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Suite du procès Dangnivo à la Cour d’appel de Cotonou: Déclarations confuses des témoins, Alofa regrette « d’avoir fait le jeu »
Publié le vendredi 13 novembre 2015  |  L`événement Précis
Codjo
© aCotonou.com par DR
Codjo Alofa, le charlatant activement recherché par les forces de sécurité




Après des déclarations inquiétantes au premier jour du procès du présumé assassin de Pierre Urbain Dagnivo, CodjoCossiAlofa, quelques personnalités citées ont été écoutées les mercredi 11 et jeudi 2 novembre 2015. Il s’agit du commissaire de police à la retraite, Prince Alédji, et de l’ancien ministre de la justice, Grégoire Akoffodji. Au regard de leurs témoignages respectifs,CodjoCossiAlofa regrette avoir accepté de jouer le jeu.

« Je ne peux pas être puni car rien ne s’est produit comme on veut le faire croire. Toute cette affaire est du théâtre. On m’y a impliqué. Mais si j’avais su que les choses se passeraient ainsi, je n’aurais pas accepté. » Ce sont là les derniers propos du présumé assassin de Pierre Urbain Dangnivo, CodjoCossiAlofa lors de la troisième journée du procès. En effet, mercredi, l’ancien ministre de la justice, Grégoire Akoffodjia été écouté en tant que témoin. Il a, au début de son intervention, laissé couler quelques larmes avant d’exposer les faits. Selon ses propos, l’affaire est arrivée en Conseil des ministres parce que les syndicalistes s’y accrochaient et qu’elle préoccupait l’opinion. « J’ai dit au Conseil que cela reste une affaire judiciaire. C’est ainsi qu’une commission d’enquête judiciaire a été mise en place », a-t-il indiqué. C’est en tenue de sport qu’il s’est rendu à la brigade de recherches, après avoir eu au téléphone le procureur général et le procureur de la République qui avaient cherché vainement à le joindre alors qu’il était au sport. « Je me suis porté vers la commission qui m’a informé que des individus sont passés aux aveux. C’est là, à la brigade, que j’ai aperçu le nommé Alofa, puis le lendemain sur les lieux de l’exhumation. Nous n’avons eu aucune conversation… Le rôle du Ministère de la Justice a été limité à mettre les moyens à la disposition de la commission d’enquête », a précisé l’ancien Garde des Sceaux. Grégoire Akoffodji explique ensuite que le Gouvernement a fait les diligences pour faciliter les analyses scientifiques. Son souci, dit-il, était de tout mettre en œuvre pour la manifestation de la vérité. Me Joseph Djogbénou, avocat conseil de CodjoAlofa, insinue que les experts étrangers sollicités sont arrivés au Bénin avant l’exhumation du corps de Womey, soit le dimanche 26 septembre 2010. Le ministre Akoffodji pique une sainte colère, récuse cette thèse et lui demande d’en fournir la preuve. Me Djogbénou lui souffle que l’ordonnance du juge d’instruction date du 5 octobre 2010, une séance ayant eu lieu à la présidence de la République ce jour-là et qu’en tout cas, les experts étrangers étaient déjà à Cotonou. Puis, l’avocat exhibe un document de l’expert allemand qui établit que le 30 septembre 2010, il était déjà sollicité par le gouvernement béninois. Le prétoire vibre. Quand s’éternisent les tiraillements entre avocats autour du témoin, la défense et la partie civile s’accrochant régulièrement avec son conseil, Me AyodéléAhounou, le président Félix Dossa leur rappelle qu’il y en a beaucoup d’autres. Les questions pleuvent sur Grégoire Akoffodji, pour savoir notamment pourquoi le Gouvernement s’était tant impliqué dans ce dossier au point de poser des actes qui auraient dû relever de l’instruction judiciaire. Parfois, ils sont jugés « tendancieux » par son conseil, mais le ministre, impassible, répond autant qu’il peut, laissant comprendre qu’à la vue du corps en état de putréfaction, il était déjà convaincu qu’il faudrait des expertises pour confirmer les appréhensions. Pourquoi avoir alors reçu la famille, lui avoir présenté des condoléances avant de l’inviter à se joindre à la formalité d’exhumation ? Grégoire Akoffodji répond que sur la base des informations reçues, il a pensé de bonne foi qu’on retrouverait sur les lieux, un corps reconnaissable. De même, d’après la relation des faits, puisque le coupable auto- proclamé disait avoir prélevé des organes sur le corps (le meurtre étant déjà quelque chose de lourd à porter), le ministre s’est laissé convaincre qu’il était certainement sincère. Son conseil fait observer à la cour que « le témoin est d’une cohérence inouïe ». Ce qui a l’art de déclencher une émeute de rires dans le prétoire. Les escarmouches entre avocats s’intensifient et Me Djogbénou, qui croit avoir vu un assesseur manifester son agacement ou sa colère, s’en étonne et désapprouve. Une confrontation entre Alofa et le ministre permet à ce dernier de préciser qu’il n’a jamais assisté à une conversation entre l’accusé et qui que ce soit, ni participé à un quelconque montage ou scénario tendant à faire porter la responsabilité du crime à cet « jeunehomme de 25 ans au moment des faits ». Il affirme avoir bien accompli son travail et que, pour lui, l’honneur a encore un sens. Alofa confirme que ce n’est pas le ministre qui lui a fait des promesses, mais les nommés Dègbo et Aladé Jean.

