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Art et Culture

Interview avec Martin HOD
Publié le jeudi 1 octobre 2015  |  Autre presse
Martin
© aCotonou.com par DR
Martin Hod, chanteur beninois




Radio Bénin Diaspora: Présente – toi au public internaute et aux auditeurs de radio Bénin Diaspora.



Martin Hod: Hello ! Je suis Martin Hod, artiste chanteur, auteur, compositeur et interprète béninois. 25 ans de carrière, une décoration nationale au grade de Commandeur de l’ordre du mérite en 2009 avec 54 autres acteurs culturels Béninois dont Djimon HOUNSOU ; élu Meilleur Artiste Masculin d’Afrique de l’Ouest à la 10è édition des Kora-All Africa Music Awards à Durban en Afrique du Sud. L’histoire de ma carrière a débuté très jeune, déjà au collège. C’est ainsi que j’ai fait partie de plusieurs groupes dont les groupes musicaux des Collège Sègbèya et Akpakpa centre de Cotonou. A travers les récitals donnés par ces groupes j’étais identifié comme leader grâce à ma voix et mes talents d’interprète. Cela m’a valu le surnom « Martin Laser ». J’avais pour particularité d’interpréter les musiques du groupe KASSAV dont les titres battaient le plein dans les années 80. C’est de là qu’est née l’idée de faire du Zouk plus tard. Adulé par le public et apprécié par un producteur ivoirien à qui on m’avait présenté, j’ai eu la chance de me faire produire par ce dernier. Cela avait conduit à l’initiation de l’Afrozouk béninois au début des années 90.



Radio Bénin Diaspora Est-ce que tu as eu le soutien de tes parents pour faire la musique ?



Martin Hod: Mon père ne voulait pas d’un fils chanteur. Il aurait préféré avoir un fils médecin ou professeur d’université, etc. Pour la petite histoire, je me souviens bien d’une fois où mon groupe devait se produire lors d’une soirée. Ce soir-là mon père ne voulait pas que j’aille chanter. Pour m’en empêcher, il avait élu domicile pendant de longues heures à l’entrée de notre maison afin de contrôler les entrées et sorties. J’étais coincé à l’intérieur des heures avant d’inventer un canular pour réussir à sortir finalement au moment où il s’était endormi. J’avais pu ainsi rejoindre les amis et on avait donné un spectacle magique…même si j’en ai eu pour mon grade après.



Radio Bénin Diaspora: Pourquoi la musique et pas un autre métier ?



Martin Hod: La musique parce que c’est ma passion. J’ai exercé d’autres métiers dans ma vie mais je n’ai jamais réussi à laisser tomber la musique. Et puis la demande des fans et du public est assez grande, diverse et variée donc pas question d’abandonner mon art.



Radio Bénin Diaspora: Pourquoi avoir initié le zouk au Bénin et pas un autre genre ?



Martin Hod: Effectivement, la question peut se poser mais vous savez, au même titre qu’il n’y a pas de langue phare, le Bénin ne dispose pas d’un rythme phare ; nous n’avons pas réussi doter le Bénin d’une identité musicale unique. C’est malheureux mais cette absence d’identité musicale pour le Bénin ne date pas d’aujourd’hui. Et nous n’allons pas en faire un défaut d’une génération. Moi j’avais choisi le zouk parce que c’est un genre auquel je me suis très tôt identifié. Ceci dit, j’ai fait d’autres rythmes sur mes albums (Ndombolo, Soukous, Soyoyo, etc.) grâce à la rencontre avec des arrangeurs congolais et des musiciens de Koffi Olomidé ici en France…mais je n’en ai pas fait des tubes parce que ce n’est pas ce qu’attendent mes fans.



Radio Bénin Diaspora: Nous te reconnaissons ta place d’initiateur et aîné du Zouk au Bénin mais quel regard as-tu sur l’environnement de ce genre musical au Bénin 25 ans après ?



