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Le cas Koupaki
Publié le mercredi 14 aout 2013   |  L`Araignée


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© Autre presse par DR
Le Premier ministre Pascal Iréné Koupaki


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Il aurait dû partir plus tôt. Mais en s’éternisant dans son fauteuil, Pascal Irénée Koupaki s’est fait piéger tout seul.

De jour en jour, de semaine en semaine, tout le monde avait pu voir ce qu’était devenue la primature : une espèce de machin vide qui ne servait plus à rien. Dépouillé de toutes prérogatives, éclipsé par l’hyperprésidentialisme de Yayi et surtout desservi par son tempérament plutôt réservé, l’ancien cadre de la BCEAO n’a finalement pas fait le poids face à Yayi. Il a attendu qu’il parte à l’extérieur pour le broyer.
Les nombreuses rumeurs de démission agitées ça et là n’auront pas suffi à effacer l’impression d’un limogeage en règle. Et c’est ce que le Chef de l’Etat voulait créer dans l’opinion, en le liquidant. C’est, en fait, un jeu de massacre qui a commencé depuis 2011, avec un portefeuille difficile. Premier ministre sans être dans les faits le premier d’aucun ministre, il était chargé notamment des négociations avec les syndicats. Ce fut un art périlleux qui le vit plongé corps et âme dans les méandres incandescents des centrales syndicales. Réussir à ménager les tout puissants Todjinou, Azoua et autres Lokossou n’était pas une sinécure. On savait bien qu’il allait se casser les dents sur ces gros morceaux et se laisser cueillir comme une mangue mûre.
Cela n’arriva pas. L’habile financier a su toujours mettre le Chef de l’Etat devant ses responsabilités, lui qui, en dernier ressort, détenait la clé de la réussite ou de l’échec des négociations. Le glissement ne se fit pas attendre : l’efficacité du premier ministre, et plus que tous les autres ministres, devait dépendre du bon vouloir de Boni Yayi. Or, celui-ci, sentant venir le spectre de 2016, ne pouvait que sentir le poids d’un probable dauphinat que peu de présidents africains apprécient. Tout dauphin est une menace pour le pouvoir en Afrique, en ce qu’il rappelle à chaque potentat local l’imminence de son départ. Dans le cas de Koupaki, l’inquiétude des membres de l’administration présidentielle était aussi qu’il ne transforme son ministère en siège de campagne au point d’oublier les impératifs de développement. D’où d’ailleurs la réduction drastique des marges de manœuvre de son portefeuille vidé de son contenu au fil du temps.
Réduit à inaugurer et clôturer les chrysanthèmes, il était devenu presque un bois mort dans l’équipe gouvernementale : premier ministre kpayo, comme l’on disait du temps de Houngbédji sous Kérékou. Non pas de son fait, mais de par la volonté et surtout le mode de fonctionnement tout en mouvement de Boni Yayi.
Le cas Koupaki, c’est donc cette chevauchée silencieuse dans l’ombre de l’hyperprésident Yayi. Et bon nombre d’observateurs, dont je suis, de se demander ce que diantre il faisait encore dans cette équipe où l’on s’ingéniait à lui montrer qu’il ne servait plus à rien. Pourquoi n’avait-il pas finalement le courage de démissionner pour montrer tout au moins un brin de leadership ? Les mauvaises langues susurrent qu’à l’exercice du pouvoir, il s’est révélé comme le bélier blanc pataugeant dans une marre boueuse. Sa blancheur immaculée a pris quelque coup de gris.
Pris au piège de sa propreté, le voilà contraint d’être le béni-oui-oui pour ne pas subir le sort d’autres avant lui. Je l’ai vu avaler jour après jour des couleuvres énormes.
Ce fut une tactique désastreuse pour son image de présidentiable. N’a-t-il donc pas assez de couille pour dire non ET CLAQUER LA PORTE ?
Le résultat de son immobilisme suicidaire, c’est qu’il a laissé le champ libre au Chef de l’Etat pour faire de son portefeuille ce qu’il a voulu. Il a été démantelé. Et comme si cela ne suffisait pas, c’est son directeur de cabinet qui le remplace!!!
Oui, Pascal Irénée Koupaki n’avait pas voulu faire comme Adrien Houngbédji qui démissionna de ce poste en 1998 après environ deux ans à la primature. Il faut aussi comprendre sa prudence (excessive) face à un pouvoir Yayi qui ne lui aurait fait aucun cadeau. Mais alors, il faut se demander s’il veut réellement s’engager dans l’aventure présidentielle, comme le laisse croire une certaine opinion répandue.
Le fauteuil à conquérir n’est pas une mairie ou un poste de délégué de village. Il a besoin des risques inhérents à sa nature pour être acquis. Et c’est ce qui reste à Koupaki s’il veut vraiment être le premier d’entre nous en 2016: avoir un peu de courage.

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