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Passées les législatives, en avant les locales : Le point moral des élections au Bénin - Mais en attendant, quelles leçons retenir ? Passé le vote, les Béninois sont dans l’attente des résultats
Publié le mercredi 29 avril 2015  |  Le Confrère de la Matinée
LEPI
© Autre presse par DR
LEPI au Benin




Les législatives du 26 avril 2015 sont, en attendant les résultats sous huitaine, du passé. Désormais, les Béninois plongent leur pensée dans les joutes électorales du 31 mai 2015, à l’issue desquelles les nouveaux maires des 77 communes seront désignés. Mais en attendant, quelles leçons peut-on en tirer ?
Lundi 27 avril 2015. Le peuple béninois, sorti des miasmes électorales de la veille, vit un nouveau jour. Bien avant même la proclamation officielle des résultats, ce peuple se sent heureux d’avoir accompli le devoir civique que d’aucuns voulaient l’empêcher d’accomplir ! Que d’épreuves, que de stratégies des plus osées, que d’intelligentes provocations agitées mais ignorées ? Que de stress ! Que de prières pour des élections dans un climat politique et social apaisé ! Passées les législatives, les Béninois se sentent comme libérer d’un joug, d’une prison politico-sociale et morale. Ils viennent d’obtenir leur indépendance politique, celle qui leur permet de décider de leurs choix. Toutes les tentatives pouvant conduire à l’affrontement ayant échoué, plus rien ne sera comme avant désormais.
Des élections mémorables du dimanche 26 avril 2015, que faut-il retenir ? Au-delà de l’indépendance politique et morale obtenue, il convient de retenir que, le peuple béninois a administré à la classe politique, une belle leçon de réalisme, de maturité. Il a démontré aux hommes politiques qui veulent le suivre et qui peuvent mériter sa confiance que, désormais, il s’inscrit dans une politique de développement constructif et non dans le développement de la politique politicienne. Il a tout simplement démontré sa capacité à voter utile. Au plan institutionnel, il faut saluer les prouesses de la CENA institutionnalisée et désormais pérenne. A son niveau, il convient cependant de relever des insuffisances qu’il faut corriger.
D’abord la formation des agents des bureaux de vote. La fonction ponctuelle d’agent de bureau de vote n’est pas une occupation honorifique, elle n’est pas banale. Une simple erreur d’un agent de bureau de vote peut entraîner l’annulation des suffrages de ce bureau alors que, les citoyens auront accompli correctement leur devoir. Il s’agira donc de situer les responsabilités, de ne pas annuler les voix mais d’appliquer à l’encontre de l’agent ou des agents, les sanctions encourues puisqu’ils assument une mission républicaine de très grande importance au nom de l’Etat. A ce propos, il s’agira de recruter pour la circonstance et au moins un mois à l’avance, des agents ayant au moins le Bac et, de leur verser des primes conséquentes en rapport avec les risques encourus. C’est ridicule, moqueur et injurieux que de donner à ces agents, une prime dérisoire de 5.000 FCFA alors qu’ils auront passé, près de 15 heures de temps à s’occuper des questions électorales très essentielles, sensibles et cruciales. Leur formation doit se faire dans l’enceinte de la CENA ou de ces démembrements sous la supervision de cadres qualifiés et compétents en la matière sur un ou deux jours avec, les primes y afférentes.
Pour éviter des dysfonctionnements fâcheux, il ne serait pas stupide que, la CENA, avec l’accord des partis et alliances de partis politiques, donne une formation également à leurs représentants désignés dans les bureaux de vote.
Il reviendra aussi à la CENA pourquoi pas, de déléguer dans chaque bureau de vote, un contrôleur chargé de veiller scrupuleusement sur toutes les opérations. Que tous les bureaux soient inspectés la veille du vote sous l’autorité de la CENA, toute chose qui permettra de commencer à l’heure, les opérations de vote.
Que la CENA instruise ses agents sur l’obligation de faire respecter strictement, les mesures entrant en compte pour le bon fonctionnement des bureaux de vote.
Au plan technologique, il faut signaler que les TIC (Technologies de l’information et de la communication) ont été très sollicités avant et pendant la campagne électorale, au jour du vote et il en sera ainsi après. Ce sont surtout les réseaux sociaux notamment Facebook qui a été sollicité par une bonne partie des candidats, partis ou alliances de partis.
Pourquoi ne pas faire de la CENA la structure unique qui serait désormais chargée d’organiser les élections au Bénin ? Si cela devait être effectif, il serait tout à fait justifié que, les composantes de la classe politique du Bénin y soit associées afin d’éviter tout malentendu. Ce n’est que, lorsque les accords seront harmonisées pour chanter cette belle symphonie que, l’Assemblée nationale en sera saisie.


