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Nicéphore Soglo au sujet de la gestion de Cotonou : « Yayi Boni puise allègrement dans les recettes des Communes »
Publié le mardi 16 juin 2015  |  Le Matinal
Nicéphore
© Autre presse par DR
Nicéphore Soglo




Le Président Maire Nicéphore Dieudonné Soglo a exposé pendant 90 minutes, les difficultés auxquelles est confronté l’hôtel de ville. Nicéphore Soglo, a déploré le refus par l’Etat central de conférer à la Mairie, son autonomiefinancière. Il était hier dimanche 14 juin 2015 sur la Chaîne de télévision Canal 3 Bénin.

Après 12 ans de gestion à la municipalité de Cotonou, votre choix a-t-il été judicieux ?

Merci infiniment messieurs les journalistes. C’est vrai que c’est un plaisir pour moi d’être avec vous pour faire comprendre un certain nombre de choses. Il est absolument indispensable de savoir les raisons pour lesquelles un ancien Chef d’Etat, un ancien administrateur de la banque mondiale accepte les propositions des femmes les plus déshéritées de la ville de Cotonou, d’être leur candidat pour conduire la démocratie locale. Les raisons sont simples. Quand j’étais à Washington, l’organisme dans lequel je travaillais, la Banque mondiale s’occupait de tous les secteurs. Notre approche était à la fois globale et micro-économique, c’est-à-dire que nous nous occupons d’eau, d’électricité, d’éducation, de santé, de transport, d’environnement, mais nous avions oublié un seul secteur. C’est le secteur des villes, des villages, c’est à dire le socle des nations. Et naturellement, on avait laissé cela aux Etats et ils se sont révélés incapables de faire face au second défi de ce siècle après le climat, c’est l’explosion urbaine. Plus de la moitié de la population du monde ira dans les villes et il faut préparer cela. Il faut une démocratie locale, il faut changer toute l’Afrique. C’est pour cela que quand les femmes ont demandé cela j’ai été surpris. Mais en même temps je me rappelais que lorsque Camara en ce temps Président d’un conseil avaient lancé ce qu’on a appelé Globale coalition for Africa où il voulait que nous puissions prendre la mesure du défi. Donc, c’est la raison pour laquelle j’ai accepté après avoir consulté le grand frère Nelson Mandela que j’avais accompagné pour son premier voyage aux Etats-Unis et qui m’avait dit : « Mon petit frère, tu as travaille dans cet organisme, tu sais bien que quand le malheur s’abat sur une nation, les premières victimes, ce sont les femmes et les enfants, donc tu ne peux pas dire non. C’est ce qui explique vraiment ma présence ici aujourd’hui.

Après 12 ans à la tête de la ville de Cotonou, avez-vous atteint vos objectifs ?

