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Bataille electorale dans la seizieme circonscription:Joseph Djogbenou, son combat, ses chances, ses defis apres le 26 avril 2015
Publié le jeudi 23 avril 2015  |  La Nouvelle Expression
Maître
© Autre presse par DR
Maître Joseph Djogbenou




Cent (100) concurrents s’affrontent dans les soixante-dix-huit (78) quartiers de la seizième circonscription électorale, pour cinq (05) sièges à partager au Palais des Gouverneurs. Portés par vingt (20) partis ou alliances de partis politiques, les athlètes à l’assaut du parlement présentent des gabarits variés, et les écuries qui les portent décantent moyennement l’équation, en limitant à trois (03), les listes de partis ou alliances à même de pêcher à l’ouest du Littoral, et son périmètre politique constitué d’un électorat au profil certes varié, mais où abonde une masse importante d’électeurs instruits, capables d’exprimer un choix éclairé.

Probable présidentiable, Joseph Djogbénou, occupe la deuxième loge sur la liste UN qui l’héberge, dans une compétition à cinq (05) places, où les têtes de liste des formations favorites (UN, RB, FCBE) paraissent plus ou moins à l’abri du risque, mais où la bataille s’annonce rude pour un deuxième ticket farouchement convoité par chacune des trois (03) formations phares, avec dans l’arène, outre le professeur, le présidentiable Léhady Soglo, président des Houézèhouè et quasi-maire de Cotonou depuis douze ans, sans oublier Chabi YAYI, fils de son père, défenseur du label Cauris .

Engagé dans la compétition, sous les couleurs de l’écurie UN, Joseph Djogbénou a bien des atouts à faire valoir. Il reste que la réelle force politique de l’UN privée de la caution HOUEZEHOUE dans le Littoral ouest, laisse subsister quelques incertitudes, même si les électeurs traditionnels du Soleil blanc, très remontés contre le régime YAYI, semblent avoir quelque embarras avec leur famille politique d’origine (RB) ralliée un temps à « l’ennemi » commun. Et il est probable qu’ils se soient tournés en grand nombre vers l’UN, avec qui ils ont appris à rêver en 2011 ; et qui aura incarné, depuis quatre (04) ans, l’opposition au régime et la fidélité au projet rassembleur de la Jarre Trouée.



SON PROFIL ET SON DISCOURS

On peut, a priori, arguer qu’il a le profil de l’emploi. Figure de la société civile, jadis et toujours très engagé sur le front de l’éveil citoyen, et potentiel candidat à la présidentielle, le désormais acteur politique Joseph Djogbénou est un intellectuel total. Avocat et enseignant en sciences juridiques, le domaine dans lequel il forme et exerce avec enthousiasme depuis plus de 15 ans, a une emprise directe sur la fonction qu’il ambitionne d’occuper : c’est un homme de droit qui veut siéger parmi ceux qui édictent la loi.

Mieux, en s’investissant comme un « intellectuel de rue », dans les combats tels que le maintien du droit de grève pour les magistrats et la lutte contre la révision de la constitution, le Président d’honneur d’Alternative Citoyenne semble s’être idéalement positionné sur une cause qui jouit d’une grande adhésion populaire au-delà de la communauté intellectuelle , tant la cause de la constitution, en engageant l’avenir politique de notre nation, interpelle des gens de toutes régions, de tous niveaux, de toutes conditions sociales, appartenant à tous les camps politiques, et mobilise au-delà des appartenances partisanes. Ce que rappelle cette cause, c’est le combat contre la tyrannie qui a généré la Conférence nationale des Forces Vives de la Nation, et le Renouveau Démocratique.

Dans l’histoire des démocraties, les changements de constitutions sont des actes sanctionnant des évolutions majeures dans le cours de la vie des sociétés : une guerre, une insurrection populaire par exemple.

En Afrique, tous les chefs d’Etats qui ont tenté et obtenu une révision constitutionnelle à la veille de la fin de leurs mandats, ont visé directement la levée des verrous, ou alors, ils ont trouvé une ruse, pour parvenir à cette fin, sans l’avoir exprimée explicitement, dans le projet.

La volonté que montre le chef de l’Etat en fin de mandat, de franchir la barrière à marche forcée en promettant de transformer les villages du Bénin en grand et petit Paris, Singapour, Washington ou Tokyo, si les populations lui offraient cinquante (50) députés, alors même qu’il ne lui reste, aux termes de loi fondamentale, que quelques petits mois pour plier bagages, nourrit une suspicion qu’aucun discours rassurant venu de la famille présidentielle n’est près de lever.

En martelant sans cesse que les législatives doivent être entendues comme un référendum « pour ou contre la révision », Joseph Djogbénou prend le risque d’être désavoué éventuellement par les urnes. Mais il tient au moins sur le sujet un discours cohérent, identique et têtu, qui fait du rendez-vous du 26 avril, ce que la sociologie politique appelle « un vote sur enjeu ».

