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La Presse du Jour N° 1951 du 19/8/2013

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Réaction du Chef de l’Etat à la lettre de l’Eglise catholique : Vives polémiques autour de la réponse de Yayi au clergé
Publié le lundi 19 aout 2013   |  La Presse du Jour




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La lettre du Chef de l’Etat, Dr Boni Yayi au clergé, suite au message de ce dernier rendu public le 15 août 2013 sur le malaise dans lequel le Bénin est plongé, n’est pas restée sans susciter de vives polémiques. Selon qu’on soit proche ou non du pouvoir, cette réponse du Président de la République aux Evêques n’est pas vue de la même manière.
Dans sa lettre, le Président Boni Yayi a tenu à faire savoir aux responsables de l’Eglise catholique qu’il n’est pas le seul responsable de la situation qui prévaut en ce moment au Bénin. «… J’ai noté avec intérêt le diagnostic que vous faites sur la situation de malaise observée dans notre pays. Cet état de malaise est réel mais il ne saurait être imputé à un régime ni encore moins à un individu fût-il le Président de la République. En fait, il s’agit d’une responsabilité collective dont les causes sont liées à l’absence de notre Foi en Dieu, à l’amour du prochain, aux pesanteurs de nos structures culturelles et mentales, aux contingences de l’évolution historique de notre société et aux facteurs exogènes », a rectifié le Président Boni Yayi selon qui le Bénin a accompli des progrès en dépit de ces contraintes structurelles et institutionnelles.
Ce préalable fait, le Chef de l’Etat s’est étendu sur la question de la révision de la Constitution et sur le sujet relatif aux supposées tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat manqué.
Sur le point relatif à la révision de la Constitution, le Chef de l’Etat s’est permis de regretter l’absence d’échange entre le clergé et lui. « J’ai le sentiment que la Conférence Épiscopale a fait des déclarations sur la base des informations non fondées alors que cet incident aurait pu être évité si des rencontres avaient été organisées entre elle et toutes les Institutions de la République qui sont convaincues du bien-fondé de ces ajustements techniques qui n’ont aucun rapport avec une quelconque dissolution de notre Constitution », a dit le Président Boni Yayi.
Concernant les dossiers empoisonnement et coup d’Etat, c’est avec grande déception que le Chef de l’Etat a pris connaissance du premier paragraphe de la lettre de la conférence épiscopale relative à ce point où il est affirmé que « le drame qui a failli faire basculer dans la violence notre Nation à savoir la tentative d’empoisonnement et de coup d’Etat sont douteux et ont provoqué des arrestations contestées alors même que les inculpés n’ont pas contesté les faits ».
Sur ces faits, le Chef de l’Etat a enjoint le clergé de lui faire connaître les éléments en sa possession à partir desquels il déclare qu’il s’agit « d’événements douteux et contestés ».
Pour certains membres de la mouvance présidentielle, le Président Boni Yayi a fait preuve d’humilité puis d’acception de la contradiction. Aussi donne-t-il la preuve de son attachement aux principes démocratiques en reconnaissant à l’Eglise catholique son droit à la différence de point de vue sur les questions de la Nation. « Avec humilité, le Président Boni Yayi a reconnu la justesse du diagnostic fait par l’Eglise catholique et qui relève le malaise dans le pays mais en situe les causes aussi bien dans le lointain que le présent et en évoque les grandes conséquences, preuve de sa sincérité », pense un de ses proches collaborateurs. Pour ce dernier, le Chef de l’Etat a d’ailleurs prêté la bonne foi aux Evêques, estimant qu’ils ne disposent pas de toutes les informations ; il leur donne notamment les courriers qu’il a échangés avec le Président de l’Assemblée Nationale sur le principe d’une large consultation des composantes de la société civile. L’un des éléments sur lesquels il convient d’insister, pense un autre collaborateur du Chef de l’Etat, c’est le fait que, malgré ce contexte qui peut faire craindre une logique d’affrontement, le Président Boni Yayi a conduit à Dassa une forte délégation de son gouvernement et des Présidents des autres institutions de la République pour assister à la messe dite dans le cadre du pèlerinage marial. « A l’occasion, le Chef de l’Etat a renouvelé à l’endroit de l’Eglise tous les actes qu’il pose habituellement (dons divers, décoration de hautes personnalités de l’Eglise catholique…) », a souligné notre interlocuteur.