Je suis un homme docile. J’ai ce document, le recueil des lois sur la décentralisation. Une fois que j’ai accepté la proposition de femmes, j’ai demandé à voir les textes. Ces textes, c’est la loi numéro 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin. Là, il y avait l’État, les départements, les sous-préfectures et les villages. Voilà que pour la première fois selon ce que nous avons décidé à la Conférence nationale, on disait que désormais la commune est une collectivité territoriale dotée de la personnalité. Avant d’aller aux communes, on a commencé d’abord pour le pays lui-même avec l’organisation de l’administration territoriale qui est assurée par les services déconcentrés de l’État et par les collectivités territoriales décentralisées dans le cadre défini par la présente loi. Alors, il y a d’un côté les circonscriptions administratives, les départements, et de l’autre, les collectivités décentralisées : les communes. On s’est dit que c’est une révolution pour mener la démocratie locale. Et ce qui est étonnant dans le temps, c’est que vous voyez qu’il y a 12 départements dirigés par des préfets et à côte de cela, il y a des collectivités territoriales et au premier rang la commune. Dans la commune, on a dit des choses qui font plaisir. D’abord que la commune a un budget autonome. Ensuite, une fois qu’on a dit cela, on a le sentiment que ce qu’on a donné, on le retire un peu. Le comptable de la commune est un comptable du trésor nommé par le Ministre chargé desfinances. Est-ce que nous sommes libres ou pas ? Donc, il y a quelques petits pièges. Et à l’article 30, la commune est obligée de domicilier ses recettes budgétaires au comptable de la Commune. Donc, l’Etat peut puiser là-dedans. Et c’est ce que Yayi Boni ne se gêne pas de faire. Si on a un combat à mener, il faut savoir les règles du jeu. Ensuite, on parle évidemment des subdivisions de la commune, les arrondissements, les subdivisions des arrondissements ce sont les villages et les quartiers de ville. Je dois dire que pour ce qui concerne ces derniers, le gouvernement a traîné les pieds c’est au second mandat qu’on peut dire que ces collectivités de base ont pu être installées. Ce que je dois également remarquer ici est que cette fois-ci, c’est la loi qui parle effectivement de l’organisation des communes. Je rappelle ces éléments parce qu’il faut planter le décor. Quand vous commencez pour les communes, cela démarre si joliment. La commune est une collectivité territoriale dotée de la personnalité juridique et de l’autonomie financière. Là nous sommes déjà en pleine démocratie. On était parti de la Conférence nationale en 1990 pour installer la démocratie dans notre pays. Ici on dit que la commune constitue le cadre institutionnel pour l’exercice de la démocratie à la base. Donc, j’étais automatiquement preneur. Mais, je ne savais pas que j’allais me livrer à un combat d’une nature particulière. Quand vous entendez cela, ça vous conforte. Alors la question que vous posez est une question effectivement pertinente. Est-ce que nous sommes arrivés à installer cette démocratie ? A la conférence nationale on avait fixé tous les cadres. Moi j’étais chargé de mettre cela en route. Mais je ne savais pas quand j’étais arrivé, que j’allais commencer le combat un peu comme les gens du Pcd l’ont fait pour la démocratie locale. Je ne savais pas cela. Je dois dire ceci. Une chose qui m’a surprise. Quand j’ai pris cet article, du moins ce document, on parle des départements et on indique à l’article 47 : « les frais de fonctionnement des services déconcentrés de l’Etat nationale sont assurés par le budget national », loi 97-028. Donc, on prévoit des ressources parce qu’on ne peut pas vivre sans argent. On dit cela pour l’Etat. Mais quand vous passez à la commune, on fait le tour de cela. Nulle part vous n’avez rien concernant les frais de fonctionnement.

Mais l’autonomie budgétaire vous permet de vous organiser.

L’autonomie suppose que vous avez. Quand on parle du budget national, nous arrivons au fond du débat. On dit voilà ce qui concerne l’Etat. Mais quand vous arrivez au niveau des communes, vous n’avez strictement rien. Rien pour ce qui concerne les frais de fonctionnement. Rien.

Vous avez des ressources. Les communes collectent des taxes.