Martin Hod: Il faut dire qu’à l’époque je ne savais pas que d’autres personnes allaient s’aligner sur ce rythme. C’est très rare au Bénin. Pour faire court, je pense que les choses ont beaucoup évolué malgré l’influence des Congolais, des Ivoiriens et maintenant des Nigérians. Le zouk tient toujours bon et inspire de nouveaux talents. C’est plutôt bonne chose. On ne peut que s’en réjouir…pour ne pas dire s’enorgueillir. J’ai aidé d’autres personnes à décoller leur carrière dans le zouk. Je ne cite pas de nom parce que ce n’est pas de mes habitudes et il y a un proverbe qui dit que « La pierre lancée avec bonté ne siffle jamais. ».



Radio Bénin Diaspora: Quelques années après tu as quitté le Bénin pour t’installer en France. Pourquoi avoir choisi de résider en France et comment es-tu entré dans ce pays ?



Martin Hod: Je suis rentré en France par une opportunité en 1997. Je ne regrette pas de m’être installé en France dans la mesure où cela, non seulement m’a ouvert d’autres portes mais aussi m’a permis de donner une autre dimension à ma carrière, notamment la qualité des produits (je veux dire mes albums) mais aussi les collaborations avec des musiciens et artistes d’autres pays (Martiniquais, Guadeloupéens, Congolais, etc.). J’y ai également fondé ma famille et y travaille en plus de ma carrière musicale. Voilà !



Radio Bénin Diaspora: Comment évolue ta carrière en France ?



Martin hod: Les plus grands avantages pour ma carrière en France sont surtout la qualité du travail, la rencontre avec de grands musiciens, les collaborations avec d’autres artistes, l’ouverture sur le monde des meilleures technologies et des médias. J’ai pu y réaliser 2 albums et plusieurs singles de qualité internationale. Il est vrai qu’aujourd’hui on peut faire de grandes musiques tout en restant au Bénin mais à l’époque il n’y avait pas tout ce qu’il y a maintenant.



Radio Bénin Diaspora: Parlant des albums, à quand remonte ton dernier ?



Martin Hod: Mon dernier album « Bio wa » remonte à l’année 2005. C’est d’ailleurs cet album qui m’a permis de gagner le Kora awards dans la catégorie « Meilleurs artiste masculin d’Afrique de l’Ouest ». Vous savez, pour un artiste qui s’autoproduit comme moi ce n’est pas facile de sortir des albums. Comme on dit chez nous « Vous mangez de l’œuf mais vous ne savez pas ce qu’endure la poule pour sortir un œuf de son cule. ». Après « Bio wa » j’ai quand même sorti plusieurs singles dont le dernier date de 2014. D’autres sont en cours de préparation.



Radio Bénin Diaspora: Parle-nous alors un peu des difficultés rencontrées par rapport à la sortie des albums ?



Martin Hod: La plus grande difficulté c’est le manque de producteur. Les producteurs sont devenus très rares, s’ils ne sont pas réticents. Tout cela parce que des gens malhonnêtes ont sali la réputation des artistes, et vice versa. Dans le même temps, plusieurs artistes trouvent de plus en plus inutile de faire des albums. Les mélomanes ne téléchargent pas tout un album, ni n’achètent plus les CDs. Ils préfèrent deux ou trois titres généralement sur un album. Moi j’ai opté pour les singles et maxisingles pour le moment, et cela me convient très bien.





Radio Bénin Diaspora: Es-tu en communication avec d’autres artistes béninois ?



