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Art et Culture

Tenue du FITHEB en février 2016 : « Nous sommes en pleine violation des textes », selon Sophie METINHOUE DANSOU
Publié le vendredi 15 janvier 2016  |  Autre presse
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Sophie METINHOUE DANSOU, comédienne et coordonnatrice de la Ligue Africaine des Professionnels de Théâtre du Bénin.




Sauf changement de dernière minute, l’édition 2016 du Festival International de Théâtre du Bénin (FITHEB) se tient du 30 janvier au 8 février prochain. Installé le 27 novembre 2015, Eric-Hector HOUNKPE, le nouveau Directeur est ainsi en passe de respecter son engament de tenir la biennale avant l’élection présidentielle du 28 février. « En violation des textes », selon la comédienne et coordonnatrice de la Ligue Africaine des Professionnels de Théâtre du Bénin, Sophie METINHOUE DANSOU.

Bénincultures: Depuis le 21 novembre 2015, le conseil des ministres a désigné le nouveau directeur du Festival International de Théâtre du Bénin (FITHEB) en la personne de Monsieur Eric-HectorHounkpè. Est-ce qu’on peut dire que c’est un soulagement pour l’ensemble de la corporation théâtrale béninoise ?

Sophie Métinhoue : L’unique soulagement pour le théâtre béninois, par rapport au dossier FITHEB, c’est que ce festival redevienne ce que ses créateurs ont rêvé dès le début.

Le 27 novembre 2015, donc quelques jours après, Éric-Hector Hounkpè a été installé et a annoncé que le FITHEB sera organisé en bonne date, et même avant le premier tour de l’élection présidentielle du 28 février. Mais plusieurs voix s’élèvent déjà pour dénoncer cet état de chose. Quelle est votre position sur la question ?

D’abord, je n’y avais pas cru parce que la Ligue que je représente a participé activement au renouveau du FITHEB. On a contribué à la rédaction des nouveaux textes votés par décret le 30 décembre 2013. Et selon ces textes, le directeur du FITHEB doit être nommé « au moins six mois » avant la biennale. Je ne comprends donc pas comment de novembre à février, on peut organiser le festival en s’appuyant sur ces textes. Franchement, je n’y croyais pas.

Ensuite, j’ai vu un appel à spectacles pour qu’on dépose les dossiers ; un appel signé du directeur. Je me suis dit qu’il doit y avoir un problème. J’ai ressorti les textes que j’ai relus et je me suis vraiment rendue compte que nous sommes en pleine violation des textes. Ces textes n’exigent pas que le FITHEB se passe en mars. La vraie question maintenant est de savoir ce qui nous oblige à faire le FITHEB en violant les textes et dans ces conditions. On ne peut pas organiser le FITHEB en moins de trois mois, ce n’est pas possible.

Mais si on prend en compte la période dans laquelle nous sommes, n’est-il pas indiqué de faire le FITHEB avant le 28 février. C’est ce qui se fait généralement quand le festival se passe au cours d’une année électorale.

Je crois que cela s’est passéen 2010. Et à l’époque, le FITHEB devait se faire autour du 27 mars, journée de célébration du Théâtre. Mais de toutes les façons, ce n’est pas parce que cela a été fait qu’on doit le refaire. On travaille pour que les choses s’améliorent. Et en ce qui me concerne, je pense qu’il faut respecter les textes. Si nous nous amusons à ne pas respecter les textes à ces petits niveaux, quand on s’amusera avec la Constitution du pays, qu’est-ce que nous allons faire? J’ai l’impression que les gens réagissent selon les intérêts personnels qu’ils ont en jeu.

J’ai entendu des gens du théâtre dire : « il y a les élections, il faut qu’ils fassent ça avant de partir ». Il me semble que l’Etat est une continuité. Donc si le budget est voté, il ne doit pas y avoir de souci. Si ceux qui sont là partent, ceux qui viendront vont continuer avec les activités inscrites au budget. Donc franchement, je ne vois pas la raison qui oblige à violer les textes et organiser le FITHEB dans un délai aussi court. C’est clair qu’on ne peut pas être efficace de cette manière.