Non. Ce que j’ai appris dans ce métier pendant plus d’une décennie, c’est de me rendre compte que le maire et ses adjoints ont des indemnités. Je ne sais plus à quel article cela se trouve. Mais on ne prévoit rien pour les autres. Je prends à la page 19. Quand on parle de la commune, on ne parle pas de l’Assemblée de la commune. On dit Conseil. Pourquoi Conseil ? Il faut faire d’abord une thérapie linguistique. Il faut parler de l’Assemblée de la commune. Le Maire, c’est l’équivalent de ce qu’est le Président de la République ou le premier ministre dans un système national ou dans un système fédéral. Donc, il faut à mon avis, un parallélisme des formes. Le combat que nous avons mené est que cela soit dans la tête de nos compatriotes. Parce que quand vous parlez de démocratie locale, il faut éduquer les gens dans ce domaine. On dit que le Maire et ses adjoints ont droit à des indemnités, qu’en est-il des membres de l’Assemblée ? Ils vivent d’amour et d’eau fraîche ? Et quand on va descendre au niveau des quartiers de villes et des villages. Mais au fond, quels sont les moyens dont on dispose ? C’est vrai qu’il est prévu théoriquement, et là nous arrivons au fond du débat. En disant quelles sont les compétences de la commune et surtout quelles sont les ressources dont nous disposons. Si vous prenez ce document, on vous dit section 1, développement local, aménagement, habitat et urbanisme. La commune s’occupe de ces questions-là. 2, infrastructure, équipement et transport, la commune s’occupe de ces questions. Ensuite, on passe à la section trois, environnement, hygiène c’est-à-dire l’eau potable dont on parle maintenant. Théoriquement ce sont les communes et non pas la Soneb uniquement qui doit s’en occuper. On n’en voit pas la couleur puisque cela se déroule au niveau que vous savez. Ensuite, l’enseignement primaire et maternel. Normalement on peut dire que c’est de la compétence de la commune. L’’alphabétisation, l’éducation des adultes, la santé, tout cela. Et surtout nous arrivons à l’essentiel. Les services marchands et les investissements économiques. Figurez-vous que la commune à la charge de la construction et l’équipement des marchés et des abattoirs c’est clair. On n’a pas fait de distinction. Donc, voilà théoriquement ce que nous avons d’après les textes dans la corbeille.

Mais qu’en est-il de la réalité ?

La réalité est que dès que je suis arrivé, naïvement j’ai cru que je pouvais vraiment avoir ce qui me revenait. Mais voilà que brutalement, vous vous en souvenez messieurs les journalistes puis que tout le monde à l’époque avait poussé des cris en disant : « On donne à Parakou à Porto-Novo, les marches et voilà que brutalement on a baptisé cela ‘’coup de force contre la décentralisation’’. Là, je crois que les journaux ont été très clairs. Alors, coup de force contre la décentralisation on voit la tête sympathique du ministre de l’intérieur de l’époque. Kérékou voulait réviser la loi pour refuser de donner à Nicéphore Soglo le marché de Dantokpa. Tout le monde s’est dit pourquoi ? Dès que j’ai pris fonction, alors que je croyais pouvoir démarrer normalement le cycle de la démocratie locale avec ce que les textes prévoient, voilà qu’on m’arrache brutalement les moyens de fonctionner.

Pourquoi pensez-vous que c’est Dantokpa seul qui peut permettre de faire développer la ville de Cotonou ? Il n’y a pas que Dantokpa. Ce qu’on vous a concédé vous permet d’avoir un budget annuel de 10 milliards au niveau de la Mairie !

Vous ne connaissez pas lesfinances mieux que l’interlocuteur que vous avez devant vous.

Expliquez.

Je veux vous dire ceci. Il va de soi que ce qui rapporte le plus de ressources, c’est le travail que font les marchandes dans les marchés. Ce sont les taxes que nous percevons dans les principaux marchés qui nous donnent les ressources. On n’a pas besoin de sortir de polytechnique pour comprendre cela. Quand on a voulu financer la campagne de qui vous savez, on est passé par la douane. J’ai dit donnez moi ce que le plus grand marché de la ville peut me permettre de réaliser.

A quel résultat êtes-vous parvenus malgré l’absence de moyens ?

