets divers enterrés là où c’était possible. Parmi ces objets enfouis sous terre, on exhuma deux (2) figurines représentant Mathurin Coffi Nago et Thomas Boni Yayi. Ornées de tissu grossier ensanglanté et coloré à l’huile de palme, elles étaient piquées chacune d’un nombre impressionnant d’aiguille » (P.139). De cette découverte insolite, l’auteur ne cite aucun repère dans le temps. A tout le moins les témoins. La gestion de ce fait divers. Rien. Une auto victimisation ?

La fiction, c’est quand l’auteur aborde un fait divers de matières fécales dans lesquelles il s’est assis sur son siège dans l’hémicycle. Des matières fécales de singe, avait-on dit, au moment des faits. Là-dessus, Djibril Mama DEBOUROU écrit que « la presse se garda bien d’informer l’opinion publique sur ce fait divers, probablement plus intéressant que certains potins dont les journalistes affublent leurs papiers ». Jusque-là, je pensais à quelques erreurs d’appréciation d’un homme de lige de la majorité présidentielle. Vogue la galère ! La lecture de ce bout de phrase m’amène à me questionner sur cette fameuse déontologie de CLIO. Je voudrais alors citer deux journaux : Le Challenge et Fraternité. Pourquoi le choix de ces deux quotidiens ? D’abord, l’incident est survenu le mardi 16 décembre 2008 et je suis auteur de l’article publié le mercredi 17 décembre 2008 dans le premier des deux quotidiens sus cités. L’article était titré : « Fait divers hier à l’Assemblée nationale : De mystérieux excréments retrouvés sur le siège de DEBOUROU créent la débandade ». Il est fait mention du second, car le journaliste ayant relayé ce fait divers ne pourra plus venir exhiber son article pour contredire Djibril Mama DEBOUROU. Son article publié le mercredi 17 décembre 2008 est titré : « Bénin: Des matières fécales entachent l’honorabilité des députés ». C’était signé feu Léandre ADOMOU. Paix à son âme ! Au nom de l’Internet, l’une des sources de l’histoire immédiate, vous pouvez vérifier cet article. Ne cherchez même pas à savoir le site. Une simple recherche dans Google suffit. Quant aux autres confrères, ils pourront confirmer ou infirmer les propos de l’auteur.

En outre, relatant les écrits de quelques journalistes, le premier questeur Djibril Mama DEBOUROU évoque le titre d’un article lu dans un canard : « Relations candidats de l’UN avec les media, Houngbédji reçoit à déjeuner les patrons de presse ce jour ». Ce titre a inspiré le questeur à analyser à la page 157 de son livre: « En y réfléchissant, on pouvait supposer, à juste titre, que ces genres de rencontre n’étaient pas dénués d’arrière-pensée politique nauséabonde qui répandait instantanément ses effets dans la rue ». Pourquoi voir le mal partout ? En lieu et place de suspicion à n’en point finir, l’auteur aurait aidé ses lecteurs en révélant ses investigations sur ce qui s’est passé à ce déjeuner.

Pour la réminiscence, je voudrais évoquer le déjeuner du président de l’Assemblée nationale Mathurin Coffi NAGO, le vendredi 26 septembre 2008, à la salle polyvalente du Palais des gouverneurs avec le Réseau des Journalistes Accrédités au Parlement (REJAP). Une rencontre au cours de laquelle le président de l’Assemblée nationale a fait part de ses convictions et ambitions. Doit-on, coûte que coûte, y deviner d’arrière pensée ? Bis repetita le vendredi 5 février 2010 au restaurant le Berlin à Cotonou pour échange de vœux du nouvel an. A ce deuxième rendez-vous où des patrons de presse étaient conviés, le président Mathurin Coffi NAGO a dit tout son engagement à offrir de meilleures conditions de travail aux journalistes accrédités au parlement.

Du fait que la France soit une référence historique pour le Bénin, je citerai un ouvrage intitulé « CARLA, une vie secrète » de 298 pages écrit par Besma LAHOURI. Dans cet ouvrage, la journaliste d’investigation évoque des rencontres organisées à l’Elysée avec des journalistes. Est-ce à dire que des pontes de la majorité présidentielle au Bénin n’ont jamais invité à déjeuner ou à dîner des journalistes ? A la vérité, ces gens de pince-fesses sont légion. Il n’y a aucun mal en cela.

