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Atteindre le taux de moins 5% de transmission du VIH/Sida de la mère à l’enfant : l’ONG RACINES montre le chemin pour relever le défi en 2017
Publié le lundi 3 aout 2015  |  La Nouvelle Expression
L`UNICEF
© Autre presse par DR
L`UNICEF appelle à renforcer la lutte contre le VIH/sida chez les enfants




« De 2012 à 2014, le centre ADIS de l’ONG RACINES a enregistré un taux de 0,77% de transmission du VIH/Sida de la mère à l’enfant » contre 7,6% au plan national. Cette performance de l’ONG communiquée par Doris Agboton, coordonnatrice du centre ADIS de RACINES, au cours d’un entretien, le mardi 7 juillet, à Cotonou, montre qu’avec un peu d’engagement, le Bénin peut, en 2017, relever le défi d’atteindre la moyenne de moins 5% d’enfants infectés au VIH par le biais de leurs mères.

Nouvelle Expression : Que fait l’ONG 'Recherches actions communautaires, initiatives pour un nouvel espoir (RACINES)' afin d’accompagner le gouvernement dans sa politique de réduire le taux de transmission du VIH/Sida de la mère à l’enfant de 14% en 2012 à moins de 5% en 2015 ?

Doris AGBOTON : Le centre 'Accompagnement dépistage informations et solidarité (ADIS)' de l’ONG 'Recherches actions communautaires, initiatives pour un nouvel espoir (RACINES)' est un cadre de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida (PVVIH). Ainsi, dans le cadre des activités de lutte contre le VIH/Sida, nous faisons de la prise en charge médicale, de l’accompagnement sociale, psychologique et nutritionnel. A chaque étape de ces différents volets de la prise en charge, nous avons des activités de la Prévention de la transmission du VIH/Sida de la mère à l’enfant (PTME) et cela couvre les périodes avant, pendant et après l’accouchement. Par exemple, la prise en charge médicale est faite du traitement des infections opportunistes, de la mise sous antirétroviraux (ARV) et du suivi biologique du patient. Ainsi, une femme séropositive, reçue dans le centre ADIS de l’ONG RACINES avant la grossesse, a accès aux informations nécessaires et au suivi médical pour porter, une grossesse sans grand risque de transmission du VIH au bébé.
Sur cette même lancée, lorsque toute femme enceinte séropositive est reçue au centre, le corps médical s’assure qu’elle est déjà mise sous ARV. S’il advenait qu’elle ne l’était pas, l’option B+ de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui recommande la mise systématique sous ARV pour la vie, est appliquée à cette dernière pour réduire le risque de transmission du VIH/Sida à l’enfant qu’elle porte en son sein.
En plus de ce suivi, nous avons un service de Consultation prénatale où l’évolution de la grossesse des femmes enceintes séropositives est suivie jusqu’en début du troisième trimestre. Après quoi, elles sont référées sur des sites PTME partenaires où la délivrance intervient dans les conditions optimales.
Cette étape franchie, nous récupérons nos femmes séropositives avec leurs bébés pour poursuivre la prise en charge médicale et accompagner le couple mère-enfant sur le plan nutritionnel. En ce qui concerne l’accompagnement nutritionnel, notre centre prodigue dans un premier temps les conseils appropriés aux parents afin qu’ils choisissent le mode d’allaitement le mieux adapté pour leur enfant. Et ce choix tient compte de leur environnement physique, de leur pouvoir d’achat et des aspects médicaux telle la charge virale de la mère. Selon les cas, les parents choisissent d’adopter à leur enfant l’allaitement maternel exclusif ou l’allaitement de remplacement exclusif. A partir de cet instant, nous accompagnons la famille à réussir le type d’allaitement adopté.
Lorsqu’un ménage adopte l’allaitement maternel exclusif, nous nous assurons qu’il l’est vraiment, jusqu’à 6 mois, car avant ce délai, l’allaitement mixte augmente le risque de la transmission de la maladie au bébé. Et pour éviter cela, notre démarche est de recevoir, une fois par mois, le couple mère-enfant, jusqu’à ce que le bébé ait au moins un an, pour, d’une part, le suivi sanitaire de l’enfant, des séances de causerie et de sensibilisation sur différents thèmes touchant au VIH/Sida et à ses dérivés ainsi qu’à la nutrition avec des démonstrations culinaires suivant l’âge de l’enfant. Puis d’autre part, nous suivons le développement staturo-pondéral de l’enfant. Nous prenons la taille, le poids et le tout rapporté à son âge pour apprécier sa croissance et l’épargner d’une éventuelle malnutrition. Au cours de cette période, la mère bénéficie, pour elle-même, d’appui nutritionnel en aliments locaux pour produire suffisamment de lait à son bébé. Et concomitamment, des visites sont effectuées à domicile pour apprécier l’hygiène, prodiguer des conseils et voir si les femmes mettent en pratique les enseignements reçus lors des séances de causerie et de sensibilisation. Ces visites permettent aussi, quand l’enfant à l’âge de 6 mois révolu, d’aider la mère à diversifier l’alimentation du bébé. A partir de cet instant, la mère n’est plus bénéficiaire de l’appui alimentaire mais directement l’enfant qui continue naturellement d’être allaité.
Ces suivis médical, nutritionnel et social nous conduisent à 12 mois d’âge de l’enfant où il est dépisté, s’il ne l’était pas, par la technique de la PCR (Polymerase Chain Réaction), à 6 semaines après l’accouchement. Ce test est effectué pour connaître le statut sérologique de l’enfant afin d’adapter le suivi approprié.
Dans l’autre cas, où la famille aurait choisi l’allaitement de remplacement exclusif, parce que ne voulant prendre aucun risque ou à cause des contraintes professionnelles, les conditions sont identiques à celles précédemment décrites. Chaque mois, la mère vient au centre pour le suivi sanitaire et staturo-pondéral de l’enfant, aussi pour l’appui nutritionnel. Seulement ici, c’est l’enfant qui bénéficie directement d’un appui en lait de pharmacie, chaque mois, jusqu’à l’âge de 6 mois, puis relayé par les aliments locaux.
Voilà, comment l’ONG RACINES contribue à la réduction du taux de transmission du VIH/Sida de la mère à l’enfant dans le pays. Et en plus de tous ces différents volets de prise en charge, la famille bénéficie dans le centre, si elle le veut, d’un accompagnement psychologique.