Ce n’est pas cela le problème. Ce qui me fait mal au cœur est qu’il ne faut pas évacuer Dantokpa si rapidement messieurs les journalistes. Je sais que vous êtes pressés mais il y a le fait que je voulais faire de ce marché qui est le plus grand de la sous-région, un marché enviable. J’étais parti à Treichville en Côte d’Ivoire. Voilà à quoi aurait dû ressembler le marché de Dantokpa. On devrait avoir un boulevard lagunaire. Parce que ceux qui travaillaient dans le chenal étaient des pêcheurs. Ce sont des gens qui ont des crustacés. Il y avait Crustamer et ils exportaient sur l’Union européenne. Si on avait eu cela on aurait des conditions idoines propres pour que les consommateurs européens puissent consommer nos produits. Mais une fois qu’on a arraché, les conséquences sont beaucoup plus dramatiques que ce que vous imaginez. Alors, le résultat est qu’une fois qu’on a arraché Dantokpa, cela fait boule-de-neige. On a tué l’hygiène. Vous voyez toutes les saletés qu’on a tout le long de la berge. Cela a abouti à casser Placondji. On aurait fait l’économie de tout cela. Et à l’époque, on était en 2004. Il n’y avait pas la crise des subprimes en 2007. L’argent était là. Jean-Michel Severino qui était à la tête de l’Afd a dit qu’il était prêt à financer. J’avais l’argent. Cela, c’est le grand regret que j’ai en quittant Cotonou. J’ai fait Houénoussou après parce que j’ai été obligé de me rabattre sur les marchés secondaires. Les Béninois ont des raisons objectives de dire qu’on est passé à côté de quelque chose de grand. Quand je suis arrivé, je me suis fixé trois objectifs majeurs, trois priorités à la Mairie. 1, étant dans un golf marécageux et la plus grande partie de la ville étant dans les marécages, dans tout le golfe de Guinée, vous avez tous les ans des inondations. Il y avait des problèmes d’assainissement. Il y a les problèmes de salubrité, de propreté de la ville. Trois, comme Cotonou est la vitrine de notre pays, tout autour il y a une auréole de communes dortoires. Abomey-calavi, Sèmè-podji, Ouidah, tout le monde descend sur la ville, ce qui est normal. Je crois que la mobilité urbaine est l’un des problèmes clés. Vous avez les embouteillages que vous voyez à nos portes. Comment gérer cette affaire-là ? Donc, j’ai pris ces trois priorités comme éléments de base. Par rapport à la salubrité, j’avais commencé par l’assainissement. Je suis d’accord que quand je suis arrivé je me suis dit que normalement comme cela se fait partout, je ferai la même chose. Que ce soit du temps de Mittérand qui donnait les moyens à son adversaire politique Jacques Chirac de pouvoir rendre la vitrine de la France qu’est Paris agréable. C’est la même chose dans les principales capitales. Quand je suis arrivé, je m’attendais à ce que l’homme qui était là, c’est-à-dire, le président que j’ai remplacé à la Conférence nationale me donne normalement les moyens. J’entends les grogneurs. C’est parce qu’ils ne sont pas informés. Vous me donnez l’occasion de leur apporter la vérité.

Après Mathieu Kérékou avec qui vous n’aviez pas vraiment entretenu de meilleures relations, il y a eu le président Yayi Boni. Pourquoi les mêmes problèmes ont resurgi ?

Nous parlions de salubrité. Les textes sont clairs. Parce que si on ne donne pas les moyens financiers, on peut dire que sans argent, l’honneur n’est qu’une maladie. Les Canadiens se sont battus 25 ans pour qu’il y ait des ressources affectées aux communes, des ressources affectées aux Etats provinciaux et à l’État fédéral. Donc, chacun sait exactement ce qu’il doit avoir. Dans le cas de la réponse que m’a donnée Macky Sall, il a dit que chaque année, l’Etat sénégalais met à la disposition de la Mairie de Dakar pour la propriété de la ville de Dakar qui est la vitrine du pays 10 milliards de francs Cfa. Donc tout ce qu’on entend ici à Cotonou, les grogneurs, la ville est sale, ils doivent s’adresser à l’État central.

Donc l’Etat central n’apporte rien !

Pas un centime.

Qu’en est-il du Président Yayi Boni ?