L’ancien commissaire de Godomey s’expose
Le commissaire de Godomey, CodjoHadonou, qui y a pris service en novembre 2014, se porte à la barre avec la main courante sollicitée par la défense la veille ainsi qu’avec le registre d’écrou. La lecture de ces documents révèle qu’il y a bien eu un compte rendu au commissaire en date du 23 août relativement au vol de moto commis par Alofa. Le ministère public fait constater que le juge a bien visé dans le dispositif de l’arrêt de renvoi, la date du 23 août comme étant celle de commission du vol. Chose confortée par les déclarations de l’accusé Alofa, lui-même, sur interpellation-réponse. Il déclarait que c’est le 23 août que Polo est allé le voir pour l’opération. Cela ressort plutôt des déclarations sinon qu’on le lui a fait dire, rectifie Me Magloire Yansunnu, rappelant que l’intéressé est un illettré. Me Djogbénou souligne que du point de vue matériel, l’acte dressé en forme de procès-verbal n’est pas comparable au registre soumis à la cour et que ce procès-verbal porte bien la date du 16 août. Ce dont, pour s’assurer, Me Zinflou, demande au commissaire si le procès-verbal mentionne bien, à l’entame, la date à laquelle il s’établit. Réponse affirmative. Autant que lorsqu’il demande à l’officier si le procès-verbal se fait bien sur la base de la main courante. Et au commissaire d’enseigner que « la procédure fait toujours référence à la main courante ». Le ministère public veut intervenir, la défense intervient pour l’en empêcher. Les échanges sont vifs. Le public savoure. Gilles Sodonon, en sa qualité de « directeur de la police judiciaire » intervient alors pour préciser que techniquement, la main courante n’est pas la procédure. Ce dont se saisit Me Djogbénou qui lit la main courante du 23 août pour en déduire que ce n’est pas une plainte qui y est retracée, mais qu’il s’agit d’un compte rendu au commissaire, d’une opération menée « suite à un appel prétendu ». Cependant le procès-verbal de l’officier de police judiciaire qui fait foi jusqu’à inscription en faux, établit bien qu’à la date du 16 août, Alofa était aux mains de la police. Me Zinflou renchérit que le procès-verbal produit à la suite de diligences judiciaires l’emporte. Me Djogbénou fait remarquer que dans le registre d’écrou produit par le commissaire, il est mentionné que le sieur Alofa a été écroué le 22 septembre pour des faits supposés avoir été commis le 23 août ! Le commissaire évoque « une erreur » possible et précise que la chronologie des heures atteste que c’est le 23 que le nommé Alofa a été écroué. Il sera prié de produire la copie du procès-verbal disponible au commissariat. Ce à quoi, il s’engage…