Depuis le lancement du Plan national de l’élimination de la transmission du VIH/Sida de la mère à l’enfant en 2012, combien de femmes enceintes séropositives ont déjà bénéficié de ces suivis et combien de nouveau-nés ont déjà été sauvés de la contamination du VIH/Sida par leur mère ?

Du 1er janvier 2012 au 31 décembre 2014, 171 nouveau-nés, de statut inconnu, ont été intégrés à ce programme. En fin décembre 2014, 131 de ces nouveau-nés ont été dépistés à 12 mois et les 40 autres, n’ayant pas encore atteint cet âge continuent le suivi. Sur ces 131 enfants dépistés, dont certains l’ont été par la PCR, un seul a été déclaré séropositif. Autrement dit, de 2012 à 2014, le centre ADIS de l’ONG RACINES a enregistré un taux de 0,77% de transmission du VIH/Sida de la mère à l’enfant.
En ce qui concerne les femmes enceintes séropositives qui ont, ainsi, été suivies, nous nous gardons, pour l’instant, de donner un chiffre. Car, ce sont des données brutes qui méritent un apurement des cas des femmes qui ont peut-être eu deux grossesses dans cet intervalle de temps ou de celles qui ont fait des jumeaux. Pour l’instant, nous nous basons sur les statistiques liées aux enfants pour effectuer nos analyses.
Une précision tout de même par rapport au dépistage des nouveau-nés, ici au centre ADIS. L’idéal aurait été que tous soient dépistés par PCR et leur situation clarifiée à 6 ou 8 semaines au plus tard. Mais, cela n’a pas été le cas à cause du faible accès à ce type d’analyse ici, au Bénin. C’est le laboratoire national qui reçoit les prélèvements des différents centres pour les travailler et renvoyer les résultats. Mais ce laboratoire a été confronté à une longue période de panne de l’appareil de PCR. Ainsi, pour plusieurs prélèvements envoyés en son temps, les résultats nous parvenaient après 4 ou 6 mois. Ce qui n’avait pas motivé le centre à continuer à envoyer les prélèvements. Les enfants ont donc continué le suivi pour être dépisté à 12 mois d’âge. Evidemment la situation a beaucoup évolué depuis décembre 2014 et les résultats des prélèvements envoyés à la PCR reviennent au bout de 3 à 4 semaines maximum. Ainsi, nos nouveaux bébés sont de plus en plus dépistés par PCR.

Par an et en moyenne au plan national, 3000 femmes enceintes séropositives sont attendues, soit 250 par mois. En ce qui vous concerne, si l’on considère par extrapolation que les 171 enfants suivis équivalent à 171 femmes, soit, moins de 5 par mois, donc 57 femmes en moyenne par an, on déduit que vos actions ne sont qu’une goutte d’eau dans la mer. Par conséquent, on s’interroge sur le coût d’accès de vos services à ces femmes enceintes séropositives.