Pour ce qui concerne celui dont vous parlez c’est-à-dire mon petit frère, lui alors là, quand il est venu chez moi, il a dit Président, si on rase mon crâne, on verra écrit Soglo. J’ai dit « laisse tomber. Ceux qui ont mis Jésus en croix on dit pire que cela ». Donc, il a signé un protocole d’accord avec nous quand tous les autres sont partis aux élections. Il a dit je vais travailler avec vous et nous allons parler de tous les problèmes. Mais je lui ai dit qu’ici il est question de mettre en application les lois de la décentralisation et donc de me donner Dantokpa. Il m’a dit qu’à cela ne tienne. Il met son grigris là. Amoussou, Lehady et exceptionnellement cela a surpris Gbagbo. Il a dit c’est le patron lui-même qui a mis sa signature ? Et quand je suis allé le voir il a dit que c’est un chiffon de papier. Donc, il ne respecte pas beaucoup ses engagements. Or, normalement la parole d’un chef est sacrée. Alors je suis désolé alors que j’attendais avec quelqu’un qui quand même a travaillé avec moi et qui est parti à Lomé avec mon agrément, qu’il revienne et qu’il fasse ce qu’il a fait. C’est pour cela que la ville de Cotonou est sale. Lui, non seulement ne nous a pas redonné Dantokpa, mais il n’a même pas donné les 10 milliards dont parle Macky Sall qui est de sa génération. Pas un centime.

C’est bien facile pour la Mairie de réclamer de l’argent. Pourquoi votre parti ne s’est pas battu au Parlement pour l’insérer dans le budget général de l’Etat ?

Ce n’est pas dans le budget de l’État que Mitterrand envoie de l’argent pour la propreté de Paris. Ce n’est pas dans le budget de l’Etat, marqué ‘’Mairie de Paris’’. Non. Nous avons dans la loi que je vous ai présentée les villes à statut particulier que sont Cotonou, Porto-Novo, Parakou. Normalement ces villes ont doit à un traitement particulier. On doit mettre des ressources à leur disposition pour leur propriété parce que ce sont les vitrines du pays et d’un certain nombre de régions. On n’a pas besoin de sortir de polytechnique normale pour comprendre cela. Pour moi c’est une surprise, c’est une déception et je crois que parmi les réformes, l’une des premières à faire quand on parle de changer la Constitution, il faut que l’autonomie financière des communes soit assurée et que pour ce qui concerne la propreté des grandes villes comme partout cela se fait, sauf chez nous, même à Ouagadougou, des ressources soient affectées.

Pourtant vous gérez 10 milliards !

10 milliards, c’est le budget que le Sénégal met à la disposition de la Mairie pour la propreté de la ville de Dakar. Cela vous parait-il normal qu’on mette le même montant pour la gestion de toute une ville ? C’est normal ? C’est vrai qu’avec les maigres moyens qu’on a, je suis allé chercher les bernes casseuses un peu partout. Mais c’est mettre des bouts de papier sur une plaie. Il faut que les états nationaux assurent l’autonomie financière. Ce n’est pas ce que nous grappillons comme ressources. Vous dites 10 milliards pour notre budget alors que la subvention de Dakar est de 10 milliards. Est-ce qu’il y a photo ?

Le Bénin n’a pas les moyens du Sénégal.

Ce n’est pas une question de moyens. Je dis simplement qu’il faut mettre à la disposition de la Mairie les ressources nécessaires pour la propreté. Cela se fait partout.

Quel autre goulot d’étranglement il y a eu ?

Qui sont les grands pollueurs de la ville ? Sur les 800.000 tonnes, le tiers, c’est Dantokpa. Ils jettent partout même dans la lagune avec toutes les saletés que nous voyons. Ensuite, il y a le port autonome qui avec tous ces camions produit beaucoup de déchets. C’est pour cela que nous avons décidé d’installer un Parking pour les camions gros porteurs dans le 10ème arrondissement. De la même manière après cela il y a le stade de l’amitié. Il faudrait absolument que pour ce qui concerne ces trois gros pollueurs qu’on puisse trouver une formule pour que les populations soient informées. La réalité est que l’État central ne fait pas son travail et il y a aussi le fait que les gens vont prendre les ordures et les installer dans les marécages pour stabiliser les marécages et c’est vraiment mortel. Si vous prenez de l’eau dans les ordures, vous pouvez imaginer ce que vous risquez ? Et quand vous mangez et que vous mettez les fosses d’aisance à moins de 20 m, il y a toutes les maladies diarrhéiques et c’est comme cela que notre population se meurt. Donc, voilà les dangers pour la santé publique.

