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Le Benin à la quête d’un pacificateur
Publié le samedi 17 octobre 2015  |  24 heures au Bénin
L`ex-président
© Autre presse par DR
L`ex-président béninois Mathieu Kérékou




La disparition du Général Kérékou crée un vide sur la scène politique en raison de ses talents de pacificateur hors pair. La conséquence immédiate de ce départ est le doute qui plane quant à l’organisation apaisée du scrutin présidentiel de 2016.

Si le décès du Général Mathieu Kérékou, le mercredi dernier, a affecté plus d’un, c’est certainement à cause de l’image de paix qu’il incarnait aussi bien pour le pouvoir en place que pour l’opposition. Mais, sa disparition accentue la tension palpable et la crainte qui gagnent les Béninois, soucieux d’une organisation apaisée des prochaines élections présidentielles pour plusieurs raisons. La première est que le Président Kérékou était le seul dinosaure de la politique, à la fois craint, respecté et même vénéré par la plus haute autorité du pays c’est-à-dire le Chef de l’Etat, le Docteur Thomas Boni Yayi. En effet, qu’il nous souvienne que par le passé, alors que plusieurs crises sociopolitiques menaçaient la stabilité du pays et crispaient les attentions de part et d’autres, le Général Kérékou comme un bon père de famille rassemblait ses « enfants » et calmaient le jeu. Un des cas les plus illustratifs demeurent son implication personnelle dans le jeu politique afin de calmer les militants de l’opposition qui avaient rejeté les résultats des élections présidentielles de 2011. Une situation qui avait trouvé une issue favorable puisque la stabilité de l’Etat n’a pas été remise en cause au lendemain de ces élections. Le regretté Général était également de ceux qui ont plaidé auprès des acteurs de la société civile et des médias afin d’apaiser les ardeurs des mécontents de l’affaire ICC services et consorts qui voulaient coût que coût la démission du Gouvernement et même du Chef de l’Etat auquel ils reprochaient la grande responsabilité du plus grand scandale économico-politique de l’ère du renouveau démocratique béninois. En effet, le président Soglo avait à l’époque accusé le régime en place d’avoir cautionné cette fraude à grande échelle. Il a fallu l’intervention du Président
Mathieu Kérékou en sourdine pour ramener la balle à terre. Un apaisement qui avait quand même coûté le fauteuil de plusieurs ministres dont celui d’Armand Zinzindohoué, le ministre de l’Intérieur qui connut les douceurs des geôles à cause de cette scabreuse affaire. Le Président Kérékou est enfin intervenu personnellement pour rappeler à l’ordre le Président de la République dans son différend avec Talon. Il a fait partie du collège des chefs d’Etats qui se sont personnellement impliqués afin de mettre fin à ce conflit qui jetait l’opprobre sur le Bénin dans les chancelleries occidentales. En effet, si dans toutes ces affaires, le Chef de l’Etat a accepté de mettre la balle à terre, c’est parce qu’en dépit de tout, il éprouvait un profond respect pour celui à qui, dit-on, il doit son élection en 2006.


La seconde raison qui fait de son décès une menace pour les présidentielles de 2016, c’est qu’il était le dernier recours de l’opposition quand elle n’arrivait pas à se faire entendre du pouvoir. En effet, l’on se souvient qu’en 2011, les discussions qui capotaient entre l’Union fait la nation (Un) et le Gouvernement quant à la confection de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). A l’époque, l’opposition craignant que le Gouvernement ne tienne parole s’était retirée de l’organisation de ce maillon préélectoral important. Les ténors de cette formation politique qui étaient Amoussou Bruno, Nicéphore Dieudonné Soglo, Séfou Fagbohoun et bien sûr Adrien Houngbédji avaient déconseillé à leurs militants de s’inscrire avant finalement de les rappeler à l’ordre à quelques jours de la fin des opérations pré-électorales. Une situation qui avait engendré une tension sociopolitique palpable.

Et qui avait même amené le Programme des nations unies pour le développement (Pnud), des dignitaires religieux, la Chefferie traditionnelle et aussi l’implication des anciens présidents que sont Emile Derlin Zinsou et bien sûr le Général Mathieu Kérékou à conseiller au Président Yayi Boni à revoir sa position et à permettre un prolongement des opérations préélectorales. L’autre élément prouvant ses qualités de pacificateurs, est que le « Caméléon » s’est montré là où le peuple l’attendait mais en toute discrétion. De sources proches de l’Un, le regretté Mathieu Kérékou a envoyé des émissaires auprès des leaders de l’Un, lors des échauffourées qui avaient succédé à la tentative d’arrêt de l’He Candide Azannai par le Chef de l’Etat. C’est suite à son intervention mais aussi à celle du Président Nicéphore Soglo et de plusieurs autres personnalités que les deux camps avaient décidé de mettre la balle à terre.
Enfin, la principale raison qui fait de son décès, une épée de Damoclès sur le scrutin de 2016, c’est qu’il était le Président le plus écouté par les populations du Nord au Sud du Bénin sans distinction. En effet, ses interventions étaient suivies et attendues de tous quant aux questions déterminantes pour l’avenir du pays. Il surprenait plus d’un par la justesse de ses propos, la qualité de ses réflexions et surtout sa connaissance hors pair des arcanes du gotha politique béninois. Le Général Mathieu Kérékou avait même réussi à tourner en bourriques plusieurs leaders syndicaux sans jamais leur manquer de respect, à faire des reproches objectifs aux journalistes sans les embastiller et surtout à s’attirer la sympathie d’une bonne partie de l’opinion publique alors que le pays vivait une crise économique sans précédent à son départ en 2006. Certains de ses sympathisants tels le Martin Azongniho et des chefs d’Etat de la sous-région lui avaient suggéré de modifier la constitution pour un troisième mandat. Il a surpris plus d’un en refusant de le faire et s’est ainsi attiré le respect d’une bonne partie de ses détracteurs. Aujourd’hui, à quelques mois des élections présidentielles de 2016, il s’en va en laissant la nation orpheline et craintive. Qui pourra bien jouer son rôle de consensus national qu’il incarnait ? En attendant une réponse à cette question, les Béninois, toutes tendances confondues, espèrent que les nuages qui s’amoncellent en 2016, se dissiperont en toute quiétude…
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