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Mise en oeuvre de la PTME: Susciter l’implication des conjoints pour l’atteinte des objectifs
Publié le mercredi 12 aout 2015  |  La Nation




Les conjoints sont a priori perçus comme des acteurs incontournables à la promotion du programme de la Prévention de la transmission mère-enfant (PTME) du VIH/Sida. La réalité ne reflète malheureusement pas toujours ce point de vue. Des sensibilisations s’imposent pour gagner le pari.

L’homme et la femme, lorsqu’ils consolident leur union par la survenue d’une grossesse, le cercle de famille applaudit. Mais cette joie se transforme rapidement en une stigmatisation et une discrimination de la femme, après l’annonce d’une nouvelle faisant état de sa contamination par le VIH/Sida. Devant une telle situation, la déception s’installe dans le rang du conjoint. Considéré comme le principal soutien de la femme, ce dernier la rejette d’emblée. Voilà en substance le sort que connaissent certaines femmes séropositives, qui, en dehors des difficultés inhérentes à une grossesse et de l’acceptation difficile de la nouvelle liée au VIH, doivent encore composer avec le ‘’comportement inhumain’’ de leurs maris, renforçant ainsi leur vulnérabilité. Telles des personnes indésirables, elles sont rejetées par leurs conjoints qui en viennent parfois jusqu’à les exclure du cercle familial. Dans un contexte où la stigmatisation est toujours présente dans la société béninoise, la femme enceinte porteuse du virus est donc fragilisée à plus d’un titre, d’abord par son statut de femme, ensuite de personne infectée et enfin, son rejet par le conjoint.

Cet enfer, nombreuses sont les gestantes séropositives qui le vivent de plus en plus. C’est ce que racontent quelques médiatrices (toutes ayant requis l’anonymat), actrices incontournables dans la lutte contre le VIH et sa féminisation. La situation contraint bien de femmes à garder le secret du dépistage, une fois qu’il se révèle positif, au risque d’être radiées par leurs conjoints.

Risque de contamination

Il arrive également que certaines d’entre elles prennent la clé des champs, échappant ainsi à tout suivi de grossesse. Elles accouchent sans aucune intervention du dispositif de Prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Conséquences, ce sont 20 à 40 bébés sur 100 nés vivant issus de femmes séropositives qui sont exposés à l’infection en l’absence d’une intervention adaptée, a expliqué Nourou Adjibadé, directeur exécutif de CeRADIS-ONG à l’occasion de la 25ème édition de la Journée de l’enfant africain, le 16 juin dernier.
Le comportement des hommes accroit aussi, sans qu’ils ne s’en rendent compte, leur risque de contamination au virus, même s’ils semblent en être moins exposés, les femmes ne voulant pas leur révéler leur état sérologique. De peur d’être soupçonnées par leurs conjoints, les gestantes séropositives sont contraintes de manquer les rendez-vous médicaux pour leurs prises des antirétroviraux (ARV), aggravant ainsi le risque de contamination chez l’enfant et perpétuant aussi le cercle vicieux de la contamination du VIH/Sida.
Les données du ministère de la Santé précisent que le principal mode de contamination du VIH à l’enfant passe par sa mère. La même source renseigne que huit enfants sur dix contaminés, le sont par leurs mères.
Si l’on s’en tient par ailleurs, aux statistiques nationales, «la transmission du virus de la mère à l’enfant passe de 30% à 4%, si un suivi correct du traitement préventif de la mère et du bébé a pu être observé».
Mais c’est sans compter avec le comportement peu exemplaire de certains conjoints qui donnent du fil à retordre à la lutte anti Sida et sa féminisation.
Des médiatrices racontent qu’elles sont souvent très sensibles lorsque les gestantes dépistées séropositives se confondent en pleurs suite aux résultats du test du VIH. C’est cet état de choses qui fait que, expliquent-elles, elles laissent de plus en plus les victimes décider du choix d’informer ou non leurs partenaires de leur état sérologique.
«Le Sida ne tue plus aujourd’hui. C’est qui veut, qui en meurt. Les hommes doivent comprendre que cette maladie est moins dangereuse que certaines affections», explique Anna, médiatrice, très remontée contre le comportement des époux.

Non implication des conjoints, frein à la PTME

A l’en croire, sur un total de cent femmes dépistées dans le centre où elle travaille, dix sont infectées par le virus du Sida. La pandémie, explique-t-elle, à défaut du rythme souhaité par les acteurs de lutte, régresse, mais à pas de tortue. L’étau doit donc se resserrer pour une implication à tous les niveaux, notamment des partenaires N°1 des femmes que constituent les époux.
Selon elle, si tous les hommes pouvaient soutenir leurs conjointes, la PTME enregistrerait 100% de performances à l’heure du bilan. Elle souligne que la non implication des conjoints constitue un réel handicap au programme.
«Rares sont les conjoints qui accompagnent de bout en bout leurs épouses dépistées séropositives», se plaignent encore Anna et sa collègue Line.
Les objectifs assignés à la PTME ne seront totalement atteints que lorsque tous les acteurs impliqués dans cette lutte joueront effectivement leur partition. La sensibilisation des conjoints pour un changement de comportements reste encore un pan sur lequel les principaux acteurs devraient résolument se pencher.

Par Maryse ASSOGBADJO (Avec la collaboration de CeRADIS-ONG)
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