Des cadavres dans le placard

C’est un secret de polichinelle que la cinquième législature de l’Assemblée nationale a été marquée par une spirale d’événements inédits. Une première dans l’histoire politique du Bénin qui n’honore pas l’institution parlementaire. Le mystère reste encore total et entier sur quelques faits importants ayant marqué la période choisie par l’auteur. Un proverbe professe : « Qui n’entend qu’une cloche n’entend qu’un son ». Autrement dit, qui ne dispose que d’une seule source d’information n’a pas une connaissance juste et sûre, bref exhaustive. A la lecture de ce livre, j’ai l’impression, en ce qui me concerne et pour mon expérience de journaliste accrédité au parlement, que des zones d’ombre subsistent. Ils se bruissent beaucoup de choses auxquelles l’auteur n’a guère apporté de précision.

Par exemple, quel a été le comportement des députés de l’opposition une fois que le 83ème député Séfou FAGBOHOUN a retrouvé son siège au parlement le lundi 7 juillet 2008? D’autant que ce dossier était parmi tant d’autres, l’un des plus brandis par l’opposition pour justifier son désamour avec le président NAGO. A combien se négocie un député pour le vote d’un budget de l’Etat ou pour le vote de ratification d’accord de prêt? Dans l’éphéméride du parlement béninois, on peut oublier toutes les dates. Cependant, il y est, une qui résiste à l’amnésie. Je conserve dans mes mémoires, tout comme beaucoup de gens, la date du jeudi 13 janvier 2011. C’était au plus fort du mercato politique béninois. Contrôle de la CENA oblige. Le premier secrétaire parlementaire Joachim DAHISSIHO a rompu, tout à trac, les amarres de l’opposition. Il rejoint alors la mouvance présidentielle et devient sans nul doute, l’un des transferts les plus onéreux de l’arène politique béninoise. Un coup de théâtre mais également un coup de tonnerre. Bien sûr, avec son onde de choc. Cette démission a fait perdre à l’opposition le contrôle de la CENA. Question de curiosité : A combien se prise ce transfert ? Des esprits éveillés, du moins avides de lumière, sont encore en proie à des non-dits dans ce livre. Leur cerveau attend d’être gavé de connaissances.

Expectative comblée on non ?

Une décadence, c’est l’état de ce qui commence à tomber. Selon le Robert illustré 2012, c’est l’«acheminement vers la ruine». A la lecture du titre de cet essai, on est en droit de s’attendre à lire des faits d’armes ayant marqué la vie de l’institution parlementaire sous la cinquième législature d’avril 2007 à mai 2011. Des faits appuyés de dates, des explications, des témoignages, des confidences… Cet essai est tout simplement enclin à la critique. Une volée de bois vert. Aucun secteur n’y a échappé. Une critique révélée au moyen d’une plume directe, alerte, acerbe et surtout à la hussarde.

Les journalistes « confusionnistes, licencieux et partisans » ont eu leur dose létale (PP. 42, 110, 111,152…), la HAAC et l’ODEM ont été immergés dans du cambouis (P. 157, 158…). Des flèches acérées ont été aussi décochées aux députés opérateurs économiques véreux. Leurs portraits présentés les dévisagent à suffisance. Les acteurs politiques qualifiés d’activistes avec une mention spéciale à certains ténors ne sont pas du reste (P128, 129, 151…). La décharge est à profusion. Les agents de l’administration de l’Assemblée nationale, les agents de sécurité en poste au parlement avec à l’appui, un doigt accusateur de leur chef, les organisations syndicalistes, des hommes d’affaires, les fonctionnaires de l’administration publique, des citoyens…bref, nul n’a échappé à la douche caustique. Cerise sur le gâteau, le livre révèle des faits antagoniques, quelques anachronismes, des omissions qui trahissent le titre de l’ouvrage avec en toile de fond un silence abyssal sur certains faits.

Pour ma part, des détails ont manqué. « C’est le détail qui donne de l’éclat à nos propos », affirme Dale Carnegie, leader mondial de formation en leadership dans son livre intitulé « Comment parler en public ». Et depuis le lancement de l’ouvrage, personne n’a pipé mot. Doit-on conclure, de facto, que pour cacher quelque chose à un africain, c’est de l’évoquer dans un livre ? C’aurait été une conférence de presse de dénonciation relayée par les médias que les accusés, à brûle-pourpoint, vont gloser.

Je brûle même de désir, à la lecture du livre, de tenter dare-dare une aventure littéraire avec pour titre provisoire : « La Chronique d’une vraie décadence sous la 5ème législature de l’Assemblée nationale». Mais, ce titre contribuerait-il à redorer le blason d’une institution où on l’observe une certaine accalmie sous la 6ème législature ? Rien n’est moins sûr. Des langues doivent se délier pour apporter une éventuelle contradiction. Sinon, qui ne dit mot, consent. A tout éventuel péché de ma part, j’implore miséricorde.


Justin AMOUSSOU

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