Pour d’autres Béninois par contre, le ton utilisé par le Chef de l’Etat dans sa lettre n’a rien de conciliant. Au contraire ! Candide Azanaï, Janvier Yahouédéou… ne sont pas allés du dos de la cuillère pour exprimer leur grande déception. (Lire leurs déclarations dans ce dossier).

Lettre de Boni YAYI au Président de la Conférence Épiscopale
Excellence Monseigneur,
J’ai l’honneur d’accuser réception de votre lettre du 09 juillet 2013 et de l’exemplaire du message de la Conférence Épiscopale de notre pays que vous avez bien voulu m’adresser et je vous en remercie de tout cœur.
En vos éminentes qualités d’hommes de Foi et de guides spirituels de nos concitoyens, je tiens à vous adresser mes sincères félicitations pour votre attachement à l’avenir de notre pays et le grand intérêt que vous portez aux questions d’intérêt national.
Mes commentaires d’ordre général :
À la lecture de ce message, j’ai noté avec intérêt le diagnostic que vous faites sur la situation de malaise observée dans notre pays. Cet état de malaise est réel mais il ne saurait être imputé à un régime ni encore moins à un individu fût-il le Président de la République. En fait, il s’agit d’une responsabilité collective dont les causes sont liées à l’absence de notre Foi en Dieu, à l’amour du prochain, aux pesanteurs de nos structures culturelles et mentales, aux contingences de l’évolution historique de notre société et aux facteurs exogènes. Voilà les sources réelles de maux dont souffre notre pays et qui se traduisent par la mal gouvernance, le refus d’acceptation de l’autre, l’absence de patriotisme et la prégnance de l’individualisme sur l’intérêt général.
En dépit de toutes ces contraintes structurelles et institutionnelles, sans compter l’importance des chocs extérieurs, le Bénin sans ressources minières et pétrolières a certainement accompli des progrès qui n’ont pu rattraper l’accélération de la croissance démographique. C’est là le sens de notre attachement aux différentes réformes structurelles, institutionnelles, économiques avec comme point de mire le renforcement de l’environnement des affaires, des infrastructures qui nous manquent si tant pour relever le défi des Objectifs du Millénaire pour le Développement et des Objectifs de Développement Durable. Sans verser dans l’autosatisfaction, avec un taux de pauvreté monétaire de l’ordre de 35%, le Bénin, notre pays affiche le taux le plus bas au sein de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine dans les statistiques publiées par la BCEAO. Notre pays continue d’enregistrer des progrès dans un certain nombre d’Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) même si les progrès doivent être consolidés.
De la modernisation de notre Constitution :
Les réformes politiques sont aussi indispensables. En ce qui concerne ce dernier point, nous avons envisagé avec les autres Institutions de la République de soumettre au Peuple le projet de modernisation de notre Constitution avec le concours des hauts cadres juristes de notre pays. Des réflexions, il en est sorti un document transmis à l’Assemblée Nationale en 2009. Ce dernier document a été amélioré par un autre groupe de travail de cadres compétents que compte notre pays.
Comme vous l’avez si bien dit, toute révision a besoin de consensus. Je n’ai pas perdu ce point de vue. J’ai souhaité en effet que l’Assemblée Nationale procède à une vulgarisation du contenu de cette modernisation en direction de toutes les Institutions de la République, l’administration publique, les collectivités locales, la classe politique, les forces sociales telles que la société civile, les confessions religieuses, les chefs traditionnels, les femmes, les jeunes, les artisans, les étudiants, les ouvriers, les enseignants et tous autres groupes socioprofessionnels et culturels.
Les Précautions prises dans la gestion du projet de modernisation de notre Constitution :
Dès réception du dernier document en 2010 qui n’est pas différent de celui transmis en 2009, le Président de l’Assemblée Nationale a accusé réception pour m’informer du contenu des documents reçus (voir courrier en annexe).
Dans sa lettre, il a reconnu notamment trois principales innovations du projet de modernisation.
