Réhabilitation de la voie Akassato-Bohicon : Le gouvernement veut appauvrir les populations riveraines Voir passer la route et mourir de faim #aCotonou

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Réhabilitation de la voie Akassato-Bohicon : Le gouvernement veut appauvrir les populations riveraines Voir passer la route et mourir de faim

Publié le mercredi 11 septembre 2013 | La Presse du Jour

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Premier Forum sur le Développement Rural en Afrique
Jeudi 02 Mai 2013, Cotonou. Le Président Béninois Boni Yayi lance le Forum sur le Développement Rural en Afrique

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En l’observant du haut de son hélicoptère même sans l’avoir jamais emprunté, Boni Yayi sait pourtant que le tronçon Akassato-Bohicon est très important pour l’économie nationale. Alors, lors de son show d’environ deux heures devant une délégation d’Abomey venue lui dire merci d’avoir bouclé le financement pour la réhabilitation de cette voie, le Chef de l’Etat a trouvé l’une des formules magiques pour que les travaux aillent vite.

Le régime du Changement et de la Refondation est décidément fertile en arguments lorsqu’il veut atteindre ses objectifs qui lui sont «chers». On connaît désormais la gymnastique que le pouvoir en place pratique pour convaincre de l’opportunité de la révision de la Constitution. Il en a d’autres pour parvenir à boucler la réhabilitation de la voie Akassato-Bohicon en un an et demi plutôt que les trois ans prévus par les techniciens chinois, bailleurs des travaux. Des propos du Chef de l’Etat lors de sa rencontre avec une délégation d’Abomey le vendredi 06 septembre 2013 au Palais de la Marina, on sait désormais que ces travaux couteront 110 milliards de F Cfa. Avec une remise de prêt de près de la moitié de la somme, toujours selon Boni Yayi. La Chine, quand l’envie la prendra, pourrait même effacer toutes les dettes du Bénin, a-t-il aussi annoncé à la même occasion. Comme on peut donc le comprendre, la réhabilitation de cette voie ne souffrira plus de manque d’argent. Mais peut-être d’autre chose. Et le président de la République en a déjà une idée. Les propriétaires terriens riverains du tronçon. Plutôt qu’ils s’accrochent à leur expropriation, le Chef de l’Etat leur demande de faire don de leurs lopins de terre à la République sans rien demander en retour. Juste afin que, selon Boni Yayi, les travaux avancent vite, parlant comme si c’est hier que la réhabilitation de cette route est agitée à grand renfort de publicité avec même des propos et promesses électoralistes. Le Chef de l’Etat s’adresse ainsi à des gens qu’il n’a peut-être rencontrés que lors de la campagne présidentielle de 2011. Sinon que c’est depuis le haut de son hélicoptère qu’il les survole. Pas évident qu’il connaisse leurs problèmes. Il leur ait demandé de laisser leurs terres, peut-être les seuls biens dont ils disposent, pour la simple raison que cette voie doit être vite réhabilitée. On ne peut pas concevoir la prospérité du Bénin sans la voie Akassato-Bohicon, une voie à caractère régional, a mentionné Boni Yayi. Ces populations, qui souffrent de manque d’école, de centre de santé, d’eau potable disponible, de délestage et autres besoins, à cause en partie, selon le chef de l’Etat, de la non-révision de la Constitution, devront encore offrir à la République ce qui leur permet de joindre les deux bouts.

Autre chose à Tourou

Ce message du Chef de l’Etat est du moins très surprenant lorsqu’on sait qu’ailleurs, les choses ne se sont pas passées ainsi. Pour la construction de l’aéroport de Tourou près de Parakou, un projet non moins important que la réhabilitation du tronçon Akassato-Bohicon, le pouvoir en place a exproprié les propriétaires terriens. Le dossier n’est d’ailleurs pas totalement évacué. En ce sens que les populations tiennent à être dédommagées. Par contre, le chef de l’Etat demande aujourd’hui à d’autres compatriotes, curieusement de la partie méridionale du pays, de ne pas tenir à une expropriation afin que, dit-il, la réhabilitation de la route en question se fasse dans un bref délai. Si Yayi arrivait effectivement à obtenir des riverains du tronçon Akassato-Bohicon qu’ils mettent gratuitement leurs terres à la disposition de la République, ce serait une manière de les plonger davantage dans la misère. Elles se contenteront plus tard de contempler la belle voie «offerte» par la généreuse Chine, si la misère leur permet d’être encore en vie. C’est peut-être aussi le prix à payer pour disposer d’eau potable, d’électricité gratuite, de centres de santé, de salles de classe,…bref la prospérité annoncée par le Chef de l’Etat une fois que la révision de la Constitution sera chose faite.

Jean-Marie Sèdolo

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