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Drame survenu en marge du match Bénin-Mali à Cotonou: Deux morts sur la conscience du gouvernement
Publié le jeudi 10 septembre 2015  |  Le Matinal




Deux morts et plusieurs blessés. C’est le bilan de l’amateurisme dont ont fait montre les autorités du Ministère de la jeunesse et des sports. Pour certains, c’est le résultat de leur jusqu’auboutisme et des voies de fait qui ont eu cours ces derniers mois. A vouloir jouer un rôle qui n’est pas le sien, le ministère des Sports et son actuel locataire ont leurs responsabilités pleinement engagées dans ce drame qui frappe plusieurs foyers et la famille du football.

En réalité, ce drame s’est produit à cause des nombreuses défaillances constatées dans le dispositif sécuritaire mis en place pour ce match. D’abord, les différentes entrées du stade ont été mal gérées. Plusieurs supporters, qui détenaient leur billet d’entrée, ont été refoulés par les forces de sécurité qui, au lieu de gérer les entrées de façon stratégique, ont laissé la grande masse se concentrer à l’entrée E1. Là, elles ont fait usage du gaz lacrymogène sans parvenir à disperser ces supporters qui tenaient à suivre cette opposition. La bousculade était inévitable. Dans la foulée, plusieurs personnes ont été étouffées. On pouvait apercevoir des supporters sauter des gradins pour se sauver. La situation n’a pu être maîtrisée par les forces de sécurité. Mais au-delà, les autorités ont commis une grave erreur en laissant les entrées ouvertes alors que le match avait déjà démarré. Qui en est responsable ? Est-ce le manitou de l’organisation de ce match ?

Le drame inévitable…

Heureusement, les forces de sécurité ne sont pas restées totalement passives. Elles ont tout fait pour secourir quelques supporters. Seulement, cinq personnes n’ont pu être récupérés sur place, dont deux qui ont reçu les premiers soins sous la conduite de la Croix rouge appuyée par les sapeurs-pompiers. Les cinq personnes étouffées ont ensuite été envoyées au Centre national hospitalier et universitaire (Cnhu) à Cotonou où les deux qui s’étaient déjà retrouvées dans un état comateux n’ont pu être sauvées. Ces deux supporters ont donc eu tort d’aller supporter l’équipe nationale. « La majorité des entrées étaient fermées. Donc, il y avait à peine deux entrées ouvertes. Vu le nombre de personnes qui devraient passer, l’affluence était trop… Je remercie seulement mon Dieu. C’était une histoire de bousculade, et si je suis aujourd’hui encore en vie, c’est la volonté de Dieu. C’était le sauve-qui-peut. C’était la première fois de ma vie que j’ai senti la mort sous mon nez. Dix minutes de plus et je perdais connaissance. On marchait sur des hommes. Dans la foule, j’ai même été mordu. Tu as la volonté d’aider, mais tu étais impuissant car, toi-même tu dois te battre pour vivre (…) », a témoigné un supporter miraculé. Mais comment cela a pu être possible au stade de l’amitié de Kouhounou alors que tous les sièges de cette enceinte sont aujourd’hui numérotés ? En effet, on connaît aujourd’hui le nombre de places assises au stade et par entrée.

Plus de billets que de places disponibles ?

Tout porte à croire que le nombre de billets vendus dépasse le nombre de places disponibles, c’est-à-dire les 35.000. D’autant qu’il y avait un monde impressionnant qui détenait les billets d’entrée, mais bloqué à l’extérieur. Certains avaient dû se rabattre sur un écran de fortune installé sur l’esplanade par la Télévision nationale. D’autres ont été contraints de prendre d’assaut les bars et cafeterias qui ceinturent le stade. Alors, si effectivement le nombre de billets vendus dépasse le nombre de places disponibles, il y a problème. D’ailleurs, les billets du match portent des numéros. Et quand bien même les places sont numérotées, il y a toujours une organisation qui devrait veiller à l’occupation des places. Pour ramener le match du stade Charles de Gaulle de Porto-Novo, le ministre des Sports et les dissidents ont pourtant dit à la Caf que les conditions sécuritaires étaient garanties au stade de l’amitié de Kouhounou !!!