Il s’agit de :
La création et la constitutionnalisation de la Cour des Comptes dans le cadre de la gestion transparente des finances publiques et la reddition des comptes devant le Peuple béninois ; à vrai dire, il s’agit d’une Directive de la Commission de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine qui s’impose à tous les Etats membres, et notre pays est aujourd’hui le seul à y dérober à côté du Mali excusable à cause des dernières difficultés qu’il a traversées ;
La constitutionnalisation de la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) en vue de professionnaliser et de pérenniser la modernisation de notre système électoral ;
L’imprescriptibilité des crimes économiques dans le cadre de la moralisation de la vie publique et de la lutte contre la corruption.
En tout état de cause, les réformes ne remettent en cause l’article 42 de notre Constitution qui interdit à tout citoyen d’exercer plus de deux mandats présidentiels dans notre pays, tout en maintenant la limitation de l’âge.
Par ailleurs, l’Exécutif, le Parlement et la Cour Constitutionnelle ont verrouillé ces dispositions par l’adoption d’une loi référendaire qui interdit la révision sur les points retenus par l’article 156 de notre Constitution à savoir : La forme républicaine et la laïcité de l’Etat ; L’intégrité du territoire national.
En plus de ces dispositions, la loi référendaire a ajouté les autres fondamentaux de notre Conférence Nationale c’est-à-dire : La limitation des mandats à deux renouvelable une seule fois ; La limitation de l’âge de quarante ans au moins et soixante-dix ans au plus ; Le type présidentiel du régime politique.
Au vu de ce document, le Président de l’Assemblée Nationale reconnait qu’il n’a reçu aucun document qui parle de la nouvelle république au cœur des intoxications à l’origine du malaise politique actuel dont vous faites allusion (voir lettre du Président de l’Assemblée Nationale en date du 07 juin 2013)
Nous devons retenir que dans la lettre adressée au Président de l’Assemblée Nationale, j’ai toujours rappelé la nécessité d’une approche consensuelle. Le Président de l’Assemblée Nationale travaille sur cette base tout en respectant les procédures de l’Assemblée Nationale. Nous sommes tous d’accord avec vous qu’aucune modernisation ne peut se faire sans le consensus.
Vous avez à juste titre parlé de la crise de confiance et je suis parfaitement d’accord avec vous. Mais par quel miracle la majorité parlementaire peut-elle faire passer lors des débats un projet différent dont l’objet conduirait à une révision opportuniste ?
Par ailleurs, la Cour Constitutionnelle, gardienne du temple, continue d’être le rempart pour garantir l’équilibre constitutionnel de notre pays.
Excellence Monseigneur,
Sur ce point, je me permets de regretter l’absence d’échange entre vous et moi. J’ai le sentiment que la Conférence Épiscopale a fait des déclarations sur la base des informations non fondées alors que cet incident aurait pu être évité si des rencontres avaient été organisées entre elle et toutes les Institutions de la République qui sont convaincues du bien-fondé de ces ajustements techniques qui n’ont aucun rapport avec une quelconque dissolution de notre Constitution.
Par ailleurs, je regrette également les intoxications sur le projet intervenu à la fin de l’année 2012 à un moment où notre pays a décidé de mettre fin à des crimes économiques enregistrés dans la gestion du coton et dans la gestion des réformes portuaires (PVI) alors que le document transmis depuis 2009 qui n’a pas changé n’avait pas soulevé autant de remous de nature à remettre en cause la quiétude de nos populations. Ces intoxications sont donc bel et bien véhiculées par des manipulations orchestrées par ceux-là qui veulent détenir seuls la richesse du pays tout en remettant en cause l’intérêt général.
Excellence Monseigneur,
La lutte contre la corruption est une exigence à laquelle je ne me déroberai jamais quel que soit le prix sur cette terre.
Ce qui m’amène à dire enfin un mot sur le point 5 de votre message intitulé « l’Appel inoubliable du Pape Benoît XVI au Bénin »
Triste dossier d’empoisonnement :
Excellence Monseigneur, une question me tient à cœur!
C’est avec beaucoup de déceptions que j’ai pris connaissance du premier paragraphe de ce point où vous estimez que le drame qui a failli faire basculer dans la violence notre Nation à savoir la tentative d’empoisonnement et de coup d’Etat sont douteux et ont provoqué des arrestations contestées alors même que les inculpés n’ont pas contesté les faits.
