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Renonciation du pape Benoît 16: les Béninois expriment leur souhait pour un Pape Noir
Publié le mercredi 13 fevrier 2013   |  L`événement Précis




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Entretien avec le Père André Quenum au sujet de la renonciation de charge du pape Benoît XVI
« Le pape a pris tout le monde par surprise. J’ai pensé que ce n’était pas vrai »
La nouvelle a bouleversé l’actualité sur la terre entière lundi dernier, déjouant tous les pronostics : après près de 8 années de pontificat, le pape Benoît XVI renonce à sa charge. Chrétien catholique, homme d’Eglise, journaliste, directeur de publication du journal catholique ‘’La Croix du Bénin », le Père André Quenum revient sur cette actualité hors du commun.

L’Evénement précis : Que pensez-vous de la décision du Saint-Père de renoncer à ses charges ?

Père André Quenum : « Le pape a pris tout le monde par surprise. Quand j’ai entendu la nouvelle, comme tout le monde, j’ai pensé que ce n’était pas vrai, et des personnes de source crédible n’étaient pas informées. J’étais étonné mais je ne me suis pas inquiété. Je comprends ceux qui sont inquiétés, ceux qui sont attristés. Mais quand on comprend comment l’Eglise fonctionne et quand on est informé de ce que ça représente que d’être le pape et qui est Benoît XVI, il n’y a pas à s’affoler, ni à s’inquiéter du tout. Il faut même comprendre que c’est une très grande leçon qu’il est en train de donner. Dans le droit canon de 1983, le corps de lois qui régit l’Eglise, il y a un article qui prévoit la renonciation par le pape. Ça veut dire qu’il dépose sa charge. Mais le code précise que personne ne peut demander au pape de démissionner. Ce n’est pas qu’il démissionne dans les mains de quelqu’un. Il renonce lui-même librement à sa charge. Il faut remonter jusqu’en 1983 pour comprendre que la pensée de l’Eglise a évolué par rapport aux usages. La question de la durée d’un pape sur son siège apostolique est une question d’usage. Ce n’est pas une question qui remonte à Dieu, c’est une question d’usage, d’habitude. Les usages sont que, habituellement, un pape ne démissionne pas, même si on connaît un ou deux cas dans l’histoire. Du point de vue du pape lui-même, on allait s’inquiéter s’il n’avait jamais pensé à se retirer de la charge, si on avait l’impression que c’est une décision subite. On a été surpris par l’annonce, mais on a des indices qui nous montrent que le pape y pense depuis longtemps.

Que diriez-vous à ceux qui estiment qu’il abandonne l’Eglise ?

Le pape est dans une dynamique à laquelle il a répondu plusieurs fois déjà, en 2009 ou 2010, au cours d’une interview, le journaliste lui a demandé s’il pense qu’un pape peut renoncer à sa charge. Il a répondu que oui, s’il estime que physiquement et humainement il pense qu’il ne peut plus remplir sa charge. Au niveau de la conscience du pape, c’était très clair depuis. Je dirai à ceux que ça inquiète qu’il faut qu’ils comprennent que ce n’est pas le pape qui tient l’Eglise, qui fait marcher l’Eglise. Le pape est un chrétien comme nous, un serviteur, un outil dans les mains de Dieu. Notre foi nous dit que c’est Jésus Christ qui est la tête de l’Eglise. C’est Lui qui est l’époux de l’Eglise, et l’Eglise est son épouse.

Le pape est le vicaire du Christ, il est l’outil visible que le Christ utilise pour marquer sa présence, sa sollicitude en notre sein. Donc, il n’y a pas à s’inquiéter. C’est Jésus-Christ Lui-même qui mène la barque de l’Eglise. Nous n’avons pas foi en Benoît XVI, nous avons foi en Jésus-Christ. Si on est choqué, cela montre peut-être que dans le genre de relation qu’on a avec l’Eglise, on n’a peut-être pas tout compris. C’est une très belle occasion pour comprendre comment il faut être relié avec son église qui est un outil, et que c’est en Jésus-Christ Lui-même qu’il faut croire. Je voudrais que les gens aillent plus loin et puissent tirer les leçons très positives de l’acte du pape.

Quelles sont ces leçons ?

Elles sont de plusieurs ordres. Premièrement, le pape a fait preuve de grande humilité, parce que personne ne peut lui demander de démissionner. Et même si on lui demandait, il peut refuser. Deuxièmement, le pape a fait preuve d’un acte de foi. C’est un acte de foi. Troisièmement, l’exemple du pape peut nous éclairer, nous interpeller sur notre relation au pouvoir. Les exemples sont plus fréquents, surtout sous nos cieux, des gens qui veulent s’accrocher au pouvoir, que de gens qui sont assez désintéressés pour se détacher du pouvoir. Dans notre environnement, on doit recevoir le geste du pape non pas comme une démission, mais comme un acte de foi. Et je propose que les gens puissent accueillir cela et s’interpeller sur ça.

Quel souvenir gardez-vous du Saint-Père vous qui l’avez côtoyé lors de sa visite en terre béninoise en novembre 2011?

Je garde le souvenir d’un homme de taille moyenne. Le souvenir d’un homme très frêle. Il avait la voix très petite, mais dehors, au-delà de cette petitesse physique, c’est un homme d’une profondeur incroyable. Une profondeur dans les yeux, une vivacité incroyable. Les évêques qui l’ont vu ont témoigné qu’il a une lucidité et une mémoire incroyables. Il dégageait une sainteté, une certaine fraicheur malgré la vieillesse quand il était venu. Je garde le souvenir d’un homme courageux. Je me rappelle, on avait créé les meilleures conditions sur le podium sur lequel il a dit la messe au stade de l’Amitié. Il faisait chaud. Malgré tout ce qui a été fait pour améliorer les conditions de température sur le podium il faisait chaud et sur les images on pouvait remarquer sa peau rouge, à cause de cette chaleur. Personne ne l’avait obligé à sortir, à venir au Bénin. Je garde le souvenir d’un homme courageux, qui marchait doucement et qui a assumé sa tâche de ce voyage au Bénin jusqu’au bout, et nous en sommes très heureux. Il ne pouvait pas dévaler trop d’escaliers. On faisait attention pour les podiums réalisés. Il n’y avait pas plusieurs marches. Il était déjà fatigué quand il est venu au Bénin. Tout ça fait que maintenant, je comprends mieux encore ce qu’il dit. Je crois que sa fatigue ne doit pas être morale ou intellectuelle, parce qu’il a les ressources. Si le pape se sentait indispensable, jamais il ne démissionnerait. Or, l’Evangile dit « vous n’êtes que des serviteurs inutiles ». Et c’est la foi en Jésus-Christ, notre connexion au Christ qui donne un sens à chacun de nos gestes. Bientôt un nouveau pape.

Peut-on espérer que le prochain pape soit un noir ou africain ?

Je ne sais pas, mais il y a des possibilités. C’est probable en voyant le nombre de cardinaux qui ont moins de 80 ans au sein du collège des cardinaux. L’espoir est permis, parce qu’il y a un cardinal ghanéen, le Cardinal Peter Turckson, un cardinal nigérian, le Cardinal John Onaiyekan, actuel archevêque d’Abuja.

Propos recueillis par Flore S. NOBIME et Teddy GANDIGBE

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