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Réussite de la marche du 6 mai : Une victoire dans la douleur
Publié le vendredi 8 mai 2015  |  Le Matinal
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© Autre presse par DR
Des marches de protestation à Cotonou et Parakou en cas de la non-distribution des cartes




06 mai 2015 à Cotonou. Un jour douloureux, mais victorieux pour un peuple qui a subi les pires atrocités des gendarmes, militaires et policiers, alors qu’il manifestait pour dénoncer, entre autres, conspirations contre la démocratie, une tentative d’enlèvement du député Candide Azannaï. Sous l’effet du gaz lacrymogène dont les forces de Yayi Boni ont fait usage, les manifestants et de nombreuses personnalités politiques ont pleuré à chaudes larmes.

Bien que douloureuse, éprouvante et risquée à la limite, la marche du O6 mai 2015 à Cotonou a été l’expression de l’audace du peuple. C’est de l’autodétermination face à un régime qui se trompe d’époque et de lieu. Le Bénin, quartier latin de l’Afrique, colonie redoutée des gouverneurs, petit pays de l’Afrique de l’Ouest mais très lourd, initiateur des Conférences nationales, Etat démocratique, autant d’expériences capitalisées que Yayi Boni n’a souvent pas la jugeote de consulter avant de poser ses actes et ses agissements qui ternissent l’image de la Nation. Hier et comme on se souvient lors de la Conférence nationale de février 1990, les hommes et des femmes, jeunes et adultes, ne se connaissant pas et provenant de différentes familles politiques, ont réussi à briser l’élan d’un Etat-parti, d’un Pouvoir autocratique.

Yayi Boni qui a promis écraser ses adversaires par tous les moyens a opposé aux manifestants d’hier, des hommes armés de fusil, de grenades, de gaz lacrymogène. La veille, il a tenu une rencontre secrète avec l’Etat-major des Armées et les hauts gradés de la Police nationale. Les instructions sont données ont été claires : « réprimer le mouvement dans le sang ». Pour l’une des rares fois, le Directeur général de la Police nationale, Louis Philippe Houndégnon, a eu la lucidité d’indiquer au roi de la Marina que cette approche n’était pas opportune.

Il n’a pas été compris. Le matin, ses éléments n’étaient pas positionnés à la Place de l’Etoile rouge, lieu de rassemblement de la manifestation. En lieu et place, ce sont les militaires qui ont été positionnés. Ils ont encerclé le lieu pour empêcher que personne n’y accède, fut-il organisateur ou simple manifestant. Mais, plus tard, lorsque la marche a démarré, la Police s’est signalée et elle sera la première force à repousser les manifestants à coup de gaz lacrymogène et de diverses charges. Sa méthode a consisté à confiner la foule dans un espace réduit, afin de l’asphyxier. L’oppresseur n’a pas fait économie de moyens pour rendre la vie difficile aux manifestants. Course-poursuite, chasse à l’homme, engins endommagés, arrestations, tirs de gaz.

La réaction de la Police, même si elle n’était pas démesurée selon certains, a contribué à réveiller ce peuple, à lui donner du courage de continuer la lutte. Sans distinction, sans état d’âme, elle a frappé, même à un moment où la foule était démobilisée. Le plus grave, c’est que les personnalités politiques à l’image de Léhady Soglo, Candide Azannaï, Issa Salifou, Saka Fikara, Richard Sènou, Lazare Sèhouéto, Eric Houndété et d’autres dont la détermination n’a pas failli, ont été identifiées et gazées. La répression n’a pas été sanglante, mais elle a fait couler des larmes. Ces personnalités pleuraient à chaudes larmes à cause de l’irritation provoquée par le gaz lacrymogène. Les yeux larmoyants, la respiration mise à rude épreuve, elles étaient obligées de trouver refuge dans des maisons environnantes derrière le Collège Père Aupiais de Cotonou.

Les manifestants qu’on croyait démobilisés et qui couraient dans tous les sens revenaient s’enquérir des nouvelles des leaders. En toute responsabilité, ces derniers ont ordonné à la foule de changer de lieu pour une déclaration qui doit être lue. Tout cela n’a pas refroidi les policiers qui ont continué à gazer en lançant dans une foule qui a retrouvé le chemin du retour des grenades. En somme, l’audace du peuple et des leaders politiques a prévalu sur les moyens inappropriés des forces de l’ordre, sur un Pouvoir en difficulté. La ténacité des uns et des autres était portée par l’amour d’un pays que Yayi Boni veut entraîner dans les travers de l’histoire.
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