C’est avec beaucoup de peine que je soulève ce point parce qu’au-delà de tout, je suis citoyen avant d’être Président et j’ai un droit à la vie. Je demeure persuadé que je suis une créature de Dieu et à ce titre nul n’a le droit de détruire toute créature que le Père Céleste a façonnée de sa main. Je suis peiné de poser ce problème sans vouloir agacer mes chers compatriotes qui croupissent dans la misère. Je me dois de le poser parce qu’il est pendant devant la justice de notre pays et constitue aujourd’hui un sujet au cœur de l’opinion nationale et internationale.
Je m’empresse de vous dire qu’au stade où se trouve son instruction je m’en suis dessaisi pour le confier à la Justice Divine car c’est Dieu qui m’a créé et tout est grâce. Cependant, je me permets de vous prier avec beaucoup de respect et de considération en votre qualité de Président de la Conférence Épiscopale, une Grande Institution de Foi, de bien vouloir me faire connaître les éléments en votre possession à partir desquels vous déclarez qu’il s’agit d’événements douteux et contestés.
Je me permets de vous poser cette question parce que j’ai foi en votre institution et en sa crédibilité. Je continue de croire que vous auriez réussi à contacter le principal accusé et que vous détenez de ce fait des informations à travers votre déclaration. Je continue de croire que la Conférence Épiscopale ne veut pas à travers cette déclaration se substituer à la justice de notre pays, ou l’influencer dans l’instruction de ce dossier, ou semer le doute dans l’opinion nationale et internationale.
Simple citoyen et créature de Dieu, j’ai droit à la vie ; Président de la République je suis tenu au respect du Peuple béninois et à la fonction présidentielle mais je me suis toujours refusé d’accepter de me dérober à la responsabilité qui est la mienne dans la préservation des biens publics. Oui! je suis conscient de cette humiliation dans laquelle reste plongées aujourd’hui l’image de notre pays et la mienne.
Enfin, je continue de croire qu’à travers cette déclaration, la Foi ne veut pas être politisée au profit d’un groupe de citoyens et au détriment d’autres sur la base des critères qui m’échappent. Elle doit s’efforcer d’être au service de toutes les âmes créées et aimées par Dieu, le Père Céleste, Père de nous tous, quelles que soient nos origines.
Encore une fois, je salue votre attachement à la paix dans notre pays et je renouvelle mes vœux de voir votre Institution prestigieuse s’entretenir périodiquement avec moi des questions dont elle est saisie et qui concernent la paix, la sécurité et la prospérité de notre chère Patrie.
Je vous saurais hautement reconnaissant des dispositions que vous voudriez bien faire prendre au nom de Dieu le père Céleste pour faire droit à ma requête, ma soif de connaître les raisons de l’implication de votre Institution dans un dossier entre les mains de la Justice que nous voulons indépendante dans notre pays et les raisons qui ont présidé à de telles Déclarations dont la nature est de Diviser plutôt que de rassembler et d’éloigner notre pays de sa crédibilité internationale puisque le Président de la République serait un « menteur » et un « geôlier ».
Je suis respectueusement dans l’attente de votre réponse.
Je vous prie de croire, Excellence Monseigneur, à l’assurance de ma haute, Filiale et spirituelle considération.
Que Dieu bénisse l’Église !
Et que Dieu bénisse le Bénin, notre Patrie Commune !
