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Décision n°15-052/Haac portant réglementation de la précampagne électorale sur les médias : Bio Tchané invite la Haac à rapporter sa décision
Publié le mardi 24 novembre 2015  |  Fraternité
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© Autre presse par DR
le président Abdoulaye Bio Tchané




Le président Abdoulaye Bio Tchané n’apprécie guère la décision n°15-052/Haac de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), portant réglementation de la précampagne électorale sur les médias. Une décision valable du 18 novembre 2015 jusqu’à la veille de l’ouverture officielle de la campagne électorale et qui interdit la diffusion dans les médias (Presse écrite, radio, télévision), de la quasi-totalité des activités politiques, émanant des potentiels candidats au scrutin présidentiel du 28 février 2016. Hier à la faveur d’une conférence de presse, le leader de Tabati-Taba a déclaré que la décision de la Haac s’assimile à une politique de deux poids deux mesures. « Cette décision restreint l’accès à tous les médias, aux potentiels candidats qui n’occupent pas des postes de responsabilité politique ou administrative. Pendant ce temps, ceux qui occupent des postes ministériels, parlementaires et les cadres de l’administration publique peuvent se cacher derrière leur fonction officielle pour voir leurs activités politiques faire l’objet de médiatisation », a-t-il dit. C’est pourquoi, il a invité la Haac à rapporter sa décision.

Lire l’intégralité de sa déclaration
« L’objet de la sortie médiatique de ce jour est relatif à la dernière décision de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication, HAAC, portant réglementation de la pré-campagne électorale sur les médias. Cette décision, N°15-052/HAAC est valable du 18 novembre jusqu’à la veille de l’ouverture de la campagne électorale proprement dite.
La décision de la HAAC interdit, jusqu’à l’ouverture officielle de la campagne électorale par la CENA, la diffusion dans les médias (Presse écrite, radio, télévision), la quasi-totalité des activités politiques, émanant des potentiels candidats au scrutin présidentiel du 28 février 2016.
"Sont notamment concernés les spots et encarts publicitaires politiques (...), les images de banderoles appelant à soutenir ou dénigrant tel ou tel potentiel candidat, les promesses électorales, les appels à voter pour tel ou tel candidat, les marches et les prières électoralistes de soutien à la candidature de tel ou tel, les articles injurieux et les accusations politiques non vérifiées et étayées dans les journaux, les émissions, les films, les discours, les sketchs, les chansons, les articles d’archives mettant en scène un potentiel candidat, un parti ou une alliance de partis politiques, les activités au cours desquelles les organisateurs ou les invités, personnalités politiques ou non font des dons et libéralités ou des faveurs, parrainent ou participent à des cérémonies, à des événements coutumiers , religieux, culturels, sportifs, commerciaux, posent des premières pierres ou inaugurent des édifices ou ouvrages au bénéfice des populations, les activités réalisées à des fins de propagande au profit d’un parti ou d’une alliance de partis politiques d’un potentiel candidat (...)".
La décision de la HAAC, dans sa forme, n’est pas surprenante, car elle s’inscrit dans le cadre de sa mission constitutionnelle de régulation des médias. Elle n’est pas non plus nouvelle, étant donné que l’institution nous a habitué à ce genre de décision, à la veille des échéances électorales.
Cependant, dans le fond, cette décision appelle à des observations, que j’ai jugé nécessaire, opportun, de partager avec vous, hommes des médias en particulier, et avec l’opinion publique en général.
1- La liste des activités interdites de diffusion dans les médias par la HAAC est très large et prend en compte presque tous les canaux par lesquels les hommes politiques, les potentiels candidats au scrutin présidentiel peuvent informer les populations, exposer leur vision de développement ou présenter leur projet de société. Une telle décision est un handicap au devoir d’information que les potentiels candidats ont envers l’opinion publique, en ce sens que le débat politique se trouve vidé de sa substance, en ce moment où il est le plus attendu.
Du coup, les populations n’ont plus à leurs dispositions, tous les éléments d’appréciation pour opérer un meilleur choix le jour du vote. Même si la loi autorise une période de 15 jours pour la campagne électorale, il est évident qu’on ne peut réduire l’animation de la vie politique électorale à cette seule période. A titre illustratif, aux Etats-Unis et en France, deux modèles de démocratie dont le monde entier s’inspire, le débat électoral s’anime plusieurs mois, voire des années avant l’ouverture officielle de la campagne électorale. Et ceci fait l’objet d’une forte médiatisation.
2- Dans sa pratique, cette décision de la HAAC s’assimile à une politique de deux poids deux mesures. Elle restreint l’accès à tous les médias, aux potentiels candidats qui n’occupent pas des postes de responsabilité politique ou administrative. Pendant ce temps, ceux qui occupent des postes ministériels, parlementaires et les cadres de l’administration publique peuvent se cacher derrière leur fonction officielle pour voir leurs activités politiques faire l’objet de médiatisation. On a pu d’ailleurs le constater lors des dernières élections législatives, où des candidats étaient sur le terrain officiellement dans le cadre de leur fonction, mais dans la réalité, battaient campagne avec les moyens de l’Etat sans qu’aucune institution de la République ne s’en offusque.
Quelles sont les dispositions prises par la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication pour faire respecter cette décision à tous les candidats et potentiels candidats ? Comment va-t-elle réussir à l’imposer à tout le monde. Ce sont autant de questions que je me pose et que je souhaite partager ce soir avec vous.
3- Cette décision de la HAAC est un coup dur porté aux finances des organes de presse. La précarité dans laquelle ceux-ci opèrent n’échappe à personne. Cette période dite pré-électorale est une occasion privilégiée pour eux de faire des rentrées de fonds et d’accroitre leurs chiffres d’affaires.
Alors que l’aide publique de l’Etat à la presse est déjà insuffisante, la HAAC veut leur retirer d’autres sources de financement.
Mis l’un dans l’autre, cette décision de la HAAC qui est récurrente mérite qu’on s’y penche puisqu’elle ne me parait pas très opportune. Il est temps d’innover.
Je vous remercie !
Isac A. YAÏ
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