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Déclaration de Joseph Djogbénou, des acteurs politiques et de la société civile au sujet de la disparition de la souche du volet n°1 de Patrice Talon
Publié le samedi 15 aout 2015  |  Le Matinal
Joseph
© Autre presse par dr
Joseph Djogenou avocat béninois




L’Avocat de Patrice Talon, Joseph Djogbénou et certains acteurs politiques et de la société civile étaient dans la matinée de ce vendredi 14 Juillet 2015, au Chant d’oiseau de Cotonou. A la faveur d’une conférence de presse, ils se sont prononcés sur plusieurs sujets de l’actualité politique, notamment la disparition de la souche du volet n°1 de l’homme d’affaires Patrice Talon. (Lire ci-dessous l’intégralité des déclarations des différents acteurs au cours de cette conférence de presse)


Joseph Djogbénou, avocat de Patrice Talon : « Cette exclusion est d’une extrême gravité. Patrice Talon sera électeur, rien ne l’empêchera d’être électeur et s’il veut être élu, il sera éligible »

Cette exclusion est d’une extrême gravité. C’est l’exclusion à la vie juridique d’un citoyen. C’est l’exclusion à la vie politique d’un politique. Et vous avez sorti l’expression, c’est l’apatridie à laquelle on veut conduire un citoyen. Nous regardons bien le contexte.

Après trois années d’exil contraint, le compatriote décide de rentrer dans son pays et on a les signaux. Sa femme est déjà rentrée au pays, son fils est déjà rentré au pays. On a les signaux : son ami de toujours est déjà rentré au pays et on a anticipé. Il est né à Abomey et son registre d’état civil se trouve à Abomey. Il est né à Abomey en 1958 et on a constitué une brigade dont il ne faut pas se retenir de prononcer, d’indiquer la composition : le commissaire Kouakoua Augustin, le brigadier Agoungbléto Ernest, l’inspecteur Kindossi Narcisse et l’officier de paie Gnilomon Mamadou. On les a envoyés, une brigade mixte police gendarmerie à Abomey, solliciter les registres puisqu’on sait qu’il est né en 1958, solliciter les registres de 1956, 1957,1958 et 1959 en imposant, en intimant l’ordre à l’agent de remettre les registres et on a déchiré les feuillets 506 et 507 du registre parce que ce sont ces feuillets qui constituent la souche de l’état civil de Patrice Talon. C’est çà l’exclusion. Et cette exclusion du représentant de l’Etat, de forces de l’ordre de l’Etat contre un citoyen dans un but politique, c’est çà qui est grave. On pourrait ne pas faire cette conférence de presse si pour des raisons patrimoniales, si pour des raisons de succession, si pour des raisons d’intérêts privés, un vil individu se retrouve à Abomey déchirer les registres, c’est ignoble. Mais que l’Etat le fait en constituant une brigade pour le faire, en imposant à un agent public d’avoir à remettre les registres, nous ne sommes plus dans un Etat, nous sommes dans une jungle. Et c’est cela qu’il faut dénoncer, que le politique que je suis dénonce avec solennité. Voyez, quand on a accompli un acte, c’est Alekpéhanhou qui l’a chanté, je n’ai pas son intelligence ni son imagination, je vais le paraphraser. Lorsque l’ennemi avec votre photo met une pointe sur la photo et déchire la photo, quand il va voir votre personne, qu’est-ce qu’il en fera ? « Mais qui craint de souffrir, souffre déjà de ce qu’il craint ». Il n’en fera rien et donc nous devrions dans une perspective de prévention nous mobiliser. Monsieur Patrice Talon sera électeur, rien ne l’empêchera d’être électeur et s’il veut être élu, il sera éligible. Rien ne l’empêchera d’être éligible. Il va constituer les avocats qu’il faut, il va accomplir les actes qu’il faut et l’on ne peut pas lui refuser si ce n’est que cette intention là. C’est d’une pure impuissance physiologique. Vous savez la physiologie, c’est avoir la volonté et n’avoir pas la force. Il semble là qu’on a une volonté mais on n’a pas la force de le faire. Deuxième élément de l’actualité politique, c’est l’inclusion. Voyez, la Cour constitutionnelle, vous l’avez dit, veut réformer la vie, ce que Dieu a créé. La Cour constitutionnelle veut remodeler, veut remodeler les âges, elle veut reconstituer l’être. Aujourd’hui, par un principe qui ne s’applique qu’aux relations privées de particulier à particulier, lorsque vous êtes dans une relation contractuelle, que vous avez une obligation, un engagement, lorsque l’engagement est prévu pour être accompli, dans un mois lorsque l’on commence, on considère que le mois est dû ; c’est une relation de particulier à particulier ; nous sommes dans une relation d’Etat. Les conditions d’appréciation, de régularité, dépôt de candidature, c’est au jour de la candidature. Au fond, la Cour constitutionnelle est entrain de nous dire que lorsque l’on veut vérifier la capacité, l’état de santé, l’on pourrait considérer qu’une personne qui est malade au jour de dépôt de la candidature, puisqu’elle peut espérer être en bonne santé le mois d’après, elle peut être candidate. Que lorsque l’on a 69 ans au jour de la candidature, puisque l’on est dans l’année, on ne peut plus être candidat. C’est d’une gravité extrême. Mais finalement, est-ce que ce n’est pas parce que nous nous sommes mobilisés dans ce pays contre la révision de la constitution, qu’on veut nous imposer la révision de la constitution ? Qu’on a révisé la constitution au plan judicaire parce qu’on veut inclure des personnes ? C’est çà l’inclusion, parce qu’on veut rendre une décision personnelle. Les juridictions rendent justice, les juridictions ne rendent pas service. Voilà ce à quoi nous assistons et lorsque la dérive commence par la tête, cette dérive là engage toutes les institutions. Et bien entendu, l’Assemblée nationale jouera son rôle mais l’on est désolé de constater que de jour en jour la Cour constitutionnelle, d’une composition avec d’éminentes personnalités, perd en crédibilité. Et lorsqu’une institution perd en crédibilité, c’est l’Etat qui perd davantage en crédibilité. C’est çà l’inclusion, une inclusion malheureuse. Mais cela va se régler politiquement au cours de la campagne électorale. Et finalement la répression. La répression d’un journaliste. Aujourd’hui l’on ne peut pas se prononcer sur le conflit, le terrorisme de notre Etat, de notre voisin de l’Est. Les journalistes ont pour mission de rendre, traduire dans leurs écrits l’information, de rapporter parce que l’information est un droit du citoyen. J’ai lu ce que le journaliste a écrit, l’on ne peut plus dire qu’il y a des calculs politiques dans les agissements de nos gouvernants quant aux conflits dans nos Etats voisins. Ce n’est pas une question de la sûreté de l’Etat public. C’est une question relative à l’information, au devoir d’informer de la part du citoyen et je suis là désolé de constater que certains journalistes tombent dans cette tentation superficielle de considérer que le journaliste en question aurait commis une faute professionnelle. Mais une faute professionnelle se règle professionnellement. La question est de savoir s’il y a une entorse au droit. Il n’y a pas une entorse au droit. Alors voilà l’actualité, cette actualité compliquée, complexifiée avec d’autres éléments qu’il ne faut pas évoquer ici. Mais sur l’exclusion, il faudrait que nous puissions nous mobiliser, que nous puissions refuser cela et nous en tant que politique, nous allons jouer notre part, notre part du travail. Je vous remercie.