Qu’est-ce qui vous rend si pessimiste. Parce qu’en ce qui concerne le financement, lors de l’installation du nouveau Directeur, le 27 novembre 2015, le ministre a affirmé que l’Etat allait mettre les moyens pour que ce festival soit une réussite. Alors question, si on a les moyens, qu’est-ce qui peut empêcher que le FITHEB soit une réussite ?

Je suis curieuse de savoir ce qu’il mette dans « réussite ». A part les moyens, est-ce qu’on dispose de l’emploi du temps des programmateurs,des acheteurs de spectacles qui viendront de l’extérieur ? Est-ce qu’on dispose de l’emploi du temps des troupes qui vont être invitées ? On parle du Festival International de Théâtre du Bénin qui fait venir des gens d’un peu partout. Mais on oublie que les gens sérieux ont déjà leurs différents programmes bouclés six mois à l’avance. C’est justement en pensant à cela que nous avons dit dans les textes qu’il faut le faire six mois à l’avance. Les salles qui vont être associées à l’évènement ont aussi leurs programmations. En tout cas, toutes les structures sérieuses ont déjà leurs emplois du temps, leurs calendriers bouclés. Donc, ce n’est pas qu’une question d’argent.

Aujourd’hui, même si on nous donne de l’argent et qu’on arrive à faire des spectacles, je ne pense pas que l’objectif du FITHEB soit atteint. Il faut qu’on arrête de croire et de faire croire que le FITHEB, c’est programmer quelques spectacles pour faire gagner cent, deux, trois cent mille à des comédiens. L’objectif du FITHEB, c’est que les troupes qui viennent sur le festival puissent se vendre et continuer une vie artistique après. Qu’on puisse se faire repérer pendant le FITHEB pour aller jouer au-delà de nos frontières.

En trois mois, qui voulez-vous associer à ce festival ? Si c’est rester entre nous ici, nous n’avons pas besoin de tant de moyens. On a juste besoin de prendre des créations qu’il y a et on se retrouve entre nous. En une semaine c’est bon, on s’amuse, on s’applaudit et c’est fini. A-t-on besoin de tant d’argent pour faire un FITHEB dans ce sens-là ? Et il s’agit de l’argent du contribuable béninois ; et il y a des Béninois qui ont des difficultés à avoir trois repas par jour. Des gens ont des problèmes sérieux de santé et de scolarisation. Je crois qu’il faut arrêterça. Moi je suis tellement découragée qu’à un moment donné, je n’avais plus envie de parler. Mais il le faut. Il faut dénoncer ces genres de choses.

Qu’est-ce que la ligue que vous présidez peut faire par rapport à cette situation ?

Déjà, on a envoyé un courrier au ministre, et on espère qu’il va nous recevoir. Ce n’est pas qu’on est contre ou pour. Juste que nous voulons que les choses se passent bien. Franchement, ce n’est pas pour moi que je le fais. Mais parce que je sais qu’il y a des jeunes qui sont venus après nous et qui croient au théâtre. Il ne faut donc pas les décourager.

Qu’est-ce que vous recommandez alors ?

Il faut déjà respecter les textes. Qu’on désigne le directeur six mois avant et que les sous soient sortis au moins quatre mois à l’avant.

Donc, vous préconisez que le FITHEB soit organisé en avril, puisque le nouveau directeur a été installé en novembre ?

Minimum six mois après la désignation du directeur. On peut même aller au-delà si on doit prendre en compte les élections et autres. Mais pas avant.

A votre avis,vu que le festival rencontre toujours de difficultés dans sa tenue et son organisation, le FITHEB doit-il être suspendu ?

Si on doit continuer à aller d’évènement spécifique à évènement particulier, oui.



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