L’expertise de la Fbf a fait défaut

En vérité, si on en est arrivé là c’est parce que tous ceux qui font le travail, c’est-à-dire les membres du Comité exécutif de la Fbf, ont été écartés par le ministère des Sports. Selon une source proche de la Fbf, c’est un homme du système qui a la maîtrise des supporters qui a toujours géré ce volet. Avant que le match ne démarre, il fait le tour de toutes les entrées. Si les places réservées pour une entrée sont remplies, il donne l’alerte et le speaker demande immédiatement aux supporters d’aller vers d’autres entrées. C’est ainsi que l’entrée des supporters a toujours été gérée. Mais avec la nouvelle gestion, beaucoup de personnes ressources ont été purement et simplement écartées. En plus, le Bénin dispose d’un officier de sécurité Caf-Fifa. Pourquoi n’a-t-il pas été informé et associé ?

Affo et Azandé doivent démissionner

24 heures après ce drame, c’est toujours le silence radio au ministère des Sports. L’autorité n’a même pas daigné émettre un communiqué de solidarité et de compassion à l’endroit des familles éplorées. Et pourtant, le ministre Safiou Idrissou Affo tenait à organiser le match et son homologue de l’Intérieur, Placide Azandé, avait rassuré sur le fait que des dispositions sécuritaires étaient prises par son département. Les deux ministres ont péché. Ils doivent avoir sur leur conscience le drame survenu. Le chef de l’Etat, Yayi Boni, doit leur demander des comptes voire leur retirer sa confiance. Lui-même doit comprendre maintenant que le retrait d’agrément à la Fbf n’a servi à rien. Cela a plutôt fait des morts…

E.A.B

Julien Minavoa, Président Cnosb : « Ceux que le ministre a mis devant …devraient pouvoir en prendre la mesure »

Le Matinal : Julien Minavoa, vous étiez au stade dimanche quand le drame a eu lieu. Que savez-vous de ce qui s’est passé ?
Julien Minavoa : J’étais à la tribune officielle. Vous comprenez que la tribune officielle est à une bonne distance de la tribune dont vous parlez. Ce que je sais, c’est qu’à un moment donné, j’étais avec Monsieur El Farouck, qui, je crois, avait la responsabilité de la coordination de cette compétition. Il s’est levé précipitamment. Je l’ai vu courir, commencer par alerter la police. Cherchant à savoir ce qui l’embêtait, j’ai compris qu’on a une tribune en difficulté. Il y avait un embrouillamini indescriptible. Après leur retour, ils ont déclaré que c’était vraiment une situation dure.
Pour vous, à qui incombe la responsabilité ?

S’il y a une telle situation, ceux que le ministre a mis devant pour organiser et orchestrer, tous devraient pouvoir en prendre la mesure et rendre compte à qui de droit.

Comment expliquez-vous le silence du ministère des sports, plus de 24 heures après ce drame ?

Est-ce que vraiment, les organisateurs du match d’hier sont au courant ? Je ne pense pas que le ministre soit au courant de cette histoire. Je ne crois pas. Il faut lancer un appel au calme parce qu’à en croire ce que les gens racontaient hier, et ce que j’ai vu de loin moi-même, c’est qu’à un moment donné, certaines des entrées étaient fermées. Et puisque cette entrée était ouverte (entrée E1), tout le monde s’est rué vers là, au point où les portiers ont dû fermer cette entrée. Mais vous connaissez les mouvements de masse. La précipitation a fini par avoir raison des portes verrouillées.