Maxime Sévérin Quenum : « Il nous faut donc cette forte mobilisation citoyenne pour accompagner les actions et les procédures judiciaires de façon à pouvoir faire échec à toutes les autres velléités, à toutes les intentions criminelles qui se cachent derrière ces actes qui ont été accompli à Abomey. »

Il s’agit également d’un citoyen qui est privé de son existence juridique parce que l’acte de naissance est le premier acte qui constate votre venu au monde. Et c’est à partir de cet acte que vous exercez tous les droits civils civiques et politiques. On ne va pas rester les bras croisés et. De ce point de vue encore des actions seront entreprises à la fois contre les acteurs et leurs commanditaires éventuels. Mais lorsqu’on regarde la qualité des gens qui sont allés opérer, on nous a parlé d’agents en uniforme, de commissaire de police de brigadiers ou de commandants à la limite et qui ont déclaré avoir accompli une mission. Il s’agit à proprement parlé d’un vandalisme d’Etat. Il s’agit donc de citoyens, d’agents en uniforme qui sont allés déchirer et donc vandaliser des actes publics. Lorsqu’on est en présence d’un vandalisme d’Etat, qu’est ce qu’on fait ? La première chose, c’est la mobilisation citoyenne. Et c’est ce que vous faites là. Les journalistes doivent tenir donc l’opinion nationale et internationale informée. Parce que la visée n’est pas simplement la privation de cette pièce là qui permet donc d’accomplir plusieurs autres actes. La finalité est politique. Et si on laisse faire, ce sera dévastateur. Parce que ceux qui ont mis en exergue le fameux concept d’ivoirité, ceux qui ont parlé du certificat de nationalité douteux ont conduit leur pays à la guerre civile. Nous chantons tous les jours que le Bénin est un pays béni, et qu’il n’y aura jamais la guerre. Mais la guerre part du plus petit comportement qui compromet la sûreté nationale, qui compromet la cohésion nationale, qui met en échec le droit des uns et des autres et puis de frustration en frustration nous aboutirons à une révolution que nous n’appelons pas de nos vœux. Nous voulons simplement que le régime démocratique, né depuis la conférence nationale des forces vives de 1990, se perpétue et que donc l’alternance se poursuive comme cela a commencé. Certains ont hérité du pouvoir ou ont été élus avec des règles démocratiques et puis donc pensent qu’après ce sera le chaos ? Non il nous faut donc une mobilisation pour défendre les valeurs qui sont contenus dans notre constitution pour défendre la constitution elle – même, les principes contenus dans la constitution et permettre à tous les citoyens d’être libres et de se sentir libres dans ce pays qui est nôtre. On ne peut pas contraindre un citoyen à l’apatridie ou à l’exil. On ne peut pas priver un citoyen de ses droits, de ses actes et puis penser qu’on est dans un Etat démocratique et que tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Il nous faut donc cette forte mobilisation citoyenne pour accompagner les actions et les procédures judiciaires de façon à pouvoir faire échec à toutes les autres velléités, à toutes les intentions criminelles qui se cachent derrière ces actes qui ont été accompli à Abomey. Voila ce que nous vous demandons.

