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La folie de l’argent ou le TALON d’Achille de la présidentielle de 2016
Publié le jeudi 6 aout 2015  |  La Nouvelle Expression




Mon cri à ceux qui s’apprêtent à vendre (ou à acheter) la République

Patient Gandaho

Je savais depuis longtemps que l’argent était un redoutable instrument de pouvoir et de domination, qu’il pouvait rendre fous ceux qui lui trouvent d’autres fonctions que celle du bien-être personnel et collectif. Je savais que l’argent pouvait servir à flinguer physiquement ou socialement l’adversaire ou le concurrent dérangeant. Je savais qu’il existait ce que Monique Pinçon-Charlot désignait par la violence des riches et que les effets de l’argent pouvaient être plus dévastateurs que ceux du maraboutage. Je savais enfin, sans en avoir les preuves, que l’argent pouvait être le mobile du crime. La rumeur sociale, sur fond de mystique, l’a rendu responsable du dépeçage de nos enfants, dont les cœurs ou les sexes innocents permettraient de remplir les coffres diaboliques d’une certaine richesse. Mais j’ignorais que l’argent pouvait mettre à genoux la République, faire baisser le froc de ceux que l’on pouvait qualifier, hier encore, d’intellectuels ou d’hommes politiques. J’ignorais qu’après la conférence des forces vives d’Alédjo, le Bénin aurait autant de conférences des forces vives de Paris. J’ignorais que des salles d’audience délocalisées seraient autant, sinon plus remplies que celles de la Marina.
Mais que leur arrive-t-il ? Qu’arrive-t-il à nos hommes politiques ou de médias hardés par un seul homme? Que se passe-t-il dans le pays ?
Surtout ne répondons pas trop vite, posons-nous et réfléchissons un peu. Oui réfléchissons un peu et dites-nous que les choses graves ne sont jamais évidentes et que les réponses simples sont toujours dangereuses. Le familier n’est pas pour autant connu écrivait à juste titre le philosophe Hegel. Rien d’évident ne doit échapper à l’examen. En descendant de mon lit ce matin, j’ai demandé à mon Dieu de m’inspirer pour écrire ce que je devrais écrire. Je devrais écrire quelque chose, mais je ne savais pas trop quoi et pourquoi ? Est-ce mon voyage de la veille au cœur du Couffo ? Oui j’ai compris. C’était la source cachée de cette envie irrésistible dont j’étais la victime matinale. Je me suis endormi et réveillé avec le film de ces paysages empourprés par la poussière que soulevaient les roues du véhicule qui me transportait. Oui j’ai compris que ma source d’inspiration était ce remords qui me rongeait, ce sentiment de culpabilité. Ma traversée du Couffo était un crime. J’ai fait respirer de la poussière à ces hommes, femmes et enfants figés au bord des routes et regardant ce monde si lointain passé sous leur nez. Je me suis senti au BENIN, subitement, violemment. Oui j’ai enfin compris ce que je devrais écrire. C’était un mot à cinq lettres. Je me suis laissé guider. Je n’ai pas forcé ma plume. D’une traite, les mots me sont venus, car le MOT est enfin trouvé. Mais pourquoi donc, parlais-je d’argent ? J’hésite encore. Il doit forcément exister un lien entre les deux mots. C’est sûr, ce lien existe et je dois le trouver, car je ne pense rien au hasard ce matin, et ce n’est pas moi qui décide de penser. Aussitôt, la lueur apparaît et j’entrevois ce qui était pourtant évident. J’ai voulu parler de l’argent pour dénoncer et critiquer certains acteurs politiques. Mais il ne faut plus critiquer personne, cela ne sert à rien. Il faut au contraire chercher à comprendre. Et pour comprendre il faut parler du Bénin. En effet, je me refuse d’expliquer l’assassinat d’un peuple par la folie de l’argent et la cupidité. Non, l’argent ne peut pas tout expliquer. Ça y est ! Je tiens le lien entre les deux mots. L’argent (du moins sa folie) est ce qui nous menace en 2016, plus que les autres fois. Le Bénin est ce qui va au contraire nous sauver. Je médite et j’implore une fois le Bon-Dieu pour qu’il