Il apparaît, de ce point de vue, comme l’homme d’un seul discours et la problématique qu’il pose, en réplique à la profession de foi des FCBE du 14 février à leur congrès, indique que l’enjeu du 26 avril dépasse les ambitions personnelles des protagonistes, et porte sur l’avenir de la République.

Depuis la Rome antique, une des plus vieilles démocraties qui soient, l’honorable mission de siéger au nom du peuple, était réservée, parmi tous les citoyens, à celui qu’on pouvait appeler, selon la formule du téméraire Caton l’Ancien: « Vir bonus, dicendi peritus », formule reprise par Quintilien dans L’Art Oratoire pour exiger de l’homme public qu’il soit « un homme de bien, rompu à l’art de la parole ».

Cette double exigence de vertu et d’éloquence exige que le représentant du peuple, pût avoir un seul discours, que par la vertu de la pédagogie il le rappelle et l’oppose à la démagogie, et qu’enfin, il sache l’articuler, sans que le doute ne fissure son discours.

Par son profil, le professeur Djogbénou se présente en candidat idéal pour siéger au parlement. En investissant la rue, pour s’opposer aux tendances absolutistes du pouvoir, il rappelle qu’il appartient à toutes les catégories du peuple, et la guerre qu’il semble livrer au régime trouve son fondement, car, selon le mot du philosophe contractualiste John Locke : « Celui qui tâche d’avoir un autre en son pouvoir absolu, se met par là dans l’état de guerre avec lui » (Deuxième traité du gouvernement civil, 1690, III-17.)

La privation programmée du droit de grève aux magistrats, par exemple, est manifestement une attaque contre le pouvoir judiciaire, dont la mission originelle, selon Montesquieu et l’Esprit des Lois, est d’arrêter le pouvoir (exécutif), dans ses tentations absolutistes.

Laisser le sort de la constitution entre les griffes qui s’étaient attaquées à l’indépendance judiciaire, au-delà du contenu actuel du projet de révision, pourrait poser le problème de la sécurité de l’option démocratique.

C’est pourquoi, Djogbénou pourrait apparaître, à l’image des pères tutélaires de la révolution française de 1789, qui ont institué au nombre des droits imprescriptibles de l’homme : « la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression », aux termes de l’article 2 de la déclaration des droits de l’homme et du Citoyen.

Or, on savait depuis lors, avec Saint-Just que : « l’insurrection est la garantie des peuples », ce qui rappelle que le pouvoir de représentation n’est pas un pouvoir d’abus, qu’il doit être soumis constamment à la crainte de la rébellion qui rappelle que le souverain, c’est le peuple, et personne d’autre.

LES CHANCES DE DJOGBENOU ET SES DEFIS APRES LE 26 AVRIL

Dans son ouvrage Responsible Electorate , publié à titre posthume sous les presses de l’Université de la Harvard, 03 ans après sa mort, le politologue américain Valdimer Orlando Key Junior, affirmait que « les électeurs ne sont pas des imbéciles ». Il brise le classique paradigme de Michigan et présente un électeur libéré du carcan des identifications partisanes.

Cotonou a l’avantage d’être une zone urbaine, attentive dans une proportion considérable, aux discours et actions des acteurs politiques. Elle n’est certainement pas seulement urbaine ; mais elle l’est dans une proportion plus sensible que les localités rurales dont les déterminants du choix politique sont parfois subjectifs.

Le viol des foules par la propagande politique que Serge Tchakhotine qualifie de seringue hypodermique entretient l’apparente adhésion des masses aux autoritarismes, et les médias publics, instruments dociles du pouvoir, véhiculent des discours et programmes de propagande qui « injectent » des croyances, des idées dans les moindres recoins de nos villes et campagnes.

Mais la construction du choix politique des électeurs le dimanche prochain a des chances d’être déterminée par l’enjeu que les Cauris eux-mêmes ont placé au cœur du débat électoral, avant de paraître vouloir le reléguer au second plan.

Il est évident que l’argent du contribuable et les moyens de l’Etat déployés à flot, pour acheter la conscience des électeurs, pourrait laisser un impact. Il n’en demeure pas moins que Candide Azannaï, Joseph Djogbénou et tous les autres candidats alignés sur le « NON A LA REVISION », semblent avoir réussi, sans distribuer argent et sac de riz, à indiquer aux citoyens de Cotonou, la 16ème en particulier, la sensibilité de l’enjeu.

S’ils réussissent à refouler les élans révisionnistes, le parlement a des chances d’être un contre-pouvoir vigoureux et une institution de qualité, qui fera honneur au nom que portent ses membres. Et cette aurore pourrait être l’annonce d’un jour éclatant.

Mais même si Joseph Djogbénou échouait à tenir un ticket pour le Palais des Gouverneurs, son engagement devrait demeurer, comme le témoignage de sa foi en la cause qu’il défend, même si cela devra imposer un redimensionnement de ses projets politiques.

Constantin AMOUSSOU
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