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Nourou Adjibadé, Directeur Exécutif De Ceradis-Ong: « Il Faut Que Le Gouvernement Alloue Beaucoup De Ressources Domestiques À La PTME»
Publié le vendredi 21 aout 2015  |  La Nation
Nourou
© Autre presse par DR
Nourou Adjibadé




Au nombre des acteurs incontournables de lutte contre le Sida, figure le Centre de réflexions et d’actions pour le Développement intégré et la solidarité (CeRADIS). Son directeur exécutif, Nourou Adjibadé, évoque ici les missions prioritaires de sa structure et les principaux challenges sur lesquels le gouvernement doit orienter ses actions pour l’atteinte des objectifs fixés dans le cadre de la Prévention de la transmission mère-enfant du VIH

La Nation : Quels sont les leviers d’actions de CeRADIS-ONG en matière de lutte contre le VIH/Sida au plan national ?

Nourou Adjibadé : Nous sommes une assoc iation œuvrant dans les domaines de la santé et de l’éducation, notamment par la communication. Notre problématique de développement c’est lutter contre le VIH/Sida et promouvoir la santé et surtout les droits en matière de sexualité et de reproduction des adolescents et jeunes.

Par rapport à la lutte contre le VIH/Sida et en matière de prévention, nous disposons de deux outils essentiels qui nous permettent d’atteindre nos objectifs : le dispositif de relation d’aide à distance, c’est notre ligne d’écoute dénommée ligne jaune qui permet à tous les citoyens béninois, où qu’ils se trouvent sur le territoire national, d’appeler pour trouver des réponses à leurs préoccupations en matière de VIH/Sida, de santé sexuelle et de santé de la reproduction. Le deuxième dispositif, c’est le centre de jeunes appelé ‘’ Kpote kiosque’’, installé dans le 12e arrondissement de Cotonou depuis 2007. On y promeut l’utilisation du préservatif, l’incitation au dépistage volontaire et l’orientation des jeunes vers les formations sanitaires partenaires pour la prise en charge des IST et du VIH. Aujourd’hui, CeRADIS a étendu ses sites d’intervention au point de se retrouver dans près de douze communes pour accompagner les jeunes afin de les prémunir contre le VIH.

Le second tableau sur lequel nous intervenons en matière de lutte contre le VIH/Sida, c’est le plaidoyer. Depuis 2005, CeRADIS porte un regard critique sur les stratégies, programmes et politiques du gouvernement en matière de VIH/Sida avec comme allié principal les médias. Et les développements que connaît notre action nous ont permis de mettre en place depuis janvier 2013 un observatoire de veille pour l’accès aux services de santé (OVAS) en matière de Sida. Les données recueillies à partir de cet observatoire, nous permettent non seulement d’avoir une photographie de la situation qui prévaut sur les sites de prise en charge des Personnes vivant avec le VIH mais aussi permettent entre autres, d’analyser les documents de politique, d’apprécier la mise en application des lois et engagements pris par le Bénin aux niveaux national et international et d’apprécier également l’efficacité de la contribution des financements accordés par le Fonds mondial (FM) pour la lutte contre le Sida au Bénin. Nous sommes obligés de travailler sur ce volet parce que c’est le FM qui apporte la grosse partie du financement de la lutte contre le VIH/Sida au niveau national (80% au moins). C’est en cela que nous analysons également le fonctionnement et l’efficacité du Comité national de coordination et d’orientation (CNCO) des interventions financées par le FM au Bénin. Et c’est tout logiquement que nous portons encore un regard critique sur les performances des principaux récipiendaires des ressources du Fonds mondial notamment le Programme national de lutte contre le Sida (PLNS).

Par ailleurs et sur un autre registre nous travaillons avec les bénéficiaires, notamment les femmes enceintes séropositives, les travailleurs de sexe, les jeunes et les personnes vivant avec le VIH, à la réalisation et à la défense de leurs droits par leur formation en leadership, en plaidoyer participatif et en lobbying .
Sur les questions de Santé et droits en matière de sexualité et de procréation des adolescents et des jeunes, CeRADIS peut être considéré comme un centre de ressources à double casquette notamment en matière d’actions de terrain et de plaidoyer pour une meilleure efficacité des politiques et programmes.