Dr Boni YAYI
La lettre de Yayi aux Evêques vue par Azanaï
(… )Ce n’est pas l’intérêt général qui motive les vrais obscurantismes de Boni Yayi contre la Constitution. C’est l’assouvissement de deux rancœurs : l’une contre les assauts contre sa gestion lors de son premier mandat et l’autre contre les hommes d’affaires qui influencent le jeu politique par le financement et le soutien des lobbies et réseaux politiques. Une lecture fine de son entretien du 1er Août 2012 permet de se faire une idée nette de son projet de représailles en ces deux sens. Comment permettre que l’on accepte qu’une fraction du Peuple modifie à son seul profit la Constitution, œuvre d’un consensus national de l’ensemble du Peuple. La lettre de Boni Yayi, suite au message de la Conférence Épiscopale des Évêques du BENIN, est une pure image du diable qui se débat dans le bénitier. Primo, le diagnostic de la Conférence Épiscopale n’est pas démenti par Boni Yayi, quelles qu’ont été les acrobaties tirées par des arguties pour s’en justifier en vue de s’en disculper. Secundo, la nature biaisée de la méthode enclenchée pour falsifier la Constitution n’a pas été niée non plus, même si nous devons tous nier à Nago Mathurin la tâche que Boni Yayi déclare lui avoir confiée dans la vulgarisation de son projet confus et non consensuel de révision constitutionnelle. C’est un aveu de copinage politique entre Boni Yayi et Mathurin Nago autour de la Constitution. Ce n’est pas le rôle constitutionnel tel que dévolu par notre Constitution au Président de l’Assemblée nationale. C’est une fuite de responsabilité qui montre bien une malice de contournement des forces vives de la Nation par Boni Yayi. Et puis, la maladresse de Boni Yayi se lit droit dans sa réaction au passage du message de la Conférence Épiscopale relatif aux rumeurs de tentatives visiblement montées de ci ou de ça, après que dans ses propres propos in fine du 1er Août 2012 Boni Yayi avait menacé de représailles à formes imprévisibles ces protagonistes parmi lesquels ceux étouffés par toutes sortes de manipulations, en exil, sous le coup de la justice, en prison… Je ne trouve pas sérieux et sincère que dans ces affaires, Boni Yayi ose écrire qu’il s’est dessaisi. Et qu’il s’est remis à Dieu. Je ne suis pas convaincu quand Boni Yayi écrit, je cite : « Je m’empresse de vous dire qu’au stade où se trouve son instruction, je m’en suis dessaisi pour le confier à la Justice Divine car c’est Dieu qui m’a créé et tout est grâce.» Fin de citation. Non ! Non ! Et Non ! Ce n’est pas après l’échafaud ou la pendaison de victimes innocentes ou de prévenus sur fond de non-lieu, dans un doute confusément opaque, qu’on prétend s’en remettre à Dieu. Que tente-t-on de reprocher à l’Eglise Catholique lorsque du propre camp accusateur, on peine à exhiber des preuves irréfutables, après le spectacle des radioactivités non radioactives, des fourvoiements dans la qualification des présomptions de charges, de persécutions de juge, on en est ces derniers jours aux dénigrements du même Procureur par des distillations de suspicions de corruption et de recèles d’actes de corruption contre lui dans ces mêmes affaires de « complotites « ? Non ! La justice a-t-elle été suspendue lorsque le même Boni Yayi ne se lassait pas de recevoir des compassions mêmes montées, achetées, récompensées sur les installations publiques du Palais présidentielle ? Ne savait-t-il pas qu’il influençait de la sorte la justice ? Et de quelle justice parle Boni Yayi lui-même ? Celle que lui et son gouvernement balafrent sans aucune forme de procès ? Non ! L’Eglise a parlé. Un point, un trait. L’Eglise n’a aucune leçon à recevoir de Boni Yayi. Le message de la Conférence Épiscopale des Évêques est clair, fortement inspiré par la réalité des faits et en toute solennité de très Sainte Assomption de la Vierge Maire. (…)
Honorable Candide Azanaï, député Fcbe
Réaction de Janvier Yahouédéou
C’est grave ! C’est gravissime et J’éprouve une grande peine à devoir me prononcer sur cette lettre du chef de l’Etat.
Aucun béninois ne doit oublier le rôle joué par l’église en 1990 pour l’avènement de la paix, du renouveau démocratique qui ont amené les béninois à retrouver l’espoir et la joie de vivre.
Le clergé reste le dernier rempart de sauvegarde de l’unité nationale lorsque tous les espoirs sont perdus.
Dans le dossier des histoires d’empoisonnement et consorts, la justice a déjà rendu par deux fois des décisions de non lieu.
Suite à la lettre de la Commission épiscopale, qui du reste à mon avis est une lettre d’appel à la paix, à la fraternité, et un SOS à l’entente autour du sujet brulant de l’actualité, J’aurais préféré que le chef de l’Etat saisisse cette perche pour renouer avec le dialogue avec tous les fils de ce pays et sortir le pays de la déconfiture.
Au Bénin, qu’un juge ait été arrêté après avoir rendu sa décision, ça, tout le monde le sait !
Que l’aéroport de Cotonou soit classé dernier des aéroports d’Afrique, tout le monde le sait !