Martin Hod: Il n’y a pas une grande différence entre les artistes béninois et les Béninois en général. Nous sommes des gens discrets et méfiants les uns vis-à-vis des autres. C’est connu de tout le monde ça. Cela n’est pas plus mal vu les mesquineries et les coups bas qui existent dans le milieu du showbiz. Cependant, je n’ai aucun problème avec quelque artiste que ce soit ici ou là-bas. Le 6 juin dernier les organisateurs de MISS BENIN France Europe™ ont réuni sur la même scène plusieurs artistes béninois dont Pépé Oléka, Fafa Ruffino, Sergent Markus, Kemy, Pipi Wobaho et moimême. Cela a été un véritable moment de convivialité et de communion. Sincèrement, quand je le peux je soutiens ou donne un coup de main à ceux qui me sollicitent. Je ne citerai pas toutes mes actions de rassemblement mais je me rappelle en 2013, j’avais réalisé une vidéo de soutien pour le concert live de Richard Flash à Paris et j’ai été le soutenir avec d’autres amis à ce concert (la radio a retrouvé la vidéo et vous propose de la voir ici : https://www.youtube.com/watch?v=lVoD5t3-g1o). J’ai également aidé plusieurs autres jeunes artistes béninois dans la mesure du possible. Je suis toujours disponible pour soutenir tout artiste béninois sans rien attendre en retour. Le niveau de sagesse que j’ai atteint m’autorise à me rendre disponible à toutes les fois qu’il le faut. Mais dans le même temps je reste dans mon coin sans fermer mes portes. Comme dit un proverbe Bamiléké « Il ne faut pas laisser sa tête aux poux. » Vous-mêmes vous savez.



Radio Bénin Diaspora: Quelles relations as-tu avec les autorités consulaires et diplomatiques du Bénin en France ?



Martin Hod: Sincèrement, il m’est arrivé à plusieurs reprises de me demander si nous avons vraiment des autorités à la tête de nos représentations consulaires et diplomatiques. J’apprends souvent qu’il y a des activités organisées par ces gens-là mais, à l’instar de plusieurs autres artistes de la diaspora, je n’ai jamais été sollicité…si ce n’est la dernière fois, lors de la célébration du 55è anniversaire de l’accession du Bénin à la souveraineté internationale qu’on m’a envoyé une invitation. J’ai été surpris de recevoir cette invitation. Malheureusement les Béninois du Canada et de Caroline du Nord (USA) m’avaient déjà sollicité pour aller fêter avec eux. J’ai donc préféré aller me produire en Amérique du nord. Je profite pour remercier de nouveau les organisateurs de ces deux soirées (Jérémie DIDE de Charlotte et Juste EWINSOU de Montréal) ainsi que tous les fans venus me soutenir.





Radio Bénin Diaspora: Des projets imminents







Martin Hod: Mon seul projet imminent est ma candidature pour les l’élection présidentielle de 2016 au Bénin (Sourire, ndlr). Non, je rigole ! En ce moment, je n’ai pas de très gros projets en dehors de la préparation d’un EP qui reste une surprise pour mes fans que j’invite à rester connecté sur ma page Facebook : (https://www.facebook.com/martinhod.musicteam). En plus de cela, je me suis lancé dans du social depuis mai 2014 où j’ai lancé officiellement l’opération « 5POUR100 » (5%)…



Radio Bénin Diaspora: Parle-nous un peu de cette action



Martin Hod: « 5POUR100 » est une opération de soutien aux enfants défavorisés du Bénin et du monde.Elle consiste à donner 5% de mes revenus annuels d’artiste pour la lutte contre la faim et les inégalités sociales dans le monde et plus particulièrement au Bénin. Cette opération est depuis cette année en partenariat avec « Association Vingt et Plus ». Nous sommes en discussion avec deux autres associations humanitaires dont une au Bénin et l’autre au Togo afin de concrétiser les activités sur le terrain. Pour en savoir plus les 4 axes de cette opération, allez sur ma page Facebook : (https://www.facebook.com/martinhod.musicteam).



Radio Bénin Diaspora: Dans une de tes réponses plus haut tu as cité un proverbe Bamiléké qui en dit long sur une colère cachée. Qu’est-ce qui te fait mal par rapport aux Béninois ?