Pendant 12 ans vous n‘avez rien fait pour créer l’incident au niveau de ces structures qui sont des structures marchandes.

Les gens vont jeter les ordures dans la ville pour dire que la ville est sale et ensuite ils vont voir les grogneurs. Mais je dois rendre hommage au port de Cotonou. Ils font un travail formidable. Vous voyez que les gros camions ont disparu. Pour les ordures, ils ramassent et l’envoie jusqu’au lieu d’enfouissement et il nous paie une redevance. Je ne peux pas dire cela de Dantokpa et du stade. Il ne faut pas les mettre sur les mêmes plans.

Au niveau de l’assainissement de la ville on a comme l’impression que tout reste à faire.

J’entends parler mais je vais être indulgent. Les gens disent pourquoi on a fait les 3 Ci. Est-ce que cela sert à quelque chose ? Cela me rappelle ce que les gens disaient : ‘’on ne mange pas les pavés’’. Je vais vous dire ceci. Le problème des inondations saisonnières est un problème qui frappe tout le golfe de Guinée comme quand vous allez aux Etats Unis, là où se trouve la nouvelle Orléans, tout ce Golfe connaît le même problème. Si vous avez des inondations saisonnières il faut prendre des mesures. Quand j’ai été chef de l’État après avoir mis les pavés qu’on ne mange pas, j’ai fait faire une étude par la société canadienne qu’on appelle Lavallin. Lavallin m’a dit que pour drainer l’eau, parce que plus d’un tiers de la ville est dans l’eau, il faut les déclarer inconstructibles. J’ai sorti un texte par le ministre des Tp de l’époque et nous avons dit que ces zones sont inconstructibles et nous avons mis des balises. Si vous allez encore à Agla, vous verrez ces balises. Il nous a dit qu’il faut 200 milliards de l’époque, soit 400 milliards de nos francs pour drainer cela. Quand je suis arrivé avec les études de Lavalin, je suis allé voir les bailleurs de fonds j’ai dit qu’on a d’énormes problèmes à Cotonou s’ils peuvent nous aider. Ils ont dit :« Mr le Président soyez sérieux. Vous avez besoin d’écoles, d’eau, d’électricité et vous nous demandez que les villageois qui ont quitté le village qu’on mette 400 milliards. Non, dites-leur de retourner dans leur village et allez créer une capitale ». J’ai dit « vous avez dit à mon voisin le Nigeria d’aller créer une capitale, mais le problème est resté parce que les gens n’ont pas quitté ». C’est que le problème demeure. Il faut le régler comment ? D’abord, en allant au secours des populations à chaque saison. C’est ce qu’on appelle 3 Ci. Avant la saison des pluies, on fait le reprofilage, on cure les caniveaux, on amène les équipements sociocommunautaires, du sable. Pendant la saison des pluies, on achète du sable. C’est ce qu’on appelle 3 Ci. A ce moment-là, vous aller au secours des gens, vous apportez des moustiquaires, des médicaments, ce que nous faisons tout le temps. Et en même temps vous avez des motopompes pour pomper, vous avez des engins pour ouvrir des voies, on achète des perles amphibiens et tout. Cela, c’est pendant la saison pluvieuse comme cela se fait dans tout pays. Vous avez vu à Lomé, vous avez vu récemment lors des inondations, j’ai envoyé mes condoléances pour les 150 morts au Ghana. Alors je n’aime pas que les gens bavardent. Il faut que mon passage au moins éduque la population de Cotonou et ses environs et de toutes les villes de notre pays.

Mais à ne faire que du précaire, on est obligé de reprendre à chaque fois…

On ne fait pas que du précaire. Alors, là laissez-moi parler. D’abord il faut faire cela, sinon, c’est non assistance à population en danger. Cela c’est la première des choses. Quand je suis parti avec Madame Feret, la Patronne de l’union européenne, j’ai dit que mes compatriotes dont le plus grand nombre vient du plateau dont les enfants ne vont pas à la nasse. Ils ne sont pas des poissons, ni des batraciens encore moins des reptiles, mais qu’est-ce qu’ils font dans la nasse ? Et ils sont là et dès qu’il pleut, ils commencent par crier. J’ai dit non. Cela n’est pas bien. Je leur ai dit d’aller chercher des architectes et mettre des pilotis et l’on se mette à crier est-ce que c’est normal. La solution est qu’on serait obligé de casser tous ceux qui sont sur le chemin, densifier en hauteur et avoir des pilotis si on veut régler le problème en profondeur.