Que le Bénin soit classé avant-dernier en termes de qualité de l’internet, tout le monde le sait !
Sur le plan économique, Que le Bénin soit classé dernier des pays de l’UEMOA en 2012, tout le monde le sait !
Bref, que le peuple béninois végète dans la précarité et l’indigence sous le régime de Yayi Boni, tout le monde le sait !
La réaction du chef de l’Etat aurait pu être une lettre de remerciement au clergé et une invitation à l’organisation d’un dialogue national honnête et sincère autour du principal sujet de révision de la Constitution.
Si en lieu et place de cela, c’est une «demande d’explications» quoique courtoise qui s’en suit, je dirais que c’est encore une autre valeur qui risque de s’effondrer. C’est dommage.
Janvier YAHOUEDEOU
Le clergé béninois n’entend pas trembler devant les menaces de Yayi
Le clergé béninois est bien décidé à se faire entendre par le Chef de l’Etat au sujet du projet de révision de la Constitution. Non content de lui avoir envoyé son message, les Evêques béninois ont tenu à le lire de vive voix lors de la messe du pèlerinage à Dassa à laquelle le président de la République a participé. Un message qui est, si ce n’était pas encore le cas, passé dans les oreilles les plus avisées. Car Boni Yayi et tous les présidents des institutions de la République du Bénin étaient au premier rang hier, dimanche 18 août 2013, de la messe du pèlerinage à Dassa quand le message du clergé a été lu.
La circonstance était solennelle. L’écoute était grande. Presque tout le Bénin était représenté à ce pèlerinage à Dassa. L’Afrique et le monde entier étaient aussi de la partie par le biais des nombreux pèlerins étrangers qui participent chaque année à ce rendez-vous de prières et d’adoration. Il y avait également l’envoyé du Pape François 1er sur les lieux. Le choix du clergé de lire ce message à cette occasion n’est donc pas fait au hasard. Il vise certainement un but, celui de se faire entendre par beaucoup de monde et de se rassurer que le message a été entendu. Dans son message, le clergé béninois s’est fait clair au sujet de ce projet de révision de la Constitution et voudrait donc prendre le plus grand nombre à témoin. « …Certes, ici comme ailleurs, l’Eglise n’apporte aucune solution technique ni politique. Mais elle a le devoir moral de faire remarquer qu’en régime démocratique, aucune réforme qui suscite de fortes tensions et oppositions n’a jamais profité à un peuple qu’elle divise. A qui et à quoi servirait la révision dans la division, sinon à mettre en péril la paix de la Nation ? ». Yayi a été sans doute mis dans une situation embarrassante en se voyant obligé d’écouter de bout en bout ce texte sur lequel, dans sa réponse au clergé, il ne semble pas épouser avec lui ses affirmations. L’étau se resserre donc autour du président de la République sur ce projet de relecture de la loi fondamentale du Bénin. La bataille entre l’Exécutif et les antirévisionnistes reprend ainsi de plus belle.
Message de la Conférence épiscopale du Bénin sur le malaise politique actuel et la révision de la Constitution
Filles et fils bien-aimés de Dieu,
Citoyennes et citoyens de bonne volonté,
Appel pressant
Serviteurs de la vérité de l’Evangile (cf Jn 8, 32 ; Rm 8, 21), nous, Evêques et Administrateurs apostoliques de la Conférence épiscopale du Bénin (Ceb), fidèles à notre souci constant d’apporter notre modeste contribution à l’édification de la Nation, avons jugé bon de vous adresser ce message sur la crise socio-politique actuelle de notre pays et sur le projet de révision de la Constitution de notre République. Le Bénin vit aujourd’hui dans un climat de fortes tensions, de divisions ouvertes, de malaise profond. La clameur du peuple, toutes tendances confondues, nous parvient au quotidien. L’angoisse, l’inquiétude et la méfiance habitent dangereusement les cœurs. Comme citoyens et pasteurs, en charge de l’éveil et de l’accompagnement des consciences, avant de parler nous avons pris le temps d’observer, d’écouter les uns et les autres, en silence, dans la prière et la méditation. Pressés par le devoir de vérité dans la charité, et au regard des événements et mouvements en cours, nous venons à présent lancer, à chaque fille et fils de ce pays, aux acteurs politiques et responsables de la Société civile, et de manière particulière au tout nouveau gouvernement qui vient d’être formé, un appel pressant au dialogue, à la paix, à la confiance réciproque en vue de la cohésion nationale.