Mathys Adidjatou : « Après la corruption…, nous apprenons à nos enfants à tricher. C’est dommage et c’est malheureux. Nous devons nous indigner, crier haut et fort à nos autorités, nous en avons marre »

La chasse aux sorcières, nous en avons marre. Il y a mieux à faire dans ce pays à savoir le développement de notre pays. La population ne mange pas à sa faim, il y a mieux à faire, que de nous livrer à une chasse aux sorcières. Nous en avons marre, il y a quelques jours à peine la Cour constitutionnelle nous a jetés au visage une fameuse décision qui nous triture l’esprit. Nous n’avons pas fini de réfléchir sur çà, savoir les raisons d’une telle décision. Après vingt-cinq ans d’exercice de la démocratie nous apprenons que des individus mal intentionnés sont allés à la mairie d’Abomey pour arracher la souche du volet numéro un de l’acte de naissance d’un citoyen, en l’occurrence monsieur Patrice TALON. Et je me demande depuis ce temps à qui profite le crime et qui sont les commanditaires de cet acte ignoble. Cela n’arrive pas qu’aux autres. Nous devons nous indigner par rapport à çà. Quel enseignement laissons-nous à nos enfants ?

Le présent est déjà hypothéqué, vous le savez mais ne gâchons pas l’avenir. L’avenir, ce sont les enfants, c’est la jeunesse. Quelles leçons les jeunes devront tirer de cette situation ? Un enfant doit aller passer un concours, parce qu’il est brillant, intelligent, d’autres enfants s’organisent pour aller voler la souche de son volet de naissance ou faire disparaitre sa pièce d’identité ; c’est ce que nous enseignons à la jeunesse. Après la corruption à outrance qui est allée même au-delà de nos frontières, nous apprenons à nos enfants à tricher. C’est dommage et c’est malheureux. Nous devons nous indigner, crier haut et fort à nos autorités : « nous en avons marre ».

L’autre question que je me pose, le maire d’Abomey doit nous informer de la situation, ce qui s’est réellement passé. Cet agent, l’archiviste WANKPO, quand il a reçu la visite de ces vils individus, a-t-il informé ses supérieurs hiérarchiques avant de donner ou de remettre des registres importants à des gens qu’ils ne connait pas ? A-t-il rendu compte avant de remettre ces registres ?. Même si cela l’avait impressionné ou influencé, il n’a pas pu informer son chef après leur départ. Ce n’est pas normal, nous sommes dans un Etat de droit et je crois que nous ne sommes plus un peuple primitif. Moi, ça me fait honte puisque ce qui s’est passé va être relayé à l’extérieur. Cela vient s’ajouter à la liste de tout ce qu’on connait du Bénin et qui nous fait honte aujourd’hui. Parfois à l’extérieur, vous avez honte quand on parle du Bénin et c’est cela la réalité. Les autorités doivent prendre les dispositions pour rétablir monsieur Patrice TALON dans ses droits. Il doit y avoir des voies et moyens pour le rétablir dans ses droits. Je suis là, je suis une femme politique. Mais si j’ai demandé à être là ce matin, c’est parce que je suis une mère de famille. Et une mère de famille se préoccupe de l’éducation que nous donnons aux enfants. On en a marre dans ce pays : la tricherie, la corruption, le mensonge dans un Etat. On ne peut pas aller loin et nous en avons marre. C’est ce que je voudrais dire et la chasse aux sorcières, vraiment ça suffit maintenant, ça suffit. On est né dans ce pays il y a quand même plus de cinquante ans. Jamais nous n’avons vécu de pareilles situations, nous en avons marre, nous le crions haut et fort. Il faudrait que nous tous, à l’unisson, nous décrions ce qui arrive. C’est grave et j’attends que l’intéressé soit rétabli dans ses droits.