Affabulations, mensonges…
C’est alors que la barre accueille le contrôleur général de police à la retraite, actuellement fonctionnaire aux Nations Unies, Mohamed Mouftaou D. Prince Alédji. Me Yansunnu va lui poser des questions. Joseph Djogbénou lui fait remarquer qu’il doit regarder la cour. Une remarque qui ne plaît pas au témoin qui lui lance : « Je n’ai pas d’ordre à recevoir de vous. Un peu de politesse ». Cet incident, selon l’avocat révèle que « ça commence » et il lui fait observer : « Vous n’êtes pas dans votre commissariat ici ». Suspension. Reprise une heure plus tard. Le contrôleur général de police situe que c’est en sa qualité de chef service central de la Police judiciaire de Cotonou au moment des faits qu’il a été membre de la commission d’enquête et a eu à faire aux accusés. Sur demande de son avocat, Elie Vlavonou, le greffier est invité par le président à lui donner lecture de ce qui a été dit de lui la veille. Mais c’est Donatien Amoussou qui va raconter comment, selon lui, l’officier de police a demandé à Alofa de le montrer comme son associé. C’était à la brigade de recherches après une première rencontre à la présidence de la République, dans le bureau du colonel Koumasségbo. Et en présence d’autres personnes, jure-t-il, avant d’inviter le sieur Prince Alédji à « avoir le courage de dire la vérité à la cour ». A ce moment, entre dans le prétoire son ami Priso (de son vrai nom EvounaPrisoAtangana). Invité à réagir aux propos formulés contre sa personne, Prince Alédji se présente comme « un enquêteur professionnel », une « victime du devoir » qui a eu « un parcours exemplaire et qui a dû recourir à la justice pour une reconstitution de sa carrière ». Ceci pour dire qu’aller à la présidence de la République ne lui ressemble pas. En tout cas, il dit n’avoir pas le souvenir d’avoir mis pied en ces lieux dans le cadre de ce dossier. « Pour y recevoir des instructions », précise-t-il ensuite. Il a pu arriver, pour les besoins de l’enquête, admet-il, que l’on ait procédé par comparaison pour s’assurer de l’identité de Donatien. Qui, poursuit-il, est « un homme de réseau, un militaire radié, spécialité de vol à main armée, un repris de justice… » L’officier de police raconte ensuite que d’après ses informations, c’est bien un coup que Donatien et Alofa ont bien préparé, que les recoupements attestent qu’ils étaient bien en connivence, dans le but de déposséder Dangnivo (qui serait un client d’Alofa) de sa voiture. Soit, au total, pour celui qui revendique « 30 années de police, 30 années de police judiciaire » que son travail a été propre. Donatien réagit vivement, soutient n’avoir jamais fait de la prison avant ce dossier Dangnivo, « pas un seul jour », dément-il. « Si vous consultez les registres et que vous découvrez que j’ai fait un seul jour de prison, considérez alors que tout ce qu’il dit à mon sujet est vrai ».

Suggestions
Prince Alédji suggère qu’on demande à Donatien Amoussoude décliner son parcours dans l’armée. Ce qu’il fait. Il raconte qu’il a dû partir de lui-même, après avoir dénoncé des gens qui voulaient voler des armes, après avoir vu sa solde coupée et avoir subi des pressions diverses. Il assure qu’à Parakou, il montait la garde avec plusieurs armes et de nombreuses munitions, sans pourtant avoir jamais été mis en cause. Mohamed Mouftaou D. Prince Alédji en déduit malicieusement que « pour un soldat, ce qu’il vient de dire renseigne assez sur qui il est ». Le public désapprouve. Invité à son tour par Me Magloire Yansunnu à expliquer comment s’est passée la séance de reconnaissance de DonatienAmoussou, l’officier affirme que « le temps a fait son œuvre et des montages ont été faits » mais qu’il n’a jamais été question d’aligner des personnes pour demander à Alofa d’identifier Donatien Amoussouparmi elles. Pourtant Alofa maintient sa version de la veille. Et raconte que le commissaire Prince Alédji, arrivé sur les lieux le lendemain, l’aurait menacé de le lester pour le larguer en mer parce qu’ayant appris qu’il était imperméable aux balles… avant de lui dire plus tard qu’il lui présenterait le nommé Donatien Amoussouqu’il devrait affirmer connaître. Me Barnabé Gbago relève qu’il a omis certains aspects de son récit de la veille. Alofa valide et précise que ce qu’il venait de raconter concerne Prince Alédji et que tous les faits ne se rapportent pas à tous les protagonistes. L’officier, impassible, réitère avoir conduit son opération avec art. Que c’est Alofa qui a raconté avoir pris de l’argent à Dangnivo pour lui concocter un savon. Que c’est encore lui qui, durant les enquêtes, leur aurait montré la maison d’une épouse de Dangnivo. Qu’il aurait raconté que le plan initial était d’arracher la voiture de la victime, mais qu’au jour indiqué, ce dernier se serait présenté avec une moto. D’où ils auraient réaménagé leur plan en trouvant le moyen de le faire revenir le lendemain. Le témoin considère comme affabulations, comme du « précuit » les thèses des accusés tendant à l’incriminer, et assure être venu pour éclairer la lanterne de la cour après avoir appris que son nom avait été cité. Pour Me Joseph FifaminDjogbénou, il y a tellement d’erreurs dans les documents officiels rédigés par des agents de la police judiciaire qu’on ne sait quoi comprendre. Il se pose alors la question de savoir si CossiCodjoAlofa était vraiment libre de ses mouvements au moment de la disparition de Pierre Urbain Dangnivo.

Yannick SOMALON
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