L’urgence d’un dialogue politique
L’une des facettes les plus critiques du malaise ambiant est le malaise politique. La mouvance et l’ensemble de l’opposition se toisent. La vraie communication est absente, sélective par moments, mais toujours empreinte de méfiance et de suspicion. Notre démocratie se porterait mieux, si les règles d’une saine coopération consensuellement établies étaient cultivées et entretenues. Le malaise politique actuel appelle à un dialogue qui ouvrirait à une meilleure connaissance réciproque des parties, à une appréciation objective diversifiée, et par conséquent plus juste des problèmes. Le Pape François déclarait récemment aux journées mondiales de la jeunesse à Rio (Brésil) : « Lorsqu’un responsable me demande un conseil, ma réponse est toujours la même : dialogue, dialogue, dialogue. Entre l’indifférence égoïste et la protestation violente, il y a une option toujours possible : le dialogue » (27 juillet 2013). Le dialogue politique est la pierre angulaire de toute vraie démocratie.
En effet, les problèmes de tout un peuple ne sauraient être cernés, compris et résolus par un seul groupe. Cela requiert plutôt l’effort et la collaboration de tous les acteurs et responsables de différents secteurs, dans un esprit constructif de vérité, d’honnêteté et de sincérité, dans le respect fidèle des pactes conclus et le souci de l’intérêt général. Ce dialogue patriotique, c’est tout le peuple béninois qui le désire et l’attend impatiemment. Aussi, le recommandons-nous instamment, nous vos Evêques et pasteurs, d’autant qu’il représente, à notre avis, un préalable à la restauration de la confiance surtout dans un pays comme le nôtre, où les gens sont portés à la méfiance dès qu’ils ont l’impression que l’on veut se jouer d’eux.
Restaurer la confiance
Les expressions négatives et réactions de rejet que génère de plus en plus le malaise actuel sont aussi liées à une crise de confiance du peuple face à ses mandants et gouvernants. Qu’il nous souvienne que Benoît XVI, lors de sa visite au Bénin, déclarait au Palais présidentiel le 19 novembre 2011 : « La personne humaine… veut vivre dignement ; … elle veut être respectée ; elle revendique une gouvernance limpide qui ne confonde pas l’intérêt privé avec l’intérêt général, et plus que tout, elle veut la paix et la justice. En ce moment, il ya trop de scandales et d’injustices, trop de corruption et d’avidité, trop de mépris et de mensonges, trop de violences qui conduisent à la misère et à la mort ».
Qui oserait dire qu’un tel diagnostic ne correspond pas au marasme politique et économique qui nous frappe actuellement de plein fouet et qui nous aurait relégués parmi les pays les plus pauvres du continent et du monde ? N’est-ce pas le moment propice d’en prendre vraiment conscience pour nous remettre sérieusement en cause et nous donner les moyens de sortir de ce drame ?
Dans notre message du 2 octobre 2008, « Restaurer la confiance et préserver la paix » p. 9, nous écrivions déjà que « restaurer la confiance aujourd’hui passe par le respect du jeu démocratique, la conformité, par tous, à la lettre et à l’esprit de la Constitution du 11 décembre 1990, par la défense du bien commun comme unique motivation de l’action politique ».
La confiance constitue le ciment de toutes relations de collaboration et de solidarité. Sans la confiance, tout tourne à vide. Notre peuple a soif de dirigeants semeurs de confiance et d’espérance, capables de mobiliser nos énergies et nos intelligences pour construire ensemble un meilleur avenir. Cette démarche s’impose à nous tous comme un impératif pour une bonne gouvernance.
Certes, ici comme ailleurs, l’Eglise n’apporte aucune solution technique ni politique. Mais elle a le devoir moral de faire remarquer qu’en régime démocratique, aucune réforme qui suscite de fortes tensions et oppositions n’a jamais profité à un peuple qu’elle divise.
A propos de la révision de la Constitution
L’unité nationale et d’abord la dignité de notre peuple sont gravement mises à mal aujourd’hui par :
- la pauvreté sinon la misère d’une large frange de la population en manque dramatique du minimum vital, face à l’opulence d’une minorité;
- le nombre croissant de jeunes sans emploi et à l’avenir incertain ;
- les pratiques régionalistes, facteurs de discrimination et de division ;
- les accusations d’empoisonnement et de complot contre la personne du président de la République.