Antoine Detchenou : « Les agents qui sont partis accomplir cette sale besogne, ne sont pas partis de leur propre gré……. Ils étaient en mission, en mission pour quelqu’un. »

Pour établir dans ce pays aujourd’hui une carte d’identité, un passeport qui sont vraiment les documents juridiques par lesquels on reconnait si l’on veut votre situation de citoyen remplissant les conditions vraiment d’un national en bonne et du forme. Il y a la carte d’identité, il y a ensuite plus fort le passeport. Et pour établir chacune de ces pièces, la pièce fondamentale, c’est l’acte de naissance car il faut bien que vous soyez né, que vous soyez reconnus comme tel avant qu’on ne l’établisse et parce qu’il y a eu trop de faute par le passé, maintenant on exige non pas une simple copie d’acte de naissance, on exige la souche même, une copie fidèle de la souche qui atteste que vous êtes vraiment né tel jour, à tel moment, à tel endroit. Sans cela vous n’avez pas de pièce, surtout pas de passeport. Or dans chacune de nos mairies aujourd’hui, il existe un service qu’on appelle le service de l’état civil. L’état civil suit le citoyen depuis sa naissance jusqu’à sa mort en délivrant conséquemment les papiers, les papiers soit de naissance, soit de décès ainsi de suite. Et ces registres là on les conserve jalousement. Je ne suis pas né par exemple au Bénin, je suis né au Niger. Quand j’ai voulu demander ici une fois un certificat de nationalité on m’a dit vous n’êtes pas Béninois. J’ai dit ah bon alors que j’étais il bien vrai que je ne suis pas né ici mais depuis 1944 j’étais là dedans. Etudes primaires au Dahomey, études secondaires au Dahomey, j’ai été faire les études supérieures à Dakar. J’ai enseigné pendant trente(30) ans ici, j’ai été député. J’ai eu toutes les pièces en bonne et due forme pour faire tout cela et après quand je suis parti pour demander un cahier judiciaire, on ma dit tu n’es pas Béninois. Il faut que j’aille au Niger pour attester que je suis au moins DETCHENOU Antoine et cela est conservé jalousement dans toutes les mairies. Enlever, déchirer sciemment, délibérément de ce livret là ces souches originelles, c’est nier l’existence à celui dont la fiche porte le nom. C’est lui nier toute existence légale, c’est l’empêcher de se réclamer citoyen et donc de pouvoir accomplir n’importe quel autre service dans l’Etat. Il ne peut pas être électeur, puisqu’il n’a pas de référence, il ne peut pas être éligible. Eh bien ! Qu’est – ce qui s’est passé ? C’est que Mr. TALON n’étant pas sur les lieux pour des raisons que je ne veux pas évoquer ici aujourd’hui. Vous savez bien que le front s’est vraiment lancé profondément dans ce combat depuis l’affaire d’empoisonnement. Il y a eu des communiqués. Le front s’est toujours investi pour que la lumière soit faite. Même par exemple lorsque le président parlait de pardon, le front a dit ce pardon est suspect. Non pas que nous soyons des pro Talons contre Yayi Boni. Mais nous sentons qu’on a poussé la haine à un tel point que c’est devenu une haine sauvage et cette haine sauvage nous en trouvons l’expression dans l’acte ignominieux qui a été fait il y a quelques jours seulement. Des proches de parents sont allés à Abomey où se trouve sa pièce d’état civil et ils ont constatés qu’on a arraché du fichier la souche concernant monsieur Talon. Et il n’y a pas de doute là-dessus. Ceux qui l’on fait, ils sont quatre. L’acte que j’ai ici porte leurs noms. Quand vous allez dans les mairies, il y a un gardien. C’est un sanctuaire. Là ou on conserve les actes de naissance, ne peut y avoir accès qui veut. Et il y a un gardien, un membre du service d’état civil qui est commis pour être le gardien de ces fichiers là. Quatre hommes qui sont des hommes en tenue sont allés voir cet agent là, sous la menace certainement. Ils lui ont demandé les fichiers de 56, 57 jusqu’à 59. L’agent a hésité mais sous les contraintes il a fini par sortir ces fichiers là. C’est parce que c’est peut-être vous avez été dans ces machins. Vous avez peut-être vu c’était gros ou épais, il le leur a donné et ils sont restés là et après ils sont partis, ils ont dit nous te remercions, nous sommes satisfaits. Le gars n’a pas cherché à savoir ce pour quoi ils sont satisfaits. C’est lorsque deux jours après un parent à monsieur Talon s’est rendu à Abomey pour retirer justement une copie de cette souche là qu’il a constaté que ça a disparu. Donc ça a disparu après le départ de ces agents en tenue qui sont venues accomplir cette sale besogne. Et donc à l’heure où je vous parle, disons que Talon n’existe plus. Civilement, il n’existe plus puisqu’ on l’a tué en arrachant la souche qui porte les références de sa naissance, tel jour et telle heure à Abomey. Et qui lui permet évidemment de pouvoir établir les pièces qu’il lui faut pour l’état civil. L’acte est grave, très grave, c’est innommable. Je n’ai jamais vu cela. Je n’ai jamais entendu qu’on ait fait un acte pareil, je ne sais même pas comment l’idée a pu effleurer des gens pour qu’ils en arrivent là. Je savais que le pays moralement était descendu très bas, je sais bien que ça n’allait pas du tout. Je n’ai jamais pensé qu’on puisse arriver à un tel point de barbarie, à un tel point de cruauté. Tuer quelqu’un vis-à-vis, face-à-face, ce n’est déjà pas bon, ce n’est pas humain mais le tuer de cette manière là. Est-ce que vous avez jamais entendu dans notre pays ici que cela s’est fait ? Comment peut-on en vouloir à un homme à tel point qu’on puisse en arriver là ? Comment l’idée a pu germer dans la tête d’un responsable politique ? Les agents qui sont partis accomplir cette sale besogne, ne sont pas partis de leur propre gré. Ce n’est pas vrai. Ils étaient en mission, en mission pour quelqu’un. Et ma présence ici aujourd’hui n’a qu’un seul sens. Je ne veux pas vous en donner plusieurs. Ce n’est pas l’homme Talon qui m’intéresse aujourd’hui. Ce qui m’intéresse c’est l’acte ignominieux contre un homme, parce qu’on veut le détruire à tout prix. On ne respecte plus rien, mais rien quand il s’agit d’un homme.