Veuillez noter que travailler dans le VIH/Sida, c’est avant tout faire du social et l’ONG RACINES s’inscrit parfaitement dans cette dynamique. D’une manière générale, une femme enceinte, séropositive ou non, reçue au centre ADIS de l’ONG RACINES pour une consultation prénatale paye zéro FCFA. Maintenant, la femme enceinte séropositive qui vient au centre pour une consultation relative à son statut sérologique ne paie que 500 FCFA. Cette dernière, reçue par un médecin qui lui délivre une ordonnance, se rend à la pharmacie du centre où les médicaments, s’ils sont disponibles, sont cédés à des coûts excessivement bas, à l’exception des antirétroviraux (ARV) qui sont gratuits sur toute l’étendue du territoire national. Les produits de la catégorie des génériques coûtent entre 200 FCFA et 500 FCFA. Les médicaments dits de spécialité coûtent au niveau de notre pharmacie entre 1000 FCFA et 1 500 FCFA, quel que soit son prix initial. Pourtant, nous nous approvisionnons sur le même marché que les officines pharmaceutiques. En plus de cela, n’omettez pas l’appui nutritionnel mensuel de la mère ou de l’enfant et les nombreux services qui ne sont pas facturés, tels l’écoute et l’accompagnement au centre et à domicile de la femme. L’ONG RACINES offre un service entièrement social, sur tous les plans, aux femmes enceintes séropositives et à leurs enfants, parfois, tous les membres du ménage en bénéficient.
Mieux, en dépit de ces taux, que vous ne trouverez nulle part ailleurs, ici à Cotonou, nous disposons d’un service social qui étudie, au cas par cas, la situation de chaque personne vivant avec le VIH/Sida (PVVIH), qui sollicite nos prestations. Après étude, ce service peut déclarer une PVVIH, cas social ou non. Et au regard des situations, un appui spécial de 50 à 100% est accordé à ces cas sociaux pour les services qui sont payants.

Vous êtes une ONG ayant un site de prise en charge des PVVIH et nous savons que le Fonds mondial apporte un appui à ces types d’Organisation. En bénéficiez-vous, vous aussi ?

L’ONG RACINES n’est pas un récipiendaire principal ni un sous-récipiendaire du Fonds mondial pour bénéficier directement de son appui. Toutefois, d’une manière indirecte, nous bénéficions de cet appui en recevant de la part du Programme national de lutte contre le Sida (PNLS), récipiendaire principal du Fonds mondial, des ARV que nous mettons gratuitement à la disposition de nos clients. Par ailleurs, nous bénéficions de ce même Programme mais via le Centre d’information de prospective et de conseils (CIPEC), de consommables de laboratoire et de réactifs pour notre laboratoire. De même, depuis trois ans et de façon trimestrielle, une partie de notre appui nutritionnel aux PVVIH provient de Caritas-Bénin, l’un des sous-récipiendaires de Plan Bénin, qui est lui, l’un des sous-récipiendaires du Fonds mondial.

Pensez-vous que l’ONG RACINES serait beaucoup plus efficace si elle bénéficiait directement des financements du Fonds mondial ?

Nous avons mis 5 ans à demander au PNLS le compteur CD4. C’est chose faite aujourd’hui et nous remercions le PNLS pour ce don. Mais pendant 5 ans, le suivi de nos patients a été ralenti, par endroit et pour multiples raisons, du fait de l’indisponibilité des résultats que devraient nous donner ce compteur. Si l’ONG RACINES avait eu directement accès au financement du Fonds mondial, depuis 2010 ou 2011, nous disposerions de cet appareil et imaginez, vous-même, quel pourrait être son impact sur l’amélioration de la prise en charge médicale des PVVIH et dans le cas d’espèce, des femmes enceintes séropositives et de leurs enfants. L’accès financier à cet examen ne va plus se poser à nos patients. Dans cette même veine, un tel appui nous aurait permis d’équiper notre laboratoire en appareil de charge virale. Ainsi, plus vite la charge virale de la femme connue, plus tôt, elle sera accompagnée pour la réduction du risque de contamination de son bébé.

Supposons que le Fonds mondial décide aujourd’hui d’appuyer directement le centre ADIS de l’ONG RACINES, quelle peut être, par an, l’enveloppe moyenne à souhaiter ?

Il est difficile d’avancer un chiffre car, ce financement ne peut qu’intervenir que sur la base d’un programme élaboré, soumis au bailleur et validé par ce dernier. Dans cette optique, depuis deux ans, l’ONG RACINES et d’autres ONG nationales, intervenant dans la lutte contre le VIH/Sida et l’amélioration de la prise en charge des PVVIH, sont en train de réfléchir sur la mise en place d’un consortium ou d’un réseau pour plaider à l’octroi de ces ressources aux ONG purement nationales. Car, quand on fait le compte, très peu d’ONG nationales sont récipiendaires principaux ou sous-récipiendaires des ressources du Fonds mondial, en dépit du travail qu’elles font sur le terrain et de la bonne gestion des fonds d’autres partenaires. Notre plaidoyer est donc d’appeler le Fonds mondial, à commencer par accompagner ces petites associations nationales, efficaces sur le terrain, par des enveloppes à la hauteur de leur capacité de gestion avant d’envisager, graduellement, le passage à des ressources plus importantes.
Propos recueillis par Vadim QUIRIN
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