Voilà le contexte de mal-être dans lequel survient le projet de révision de la Constitution du 11 décembre 1990. Dès la transmission d’un tel projet par le gouvernement au parlement le 6 juin 2013, les populations ont réagi, mettant aux prises, et de plus en plus ouvertement, trois catégories de concitoyens : les protagonistes acharnés de la révision, les antirévisionnistes radicaux, enfin ceux qui acceptent le principe de la révision mais n’en voient pas l’urgence et n’en approuvent surtout pas la méthode.
Certes, ici comme ailleurs, l’Eglise n’apporte aucune solution technique ni politique. Mais elle a le devoir moral de faire remarquer qu’en régime démocratique, aucune réforme qui suscite de fortes tensions et oppositions n’a jamais profité à un peuple qu’elle divise. A qui et à quoi servirait la révision dans la division, sinon à mettre en péril la paix de la Nation ? «Pour servir la paix, respecte la liberté », disait Jean-Paul II (Message de paix de janvier 1981). Il y a lieu de revenir à l’esprit consensuel et convivial de la Conférence nationale des forces vives, pour instaurer le dialogue politique et restaurer la confiance, comme nous le recommandions plus haut, d’autant que dans plus d’un pays de la sous-région, l’on est porté à toucher à la Constitution pour se maintenir indéfiniment au pouvoir.
Nous devons plutôt veiller à construire la cohésion nationale dans un esprit de service, mobilisant les différents courants d’idées et de sensibilités, même les plus opposés, avec le souci constant du bien de chacun et de tous. Comme l’écrit l’Apôtre Paul, « revêtez des sentiments de compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les autres, et si l’un a un grief contre l’autre, pardonnez-vous mutuellement ; comme le Seigneur vous a pardonnés, faites de même, vous aussi. Et par-dessus tout, revêtez l’amour : c’est le lien parfait » (Col 3, 12-14). Voilà la règle d’or d’une cohésion nationale d’autant authentique, constructive et durable qu’elle s’enracine dans notre foi en Dieu et se nourrit constamment de prières à l’Esprit de discernement, de tolérance et de persévérance.
L’appel inoubliable du Pape Benoît XVI au Bénin
En ces moments difficiles où notre vivre ensemble est mis à l’épreuve, nous avons mal au cœur que notre patrie, notre premier bien commun, présente à la face du monde l’image d’un pays de turbulences et de violences inutiles, d’empoisonnements et de complots douteux, d’arrestations et d’emprisonnements fortement contestés.
Ce pays est tout de même celui de la toute première Conférence nationale qui a ouvert l’Afrique aux rêves du renouveau démocratique.
Ce pays est celui de notre vénéré Cardinal Bernardin Gantin que le Vatican a récemment honoré en instituant à Rome, à l’Université de Latran, la chaire qui porte son nom, pour la formation d’une nouvelle classe d’hommes politiques ; et ce fut en présence de notre chef de l’Etat, le président Boni Yayi.
Ce pays est celui dans lequel le Pape Benoît XVI nous a fait l’insigne honneur de séjourner, en signant, sous le regard de l’Afrique et du monde entier, l’inoubliable Exhortation Apostolique post-synodale « Africae munus » sur la réconciliation, la justice et la paix. C’est lui, le Pape Benoît XVI, qui a prononcé sur notre sol ces paroles inoubliables qui ont tout d’une vibrante interpellation : « Chaque peuple veut comprendre les choix politiques et économiques qui sont faits en son nom. Il saisit la manipulation, et sa revanche est parfois violente. Il veut participer à la bonne gouvernance… De cette tribune, je lance un appel à tous les responsables politiques et économiques des pays africains et du reste du monde. Ne privez pas vos peuples de l’espérance. Ne les amputez pas de leur avenir en mutilant leur présent. » (Discours au Palais de la République, 19 novembre 2011).
Que par l’intercession de la Vierge Marie, l’Immaculée Mère de notre Sauveur Jésus Christ, Dieu bénisse et baigne de son Esprit de sagesse notre pays le Bénin, ses filles et ses fils !

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