Propos recueillis par Abib Ishola Arouna

La fuite de responsabilité du Dg Malick Koto

Du côté des responsables de l’Office de gestion des stades du Bénin (Ogsb) dont dépend le stade de l’amitié, le silence est encore plus retentissant. Joint au téléphone en fin de soirée de ce lundi, son Directeur s’est refusé de répondre à nos questions, prétextant qu’il était à une séance de travail. Face à notre insistance, Malick Koto s’est empressé de lâcher : « Je dis, c’est dommage ! C’est déplorable ! Mais il y a des voix plus autorisées pour vous répondre Monsieur. Je suis à une réunion », avant de raccrocher son téléphone. Malick Koto a-t-il reçu des consignes pour ne pas répondre à la presse ? Se reproche-t-il des choses dans ce drame qui a coûté la vie à deux personnes ? Ou tente-t-il de ne pas livrer les responsables du ministère des sports ? Cette attitude qui s’assimile à une fuite de responsabilité traduit à suffisance le malaise qui règne en ce moment au Ministère des sports. Dans l’un ou l’autre cas, l’âme des victimes réclamera justice et la vérité ne saurait être étouffée longtemps.

A I A

El Farouk Soumanou : « Il faut une enquête pour situer les responsabilités »

« Je ne peux que déplorer ce qui s’est passé et les pertes en vies humaines. Les mesures de sécurité n’ont pas été respectées. Il y a une porte qui a été forcée. Il y a eu une bousculade qui a coûté la vie à nos compatriotes. Il faut espérer que cela ne se reproduise plus. Il y a eu d’incivisme. Tout le monde voulait rester en bas, alors qu’il y avait des places en haut. C’est le ministère qui a assuré l’organisation. Il y a eu 22 000 tickets imprimés, et le stade c’est 25 000 places. On n’a pas imprimé plus de tickets que de places disponibles. S’il y eu des tickets parallèles, il faut une enquête pour le savoir. Personne ne peut être content qu’il y ait mort d’homme. Personne n’est mort au stade. C’est au Cnhu que les décès sont survenus. Il faut interroger les sapeurs-pompiers. Je n’accuse personne. Je ne sais pas s’il y a eu non-assistance à personne en danger. Il faut une enquête pour situer les responsabilités ».

Léopold Houankoun, président de la Febas : « La responsabilité est collégiale »

« La scène s’est passée devant moi. Il y avait eu de trop plein au niveau de l’entrée E1. On avait demandé aux forces de l’ordre de fermer l’entrée ; ce qui n’a pas été fait. Des supporters ont commencé à être essoufflés et on a sollicité l’aide des sapeurs-pompiers et de la croix rouge pour les évacuer de toute urgence. Aujourd’hui, j’ai appris par les réseaux sociaux qu’il y a eu deux morts. La responsabilité est collégiale. D’abord, les supporters puisque une fois que c’est plein et on dit de fermer, ils ont forcé la porte de l’entrée. La responsabilité est imputable à tout le monde. En tant que président de la Febas, je viens de mettre sur pied un comité d’urgence dans le but de nous rapprocher des parents des victimes afin de les assister et soutenir aussi ceux qui sont encore hospitalisés. J’invite le public béninois au calme et surtout, je leur demande de suivre les instructions sécuritaires à l’avenir »

Propos recueillis par Nelson Avadémey

Communiqué de presse

La Fédération béninoise de football (Fbf) a appris avec beaucoup de peine et de regrets, les malheureux incidents survenus à la suite du match Bénin vs Mali, joué sur les installations du stade de l’Amitié de Cotonou le dimanche 06 septembre 2015. Des sources hospitalières font état de deux (02) morts et plusieurs blessés graves.
Face à ce drame qui ne saurait laisser aucun Béninois indifférent, la Fbf présente ses sincères condoléances aux familles des disparus et toute sa compassion à celles des supporters blessés.
La Fbf condamne avec la dernière rigueur l’amateurisme qui a caractérisé la gestion du volet sécuritaire de ce match et invite les uns et les autres à plus de responsabilité et de conscience pour l’intérêt supérieur de la nation et la défense des couleurs nationales.
En attendant que les responsabilités soient clairement situées et que de dignes hommages soient rendus à ces vaillants citoyens morts pour l’amour du football et de l’équipe nationale, la Fbf rappelle, que contrairement aux textes de la Caf et de la Fifa qui réglementent les mesures de sécurité en de pareille circonstance, qu’elle n’a été associée, ni de près ni de loin, à l’organisation de ce match.
Vive le Bénin plus grand et plus fort.

Le Président de la Fbf,

He Augustin Ahouanvoèbla
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