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Le jeu très dangereux des dignitaires musulmans
Publié le vendredi 23 aout 2013   |  24 heures au Bénin




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En réaction au message adressé au président Yayi Boni par la conférence épiscopale, l’Union islamique du Bénin (Uib) a publié mardi 20 août 2013 une déclaration un peu surprenante. C’est un texte qui porte à croire que cette organisation religieuse, pourtant respectée, se fait manipuler.


Pour qui roule donc l’Uib ? C’est l’interrogation qui brûle les lèvres de plusieurs observateurs à la lecture de la déclaration rendue publique par cette structure aux lendemains de l’appel pressant de l’Episcopat du Bénin « aux fils et aux filles du Bénin » particulièrement au Chef de l’Etat. Les réponses apportées par les dignitaires musulmans au nom de l’Uib à l’Eglise catholique ont choqué plus d’uns. Cette déclaration qui participe certes de la pluralité des opinions, est d’autant surprenante qu’elle a poussé certains observateurs à établir des accointances sulfureuses entre l’Uib et le gouvernement. « Curieusement, les différents points de vue abordés par l’Episcopat béninois rejoignent largement ceux de certains groupes politiques et certaines organisations sociales connus pour leur opposition farouche au gouvernement de Yayi Boni et à la mouvance présidentielle », « l’Union islamique du Bénin
(…) se pose la question de savoir si le peuple béninois n’assiste pas à travers ces déclarations (…) à une instrumentalisation de la religion pour des buts inavoués (…) ». Ce sont là quelques bouts de phrases qui jonchent le texte controversé de l’Uib. Ces morceaux choisis démontrent d’emblée la "déconnection volontaire" de l’organisation. C’est un discours qui se trouve aux antipodes du dur quotidien des Béninois.


En effet, qui peut nier le malaise généralisé au Bénin ? Qui peut nier la mal gouvernance observée au sommet de l’Etat ? Qui peut nier l’existence d’un contexte inopportun à la révision de la Constitution ? Difficile de trouver celui-là tant les difficultés économico-politico-sociales sont palpables. Le diagnostic de l’Eglise catholique (Lire Le Matinal du vendredi 16 août 2013) est donc inattaquable. D’ailleurs dans sa maladroite réponse au clergé béninois, le président de la République reconnaît une situation de crise et de malaise au Bénin. A quoi joue alors l’Uib ? Comme le rappelle l’adage populaire, il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. L’Uib n’est pas avec le peuple.


"Le masque est levé"


En refusant de reconnaître le diagnostic établi par l’Eglise catholique à partir d’une analyse sociopolitique objective, certains dignitaires musulmans viennent de jeter le masque. Point n’est besoin de préciser que l’Uib est un appendice du gouvernement. Les membres du bureau de l’Uib notamment. Car les millions de musulmans béninois qui souffrent dans leur chair, sont bien conscients de la catastrophe sociopolitique qui guette le pays.


Le Bénin va mal et très mal. Pourquoi doit-on alors s’en cacher ? Pourquoi doit-on ménager un gouvernement qui conduit son peuple à l’abattoir ? Et pourquoi doit-on prendre fait et cause pour un gouvernement alors qu’il a déçu tout un peuple ? Avouons-le, l’Uib s’est embourbée. En choisissant de cautionner les échecs et les dérives d’un régime, elle a vendu son indépendance et sali son honorabilité. Ainsi qu’elle a proposé dans sa déclaration partisane, pourquoi doit-on « aller vers le Chef de l’Etat et solliciter la grâce pour tous ceux qui ont participé à des faits fortement répréhensibles » alors que la justice de la République est disposée à punir de tels actes ?
Aujourd’hui, plus aucun motif valable ne permet de croire encore à un gouvernement en panne d’inspiration et décidé à arracher la liberté aux voix discordantes. Il est désormais du devoir de tous les citoyens de sonner l’alarme et de "baliser" les dérives d’un régime qui n’a connu d’échecs que de réussites depuis 7 ans. Le constat de la Conférence épiscopale est amer. Mais il reflète la réalité. D’ailleurs plusieurs citoyens se sont réjouis de l’appel pressant de l’Episcopat. On susurre que le message repris sur toutes les paroisses de l’Eglise catholique est apprécié des fidèles et d’autres citoyens.


Le risque est donc grand pour l’Uib. Elle joue sa crédibilité. Pire, elle ne rend aucun service à la communauté musulmane ni à la Nation en s’alliant à un Chef d’Etat qui a perdu la confiance de son peuple. Cette servilité dessert aux musulmans et conforte ceux qui pensent que le président de la République a pu acheter la conscience de l’Uib à travers le cadre de concertation des organisations religieuses, une structure obscure bien alimentée et entretenue par le ministère de l’Intérieur et des cultes. L’Uib a trahi ses représentants légitimes. Et c’est regrettable en ce moment où le Bénin cherche à s’affranchir de la domination d’un homme qui veut s’éterniser au pouvoir.

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