Passé le vote, les Béninois sont dans l’attente des résultats
Dimanche 26 avril 2015, plus de 4 millions de Béninois en âge de voter ont dû, en principe, prendre d’assaut les bureaux de vote installés un peu partout sur toute l’étendue du territoire béninois. Objectif, élire les 83 prochains députés de la 7ème législature.
Aura lieu, n’aura pas lieu, plus qu’une élection présidentielle, les élections législatives du 26 avril 2015 ont eu lieu à la grande satisfaction des Béninois et de la communauté internationale, très regardante. Elections très politisées et très attendues, vu leur importance, elles constituent à ce jour, le véritable baromètre de la santé de la démocratie béninoise. Que de frayeur si, on replonge dans l’ambiance tendue qui a régné avant leur tenue. L’Exécutif et le COS/LEPI ayant fait balloter le peuple béninois à leur gré.

Des heureux, des déçus
3320 candidats et suppléants. C’est parmi ces candidats que les Béninois ont été appelés à exfiltrer les 83 députés de la 7ème législature. Très tôt, les Béninois ont pris d’assaut les centres de vote pour exprimer leur suffrage. Heureux tous ces Béninois qui ont pu exprimer leur suffrage à l’occasion de ces élections législatives, les plus politisées. Des élections qui, vu l’importance de l’enjeu qu’elles présentent, étaient devenues un véritable challenge, un rendez-vous qu’aucun citoyen en âge de voter ne voulait rater. Des déçus, c’est le cas de certains citoyens, qui par défaut de carte d’électeur non obtenue, n’ont pu accomplir ce devoir. A ce sujet, les dysfonctionnements enregistrés ont privé nombre de citoyens d’accomplir leur devoir civique. Certains n’ont pas obtenu leur carte d’électeur alors qu’ils étaient enrôlés depuis 2010 et, sont passés par les phases de correction dans les différents postes érigés à cet effet par le COS/LEPI. D’autres, régulièrement enrôlés et qui ont reçu leur carte d’électeur, se retrouvent parachutés à mille lieux de leur lieu de résidence et de vote. Ainsi, un certain nombre de votants, la mort dans l’âme et contenant difficilement leur frustration, se sont résolus à retourner chez eux, déçus d’avoir été privés de participer à la fête électorale.
Heureusement, à Abomey-Calavi, un centre de vote a été ouvert dans le 6ème arrondissement pour permettre aux électeurs non enregistrés mais détenteurs de leur carte d’électeur de voter.
Constats sur le terrain
Des informations reçues confirment que de rares centres de vote ont commencé exactement à l’heure comme, c’est le cas au centre-ville de la commune de Matéri, et à Fonsramè à Ouidah où, les opérations de vote ont commencé effectivement à 7 heures et ont pris fin à 16 heures. A Ndali, les élections ont démarré à 7 H 06. Par contre, dans les bureaux de vote sillonnés à Cotonou et selon les points faits par les correspondants déployés dans les autres départements, les opérations ont commencé assez souvent entre 7 H 30 heures et 9 heures pour s’achever autour de 17 heures et 18 heures. Ailleurs comme dans le centre de vote de Bakita à Abomey-Calavi, les opérations ont commencé un peu après 10 heures pour prendre fin après 19 heures. De rares localités n’avaient pas encore commencé jusqu’à 11 H 30 comme dans le Couffo à cause d’une faible sensibilisation des populations et du fait que, ce dimanche était jour de marché. Si dans beaucoup de bureaux de vote, tout s’est bien passé malgré le retard enregistré, ailleurs, des dérapages ont été enregistrés comme l’insuffisance de bulletins de vote dans quelques bureaux de vote plus signalés dans le septentrion.
C’est ainsi que dans certains bureaux de vote comme à Acadjamè et au Complexe scolaire d’Aélawadjè dans le 3ème arrondissement à Cotonou, des individus agissant au nom de leur(s) parti(s) distribuent de l’argent à ceux qui ont voté en faveur de leur parti par différentes stratégies. D’autres demandent aux électeurs ayant éventuellement exprimé leur suffrage en faveur de leur parti, de leur apporter la photo du bulletin qu’ils ont eu à valider et, prise à partir de leur téléphone portable avant de prendre l’argent. Dans l’arrondissement d’Agassa-Godomey, une pareille situation a entrainé la réaction des populations contre cette manière de faire. Ce sont là, des comportements à décourager. Les observateurs de la CENA et les agents des Forces de l’ordre présents devraient avoir pris leurs responsabilités pour que, la journée électorale la plus attendue au Bénin n’enregistre pas de couacs. A Dangoussa dans la commune de Djougou, les populations ont plutôt choisi, jusqu’à une heure assez avancée de la journée, de boycotter les élections qu’ils ont conditionnées à des réalisations sociocommunautaires notamment, des constructions d’écoles, adduction d’eau et électrification. A Parakou, c’est un peulh détenteur de huit cartes d’électeurs, qui a été appréhendé à l’ Ecole primaire publique Beyarou dans le 1er arrondissement. Plus sérieux est le cas de Cococodji où, les populations jusqu’en début d’après-midi, ont carrément barricadé la voie inter état au motif que, aucune urne n’était disponible pour permettre aux électeurs d’accomplir leur devoir civique. Vu la gravité des faits, le président de la CENA s’est porté sur les lieux.

