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La Presse du Jour N° 1945 du 6/8/2013

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Renouveau démocratique au Bénin : sous le règne des partis ethnocentriques
Publié le mardi 6 aout 2013   |  La Presse du Jour


4ème
© aCotonou.com par DR
4ème Conférence des Ministres de l`Emploi et de la Formation Professionnelle de l`UEMOA
Jeudi 18 et Vendredi 19 Juillet 2013, Cotonou, Palais des Congrès : Les Ministres de l`UEMOA se réunissent autour de la problématique de l`insertion des jeunes sur le marché du travail Photo : Les Ministres et Représentants participant à la rencontre


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La Conférence Nationale a opté pour le multipartisme intégral. Il ne pouvait en être autrement, après pratiquement deux décennies de répression et de bâillonnement. La liberté retrouvée a entraîné un bouillonnement de la vie politique qui s’est traduit par la création de dizaines de partis et de particules politiques. Mais tous ces partis avaient une coloration ethnique prononcée, même si les plus forts ont essayé de se donner une assise nationale.
Nous avons donc adopté la Charte des Partis pour limiter les dégâts. La Charte fait en effet obligation au parti qui naît d’avoir des membres fondateurs dans tous les départements de notre pays. J’ai créé en 2005 l’UFD-GBEDOKPO pour préparer les élections présidentielles de 2006. Je sais d’expérience comment cette clause de la Charte est habilement contournée. C’est dire que malgré la Charte, cette tendance lourde ethnocentrique s’est maintenue. Ce n’est pas par hasard que le député HOUANGNI a choisi Djidja pour créer le P.E.B !
Quelles leçons pouvons-nous tirer des Partis Politiques qui sont apparus sous le Renouveau Démocratique, dans un contexte de liberté démocratique pendant les quinze années des régimes SOGLO et KEREKOU II ?
Je m’en tiendrai à l’expérience des Partis qui sont nés et ont réussi à se donner une certaine envergure – Dans mon analyse, je me limiterai donc au cas des Partis suivants :
- La R.B de SOGLO
- Le PRD de HOUNGBEDJI
- Le PSD d’AMOUSSOU
- Le MADEP de FAGBO-HOUN
Les alliances de partis que sont l’UBF autour de KEREKOU et FCBE autour de YAYI nous donnent d’autres leçons.
L’ère du Renouveau Démocratique a ouvert la saison des Entrepreneurs Politiques – Un entrepreneur politique est un acteur politique qui dispose d’une fortune et qui l’investit pour créer un parti politique. Il ne s’arrête pas là ; il finance le fonctionnement et le développement du Parti – Quand les élections arrivent, il y fait face ; mais cette fois-ci, pas seul. Il fait appel à ses partisans riches pour partager avec eux les frais – Ce mode de financement entraîne plusieurs conséquences :
1- C’est le Chef du Parti qui prend les grandes décisions, pour l’essentiel. Bien entendu, il s’entoure d’un Bureau Exécutif, voire d’un Bureau Politique. Mais cela, c’est pour le décorum démocratique ;
2- Au moment des positionnements pour les différentes élections, c’est toujours le Chef qui prend les grandes décisions ; mais ici, il demande l’avis des bailleurs de fonds du Parti ;
3- Que deviennent les militants dans ce contexte ?
a) D’abord on hésite à les appeler militants, car on milite pour une cause et non pour un homme. Or leur motivation principale, en l’occurrence, c’est de soutenir le fils de leur terroir d’origine ;
b) Comme ils ne cotisent pas (dans leur grande majorité), on ne demande pratiquement jamais leur avis. Il n’y a pratiquement pas de réunion pour débattre des problèmes qui se posent. On les réunit quand on a besoin d’eux, c’est-à-dire aux périodes des élections – Ils constituent le ‘’bétail électoral’’ de leur parti.
Je ne dis pas cela pour dénigrer les Camarades qui ont créé leur parti, comme AMOUSSOU Bruno et HOUNGBEDJI Adrien – Au contraire, je les félicite d’avoir tenté ces expériences, c’est-à-dire créer des partis politiques dans un contexte de multipartisme intégral – Je les félicite parce que le terrain sur lequel ils sont intervenus, les milieux au sein desquels ils ont essayé de prospérer, présentent trois handicaps majeurs :
- Primo : Nos populations sont pauvres – La grande majorité vit dans une misère réelle. Il s’en suit que très peu de membres recrutés au sein de ces populations peuvent payer une cotisation conséquente. Il s’en suit aussi que ces populations sont sensibles aux cadeaux (sacs de riz, de sel, argent frais….etc.) distribués par les partis dans le cadre des compétitions électorales
- Secundo : Nos populations sont analphabètes dans leur grande majorité. Ici aussi, il s’en suit deux conséquences:
• La première est qu’elles ne courent pas derrière les programmes ! Ils ne constituent pas pour eux une priorité – De toutes les façons, ils n’en perçoivent pas bien l’intérêt, ne sachant pas lire, ni écrire
• La seconde est que leur horizon naturel ne dépasse pas leur terroir d’origine. Le paysan de l’Ouémé ou d’Abomey est goun ou fon avant d’être Béninois. Un niveau de culture, donc d’éducation, est nécessaire pour comprendre le concept de Nation et y adhérer.
- Tertio : Le troisième handicap n’est pas le moindre – C’est la structure ethnique de nos populations – En effet, nous sommes une nation en devenir, en voie de constitution ou d’édification. Pour le moment, notre Etat fait cohabiter des ethnies en cours d’interpénétration, de fusion – Comme vous pouvez le constater, les deuxième et troisième handicaps s’entremêlent dans leurs effets.
En conclusion sur les Entrepreneurs Politiques, nous pouvons dire qu’ils interviennent sur un terrain complexe, voire miné. C’est cela qui explique les résultats :
- Le PRD, dans sa plus grande extension, a pu obtenir un député à Djougou et un autre à Parakou ; et donner l’illusion d’un Parti à envergure nationale !
- Le PSD, avant sa phase actuelle de décrue, avait réalisé le monopole dans le Couffo et gagné une grande partie du Mono !
- La RB n’a jamais pu sortir des départements du Littoral, de l’Atlantique et du Zou !
- Quant au MADEP, il est maître sur le Plateau, mais a du mal à en descendre !
Les partis ainsi constitués apparaissent comme des ‘’partis uniques régionaux’’, qui dictent la loi dans leur terroir, mais ne parviennent pas à se hisser à un niveau national. Ils sont condamnés à un jeu d’alliance.
C’est une alliance de partis qui a soutenu le régime du Président SOGLO avant la création de la RB.
C’est encore une alliance de parti qui a porté KEREKOU II. Elle s’est formalisée sous l’appellation de UBF. Cette alliance a volé en éclats à la fin du règne de KEREKOU II, en ouvrant ainsi la voie à un novice politique : j’ai nommé Boni YAYI.
Une réflexion de Jean Roger Ahoyo (Titre et surtitre de la rédaction de la PJ)

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