Vous évoquez peu d’actions en direction des femmes, alors qu’elles sont les plus exposées et touchées par le VIH ?

En matière d’actions en direction des femmes dans le cadre de la lutte contre le VIH/Sida, la lutte que mène CeRADIS est essentiellement orientée vers le plaidoyer en vue de la jouissance par les femmes de leurs droits notamment, les femmes séropositives et leur entourage. Notre feuille de route intègre aussi le volet transmission de la mère à l’enfant. Lorsque les femmes sont mieux suivies, la chance d’avoir des enfants sains à 100 % est garantie. Nous nous focalisons également sur la contribution réservée au volet ‘’Prévention de la transmission VIH de la mère à l’enfant (PTME)’’ et ce avec le soutien de la GIZ. Au niveau des différents sites de prise en charge PTME au plan national, nous agissons pour attirer l’attention sur les dysfonctionnements à corriger. Les objectifs fixés en matière de la PTME sont contenus dans ‘’le Plan national d’actions pour l’élimination de la Transmission du VIH de la mère à l’enfant’’, qui arrive à expiration cette année.

Sur ce point, nous déplorons le fait que les supervisions qui doivent être faites sur les sites PTME pour permettre de relever les insuffisances et de les corriger, souffrent aussi de quelques irrégularités. Lesquelles insuffisances sont relatives au manque de célérité et d’efficience dans la gestion des cas sur les sites de prise en charge. L’autre irrégularité est liée à la qualification du personnel mis à contribution dans le cadre de la PTME. Ici, nous notons un problème de mobilité des agents formés qui doivent intervenir sur les sites de prise en charge compte tenu des affectations faites par le ministère de la Santé. Ce qui se répercute sérieusement sur le programme. Il importe donc que le ministère de la Santé puisse revoir les politiques tout en tenant compte des priorités.

L’autre constat que nous soulignons également, c’est qu’au niveau national il y a beaucoup de femmes qui doivent être mises sous protocole PTME mais qui ne le sont pas, du fait du manque d’informations mais aussi de la stigmatisation et de la discrimination dont elles sont victimes au sein de leur communauté.
Il y a aussi le fait que de peur d’être répudiées de leur foyer, des femmes cachent leur séropositivité à leurs maris. Sur ce point, les associations et leurs réseaux se doivent de faire un travail de proximité pour expliquer l’importance pour les femmes séropositives de se mettre sous protocole PTME.
Il est également important que les bénéficiaires du programme, définissent leurs priorités et attentes au gouvernement afin de mieux profiter des ressources qui leur sont destinées. Il est vrai qu’entre 2012 et 2015, le Bénin a fait d’énormes avancées. Mais il y a encore des écarts à combler pour que l’on puisse s’en féliciter.

Au regard des paramètres que vous venez de définir, la PTME selon vous, augure-t-elle d’un avenir meilleur, vu que le Bénin est pratiquement à la veille de l’échéance fixée pour l’atteinte des objectifs dans ce cadre ?
Il y a des progrès certes, mais il existe encore beaucoup d’insuffisances à corriger. Au regard des résultats que nous avons obtenus, nous sommes tenus de rester optimistes. Mais nous ne devons pas dormir sur nos lauriers, parce qu’il y a deux pièges qui guettent le Bénin par rapport à l’avenir de la PTME au niveau national. Dans un premier temps, il faut que le gouvernement puisse allouer beaucoup de ressources domestiques. Je veux parler des ressources budgétaires au financement de la lutte. L’autre volet concerne l’amélioration du statut des médiateurs qui interviennent sur les sites de prise en charge. Leur situation n’est pas reluisante et ne leur garantit pas un avenir meilleur. Ils ne sont pas en sécurité parce que leur situation évolue au gré des financements mobilisés. Si tel doit être le cas, cela veut dire que lorsqu’un programme international prend fin, ils doivent se retrouver sur les carreaux. Or, le ventre affamé, n’a point d’oreilles. Pour régler un problème structurel dans le temps, il faut aujourd’hui que le ministère en charge de la Santé puisse véritablement se pencher sur leur cas. En ce qui concerne l’organisation des services sur les sites de prise en charge, il importe que le gouvernement prenne aussi ses responsabilités.
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