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Le Matinal N° 4155 du 30/7/2013

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Menaces sur la démocratie béninoise
Publié le mercredi 31 juillet 2013   |  Le Matinal




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Tous les signaux sont presque désormais au rouge au Bénin. Dans les forums internationaux, le nom du Bénin figure de plus en plus sur la liste des pays à risques à cause des dérives politiques et des violations des principes démocratiques qui s’y observent. Et il ne peut en être autrement tant les velléités de contrôle des institutions de la République des dirigeants s’accentuent de jour en jour.


Les libertés fondamentales sont menacées. Fondamentalement désignés comme l’un des piliers de la démocratie, les droits de l’homme s’imposent aux autorités publiques qui sont tenues de les respecter et d’assurer leur jouissance effective. Mais ils sont constamment bafoués. Et plusieurs faits illustrent ces dérapages qui fragilisent le processus de démocratisation en cours. Le dernier en date est la répression exercée contre les jeunes antirévisionnistes du Mouvement « Mercredi rouge » à Abomey-Calavi. Mercredi 24 juin dernier, vêtus de rouge et réunis au carrefour Aconville, ils ont été arrêtés par les éléments du Commissariat central d’Abomey-Calavi après que plusieurs d’entre eux aient été passés à tabac. On réprime les antirévisionnistes et on laisse les pro-révisionnistes occuper à longueur de journée les rues. Ce fait rappelle l’intimidation dont a été victime le Secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb), Pascal Todjinou en octobre 2012. Il avait en effet été arrêté pour défaut d’assurance et jeté en prison. Devant la justice, le leader syndical a été purement et simplement relaxé. Ce qui démontre qu’en arrêtant Pascal Todjinou, le gouvernement entendait bien humilier l’homme et désagréger les mouvements syndicaux, ardents défenseurs des droits de l’homme.

Instrumentaliser l’appareil judiciaire…

Contrôler la justice, c’est l’autre objectif que s’est fixé l’Exécutif. Mettre tous les magistrats au pas et avoir toujours la justice avec soi même si l’on commet des actes iniques. Dans cette stratégie définie par les gouvernants, on s’est déjà servi de la justice pour obliger certains citoyens à s’exiler. L’ancien Conseiller du Chef de l’Etat, Me Lionel Agbo a fait l’amère expérience de cette politique. Il vit désormais dans la clandestinité parce qu’un mandat d’arrêt est lancé à son encontre suite à un simulacre de procès. Son seul tort avait été de critiquer la gestion de Yayi Boni. Les hommes d’affaires Patrice Talon et Olivier Boco n’ont pas échappé à cette politique. Ils se sont tous réfugiés en France parce que le chef de l’Etat a décidé d’en finir avec eux. Et le moyen qui parait efficace dans cette sale besogne, c’est la justice : coller aux « insoumis » des histoires toutes inventées. Et comme si ces montages ne suffisaient pas, l’Exécutif a pris la résolution d’intimider les magistrats. Au nombre des victimes de cette résolution, on compte déjà le juge Angelo Houssou. Juge d’instruction du 6ème cabinet du Tribunal de première instance (Tpi) de Cotonou, il a passé un sale temps après avoir pris des ordonnances de non-lieu dans les affaires tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat et tentative de coup d’Etat. Durant plus d’un mois, le juge avait été mis sur écoute, systématiquement filé et placé en résidence surveillée. Selon les manœuvres, il faut intimider le juge et à travers lui, faire pression sur la corporation des magistrats afin d’obtenir sa soumission. Une éventualité qui portera encore un coup dur au processus de démocratisation, si elle devient effective.

Incertitudes sur les élections…

Le non respect de la date des échéances électorales est aussi un piège dressé au processus de démocratisation. Alors que les municipales, les communales et locales devraient se tenir cette année, l’Exécutif n’a rien fait pour que les Béninois puissent renouveler les équipes dirigeant les administrations décentralisées. Or, il est clair que les élections jouent un rôle déterminant dans la consolidation de la démocratie. L’organisation régulière des scrutins renforce non seulement la légitimité des gouvernants mais encourage les citoyens à s’intéresser davantage à la gestion des affaires publiques. Qui plus, est les élections locales. Elles restent déterminantes pour le développement à la base. Mais le gouvernement de Yayi Boni accorde apparemment moins de considérations à ces échéances en orchestrant leur report. En effet, l’actualisation de la Liste électorale permanente informatisée, cause principale du report, n’a pas encore été effective parce que l’Exécutif n’en fait pas une priorité. On fait croire que le Bénin n’a pas les moyens de financer le processus de correction. Or le report des communales ne manquera pas de conséquences sur la bonne organisation des législatives de 2015 et la présidentielle de 2016. Le gouvernement est bien conscient de ces risques. Et pourtant, il ne réfléchit à aucune solution pouvant donner un coup d’accélérateur au processus. Comme quoi, Yayi Boni ne veut pas quitter le pouvoir. Il veut s’y éterniser au risque de porter un grand coup au processus de démocratisation.

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