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Le Port de Cotonou au cœur d’un réseau international de blanchiment d’argent
Publié le mardi 13 aout 2013   |  24 heures au Bénin


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© Autre presse par DR
Le port de Cotonou


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Washington accuse des importateurs de voitures d’occasion américaines opérant à Cotonou d’être liés au trafic de drogue, au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme, à travers deux établissements financiers libanais qui viennent d’être interdits aux Etats-Unis. Le réseau mis au jour par les autorités américaines sera désormais privé d’acheter des voitures d’occasion aux Etats-Unis.

L’énorme marché de voitures d’occasion, communément appelées « Tokunbo » au Nigeria et « Venues de France » au Bénin, vient de subir un revers important, après que les autorités américaines eurent révélé que l’argent injecté dans ce commerce provient du trafic de drogue et du blanchiment d’argent.

Au cœur du dispositif : des réseaux criminels opérant au Liban et en Afrique.

Le rapport d’enquête de la Drug Enforcement Agency (DEA) accuse deux bureaux de change libanais, Kassem Rmeiti & Co. For Exchange (Rmeiti Exchange) et Halawi Exchange Co. (Halawi Exchange) de servir de relais pour le transfert de centaines de millions de dollars vers les Etats-Unis, en vue de l’achat de voitures d’occasion qui sont ensuite exportées vers Cotonou, capitale africaine des véhicules d’occasion.

Crise dans le secteur de la voiture d’occasion

La principale conséquence du rapport d’enquête américain est que le réseau ainsi mis au jour n’aura plus le droit d’acheter des voitures d’occasion américaines en vue d’une exportation à Cotonou. Ceci aura bien évidemment un impact sur le marché des voitures d’occasion au Bénin et dans plusieurs pays de la sous-région ouest-africaine, dont le Nigeria, le Burkina-Faso, le Togo, voire le Cameroun, sans compter les conséquences sur les rentrées d’argent au Port de Cotonou, poumon de l’économie béninoise.

Selon les autorités américaines, Halawi Exchange facilitait les transactions pour le compte d’un réseau d’individus et d’entreprises qui se livrent au blanchiment de l’argent sale, à travers l’achat et la vente de voitures d’occasion aux Etats-Unis, en vue d’une exportation vers l’Afrique de l’Ouest.

À l’appui de ce réseau, la direction, les propriétaires et employés clés de Halawi Exchange coordonnent les transactions (traitées aussi bien au sein de Halawi Exchange que par de tiers organismes) au nom de spécialistes du blanchiment d’argent basés au Bénin et de leurs associés.

A titre d’exemple, début 2012, Hawai Exchange et sa direction, ses propriétaires et employés étaient impliqués dans l’organisation de multiples virements totalisant plus de 4 millions de dollars pour le compte d’un réseau de blanchiment d’argent.

À la mi-2012, des personnages centraux de ce programme avaient prévu d’effectuer une transaction portant sur des contrats de livraison d’une valeur de 224 millions de dollars grâce à ce réseau, via des circuits de trafic de voitures d’occasion appartenant à Halawi et basés au Bénin.

Des millions de dollars transférés

"Fin 2012, des blanchisseurs d’argent basés au Bénin continuaient d’utiliser Halawi Exchange pour transférer de l’argent à des fournisseurs de voitures aux Etats-Unis, dans le cadre de leurs opérations de blanchiment d’argent. Le produit des ventes de voitures était ensuite transporté en liquide de Cotonou, au Bénin à Beyrouth, au Liban par voie aérienne et directement déposé dans un des bureaux de change de Halawi, ce qui permettait des dépôts d’énormes sommes d’argent sans avoir à justifier la provenance de ces fonds », indique la DEA dans son rapport.

Halawi Exchange, à travers son réseau de bureaux de change internationaux, organisait ainsi des circuits de transfert d’argent à partir de ses comptes bancaires en direction des Etats-Unis, sans passer par le système bancaire libanais, afin d’éviter d’éveiller des soupçons.

L’argent était ensuite indirectement transféré aux Etats-Unis grâce aux relations d’Halawi dans les institutions bancaires, à partir de pays comme la Chine, Singapour et les Emirats Arabes Unis, censés moins éveiller les soupçons des autorités américaines.

Halawi Exchange s’identifie comme « une entreprise familiale affiliée au groupe Halawi. »

En 2012, Halawi Exchange a ouvert cinq agences au Liban et une succursale à Londres, sous le nom de "Halawi Exchange Co. LTD. » Il cite comme actionnaires clés Mahmoud Halawi et Ali Halawi qui, selon Halawi Exchange, assurent la gestion quotidienne de la compagnie.

Halawi Exchange affirme également qu’il opère au Soudan, aux Emirats Arabes Unis, en Arabie Saoudite, au Qatar, au Koweït, à Bahreïn, en Jordanie, au Royaume-Uni, et en Australie.

Mahmoud Halawi est également président de l’Association des Cambistes du Liban. Son fils, Fouad Halawi, est administrateur chez Halawi holding SAL et a servi en qualité de directeur à Halawi Exchange.

Mahmoud Halawi s’est personnellement impliqué dans la mise en place d’un parc de voitures d’occasion à Cotonou dirigé par Ahmed Tofeily, considéré comme un membre clé du réseau de blanchiment d’argent au Bénin.

En outre, Ahmed Tofeily – un agent de Halawi - détiendrait une entreprise d’importation de voitures au Bénin dénommée Sté Auto Deal, qui achète des voitures au Canada et les exporte aux Etats-Unis.

Les Américains accusent Ahmed Tofeily d’avoir travaillé en étroite collaboration avec Halawi Exchange et d’avoir fait transiter tout son argent par cette société.

Sanctions

Réagissant au rapport de la DEA, le Trésor américain a recommandé des sanctions à l’encontre de Kassem Rmeiti & Co. For Exchange et Halawi Exchange Co.

Ces sanctions visent le gel de leurs avoirs sur le territoire américain et interdit à toute entreprise américaine d’entrer en relation d’affaires avec elles.
Le Trésor accuse les deux entreprises d’avoir servi dans le cadre de transactions effectuées par le réseau de trafiquants de drogue Ayman Joumaa, cible privilégiée des autorités américaines au cours des dernières années, depuis que le Trésor a démantelé la Lebanese Canadian Bank en 2011, pour ses activités présumées de blanchiment d’argent.

Après que les sanctions de 2011 eurent privé la Lebanese Canadian Bank de l’accès à des circuits clés du système financier international, le groupe Joumaa aurait recouru aux services de Kassem Rmeiti et Halawi pour ses transactions. Ceci comprend le transfert de millions de dollars aux Etats-Unis à travers des établissements financiers tiers, pour acheter aux Etats-Unis des voitures ensuite exportées vers le Bénin.

Selon le Trésor, ces deux établissements étaient liés à des réseaux de blanchiment d’argent et de trafiquants de drogue. Les deux établissements seraient également liés à des transactions pour le compte du mouvement libanais du Hezbollah - considéré par les Etats-Unis comme une organisation terroriste - ou de ses responsables.

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