Plus de peur que de mal
Malgré les irrégularités observées ici et là, les populations qui sont sorties massivement, ont su garder leur calme et sang-froid devant toute situation pouvant dégénérer. Malgré les retards enregistrés, les populations ont tenu bon. De l’avis de Q. Florent, « Cette élection doit être une occasion pour le peuple de montrer sa maturité démocratique aux politiciens en ne tombant dans leur jeu. Il n’est pas question de rater ce rendez-vous du changement. Il faut en finir avec la classe de députés amorphes». Plus de peur que de mal, il n’a été enregistré aucun incident grave pouvant remettre en cause, la validité des élections.


Vote sanction ?
Désormais, les yeux sont tournés vers la CENA pour la validation des résultats issus des bureaux de vote sur toute l’étendue du territoire. Seuls les résultats officiels attendus d’ici quelques jours, pourront situer les populations sur la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale pour savoir si, le vote sanction a été effectif ou non.
Fatigués des débats insipides à l’hémicycle où, injures, accusations, absentéisme, politisation à outrance… ont élu domicile, les Béninois semblent faire cause commune autour d’une idée : voir leur Assemblée nationale changée dans le fond et dans la forme. Ils veulent que le parlement fasse peau neuve, qu’il soit un parlement de qualité avec des élus responsables et conscients du contrat qui les lie au peuple.
Un vote sanction signifierait que, les électeurs aient brandi le carton jaune et le rouge contre des députés. Dans le même temps, ils auront agité le carton vert, pour ouvrir les portes de l’hémicycle aux profanes qui seront admis à faire leur première expérience parlementaire, leur initiation dans cette loge de la haute politique politicienne. L’essentiel étant que, pour cette 7ème législature, que le vote ne soit point favorable à la mouvance au pouvoir qui, est toujours soupçonnée de vouloir réviser la Constitution malgré la réaction de la majorité des Béninois, de la plupart des composantes politiques et de la Cour constitutionnelle. Avec toutes les insuffisances relevées, combien de voix vont être annulées ? Puisse la paix régnée et les résultats définitifs être acceptés par tous les partis et alliances de partis.
Kolawolé Maxime SANNY

ENCADRE
Le point moral des élections au Bénin
Sur ce tableau précis, il est bon de rappeler que depuis 1991 jusqu’en 2015, le Bénin a connu 14 consultations électorales en attendant la 15ème qui aura lieu le 31 mai 2015. Jusqu’à celle du 26 avril 2015, malgré les irrégularités constatées, les populations ne sont jamais tombées dans le piège de la violence. Les 14 consultations se présentent comme suit : cinq présidentielles en 1991, 1996, 2001, 2006 et 2011. Sept législatives en 1991, en 1995, 1999, 2003, 2007, 2011 et 2015. Deux communales en 2003 et en 2008. Pour la présidentielle de 2016, le corps électoral est convoqué pour les 28 février et le 13 mars 2016. Ainsi en a décidé le gouvernement de la République du Bénin au cours d’un conseil extraordinaire de ministres le lundi 17 avril 2015. Alors que l’article 68 du code électoral dispose que le corps électoral doit être convoqué 90 jours avant les élections. Mais surprise pour surprise, la convocation du corps électoral est faite déjà et dix mois à l’avance.
Que présage cette sortie surprenante du chef de l’Etat ? Est-ce une manière de montrer sa bonne foi à quitter les affaires comme il le dit ? Est-ce une manière de reconnaître implicitement que son ambition d’avoir les 50 députés au moins a échoué ? Pour l’instant, les commentaires qui seront faits ne pourront pas permettre de décrypter les intentions réelles du chef de l’Etat. Alors, il est à retenir que la vérité se trouve à son niveau à lui seul et non dans les mots servant à commenter ce décret.
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