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Législatives au Bénin: un test de popularité pour le président Boni Yayi
Publié le dimanche 26 avril 2015  |  AFP
Boni
© aCotonou.com par DR
Boni Yayi president de la republique beninoise




Cotonou - Les Béninois se sont rendus aux urnes dimanche pour des législatives vécues comme un test de popularité pour le président Thomas Boni Yayi accusé par l’opposition de vouloir "tripatouiller" la Constitution pour briguer un troisième mandat lors de la présidentielle de 2016.

"Je ne suis pas candidat à ces législatives et je ne suis candidat à rien. Mon nom ne figurera plus sur aucun bulletin au Bénin", a promis à la presse M. Boni Yayi, après avoir voté à l’école maternelle publique du quartier Cadjehoun de Cotonou, la capitale économique.

Une déclaration importante à l’issue d’une campagne électorale marquée par un débat houleux sur une possible modification constitutionnelle qui permettrait au président sortant de briguer un 3e mandat.

En dépit des assurances du camp présidentiel depuis plusieurs mois, l’opposition continue en effet à craindre que M. Boni Yayi ne cherche à rester à la tête de ce petit pays ouest-africain de 10 millions d’habitants.

M. Boni Yayi, qui aime à se présenter comme un "Monsieur Propre" de la corruption, a toujours nié avoir l’intention de se présenter en 2016 et soutient vouloir amender la Constitution pour y inscrire notamment l’imprescriptibilité des crimes économiques.

L’opposition, qui accuse le chef de l’État de vouloir en profiter pour supprimer la limitation des mandats présidentiels pour briguer un troisième mandat, refuse qu’il touche à la loi fondamentale.

"Mon souhait est que nous ayons des institutions fortes, crédibles, dirigées par des hommes et femmes de qualité mais qui garantissent l’intérêt général (...), pas des institutions conflictuelles", a déclaré dimanche M. Boni Yayi, pour tenter de convaincre la scène politique de le laisser mener ses réformes avant la fin de son mandat.

Au total, 4,4 millions d’électeurs sont inscrits et 83 sièges de députés sont à pourvoir, lors d’un scrutin dont la société civile craint qu’il puisse être marqué par des fraudes, notamment à cause de cafouillages dans la distribution des cartes d’électeurs.

De nombreux Béninois se sont plaint cette semaine de ne pas avoir pu récupérer leur carte d’électeur biométrique dans les centres de distribution et des organisations de la société civile ont dénoncé le retrait de plusieurs cartes par certains.

A Cotonou, les bureaux de vote qui avaient ouvert à 07H00 (06H00 GMT) ont fermé à 16H00, et le dépouillement a pu commencer. Mais de nombreux bureaux qui ont débuté les opérations de vote avec beaucoup de retard ne fermeront que tard dans la soirée.

-’Carton rouge pour les députés’ -

Dans le quartier CGE l’Océan, Valentine Amouzou, une sage-femme à la retraite âgée de 66 ans et mère de six enfants, a expliqué s’être déplacée malgré son état de santé, pour "donner un carton rouge à ces anciens députés" et "voter pour un nouveau candidat".

Guy Kodjo, un électricien de 45 ans au chômage depuis cinq ans, affirme voter pour un candidat qui a promis d’encadrer les prix des logements, parce que "le logement coûte trop cher à Cotonou et les propriétaires exagèrent".

Mais selon l’analyste politique Rock Sosthène Nepo, "le débat de fond sur les projets de société (était) inexistant ou du moins réduit" lors de ces législatives, le débat sur la Constitution ayant monopolisé les débats.

"L’enjeu, pour le pouvoir, c’est d’avoir une très large majorité à l’Assemblée nationale, ce qui permettrait au président d’envisager des réformes constitutionnelles et sans doute d’autoriser un troisième mandat", ajoute Gilles Yabi, analyste politique spécialiste de l’Afrique de l’Ouest
basé à Dakar.

Léonide, une étudiante venue assister au dépouillement, n’est pas de cet avis: "Le chef de l’Etat est resté constant, et je suis sûre qu’il partira en 2016. Que ceux qui continuent de douter cessent de prendre leurs fantasmes pour des réalités" a-t-elle déclaré à l’AFP.

Le parti présidentiel, Forces Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE), détenait la majorité à l’Assemblée nationale jusqu’à récemment. Mais plusieurs députés ont claqué la porte du parti pour rejoindre des formations d’opposition à quelques semaines du scrutin.

Il n’est pas exclu cependant que ceux-ci ou d’autres se rapprochent à nouveau du FCBE, dans un pays où les hommes politiques passent régulièrement d’un parti à l’autre au gré des opportunités du moment, selon les observateurs.

En tout, une vingtaine de partis présentent des listes lors de ces législatives, dont de nombreux partis et alliances d’opposition.

Les résultats doivent être annoncés par la Cour constitutionnelle sous huit jours.

str-cdc/dom
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