Présidentielle de 2016 : Sale temps pour Yayi et Zinsou

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Publié le vendredi 11 decembre 2015 | La Presse du Jour

© AFP par Thomas Samson
Lionel Zinsou, nouveau Premier ministre du Bénin.

Yayi a désigné son candidat pour la présidentielle de 2016. Il s’appelle Lionel Zinsou. Un choix de plus en plus décrié dans la famille politique du chef de l’Etat. Même au-delà. Jusque-là, ce sont de petits regroupements qui dénoncent la chose. Désormais, les caciques des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) sont rentrés dans la contestation. Ils promettent d’ailleurs miner ce choix de leur patron.
Lionel Zinsou ne fait pas l’unanimité aux Fcbe. C’est le moins qu’on puisse dire. Le candidat de Yayi pour la présidentielle de 2016 est décrié de partout. La désobéissance vient surtout du camp politique du chef de l’Etat. La dernière en date est la sortie médiatique de trois cadors des Fcbe hier, mercredi 9 décembre 2015 à Cotonou : Marcel de Souza, ancien ministre et beau-frère de Yayi. Karimou Chabi Sika, ancien député Fcbe, l’un des fidèles militants et très proche du chef de l’Etat jusqu’aux dernières élections législatives. Alexandre Hountondji, conseiller technique de Yayi.

Ils dénoncent le choix qualifié d’arbitraire de Lionel Zinsouet sont décidés à élever et entretenir la contestation par tous les moyens de droit pour faire sanctionner ce «mépris de la Constitution, des textes de notre alliance politique et des hommes». Alors, ils annoncent faire recours à la justice dans le but d’invalider ce choix qui ne répond à aucun des critères énumérés par la coordination nationale des «cauris» pour le choix du candidat unique. Vont-ils avoir gain de cause ? La question reste posée. Ce qui est évident, ces trois caciques du régime du changement ne sont pas prêts à accepter Lionel Zinsou, quoi qu’il arrive. Celui qui est aussi attendu sur ce choix de Yayi est l’honorable Rachidi Gbadamassi. Jusque-là, il n’en dit rien. Mais le week-end qui a suivi l’annonce du choix de Lionel Zinsou, il n’était pas de la délégation qui est allée annoncer «la bonne nouvelle» aux populations de Parakou et environs. Sa ville où il a été maire. Rachidi Gbadamassi a plutôt rencontré, au même moment, les populations de son fief électoral, Tourou, banlieue sud de Parakou. C’était une grande mobilisation populaire. Peut-être pour montrer sa force et mettre en garde. A l’occasion, il a appelé les populations à rester sereines, en attendant qu’il ne parle. Sa parole est vivement attendue. Dans les coulisses, on apprend que Rachidi Gbadamassi serait l’objet de grosses pressions pour rallier le mouvement Lionel Zinsou.

Quand parlera-t-il ? Que dira-t-il ? Aura-t-il le courage d’affronter publiquement le chef de l’Etat en supportant un autre candidat ? Autant de questions qui attendent réponses. Mais pour l’heure, Lionel Zinsou ne pèserait pas lourd dans la balance de l’honorable Rachidi Gbadamassi. Par ailleurs, le week-end écoulé, ce sont des associations de jeunes de l’Ouémé-Plateau et du Mono-Couffo qui ont publiquement rejeté Lionel Zinsou. Les contestations ne sont certainement pas finies. Comme on le voit, Yayi a du mal à imposer son joker. Les émissaires du Chef de l’Etat ont aussi du mal à «vendre» le candidat aux populations. On a l’impression qu’eux aussi ne sont pas convaincus de ce qu’ils disent. Un vrai sale temps pour Yayi et Zinsou.

Jean-Marie Sèdolo