Martin Hod :Le Béninois est particulier ! Je ne connais pas les citoyens des autres pays d’Afrique même si je sais que nous avons certainement beaucoup de points communs. Mais je connais très bien le caractère mauvais, sournois et mesquins des Béninois où qu’ils se trouvent. Tout le monde n’est pas pareil, heureusement ! Le Béninois n’est pas prêt à soutenir son prochain. Au contraire il le voit comme une menace. Plusieurs anecdotes me font conclure que nous avons encore du chemin pour cultiver le sens du patriotisme. J’en ai encore fait les frais récemment lors d’une soirée à New-York dans le cadre de ma deuxième tournée américaine en décembre 2014. Les Béninois de New-York avaient carrément boycotté ma soirée alors que j’avais fait une grosse soirée dans les autres villes. Malgré cette absence des Béninois il y a eu quand même du monde issu des autres diasporas. Une autre histoire qui démontre du manque de patriotisme : mon titre « Djessou gbéto » a été sélectionné l’année dernière dans le HitAfrica, un hit-parade très prisé de radio Africa n°1. Pour maintenir longtemps « Djessou gbeto » mais aussi le faire grimper au top de ce Hit, on avait besoin de beaucoup vote. Malgré toute la communication qu’il y a eu autour de cela, les Béninois ne votaient pas pour le titre. Pendant ce temps les gens préféraient voter pour les artistes d’autres pays. C’est dommage mais il faut en parler pour faire changer les mentalités. Nous ne demandons pas plus auprès du public béninois. Autre chose, les Béninois de Paris ne sortent pas pour leurs artistes lors des soirées. Les soirées d’artistes béninois sont celles qui marchent le moins pour les promoteurs parisiens. Heureusement qu’il y a les autres communautés qui nous apprécient aussi et viennent nous soutenir.



Radio Bénin Diaspora: Tu viens de parler du manque de soutien du public, qu’en est-il des médias béninois



Martin Hod: Le manque de patriotisme que j’ai évoqué plus haut est un phénomène général. Même au sommet de l’Etat. Je me suis amusé récemment à écouter la radio de l’hémicycle du Bénin. Pendant plus d’une et demie j’ai écouté que du zouk antillais. A un moment donné je n’en pouvais plus. Je n’en dirai pas plus. C’est un aperçu de mon état d’âme que je viens de vous dévoiler. On ne peut pas développer un pays dans ces conditions…et cela ne choquent ni les députés, ni les ministres, ni personne ! Pour faire passer nos clips sur les chaînes il faut payer ; pour qu’un journaliste écrive sur un portail culturel il vous envoie d’abord le devis ; pour être joué sur une radio il faut payer les techniciens…sinon vous connaissez la suite. Il en est de même pour les promoteurs de soirées au Bénin. Ces gens préfèrent investir des millions pour faire se produire des artistes d’autres pays au détriment parfois des artistes locaux. Là aussi il y a un gros travail de prise de conscience à faire.



Radio Bénin Diaspora: Combien coûte la communication radio/tv pour les artistes africains en France ?

Martin Hod: Je n’ai pas particulièrement investi dans la communication radio/tv ces deux dernières années parce que j’ai préféré une présence sur le web plutôt. Je ne saurais donc vous donner un chiffre. Néanmoins je sais qu’il faut un vrai budget pour cela. A côté de cela, il faut reconnaître qu’il y a pas mal de radios et tv qui font gratuitement la promo des artistes africains…surtout quand la qualité y est (Africa n°1, Telesud, Ubiznews, Rfi, etc.).



Radio Bénin Diaspora: Nous avons effectivement remarqué en effet ta forte présence, très professionnelle sur les réseaux sociaux, c’est une décision d’un soir ?

Martin Hod:Non, bien sûr ! Je travaille avec une agence de communication qui s’appelle CREATIVE et qui appartient à un compatriote. Nous travaillons beaucoup sur ma communication et ma carrière en général depuis deux ans. Cela avait manqué à ma carrière dans les années 90 où il n’y avait que les télé pour faire voir les clips. Avec l’avènement de YouTube et Facebook les choses ont changé dans la vie des artistes à travers le monde entier.



Radio Bénin Diaspora: Ton mot de fin Martin

Martin Hod : Je dois te remercier sincèrement Armand pour cette noble radio que tu gères et toutes les initiatives de promotions de la culture béninoise à l’international. Je ne peux que souhaiter longue vie à toi-même et à tes belles œuvres. Cela démontre de la prise de conscience à laquelle j’appelle tous les Béninois. Saches que tu as tout mon soutien et celui de mon équipe. Bon vent à Radio Bénin Diaspora ! Et que vive le Bénin !

Interview de Radio BENIN Diaspora
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