Mais ce sont des zones loties et ce ne sont pas les populations qui ont fait le lotissement !

Ce n’est pas moi. Je vous ai parlé français. Quand j’étais là, j’ai défendu qu’on aille dans les marécages. Mais quand je suis parti, mon successeur avec son Préfet Dassigli pour ne pas le nommer, ont dit aux gens d’aller faire de la natation dans les piscines.

Vous dites qu’il va falloir casser. Mais vous n’avez pas voulu faire des mécontents pendant tout le temps que vous avez passé à la Mairie

Quand je suis arrivé au départ, je suis parti avec Madame Feret parce qu’il faut faire de la pédagogie. On ne casse pas tout de suite. On a dit que pour drainer Agla, il faut 28 milliards. Je me suis dit est-ce que si on respecte un certain nombre d’éléments vous pouvez nous aider. Ils ont dit qu’il n’y a pas de problème, mais qu’il faut que les personnes qui vivent là-bas acceptent un certain nombre de disciplines. Ceux qui sont sur le chemin des balises doivent partir. L’Union européenne a mis à notre disposition 13 milliards et si vous allez à Agla, vous verrez tout le long de grands collecteurs

De grandes piscines.

Attention. On avait dit que l’eau devrait aller vers la mer. Ceux qui sont sur les balises, on doit les dégager. En attendant, on a envoyé l’eau vers le lac. Mais quand les pluies du nord se déversent dans le lac, il risque d’avoir de reflux, donc on a pris un certain nombre de dispositions. Quand j’ai reçu une mission de supervision de l’Union européenne, elles ont accepté que l’on puisse aller normalement comme on avait prévu dans les études vers la mer. Si ce n’est pas fait, on aurait averti tout le monde et on serait obligé de prendre d’autres mesures. Si tu fermes le chemin de l’eau et que tu ne mets pas de pilotis, l’eau rentre dans toutes les maisons et tout le monde se met à brailler et à hurler et ce n’est pas bon.

Mais si vous ancien Président et Maire n’êtes pas arrivés à le faire, qui le fera ?

Ce n’est pas qu’on n’est pas arrivé. Nous avons fait quelque chose qui est là. Tout le long, nous avons mis des jardins. Abidjan a le même problème. La fois dernière, je suis parti à Agla et je leur ai dit, « je vais être très franc avec vous. Je suis passé ici avec Madame Feret et nous avons posé un certain nombre de conditions. Il faut que vous remplissiez votre part du contrat. Si vous ne le faites pas nous serons obligés de passer à une autre phase. Pour ce travail, chacun doit remplir sa part du contrat. Les problèmes d’assainissement sont des problèmes régionaux. Les gouvernements au-delà du golfe de Guinée doivent se réunir et trouver les solutions les plus adaptées. Il faut que les gouvernements se retrouvent avec les maires des principales villes pour débattre de ces questions au lieu de laisser certains démagogues raconter des choses.

Mais qu’est-ce qui a vraiment marché à la Mairie ?

Ce qui a marché, c’est qu’on a réussi à identifier les problèmes. Chacun a vécu cela. Maintenant, c’est que les gens ont des casseroles dans leurs affaires qu’ils m’en veulent. Je ne veux pas entrer dans ces détails. L’autonomie financière est désormais une nécessité. Il faut mettre cela dans la Constitution comme l’ont fait les Canadiens. Ensuite, il faut une initiative communautaire. C’est ce que nous avons tiré comme leçon. L’article dont je vous ai parlé parle de démocratie à la base. Mais l’Etat central ne fait pas son job.

Transcription :Hospice Alladayè
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