Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Benin    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article




  Sondage



 Autres articles



Comment

Société

Pourquoi une fatwa contre l’Église catholique au Bénin
Publié le mercredi 4 septembre 2013   |  24 heures au Bénin


Boni
© Autre presse par DR
Boni Yayi reçu par le Pape François


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

L’escalade verbale a atteint son paroxysme avec la réponse cinglante de Yayi Boni au clergé béninois. En lançant sa fatwa contre l’Église catholique, il vient de déterrer l’arbre d’espoir et de concorde planté à la conférence nationale des forces vives de la nation.

La refondation, en adoptant la peur comme mode de gouvernance, l’arrogance comme mode de communication, la division pour fragiliser les partis politiques, la souffrance pour le peuple, l’humiliation pour les cadres, a définitivement brûlé le fragile tissu qui liait encore ce peuple à son histoire. Enfermé dans une tour d’ivoire, adulé, vénéré, adoré, sanctifié par des attardés politiques, le sultan de Tchaourou se complaît dans le déni de la réalité. Malgré la justesse des analyses du clergé et des faits relevés, l’homme est resté fidèle à son autosuffisance.

Le PRD de Me Adrien Houngbédji, l’Union fait la Nation, Madame Celestine Zanou, le Professeur Mathurin Nago, Abdoulaye Bio Tchané, l’ONG ALCRER, le FONAC, les centrales syndicales et bien d’autres personnalités et organismes de notre pays ont relevé à leur manière les mêmes inquiétudes bien avant le clergé. Pourtant les réflexions du clergé n’étaient ni satire, ni procès. Elles sont tout simplement le résultat de nos préoccupations quotidiennes, des interrogations qui découlent tout naturellement de la confrontation de notre réalité d’aujourd’hui et les ambitions de notre pays de se fondre dans la marche difficile vers un Bénin plus prospère et plus juste.

Le mal-être dont parle le clergé, est bien connu : une justice sociale déplorable, une administration publique corrompue, inerte et inefficace ; une inflation galopante, entraînant une dégradation constante du niveau de vie de la population et une menace permanente sur notre indépendance économique. Aujourd’hui, le moins que l’on puisse dire est que la corruption, la concussion, l’avidité, la cupidité et les détournements des deniers publics ont atteint leur point culminant. On pourrait même dire qu’ils sont institutionnalisés. Il suffit de regarder le nouveau siège de l’assemblée nationale pour s’en convaincre. 14 milliards de francs engloutis dans la boue.

Au cours des dernières années, la presse est étatisée et les organes publics sont devenus des outils de propagande. Malgré l’appel au dialogue, le débat sur la révision de la constitution se fait entre les ministres du gouvernement et leurs ombres. De nombreuses démarches tendant à ouvrir les portes de l’ORTB à toutes les opinions politiques se butent toujours contre une fin de non-recevoir. La HAAC, organe de contrôle est incapable d’imposer aux organes publics une répartition équitable du temps d’antenne à toutes les tendances politiques.

Les marches de l’opposition et toutes manifestations visant à contester les projets du gouvernement sont systématiquement interdites ou réprimées. De Dègla à Houessou, le patronyme a changé mais les actes de barbarie sont demeurés intacts. Les Ivoiriens ont quand même chanté et répété : ce sont les marches qui t’ont amené au pouvoir, donc n’interdis pas les marches ! C’est grâce aux marches et autres actes de désobéissances civiles dont l’aboutissement est la tenue de la conférence nationale, que, lui Yayi Boni, a eu la chance de solliciter le suffrage des Béninois en 2006.

Aujourd’hui il a construit son « mur de Berlin ». Il y a ceux qu’il appelle les siens qui peuvent marcher à longueur de journée pour des causes abstraites et les « non » Béninois sont interdits de protestations. Il a réussi à instrumentaliser la religion en opposant grâce au « petit » Bako le clergé aux musulmans. Le marché de dupes tant redouté par feu Mgr Isidore De Souza à la conférence nationale nous a enfin rattrapés.

À part la cour constitutionnelle du Professeur Holo qui juge qu’au Bénin l’économie se porte bien, le Béninois moyen, avec ses 500 FCFA par jour ne voit pas du tout cette richesse. Cette position du Professeur se comprend aisément. Les chiffres, ce n’est pas son fort lui. A chacun son métier, et les vaches seront mieux gardées. De plus, le trésor du fameux K. O demeure inépuisable. Les conditions d’une croissance économique - la découverte du pétrole, l’uranium, l’or- comme l’énonce depuis sept ans, le banquier de Tchaourou souffre toujours d’un manque de réalisme. En mettant toutes ses forces dans la révision de la constitution, les arrestations arbitraires, Yayi Boni a perdu la notion de temps et a oublié que la population attend un sursaut économique, attend toujours qu’il prenne enfin service. L’urgence d’un dialogue national, la restauration de la confiance, le consensus national autour la révision de la constitution n’étaient rien d’autre qu’un appel du clergé lancé à la classe politique Monsieur le président ! Avez –vous pigé ?



Jules Djossou

 Commentaires