m’aide à parler du Bénin. Aussitôt, je n’entends plus, ni ne vois plus ce mot, je ne vois plus un pays, ni une carte. Mais je revois les mêmes paysages et les mêmes visages. Je revois les mêmes hommes, les mêmes femmes et les mêmes enfants. Je revois ces enfants desséchés au bord du chemin, ces femmes avec leur bassine sur la tête à la recherche de l’eau, cette eau offerte par les étrangers et criminellement volée par leurs frères. Tout doucement, la définition du Bénin m’apparaît avec évidence. Oui c’est cela le Bénin. Le Bénin des sans-voix et des oubliés, ceux que l’on n’entend jamais, ce dont les voix ne portent plus, ceux qui ne sont plus représentés, ceux qui sont pris en otage par l’argent sans en jouir.
Je comprends dès lors, pourquoi l’argent avait autant d’emprise sur les acteurs de la vie politique au Bénin. Leur voracité n’est pas gourmande, elle repose sur une ignorance, l’ignorance de ce qu’est le Bénin. On n’apprend pas le Bénin pendant une tournée électorale, on n’apprend pas le Bénin parce que l’on ambitionne de le diriger, on n’apprend pas le Bénin parce que l’on parle ses langues, on n’apprend pas le Bénin dans un livre d’histoire. On apprend le Bénin lorsque la souffrance de ceux-là mêmes que l’on prétend vouloir diriger donne des vertiges. C’est sur les visages innocents des enfants du Couffo que j’ai révisé hier mes cours sur le Bénin. Et à la fin de ce cours surgit l’ultime question : les audiences de Paris et de Cotonou parlent-elles de ces enfants ? Sans doute non, parce que nos ambitions se sont trop dégradées. La réflexion et la pensée ont déguerpi de nos dispositions mentales. Nos cataractes en argent nous ont rendus myopes.
Dans mes méditations matinales, j’ai vu se préparer une impitoyable guerre de fric qui signera, si elle a lieu, la fin d’une époque. Celle où nous croyions détenir un génie. Ce combat est préparé par des enfants félons de ce pays qui l’encouragent et l’organisent soigneusement. C’est cruel mais les forts ont aussi leur faiblesse, car du haut du toit du monde où ils se trouvent, ils ignorent qu’ils sont eux-mêmes instrumentalisés. En effet, là où il y a du pouvoir, il n’y a pas de représentation disait Philippe Séguin. Le pouvoir n’est bien informé que si les représentants sont fiables. Or ceux qui suscitent la compétition politico-financière de 2016 ne fréquentent pas un seul couvent. Ils savent raconter les mêmes histoires et afficher le même engagement sous des costumes différents. Et le Peuple dans tout ça ? Va-t-on toujours lui proposer une campagne en poésie et une gouvernance en prose ? Non, car comme le disait Régis Debray, «On ne choisit pas ses colères, on se bute à». Et le temps où le peuple rugira approche. Il n’aura pas le choix.
Oui je veux garder espoir. Je ne sais pas ce qui se passe ce matin mais tout me vient facilement. Je pensais avoir écrit la dernière phrase de mon texte quand soudain le refrain d’une chanson de Tina ARENA me vient à l’esprit. Dans sa détresse amoureuse, la chanteuse australienne a trouvé les mots justes pour renverser ses doutes :
Je n’ai jamais suivi vos routes
J’ai voulu tracer mon chemin
(…) Aller plus haut c’est accoucher de l’avenir.

C’est le chant de l’amour, de la foi et de l’espérance. Levons à présent les yeux vers le ciel à Cotiakou et prions. Prions en chantant. Chantons l’Hymne de la Victoire de la Nouvelle Conscience. Chantons sans oublier aucune de nos divinités.
‘Dieu Tout-Puissant, Allah le Très Miséricordieux, Mânes Bienfaisantes des Ancêtres, Entités Protectrices du Bénin, daignez donner au Bénin un guide vertueux dont l’exemplarité force l’admiration ; qu’il soit un acteur dynamique de la grande lignée des tresseurs de corde, un éclaireur avisé sur les Routes Nouvelles et qu’il demeure dans la vérité, convaincu que le bonheur durable se construit ensemble, dans l’amour fraternel et solidaire ’.
Que le Seigneur bénisse le Bénin !
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