Martin Assogba, président de l’Ong Alcreer : « Et chacun doit savoir qu’on est fort pour un temps. Et tout le reste du temps, on deviendra faible. »

C’est une question des droits de l’homme. C’est une question de discrimination. C’est une question d’exclusion. Et vous savez ! Alcrer est dans la lutte contre toute forme de discrimination et d’exclusion. Nous sommes là pour la promotion des droits de l’homme et de la bonne gouvernance. On ne peut pas accepter qu’on fasse d’un patriote, un apatride. Parce que, à cette allure, une fois qu’on est allé arracher la souche qui doit permettre à l’individu d’avoir ses droits en tant que citoyen, on fait de lui un apatride. Alors que, Alcreer avec le HCR, en ce moment, est dans la lutte contre l’apatridie. Et c’est ce qui m’avait amené la dernière fois à aller jusqu’à karimama, à l’île aux oiseaux, parce que nous avons plein de citoyens là-bas, qui ne savent s’ils sont du Bénin ou du Niger. Et nous devrions faire le plaidoyer auprès de l’Etat pour que ces gens là soient enregistrés. Alors, quand nous faisons le plaidoyer pour ce type de personnes et que nous entendons qu’un citoyen qui avait tous ses droits, on les lui arrache par le fait qu’on est allé prendre la souche de sa fiche de naissance, nous ne saurions nous taire. Nous ne saurions absolument nous taire. Et chacun doit savoir qu’on est fort pour un temps. Et tout le reste du temps, on deviendra faible. C’est très important çà. Et lorsqu’on parle de Dieu et qu’on nous dit qu’on est croyant et on pose des actes du genre, je doute de la croyance de ceux-là. Je doute de leur croyance en Dieu. Je doute de leur foi. Ce n’est pas bon du tout et nous devons tous, sans aucune autre considération, nous lever comme un seul homme pour que les gens soient rétablis dans leurs droits. Nous avons reçu par mail l’information. Et c’est pour cela que nous nous sommes dits, ce n’est pas possible, il faut qu’on en parle et que tout le monde sache et que ceux qui ont fait ça, n’ont qu’a revenir, n’ont qu’a reconsidérer leur position. Et permettre aux citoyens d’avoir ses droits pour pouvoir en bénéficier.
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